Le lieu seigneurial de la Croisnière dépendait de la châtellenie de Thévalles. D'après la liste des anciens titres établie lors de la rédaction du terrier de Thévalles au XVIIIe siècle, Jean de Cordon en rend aveu en 1413. La seigneurie est acquise en 1587 par Michel Le Duc et passe au milieu du XVIIe siècle à la famille Aveneau par le mariage d'Antoine avec Jeanne Le Duc. Leur fils René en hérite puis, au XVIIIe siècle, son propre fils Julien, Alexandre Bérot, mari de Madeleine Aveneau et enfin Julien Aveneau (mort en 1792) qui rend aveu au comte de la Rochelambert vers 1772. A cette date, le lieu n'a plus fonction de résidence seigneuriale : il est divisé en plusieurs fermes. La carte de Jaillot (1706) localise à la Croisnière un manoir et celle de Cassini une simple ferme. En 1846, cinq familles y habitent, dont quatre de cultivateurs. Le corps sud du logis manorial a été construit au XIVe siècle ou au XVe siècle, comme en témoignent sa cheminée (rétrécie et peut-être déplacée) et sa fenêtre bouchée à coussièges. Le pavillon date de la deuxième moitié du XVIe siècle. René Aveneau a ajouté le corps nord du logis en 1685, en s'appuyant au nord sur un mur antérieur (inscription sur le linteau de la fenêtre) et le porche en 1691 (inscription sur l'arc de la porte charretière). Le remplacement de la cheminée du rez-de-chaussée du pavillon est peut-être le fait de Julien Aveneau au début du XVIIIe siècle si le chiffre sculpté est bien le sien. Le réaménagement de l'intérieur du corps sud (cloison, portes) datent aussi de la fin du XVIIe siècle ou du début du XVIIIe siècle. La réfection de la cheminée de la pièce ouest de cette partie est par contre sans doute postérieure car la pierre portant les initiales RA et la date de 1694 semble être un remploi. La reconstruction de la charpente du corps sud et l'adjonction, dans son prolongement de l'aile postérieure qui servait de logis secondaire peuvent remonter au XVIe siècle ou au XVIIe siècle. Au XIXe siècle, le corps nord du manoir est pourvu d'une nouvelle charpente et l'aile de dépendance nord, qui abritait deux logis en 1838, est entièrement remaniée. La dépendance sud a été construite en deux phases : la structure constituée des poteaux et de la charpente sans doute au XVIe siècle, les murs en pierre au cours des siècles suivants. La cheminée et son four, dans leur forme actuelle ne sont pas antérieurs au XIXe siècle. La partie logis du logis-étable situé à l'arrière a été construite en deux phases sans doute au XVIe siècle ou au XVIIe siècle. Sa façade a été remaniée durant la deuxième moitié du XIXe siècle, puis dans la deuxième moitié du XXe siècle. La partie étable, antérieure à 1772, a subi d'importantes transformations à ces deux périodes. Le petit oratoire dédié à saint Nicolas situé au-devant du jardin à l'est figure sur le plan de 1772. Le manoir a été restauré par l'actuel propriétaire à la fin des années 1970 et au début des années 1980. La partie supérieure de la porte charretière, qui avait été démontée à la fin des années 1950, a pu alors être rétablie.
Manoir - les Croisnières, Saulges
Dossier IA53003302 réalisé en 2006Fiche
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Le logis vu depuis la cour principale : le corps sud, le pavillon et le corps nord.
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Parties constituantes
- fournil
- étable
- grange
- oratoire
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Sommaire
Parties constituantes non étudiées | fournil, étable, grange, oratoire |
Dénominations | manoir |
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Extrait du plan terrier des châtellenies de Thévalles et de Saulges, vers 1772, pl. 16.
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Extrait du plan cadastral de 1838, section D2.
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Extrait du plan cadastral révisé en 1966, réédité en 1982 et régulièrement mis à jour entre 1982 et 2006, section D2.
