Dossier collectif IA85002142 | Réalisé par
Suire Yannis (Contributeur)
Suire Yannis

Conservateur en chef du patrimoine au Département de la Vendée à partir de 2017.

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  • inventaire topographique, Vallée de la Sèvre Niortaise, Marais poitevin
Maisons, fermes : l'habitat à Vix
Auteur
Copyright
  • (c) Région Pays de la Loire - Inventaire général
  • (c) Conseil départemental de la Vendée

Dossier non géolocalisé

  • Dénominations
    maison, ferme
  • Aires d'études
    Vallée de la Sèvre Niortaise, Marais poitevin
  • Adresse
    • Commune : Vix

En dehors des éléments remarquables du patrimoine, l'inventaire a permis de relever 399 maisons et fermes ou anciennes fermes situées dans la zone d'un kilomètre à partir de la Sèvre Niortaise, dans le bourg ou, à titre d'exemples, dans le reste de la commune. Ont été prises en compte les constructions antérieures aux années 1960, à l'exception de celles pour lesquelles de récents remaniements rendent l'état d'origine illisible. Parmi ces 399 maisons et fermes ou anciennes fermes, 200 ont fait l'objet d'un dossier documentaire en raison de leur intérêt patrimonial ou de leur représentativité, et 199 d'un repérage à des fins statistiques.

Le bourg de Vix présente quelques témoins des époques antérieures aux dessèchements des marais du milieu du XVIIe siècle, sans remonter au-delà du XVIe voire de la fin du XVe siècle. La maison située au 1 rue de la Fontaine Friau, bien que restaurée et partiellement remaniée récemment, présente ainsi une petite baie avec linteau en accolade (fin XVe ou XVIe siècle), en plus d'une porte en arc en plein cintre (XVIIe ou XVIIIe siècle). On relève aussi dans le quartier du Bourbia deux dates inscrites sur des pierres certes remployées dans des constructions postérieures : 1612 au 24 rue du Bourbia, 1677 au 9 rue du Bourbia.

35 habitations relevées au cours de l'inventaire, toujours exclusivement dans le bourg, comportent au moins un élément que l'on peut estimer de la fin du XVIIe siècle ou du XVIIIe siècle, voire du tout début du XIXe. Cela représente 8 % du total des habitations relevées, une proportion assez élevée par rapport à d'autres communes voisines inventoriées. En dehors des demeures de notables qui traduisent leur enrichissement grâce aux dessèchements des marais (maison de la famille Garos-Denfer au 58-60 rue Georges Clemenceau, demeure du Port du Noyer), les habitations en question, souvent en partie reconstruites au XIXe siècle, sont repérables à la forme de leurs ouvertures, avec linteau en arc segmentaire ou délardé, voire, plus rarement, un encadrement chanfreiné. Les dessèchements des marais aux XVIIe et XVIIIe siècles ont engendré la création de deux nouveaux types d'habitat, les cabanes de marais desséchés et les huttes sur les digues, mais aucun des ces bâtiments tels qu'ils sont observés de nos jours ne présente d'éléments remontant à cette période, tous ayant été reconstruits par la suite.

Le nouvel essor économique et démographique de la commune à partir de 1850 et jusque dans la première moitié du XXe, se traduit largement dans l'habitat. Ainsi, 73 % des maisons et logis de fermes relevés remontent à la seconde moitié du XIXe siècle, et 44 % à la seule période des années 1850-1870, la plus florissante économiquement. Les anciennes habitations sont reconstruites, les nouvelles se multiplient dans le bourg mais aussi dans les marais mouillés où l'écoulement de l'eau et l'évacuation des inondations sont facilités par les nouveaux aménagements opérés sur la Sèvre Niortaise. De nouvelles fermes voient le jour au bord du fleuve (à Drapelle, sur Charouin...). Globalement, les logements s'étoffent, sont plus grands et plus confortables. Plusieurs maisons de maître marquent dans la pierre la réussite de leurs propriétaires. Les éléments de décor évoluent aussi : les petites baies font place à de plus larges ouvertures avec encadrements saillants, la génoise (frise de tuiles posées sur champ) est remplacée au sommet des façade par la corniche en pierre, moulurée ou non.

Le phénomène, bien qu'amoindri, se prolonge dans la première moitié du XXe siècle, avec encore 16 % des habitations relevées construites à cette époque. Là, les matériaux évoluent : la brique, parfois vernissée, le métal, la tuile mécanique, voire l'ardoise font leur apparition. On ne relève ensuite presque plus aucune nouvelle construction après 1950, avant le développement des lotissements à partir des années 1970.

Un habitat regroupé sur l'ancienne île

L'habitat de la commune de Vix se répartit de manière inégale sur ses différentes strates géographiques. 96 % des maisons et fermes relevées prennent place sur les anciennes terres hautes, à l'abri des inondations. Parmi elles, 54 % se situent dans le bourg et ses quartiers et 42 % dans les différents hameaux qui les prolongent : le Pont aux chèvres (25 %), le Port Vieux, le Pont de Vix, la Chaignée... Les habitations sont essentiellement regroupées le long de l'axe principal qui traverse le bourg et ses annexes du nord-ouest au sud-est, formant un village-rue dont la configuration épouse la forme de l'ancienne île.

