Dossier d’œuvre architecture IA44005618 | Réalisé par
Orillard Marion (Contributeur)
Orillard Marion

Chargée de mission Inventaire - Syndicat mixte du SCoT et du Pays du Vignoble Nantais

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  • enquête thématique régionale, Villages à communs
Ecart dit La Brégeonnière
Œuvre étudiée
Copyright
  • (c) Région Pays de la Loire - Inventaire général

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Pays du vignoble nantais
  • Commune La Boissière-du-Doré
  • Lieu-dit la Brégeonnière
  • Cadastre 1808 B4
  • Dénominations
    écart

Présentation générale

La Brégeonnière est un "village à communs" dont la structure est de type 2, c’est-à-dire que le bâti s'organise en îlots sur un espace à usage et propriété collectifs. L'architecture villageoise témoigne de l'activité de polyculture présente au XVIIIe siècle (maisons d’habitation en schiste au volume très modeste et sobre façade : corniche de protection ou plate-bandes de porte en longues dalles de schiste) mais aussi des reprises des façades et volumes au XIXe siècle typique du style rustique à l'italienne (génoise et encadrement en tuiles et briques minces). Les espaces communs structurent l'organisation architecturale ainsi que la vie sociale de la communauté des habitants.

Paysage général

Selon l'hypothèse retenue localement, l'écart de la Brégeonnière doit son toponyme aux bergeons (ou abrégeons) qui composent ses terres ; c'est-à-dire (selon Marcel Lachiver in Dictionnaire du monde rural, Paris : Fayard, 2006) une pièce de terre qui a la forme d'un triangle ou d'un trapèze, ce qui fait que certaines raies de labour ne sont pas parallèles à l'un des côtés, qu'elle s’abrègent, qu'elles ne traversent pas totalement le champ. La répartition actuelle de la culture des sols témoigne d'une certaine permanence avec l'organisation lisible sur le plan napoléonien. Le cadastre de 1808 atteste d'une activité de polyculture vivrière déjà engagée au XVIIIe siècle. Le hameau entouré de jardins clos par des haies et divisés entre les propriétaires en de fines parcelles. A proximité de ces parcelles, la vigne, sur une étendue modeste, témoigne d'une culture destinée à la consommation individuelle. Autour, les terres labourables sont bordées au nord de bois et de landes qui définissent un périmètre de transition avec les fermes à proximité. Ces terres sont bordées au sud par les zones de prés ceinturant la rivière de la Divatte. La Brégeonnière est desservie par deux voies de communication qui conduisent à l'écart voisin (La Hérie, situé à l'ouest de la Brégeonnière), et le chemin principal qui permet l'accès au nord de la commune.

Aujourd'hui, au sud et à l'est, les prairies temporaires prédominent. La culture viticole est repoussée en périphérie nord du hameau, remplacée par des terres réservées à la culture de céréales. La Brégeonnière a conservé ses deux voies de communication principales vers l'ouest et le nord du territoire.

L'activité économique

Les matrices cadastrales de 1808 indiquent une répartition quasi égale entre les maisons d'habitation (recensées au nombre de 17 dont une « maison rurale et d'habitation » c'est-à-dire un bâtiment associant habitation et dépendance) et les dépendances agricoles (20 bâtiments). Sur les 22 propriétaires, 11 sont identifiés comme résidant dans l'écart : un maréchal-ferrant, un rentier, un charpentier, huit laboureurs. Leurs possessions foncières correspondent à la moitié des bâtiments du village ; chaque propriétaire possédant au moins, par famille, une maison et une dépendance (à l’exception d’un seul). Les autres propriétaires habitent majoritairement la commune limitrophe de la Remaudière ; excepté un meunier, ils exercent aussi une activité de laboureur.

Aujourd’hui, seule une exploitation bovine et céréalière est implantée sur la Brégeonnière.

Phasage chronologique et architecture villageoise

La trame du village de la Brégeonnière a peu évolué. Les quatre îlots de bâtiments disposés sur l'espace central, sont déjà présents en 1808 et ont été globalement conservés dans leur volume, bien qu'ils aient connu plusieurs remaniements en façade aux XIXe et XXe siècles.

Il est difficile d'établir une chronologie fine de la construction de ces bâtiments mais l'orientation des façades des deux maisons mitoyennes - dont l'une serait datée de 1790 – laisse supposer qu'elles sont construites après la rangée de bâtiments implantée tout proche. (La logique suivie est celle d'une orientation générale des façades principales vers le sud afin de capter lumière et chaleur naturelle, or elles sont ici tournées vers le nord).

