Au sommet d'une éminence qui, à 106m d'altitude, domine le territoire de Fontevraud-l'Abbaye, le site des Moulins à Vent est particulièrement bien exposé aux vents. Limité aux seules familles de meuniers qui y vécurent jusque dans la première moitié du XXe siècle, ce site resta en effet longtemps celui d'un habitat isolé, précisément à cause d'une telle exposition, mais sans doute aussi du fait du difficile et coûteux accès à l'eau : certainement creusé à la demande de l'abbesse lors de la construction du premier moulin (1667), le seul puits qui s'y trouve n'atteint la nappe phréatique qu'à une profondeur de 55m.
Les cinq moulins à vent qui furent construits sur ce site sont tous des moulins-caviers, hors-sol, à farine. Un seul dispose encore de son massereau et de fragments de sa charpenterie (Moulin Neuf). Les masses de deux de ces moulins (Moulin Neuf et Moulin Picard) sont cependant conservées en totalité et celles des trois autres à l'état de vestiges plus ou moins lisibles.
Moulin des Chaffaux (parfois aussi appelé Moulin Picard-1)
Construit dans la partie ouest du site actuel, il n'en reste que des vestiges. La masse devait être constituée de plusieurs salles voûtées (dénommées « caves » dans un moulin-cavier) : le départ d'une voûte d'axe est-ouest est encore visible. Pris dans la maçonnerie d'un actuel appentis, un contrefort cornier, marque l'extension nord-ouest de ce moulin. Le mur sud, encore en élévation (aujourd'hui compris dans une remise), est renforcé par des contreforts extérieurs, autrefois destinés à contrebuter les poussées des voûtes. Ce mur présente, en façade, un blocage de moellons de tuffeau, mais côté intérieur il est paré d'un moyen appareil de tuffeau. Par ailleurs, il est percé de trois baies, à encadrement appareillé avec arrière-voussure réglée, segmentaire à base horizontale. Ce moulin, dont on conserve le toisé de livraison en 1667, est ainsi d'une belle facture : il est dû à René Mauberger, maître-architecte fontevriste établi au carrefour des Ormeaux, qui œuvra sur d'autres chantiers pour l'abbaye, comme l'autel de l'église Saint-Lazare (1665) ou les aménagements des jardins de l'abbesse (1674).
Moulin Neuf (ou Moulin de la Lisandière, ou Moulin Brémont)
Au centre du site, restauré, c'est ici le moulin le mieux conservé. Le parement extérieur est construit en moellons de tuffeau, avec un moyen appareil réservé à la seule façade (restaurée, où la date portée à été reproduite « à l'identique ») ; à l'inverse, le parement intérieur est presqu'intégralement en moyen appareil de tuffeau. Des contreforts extérieurs (épaissis lors des restaurations), confortent les murs. Cette maçonnerie, massive, n'est percée que de baies réduites et peu nombreuses. La masse de ce moulin est constituée de huit caves, dont deux de distribution et six destinées à l'habitat (au sud) ou aux activités agricoles et au stockage (au nord). La cave ouest se prolonge pour former une avancée en façade, où est pratiquée la porte d'entrée au moulin. L'étroite cave de distribution nord est divisée en hauteur par un plancher, autrefois accessible par un escalier en charpente ; depuis ce niveau, on accède par un escalier intérieur en maçonnerie, couvert d'une voûte, sur le toit de la masse, ce qui permettait de rejoindre la hucherolle depuis l'intérieur du moulin. Au sud-ouest, la cave à usage de cuisine dispose d'une cheminée dans le fond de laquelle a été pratiqué l'ouverture d'un four à pain, qui flanque le mur sud-ouest du moulin. Sur ce four s'appuie l'escalier extérieur en maçonnerie qui permet de monter sur la masse. Un pressoir était installé dans la cave nord-est qui disposait d'une jetée à raisin à pan incliné, pratiquée dans le mur nord, ainsi que d'un accès extérieur à l'est ; cette cave fut réutilisée en étable. Dans l'angle nord-ouest, une écurie fut accolée au moulin avant 1769 ; elle fut détruite vers 1977.
Ces caves entourent la tour du massereau, qui accueillait les meules et une partie du mécanisme, dont il ne reste que la huse (ou pivot creux), creusée dans un tronc d'arbre, les racineaux (ou liens obliques) et la sole. Un massereau, maçonné, coiffe l'ensemble ; la hucherolle a disparu. À l'issue des restaurations, le remblai de terre qui chargeait les voûtes a été remplacé par un toit à longs pans en bac acier.