Cette concentration sur les terres hautes se traduit par une grande densité de l'habitat. 71 % des maisons sont attenantes (c'est-à-dire accolées les unes aux autres, avec tout au plus une petite cour ou un petit jardin). Au coeur du bourg, certaines (17 % du total) sont en alignement sur la voie, formant des fronts bâtis le long de la rue principale. Toutefois, 49 % des habitations sont placées perpendiculairement à la voie, une disposition qui permet là encore d'optimiser l'espace alors que celui-ci est contraint. On observe alors un parcellaire et un habitat en lanières, l''habitation, au plus près de la rue, précédant les dépendances situées dans son prolongement. Les façades sont généralement orientées vers le sud-est, le bâtiment tournant le dos au nord-ouest et au mauvais temps.

Les habitations isolées, réparties dans les marais, sont peu nombreuses : 13 ont été relevées, dont 9 sont des fermes ou cabanes de marais desséchés. Celles-ci sont le plus souvent placées au bord de l'exploitation, près d'un canal ou d'une digue pour communiquer plus facilement avec l'extérieur. Dans ou au bord des marais mouillés, l'habitat est souvent regroupé en petits hameaux (Drapelle, la Bonde des Jourdain), et là encore au plus près d'une voie d'eau (la Sèvre, le Contrebot). Ces habitations de marais mouillés sont toutes construites sur une petite surélévation de terre pour résister plus longtemps à l'inondation. Le plus souvent, on a surélevé la parcelle à l'aide de la terre excavée des fossés creusés tout autour. Parfois, le long du canal du Sablon par exemple, on a profité de la terre tirée lors de la construction ou du curage dudit canal.

Des logements assez grands, sans décor ostentatoire

Témoins de la prospérité agricole de la seconde moitié du XIXe siècle, prolongée au début du XXe, les maisons et les logis de fermes sont généralement assez grands. Les logements plus anciens (XVIIIe-début du XIXe) se distinguent par leur petite taille, manifestée par le nombre limité de travées en façade (deux ou même une seule avec une seconde baie au rez-de-chaussée) et par l'absence d'étage habitable, tout au plus un grenier. A partir de 1850 au contraire, les logements s'agrandissent. 43 % des habitations relevées présentent ainsi 3 travées d'ouvertures en façade, proportion qui monte à 53 % si l'on y ajoute les façades à 4 travées. 46 % possèdent un étage, les autres se limitant à un grenier mais celui-ci est souvent habitable. Les très grands logements (plus de 4 travées d'ouvertures en façade) sont cependant rares. On compte malgré tout 18 maisons de maître, dont 7 logis de ferme. Toutes illustrent la réussite sociale et économique de leur propriétaire.

Les façades des habitations sont souvent soignées, sans décor ostentatoire : une corniche, un solin, des appuis saillants, parfois une pierre d'évier surmontée d'un oculus. Quelques éléments de décor plus modernes marquent (rarement) la fin du XIXe siècle et le début du XXe : brique, vernissée ou non, épis et crêtes de faîtage, garde-corps en ferronnerie... A noter que 22 habitations présentent encore les traces, plus ou moins apparentes, de commerce ou d'activité artisanale (parfois encore en activité).

Des fermes regroupées, des dépendances modestes et variées

Si l'on observe de plus près les 234 fermes ou anciennes fermes relevées, on remarque que la densité des constructions est là aussi la règle. 36 % d'entre elles sont présentes dans le bourg et 59 % dans les hameaux, toujours sur les terres hautes. 77 % sont des fermes à bâtiments jointifs, accolés les uns aux autres. On retrouve alors souvent la disposition en lanière observée pour l'ensemble de l'habitat : 26 % des fermes présentent un plan allongé (les dépendances sont dans le prolongement direct du logis), 27 % sont même des fermes bloc en longueur (le logis et les dépendances, toujours alignés, sont sous le même toit). Un autre type de disposition des bâtiments est assez souvent observés : dans 11 % des fermes, les dépendances sont placées perpendiculairement à l'arrière du logis.

Les dépendances de ces fermes sont souvent modestes. Granges et étables manifestent le développement de la polyculture dans les nombreuses petites et moyennes exploitations de la commune jusque dans les années 1950. Les granges à façade sur le mur pignon, les plus grandes, capables d'abriter des troupeaux et du matériel en plus grand nombre, sont rares (9 dénombrées) et réservées aux grandes cabanes de marais desséchés. Sur beaucoup de petites granges-étables, on remarque que la porte est placée de manière centrale, sous une baie du grenier et entre deux petites baies horizontales. Beaucoup d'exploitations disposaient en plus d'un hangar pour abriter le matériel voire une partie des récoltes. 107 hangars ont ainsi été comptabilisés, qu'ils soient en pierre ou, après 1945, en métal (alors produits en série par des fabricants spécialisés). Fours et fournils, buanderies avec ponnes à lessive, chais, toits à porcs, poulaillers complètent le dispositif. Pour tous ces bâtiments, comme pour les habitations, on utilisait presque exclusivement les matériaux locaux : moellons en pierre extraits des carrières voisines, bois et roseau (en couverture, en bardage) récoltés dans les marais. On observe enfin une spécificité à la commune de Vix, sans explication apparente : la présence de nombreux puits couverts ou "coiffés" (14 ont été relevés), se distinguant par l'édicule en pierre qui les abrite et permet de suspendre la poulie.

  • Toits

Documents d'archives

  • Archives départementales de la Vendée ; 3 P 3392 à 3401, 3725 (complétés par les registres conservés en mairie). 1837-1971 : état de section et matrices des propriétés du cadastre de Vix.

Documents figurés

  • Plan cadastral de Vix, 1836. (Archives départementales de la Vendée ; 3 P 303).

Date d'enquête 2019 ; Date(s) de rédaction 2019
(c) Région Pays de la Loire - Inventaire général
Suire Yannis
Suire Yannis

Conservateur en chef du patrimoine au Département de la Vendée à partir de 2017.

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