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Plan schématique du rez-de-chaussée du manoir et de ses dépendances.
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Charpente du pavillon du logis : élévation schématique de la ferme principale ouest.
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Charpente du pavillon du logis : élévation schématique d'une ferme secondaire.
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Dépendance sud : plan schématique de la charpente avec les marques d'assemblage.
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Carte postale, début du XXe siècle : la porte charretière et le pavillon vus depuis l'est.
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Carte postale, début du XXe siècle : le pavillon et le corps sud vus depuis la cour principale.
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Vue aérienne d'ensemble depuis le sud-est.
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Vue aérienne d'ensemble depuis le nord-est.
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Vue aérienne d'ensemble depuis l'ouest.
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Vue d'ensemble depuis le jardin à l'est : le porche et la dépendance nord. Au fond le logis manorial.
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Le porche et le logis vus depuis le jardin à l'est.
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Le porche vu depuis la cour principale.
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Détail du porche : la clef sculptée et gravée.
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Le logis vu depuis la cour principale : le corps sud, le pavillon et le corps nord.
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Détail du pavillon vu depuis la cour principale : la lucarne éclairant l'étage de comble.
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Détail du corps sud vu depuis la cour principale : la fenêtre du mur-pignon.
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Détail du pignon du corps sud : le cadran solaire.
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Le corps nord du logis, la dépendance nord et le porche vus depuis la cour principale.
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Vue partielle, depuis la cour principale, du corps nord du logis et de la dépendance nord.
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Détail du corps nord vu depuis la cour : la fenêtre portant l'inscription.
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La dépendance nord et le porche vus depuis le chemin à l'est.
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L'aile postérieure et le corps sud du logis vus depuis le jardin au sud.
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L'extrémité de la dépendance nord, le corps nord, le pavillon et l'aile postérieure vus depuis la cour de ferme.
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Détail du pavillon vu depuis la cour de ferme : la fenêtre.
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Vue partielle, depuis la cour de ferme, de la dépendance nord et du corps nord.
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La ferme.
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La dépendance sud vue depuis la cour principale.
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Le jardin est.
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Détail du jardin est : la pièce d'eau.
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L'escalier vu depuis l'entrée.
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L'escalier vu depuis le seuil de la porte donnant accès au rez-de-chaussée du pavillon.
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La charpente de la tour d'escalier.
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La porte intérieure d'accès au rez-de-chaussée du pavillon, vue depuis l'escalier
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Pavillon du logis, rez-de-chaussée : la cheminée.
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Pavillon du logis, rez-de-chaussée : la cheminée.
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Pavillon du logis, étage de comble : vue d'ensemble.
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Pavillon du logis, étage de comble : détail de la charpente.
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Pavillon du logis, 2e niveau du comble : la partie supérieure de la charpente.
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Corps sud du logis, pièce est : la cheminée.
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Corps sud du logis, pièce est : le corbeau droit de la cheminée.
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Corps sud du logis, pièce est : niche percée dans le mur sud.
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Corps sud du logis, pièce est : porte d'accès à l'escalier.
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Corps sud du logis, pièce est : la porte d'accès à la pièce ouest.
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Corps sud du logis, pièce ouest : la cheminée.
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Corps sud du logis, pièce ouest, détail de la cheminée : le corbeau droit.
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Corps sud du logis, pièce ouest, détail de la cheminée : assemblage du manteau.
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Corps sud du logis, pièce ouest, détail de la cheminée : inscription.
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Corps sud du logis, pièce ouest : la fenêtre bouchée à coussièges.
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Corps sud du logis, comble : la charpente.
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Aile postérieure, pièce est : le plafond vers l'est.
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Aile postérieure, pièce est : placard aménagé dans le mur ouest.
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Aile postérieure, pièce ouest : la cheminée.
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Aile postérieure, pièce ouest, détail de la cheminée : potager.