Une arche permet de communiquer de la masse de ce moulin à celle du Moulin Picard (ou Picard-2).
Moulin Perroteau (ou Moulin Rabidaud)
Ce moulin se trouve à l'est du site. Ruiné et aujourd'hui envahi par la végétation, il n'en reste qu'un court pan du mur sud, en moellons de tuffeau, percé d'une porte et où l'on discerne le départ d'une voûte d'axe est-ouest. On dispose d'une meilleure connaissance de sa structure grâce à un plan, document rarissime, établi en 1791 lors du marché passé entre le meunier Perroteau et l'entrepreneur en maçonnerie Antoine Rouiller. Il se composait ainsi de sept caves, articulées autour de la tour du massereau, dont quatre principales d'axe est-ouest. En partie sud, où la façade était percée de baies, se trouvaient deux pièces à cheminée qui accueillaient les espaces habités, alors que la partie nord de la masse devait accueillir des espaces de travail ou des dépendances ; l'entrée se faisait en façade orientale par deux portes. La cave nord-est disposait d'un escalier intérieur, sans doute en maçonnerie et sur voûte, permettant de monter depuis les salles jusqu'à la plateforme de la masse et à la hucherolle. Un autre accès devait aussi se faire par une échelle de meunier depuis l'étroite cave nord communiquant à la salle des meules. Un bâtiment qui devait sans doute abriter des dépendances supplémentaires, sous la forme de quatre petites salles en enfilade, vint plus tard flanquer la masse, le long du mur ouest du moulin.
Moulin Picard (ou Picard-2)
Au nord du site, restauré, c'est un moulin assez bien conservé. De plan polygonal, sa masse est construite en tuffeau, avec alternance de moyen appareil (à l'ouest, du côté de l'accès au bâtiment) et de moellons (à l'est) ; le parement intérieur est intégralement en pierre de taille. Construit comme second moulin du meunier du Moulin Neuf, il ne paraît pas avoir compté d'espace réservé à l'habitat et les trois caves qui y sont ménagées semblent liées uniquement à la production. À l'est, on trouve ainsi une large salle voûtée d'axe nord-sud, au centre, une autre, parallèle à la première, donne accès à une large tour du massereau couverte d'une coupole, assez basse, d'où part une plus étroite cave d'axe est-ouest. Cette petite salle, divisée en hauteur par un plancher, comporte une fenêtre, en bas, mais aussi une porte au niveau haut, laquelle ouvre sur le palier d'un escalier extérieur. Celui-ci, en pierre, est à double-volée en équerre, à montées divergentes puis parallèles, et permet d'accéder au toit de la masse. Afin d'y monter également depuis la cour, un escalier en charpente à volée droite (disparu) permettait d'accéder au palier de cet escalier extérieur. Autrefois chargée de terre, la masse est aujourd'hui couverte d'un toit polygonal en bac acier.
L'absence de massereau s'explique par le fait que celui-ci fut arasé et son emplacement fermé d'une calotte formant les quatre assises sommitales de l'actuelle coupole. Tracé sur le mur oriental du moulin, un graffiti qui figure une hucherolle sur massereau pourrait représenter son état initial. Ce moulin fut tôt (voire dès l'origine ?) relié au Moulin Neuf par une arche formant pont entre les toits deux des masses. Fermée en partie basse par des vantaux, cette arche formait aussi un portail au devant de l'enclos des deux moulins.
Moulin Ernoult-Bertrand (ou moulin Picard-3)
Édifié entre le Moulin des Chaffaux et le Moulin Neuf, au centre-est du site, ce moulin a aujourd'hui presqu'entièrement disparu et il semble n'en rester qu'un pan du mur sud, en moellons de tuffeau, aujourd'hui compris dans une remise. Son plan est connu par un relevé de 1980 (cf. Compéra et Rouaud), où l'on discerne au centre une tour du massereau, environné de six caves. Les trois principales sont d'axe est-ouest et les espaces habitables (avec salle à cheminée), dotés de fenêtres, sont situés au sud.
Photographe auprès du Conseil départemental de Maine-et-Loire - Conservation départementale du patrimoine jusqu'en 2018.