Avant 1808

L'habitat de la seconde moitié du XVIIIe siècle est remanié au XIXe siècle, excepté une maison modeste (1808, B-278) partiellement ruinée. Sa mise en œuvre est typique de l'architecture vernaculaire en pays du vignoble nantais. Ses murs sont montés en moellons de schiste liés à la terre ; le couvrement est en tuiles, à deux pans. Le volume est simple, avec une pièce unique comportant une cheminée à manteau de bois, un placard, deux portes d'accès se faisant face et une petite baie. Les portes sont soit couvertes d'un linteau droit en bois de chêne soit d'un arc en anse de panier en dalles de schiste. La maison mitoyenne, construite sur le même plan, est remaniée au XIXe siècle avec un remplacement des encadrements d'une des deux portes et de la baie par de fines briques (chantignolle).

Les deux rangées de bâtiments au sud-est du hameau, tout comme la rangée de bâtiments au nord, ont été davantage remaniés, mais des éléments notables restent perceptibles comme une porte d'habitation à plate-bande en longues dalles de schiste (cadastre 2015, B 615).

Deux autres habitations cartographiées sur le plan napoléonien (1808, B 810, B 300) sont d'un volume plus important : elles comportent un second niveau pourvu d'une fenêtre simple. Elles ont probablement été profondément modifiées au XIXe siècle, avec le remplacement des encadrements en bois des portes et baies par des chantignolles et la décoration de leur façade avec une génoise, motif classique du style rustique à l'italienne.

Un troisième bâtiment, servant initialement de dépendance (2015, B 710) connaît les mêmes reprises architecturales que ces deux premiers (encadrement, génoise).

Les dépendances de la fin du XVIIIe siècle ont été généralement reprises en habitation au XIXe siècle. Subsistent tout de même deux structures : une grange à piles carrées (2015, B 630) avec un toit à double pan et une charpente simple ; un appentis (2015, B 810) au modeste volume qui devait servir d'étable, avec une porte à linteau en bois de chêne et un jour.

Au XIXe siècle

Plusieurs habitations et dépendances sont construits au XIXe siècle et s'implantent dans la partie sud du hameau, le long du chemin au nord et nord-est Les formes architecturales sont similaires, mais avec l'apparition notable de la brique sur l'appui des fenêtres d'habitation. Deux granges en appentis sont construites, elles sont cette fois-ci à piles rondes ; une troisième est à piles carrées.

Une forge dont la cheminée est toujours visible est installée au centre de l'écart.

Au XXe siècle

D'autres constructions viennent poursuivre l'extension du hameau au cours du XXe siècle, dont une maison qui daterait de 1908 (2015, B 688) composée de deux niveaux, aux encadrements remaniés en briques. Une autre (2015, B 708), à deux niveaux également, est dotée d'un chainage d’angle, d'encadrements et d'une corniche en pierre de granite. Elle est flanquée d'un four privé.

Trame de l'écart

L'existence de la Brégeonnière est attestée par la première levée du cadastre en 1808, mais cet écart est plus ancien. Dans l'écart, une maison modeste (parcelle B 279 au cadastre actuel) présentait une pierre de tuffeau portant la date de 1774. L'écart connaît une extension au XIXe siècle avec l'implantation de deux nouvelles rangées de bâtiments le long du chemin en direction du nord de l'écart, ainsi que deux bâtiments au sud. Une maison (cadastre 2015, B 688) est construite en 1908 aux abords de l'espace commun central (source : témoignage oral).

Les communs

Le cadastre napoléonien de 1808 indique que le hameau dispose d'une « boulangerie commune au village de la Brejonnière » (1808 B 650), c'est-à-dire un four à pain possédé de façon collective, privée et inaliénable par les habitants. Il se situe au cœur de l'écart. Les états de section d'un plan intermédiaire levé en 1849, recensent, en plus du four, un abreuvoir commun. Ce plan d'eau n'a pu être localisé car le plan cadastral correspondant est perdu mais il est probable qu'il devait se situer au nord-est de l'écart.

Lors de la rénovation du cadastre en 1950, cinq communs sont recensés : deux pièces de terre (1950, B-159, B-211) : l'une étant le « chemin du taillis » et l'autre située au « bois » de la Brégeonnière. Deux friches (1950, B-231, B-308) et une aire (1950, B-252) sont situées au « carroui » du hameau, c'est-à-dire en son carrefour central. Sur la parcelle B-308 est installé un calvaire, construit en 1945 et inauguré en mai 1946. Le four, bien qu il soit identifié sur le plan, n'apparaît plus dans la matrice de 1950 : il semble déjà être détruit à cette date.

En 2002, les habitants de la Brégeonnière décident de partager ces communs. La décision est motivée par la création d'un réseau d'assainissement individuel qui nécessite l'accès aux bâtiments. Ils se réunissent en association foncière urbaine dénommée « Les voyettes des bergeons » afin de procéder au partage de ces espaces. La proposition de plan de partage réalisée par un cabinet d'expert-géomètre est adoptée en 2009. Un acte notarié est rédigé, fixant à la demande des habitants, le fait que chaque parcelle de commun cédée soit inconstructible, dans le but de conserver le paysage existant de la Brégeonnière. Les deux chemins au nord de l'écart, le puits, le calvaire et une petite voie desservant l'îlot central des bâtiments sont conservés comme communs. Le puits est restauré en 2018 par l'association "les voyettes des bergeons".

