Dossier d’œuvre architecture IA53004365 | Réalisé par
Barreau Pierrick (Contributeur)
Barreau Pierrick

Chercheur auprès du Pays du Perche sarthois jusqu'en octobre 2020. Depuis novembre 2020, chercheur auprès du Conseil départemental de la Mayenne.

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  • enquête thématique départementale, rivière Mayenne
Maison de villégiature dite château, actuellement lycée professionnel agricole, Rochefeuille
Œuvre étudiée
Auteur
Copyright
  • (c) Région Pays de la Loire - Inventaire général

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Mayenne - Mayenne Ouest
  • Commune Mayenne
  • Lieu-dit Rochefeuille
  • Cadastre 2021 ZK 11
  • Dénominations
    maison
  • Précision dénomination
    maison de villégiature
  • Appellations
    château de Rochefeuille
  • Destinations
    lycée
  • Parties constituantes non étudiées
    remise, écurie, parc

La demeure de campagne d'un agronome

La parcelle des Rochouailles, devenue plus poétiquement vers 1850 "Rocfeuil" puis "Rochefeuille", dépendait de la métairie voisine de la Chouanne et appartenait au début du XIXe siècle à M. Tanquerel de Vaucé, résidant à Mayenne. La demeure dite château de Rochefeuille est édifiée vers 1855 aux portes de Mayenne, entre l'ancien chemin et la nouvelle route d'Ambrières, pour Louis-Jean-Charles-Marie Tanquerel des Planches, médecin et agronome à Paris, et son épouse et cousine Marie-Euphrasie Tanquerel des Usachères. L'édifice est signalé comme imposable en 1858 dans les matrices cadastrales. Prix Montyon de 1840, lauréat de l'Institut, chevalier de la Légion d'Honneur, auteur de recherches en médecine sur le saturnisme et l'encéphalopathie, Louis Tanquerel est membre de nombreuses sociétés savantes. Il est surtout, à l'échelle locale, fondateur et président de la Société d'Agriculture de l'Arrondissement de Mayenne, auteur d'un "Ouvrage sur les diverses formes de labour" (1861) et de conférences sur l'économie rurale et l'horticulture. La revue La France Médicale lui consacre un article très complet, écrit par Paul Delaunay, en 1903.

Dans ses travaux, Damien Castel attribue Rochefeuille à l'architecte Pierre-Félix Delarue, semble-t-il uniquement du point de vue stylistique et sans preuve documentaire. Aucun élément n'a permis de confirmer cette attribution. L'édifice est qualifié par Paul Delaunay de "charmant château rose et blanc", rappelant que les tourelles en encorbellement, en briques, n'étaient alors pas enduites. Louis Tanquerel fait de son parc de Rochefeuille un laboratoire d'acclimatation d'essences rares et transforme la Chouanne en ferme modèle, sans pour autant la reconstruire sur un plan rationalisé. Éprouvant "en même temps qu'une forte nostalgie, un réveil de vifs sentiments bucoliques", il quitte Paris et revient définitivement sur ses terres mayennaises. "Il se métamorphosa en agriculteur, greffa des rosiers, dressa des espaliers, organisa ses étables et ses bergeries […]. Tanquerel, dont la ferme de la Choanne (sic) était un modèle, entreprit en 1861 le défrichement et la culture de vastes landes". A Glaintain (Saint-Fraimbault-de-Prières), il s'adonne à la sylviculture. Il décède en sa demeure de Rochefeuille le 27 mai 1862, puis son épouse dix ans plus tard.

De la villégiature au lycée professionnel

En 1857, leur fille Marie Tanquerel des Planches avait épousé Jacques Babin de Lignac, parents d'Hélène Babin de Lignac, citée comme propriétaire de la demeure par les matrices cadastrales vers 1885 et résidant à Tours. Celle-ci fut religieuse carmélite et mourut en 1950. La propriété passe à une date inconnue à Emmanuel Moreau résidant près de Moulins, qui vend en 1929 à Georges Fenestre ingénieur à Paris. Celui-ci se défait à son tour de la demeure en 1960 au profit de l'association Maisons Familiales de Mayenne, laquelle y déplace l'année suivante le lycée professionnel agricole situé auparavant boulevard Anatole France puis rue Ambroise de Loré à Mayenne. L'acte de vente précise que le château comprend "au rez-de-chaussée : grand vestibule, salle de billard, grand salon, petit salon, salle à manger, office ; au-dessous : cuisine, décharges, cave, buanderie ; au premier étage : six chambres et cabinets de toilette ; au second étage mêmes dispositions ; grenier et combles sur le tout". La propriété compte également des bâtiments de service (écurie, remise, chambres, volaillerie), un parc avec deux puits et un jardin potager.