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Aile postérieure, comble : la charpente.
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Corps nord du logis : angle nord de la pièce.
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Dépendance sud, partie est : première ferme de charpente sur poteau.
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Dépendance sud, partie centrale : troisième ferme de charpente sur poteau.
Aire d'étude et canton | Communauté de communes d'Erve-et-Charnie - Meslay-du-Maine |
Adresse | Commune : Saulges Lieu-dit : les Croisnières Cadastre : 1838 D9 4, 5, 8 à 14 ; 1982 D 211, 274, 315, 317 |
Période(s) | Principale :
Fin du Moyen Age
Principale : 2e moitié 16e siècle Principale : limite 17e siècle 18e siècle Principale : 2e moitié 19e siècle |
Dates | 1685,
porte la date
1691, porte la date 1694, porte la date |
Le manoir présente un plan complexe dû à la juxtaposition de corps d'époques et de fonctions différentes. La cour, presque fermée, est accessible par un double porche piétonnier et charretier. Le jardin, animé par une pièce d'eau en L, s'étend au-devant et au sud de la cour et des bâtiments. A l'arrière prend place la cour de la ferme. La partie principale du logis, en rez-de-chaussée surélevé sur un sous-sol, est couverte d'un haut toit en pavillon abritant un étage de comble éclairé par une grande lucarne et desservi par un escalier en vis hors-œuvre à noyau et marches en bois dont la toiture forme à l'extérieur une croupe ronde. Sur la cour il est prolongé au nord par un corps qui s'appuie contre l'aile de dépendance nord, dotée partiellement d'un comble à surcroît. Au sud, il est adossé à un corps disposé perpendiculairement, divisé en deux pièces, que prolonge une aile vers l'arrière. Les bâtiments sont construits en moellons de grès et de calcaire marbrier : grès sur le corps principal et le corps nord, calcaire marbrier sur la dépendance sud et l'aile de dépendance nord (avec une surélévation en grès), grès mêlé à du calcaire marbrier sur le corps sud et l'aile postérieure. Les toitures sont en ardoise sauf sur la dépendance sud et sur le logis-étable de la ferme, actuellement couverts d'ardoises en fibrociment, qui sur ce dernier ont remplacé des tuiles plates. Les baies du XVIe et du XVIIe siècle du logis manorial sont en tuffeau taillé, sauf la porte de la tour, en granite. Les autres sont à piédroits en moellons et linteaux de bois, en grosses briques (partie est de l'aile de dépendance nord) et en calcaire marbrier taillé (partie logis du logis-étable). La charpente du corps principal est à chevron porteur avec deux sous-faîtières, l'une chevillée aux entraits retroussés qui dégagent l'étage de comble, l'autre placée sous les faux-entraits. Les charpentes du corps sud et de l'aile postérieure sont du type à ferme et à panne sous chevron porteur, celles du corps nord et de l'aile de dépendances nord du type à potence. La dépendance sud était originellement constituée d'une structure de poteaux portant une charpente du type à ferme et à panne sous chevron porteur. Quatre des cinq poteaux sont encore en place au nord. Ils ont été supprimés au sud lors de la reconstruction des murs en pierre. La nature du remplissage originel n'a pas pu être déterminée. Inscriptions : "R AVENEAU / M'A FT FRE / 1691" (gravé sur un écu sculpté sur la clef de la porte charretière, accompagné d'une étoile et d'un cœur) ; "RENE AVENEAU / M'A FAICT BASTIR / EN L'AN 1685" (gravé sur le linteau de la fenêtre du corps nord) ; "RA 1694" (gravé sur une pierre remployée sur le contre-cœur de la cheminée de la pièce ouest du corps sud).