La parcelle de commun B-308 est rétrocédée à la collectivité accompagnant les habitants dans leur démarche, en contrepartie du paiement des frais de notaires (les habitants n'ont payé que les frais de bornage des parcelles). Les parcelles B-231 et B-252 (cadastre 2018) sont divisées et cédées aux propriétaires riverains.

  • Période(s)
    • Principale : Temps modernes, Epoque contemporaine

La Brégeonnière est un écart implanté au sud-est de la commune de la Boissière-du-Doré, en bordure de la Divatte (700 m de distance), frontière naturelle entre cette commune et celle de la Remaudière. L'écart s'organise sur un site à 90 m d'altitude, en pente douce.

La structure de l'écart et ses communs

Il existe actuellement cinq espaces communs aux habitants dans l'écart : deux chemins en direction de l'est et l'ouest permettant l'accès à des terres cultivables enclavées, une petite voie desservant une rangée de bâtiments, un calvaire au cœur du hameau et un puits construit légèrement au sud de l'écart.

Ces parcelles sont héritées du morcellement d’un espace commun ancien (déjà identifié au XIXe siècle) encore perceptible dans la lecture d’un paysage peu transformé. En 1808, cet espace commun tentaculaire, se confond avec le réseau de chemins de l'écart et forme une grande parcelle non cultivée sur laquelle sont implantés les bâtiments.

Au début du XXe siècle, les communs sont utilisés comme espaces de vie en lien avec l'activité agricole : la mare sert d'abreuvoir pour les bestiaux ainsi que de lavoir ; le commun aux abords direct des îlots de bâtiments centraux sert d'aire de battage.

Le calvaire est implanté plus tardivement. Il est créé en 1945, à l'initiative de neuf hommes habitant la Brégeonnière faits prisonniers pendant la Seconde Guerre mondiale et revenus sains et saufs. Le Christ en croix repose sur un socle à corniche doté d'une niche en arc brisé abritant une statue de la vierge. L'ensemble prend place sur un degré carré dont les quatre faces présentent des volées convergentes de cinq marches. Initialement électrifié, il n'est plus éclairé aujourd'hui. Le calvaire est enclos derrière une petite clôture composée de piquets et fils de fer barbelés récupérés dans la zone de repli allemande à Saint-Nazaire.

Le puits, en moellons de schiste et couvert d'un toit de tuiles est difficile à dater : si son implantation semble ancienne, il n'est jamais signalé sur les plans cadastraux de 1808 et 1950. Il donne toujours de l'eau et est accessible aux habitants de l'écart. Il est restauré en 2018 par l'association "les voyettes des bergeons".

L'emplacement de l'ancien abreuvoir accueille désormais la "fête du village" annuelle qui se déroule au cours de l'été.

  • Murs
  • Typologies

Documents d'archives

  • Archives départementales de Loire-Atlantique ; 3 P 17 1. Cadastre de la Boissière-du-Doré : Cahier de calcul des parcelles A et B, sans date.

  • Archives départementales de Loire-Atlantique ; 3 P 17 2-3. Cadastre de la Boissière-du-Doré : Classement parcellaire et évaluation des revenus par section et par nature de sols et de culture, 1809.

  • Archives départementales de Loire-Atlantique ; 3 P 17 5. Cadastre de la Boissière-du-Doré : Etat des sections des propriétés bâties et non bâties, 1849.

  • Archives départementales de Loire-Atlantique ; 3 P 17 7-8. Cadastre de la Boissière-du-Doré : matrice des propriétés foncières, 1823-1914.

  • Archives départementales de Loire-Atlantique ; 3 P 17 9-10. Cadastre de la Boissière-du-Doré : Etat des sections des propriétés bâties, 1882-1932.

  • Archives départementales de Loire-Atlantique ; 3 P 17 11. Cadastre de la Boissière-du-Doré : matrice des propriétés non bâties, 1914-1932.

  • Archives départementales de Loire-Atlantique ; 3 P 17 16-19. Cadastre de la Boissière-du-Doré : matrice des propriétés bâties et non bâties, 1952-1974.

Documents figurés

  • SCP ONILLON – LEBOEUF – DECHENAUX. Cession des communs de villages. Plan de redistribution, juin 2007.

Date(s) d'enquête : 2015; Date(s) de rédaction : 2015
(c) Région Pays de la Loire - Inventaire général
(c) Syndicat Mixte du SCoT et du Pays du Vignoble Nantais
Orillard Marion
Orillard Marion

Chargée de mission Inventaire - Syndicat mixte du SCoT et du Pays du Vignoble Nantais

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