Le lycée accueillant de plus en plus d'élèves, le château devient trop petit et se voit complété temporairement par des préfabriqués ; un logement de fonction est construit à proximité. Par la suite, de nouveaux bâtiments sont édifiés : en 1988, un premier internat, en 1993, un bâtiment comprenant salles de classes et laboratoires, en 2000, un bâtiment avec internat, restaurant, amphithéâtre, salles de classe, et enfin en 2016, un nouvel internat en lieu et place de celui de 1988, avec foyer et centre de documentation. Entre temps, le château est rénové en 1997-1998 et mis aux normes d'accessibilité. Si le rez-de-chaussée est conservé pratiquement intact, ainsi que l'escalier, les étages sont entièrement remaniés et perdent leurs dispositions d'origine. Le bâtiment accueille aujourd'hui l'administration du lycée ainsi que les bureaux de la direction et des professeurs.

  • Période(s)
    • Principale : 3e quart 19e siècle
    • Secondaire : 4e quart 20e siècle

La demeure est orientée à l'est, vers la route de Mayenne à Ambrières et vers la vallée de la Mayenne. C'est un bâtiment de plan rectangulaire sur lequel se greffent un avant-corps central en forme de grosse tour demi-circulaire et deux tourelles d'angle en encorbellement. Le soubassement et le perron sont en pierre de taille de granite, tandis que le reste de l'élévation est en moellons enduits, à l'exception des tourelles, en briques autrefois apparentes mais enduites lors des travaux de 1998. La pierre de taille calcaire est mise en œuvre pour la travée centrale, les encadrements des baies, les bandeaux, la corniche et l'ensemble des décors. L'ornementation est éclectique, puisant ses sources dans les divers répertoires historicistes, notamment gothique et Renaissance.

La façade principale, ordonnancée, compte cinq travées dont une sur la tour centrale : le rez-de-chaussée de celle-ci est traité comme un bow-window, avec une porte en plein cintre à agrafe moulurée et deux demi-fenêtres de chaque côté. Le traitement de la travée axiale est particulièrement soigné, la porte-fenêtre de l'étage étant surmontée d'un larmier sur consoles portant un écu laissé nu et surmonté d'une couronne, entre deux têtes de chimères ; de part et d'autre, deux médaillons en haut-relief présentent une tête de chien et une tête de chevreuil. Le garde-corps en pierre présente un motif d'entrelacs que l'on retrouve aux fenêtres du rez-de-chaussée. Le niveau supérieur de la tour est percé de baies cintrées géminées, surmontées d'un fronton triangulaire sculpté d'initiales abîmées mais se rapportant vraisemblablement à Louis Tanquerel. La tour est couronnée d'un crénelage sur faux mâchicoulis et la toiture conique est percée d'une lucarne à fronton triangulaire. Les ouvertures des autres travées sont plus sobres, avec un encadrement à crossettes, surmonté de volutes et de coquilles au rez-de-chaussée, ainsi que des lucarnes à frontons chantournés ornés d'amortissements en forme de vases, d'inspiration Renaissance. Reposant sur des culs-de-lampe sculptés d'une pomme de pin à droite et d'une grappe de raisin à gauche, mais aussi de rangs d'oves et de perles, les tourelles sont surmontées d'une corniche à modillons et d'un toit conique.

La façade postérieure reprend l'organisation et l'ornementation de la façade principale, à quelques nuances près. A la tour axiale est substituée une travée simulant un avant-corps, délimitée par des pilastres à bossages, couronnée de modillons et coiffée d'une croupe. L'unique lucarne présente deux baies cintrées géminées encadrées de pilastres corinthiens. Un écu vide surmonté d'une couronne occupe le fronton. Certains éléments ont disparu, à savoir les balustrades du rez-de-chaussée et la véranda visible sur une photographie du milieu du XXe siècle. Les tourelles en encorbellement ne sont pas reproduites de ce côté de la maison.