Murs | grès moellon sans chaîne en pierre de taille
calcaire moellon sans chaîne en pierre de taille bois |
Toit | ardoise, tuile plate, matériau synthétique en couverture |
Étages | en rez-de-chaussée surélevé, sous-sol, étage de comble, en rez-de-chaussée, comble à surcroît |
Couvertures | toit à longs pans toit en pavillon croupe ronde noue |
Escaliers | escalier hors-œuvre :
escalier en vis
en charpente
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Statut de la propriété | propriété privée
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Intérêt de l'œuvre | à signaler |
Protections | inscrit MH,
1935/10/07
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Références documentaires
Documents d'archives-
AD Loire-Atlantique : 1397 W 0117. Service des monuments historiques. Saulges. Restauration d'un retable du maître-autel, d'un retable de la Trinité, 3 statues et 6 chandeliers (1960-1964), dorure de chandeliers (1964, 1966). Château de la Croisnière, dommages causés par le propriétaire (plainte retirée) (1959-1961), maçonnerie, charpente, couverture (1975-1977, 1984), façade principale et entrée, maçonnerie, vitraux (1976-1977), portail d'entrée, maçonnerie (1981-1982) : fonds de concours, devis, mémoire, pièces comptables, correspondance, arrêté préfectoral.
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Archives départementales de la Mayenne : 6 M 435. Recensement de la population de Saulges, 1846.
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Collection particulière. Chartrier de Thévalles. Terrier des fiefs et châtellenies de Thévalles et Saulges et des fiefs du Plessis et de Chantemelle réunis. 1773-1787. (Microfilm : Archives départementales de la Mayenne, 1 Mi 351 R 32 162).
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Collection particulière. Chartrier de Thévalles. Censifs ou livre de recette des fiefs des châtellenie de Sauge, Thévalles réunies ensemble du fief du Plessis aussi réuni, .... lesquelles ... s'étendent es paroisses de Sauge, Chemeré-le-Roi et Ballée. [1772-1775]. (Microfilm : Archives départementales de la Mayenne, 1 Mi 351 R 33 163).
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Chartrier de Thévalles. Plans de la terre de Thévalles et environs : plans terriers de la châtellenie de Thévalles, Saulges et Saint-Pierre. 1772-1777. 56 plans pos. en 1 album : encre et gouache ; 46 X 60 cm. (Microfilm : Archives départementales de la Mayenne, 1 Mi 351 R 34 166). (Collection particulière).
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Saulges (Mayenne). Ancien château de la Croisnière. Sablé-sur-Sarthe : J. Malicot. S.d. [début XXe siècle]. 1 impr. photoméc. (carte postale). (555).
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Saulges (Mayenne). Le Vieux Logis. Laval : Hamel-Jallier & Cie. S.d. [début XXe siècle]. 1 impr. photoméc. (carte postale).
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Saulges (Mayenne). Ferme de la Croisnière, ancien château, XVIIe siècle. Le Mans : A. Dolbeau, s.d. [milieu XXe siècle]. 1 impr. photoméc. (carte postale).
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ANGOT, Alphonse-Victor (abbé), GAUGAIN, Ferdinand (abbé). Dictionnaire historique, topographique et biographique de la Mayenne. Laval : A. Goupil, 4 vol., 1900-1910.
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ANGOT, Alphonse (abbé). Epigraphie de la Mayenne. Laval : A. Goupil, Paris : A. Picard, 2 vol., 1907.
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LE DIGOL Yannick (dir.), CABARET Olivier, BERNARD Vincent (concours scientifique). Rapport d'étude dendrochronologique : église paroissiale de Saint-Léger, la Chevalerie à Saulges, la Croisnière à Saulges. Dendrotech, Rennes, août 2007.
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MAITRE, Léon. Dictionnaire topographique de la France comprenant les noms de lieux anciens et modernes. Mayenne. Paris : Imprimerie nationale, 1878.
Chercheur à l'Inventaire général, au service puis direction du Patrimoine du Conseil départemental de la Mayenne, de 2001 à 2020.
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Chercheur au service Patrimoine de la Région Pays de la Loire
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