A l'intérieur, seul le rez-de-chaussée conserve presque intégralement ses dispositions d'origine, ses parquets et ornements moulurés. La tour accueille le vestibule, prolongé par une pièce centrale desservant la cage d'escalier et les quatre salons du rez-de-chaussée aux cheminées en marbre. L'escalier en vis sans noyau central, en bois et à garde-corps en fonte ouvragé, est déporté à droite et éclairé par un jour zénithal ménagé dans la toiture. Un escalier de service, placé dans l'angle nord-ouest de la maison, a été supprimé en 2016. Dans les étages, les tourelles d'angle devaient abriter les cabinets de toilette. La rénovation de 1998 met en évidence la charpente en bois et notamment l'enrayure de la tour. Le sous-sol, couvert de voûtes segmentaires en briques, rappelle par ses peintures murales son utilisation comme foyer pour les élèves dans les premières années du lycée.

Remaniée, la remise-écurie est placée à proximité de la demeure. Deux allées ombragées en demi-cercle enserrant un vaste parterre gazonné donnent accès au château depuis la route. On y trouve encore quelques essences probablement plantées par Louis Tancrède. Le reste du parc est aujourd'hui occupé par les bâtiments du lycée.

  • Murs
    • pierre moellon enduit
  • Toits
    ardoise
  • Étages
    sous-sol, en rez-de-chaussée surélevé, 1 étage carré, étage de comble
  • Couvrements
    • charpente en bois apparente
  • Élévations extérieures
    élévation à travées, élévation ordonnancée
  • Couvertures
    • toit à longs pans croupe
    • toit conique
  • Escaliers
    • escalier de distribution extérieur : escalier droit en maçonnerie
    • escalier dans-œuvre : escalier en vis avec jour en charpente
  • État de conservation
    bon état, remanié
  • Techniques
    • sculpture
  • Représentations
    • ornement animal, coquille, chien, chimère
    • ornement végétal, pomme de pin, raisin
    • ornement géométrique, ove, perle, volute, entrelac
    • ornement architectural, agrafe, pilastre, ordre corinthien, fronton
    • ornement en forme d'objet, écu, couronne, vase
  • Précision représentations

    Baies ornées d’agrafes, de volutes, de coquilles et de garde-corps à entrelacs. Travée centrale décorée d’un écu nu coiffé d’une couronne (reproduit sur la lucarne de la façade postérieure) entre deux têtes de chimères, d’une tête de chien et une tête de chevreuil. Lucarnes de la façade principale à frontons chantournés ornés d’amortissements en forme de vases. Lucarne de la façade postérieure à pilastres corinthiens. Culs-de-lampe des tourelles sculptés d’une pomme de pin à droite et d’une grappe de raisin à gauche, de rangs d’oves et de perles.

  • Statut de la propriété
    propriété d'une association

Documents d'archives

  • Archives départementales de la Mayenne ; 108 J 216. Correspondances et recherches sur la famille Tanquerel, 2e moitié XIXe siècle.

  • Archives départementales de la Mayenne ; 3 P 254, 255, 627, 628, 1550, 1554. Matrices cadastrales, registres des augmentations et diminutions de construction de la commune de Mayenne, XIXe-XXe siècles.

  • Archives départementales de la Mayenne ; 1268 W 52. Centre d'études agricoles de Rochefeuille à Mayenne, 1970-1983.

  • Archives privées. Archives du lycée de Rochefeuille à Mayenne, 2e moitié XXe siècle.

Bibliographie

  • ANGOT, Alphonse (abbé). Dictionnaire historique, topographique et biographique de la Mayenne. Laval : Goupil, 1902.

  • CASTEL, Damien. Pierre Félix Delarue (1795-1873) architecte. Le Mans : Cabinet de Fromentières / Recherches en archives & études architecturales, 2013.

    p. 136-137

Périodiques

  • ANDRE, Jean. "Une famille de Mayenne : les Tanquerel (XVIIe-XXe siècle)". La Province du Maine, t. 80, 1978.

    p. 163-165
  • Accrochefeuil', bulletin du lycée Rochefeuille à Mayenne, numéro 60, décembre 2020.

Documents figurés

  • Collection de cartes postales anciennes des communes de la Mayenne. (Archives départementales de la Mayenne ; 5 Fi).

  • Photographie du château de Rochefeuille à Mayenne, milieu XXe siècle. (Archives privées).

Date(s) d'enquête : 2021; Date(s) de rédaction : 2021
(c) Conseil départemental de la Mayenne
(c) Région Pays de la Loire - Inventaire général
Barreau Pierrick
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Chercheur auprès du Pays du Perche sarthois jusqu'en octobre 2020. Depuis novembre 2020, chercheur auprès du Conseil départemental de la Mayenne.

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