• inventaire topographique, quartier Bas-Chantenay
Centrale électrique, actuellement Fonderie Atlantique, 26 rue des Usines
Œuvre étudiée
Copyright
  • (c) Région Pays de la Loire - Inventaire général

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Bas-Chantenay - Nantes
  • Commune Nantes
  • Adresse 26 rue des Usines
  • Cadastre IX29
  • Précisions anciennement commune de Chantenay
  • Dénominations
    centrale électrique
  • Appellations
    Centrale électrique de Chantenay
  • Destinations
    fonderie
  • Parties constituantes non étudiées
    halle, chaufferie, bureau, vestiaire d'usine

Le site est successivement occupé par les "Chantiers nantais", la centrale électrique de Chantenay (de 1912 à 1964), Leroux & Lotz et la Fonderie Atlantique Industrie.

Les chantiers de construction navale "Chantiers nantais" (cf. figure 2) :

La compagnie Les Voiliers Nantais, fondée par Eugène Antoine Pergeline, est absorbée par Les Chargeurs de l'Ouest, en 1913. Cette dernière compagnie avait fait construire ses premiers cargos, bâtiments à vapeur, en 1903-1904, par la Société Anonyme des Chantiers nantais, dans un site nouvellement aménagé à Chantenay, situé entre la compagnie des Charbons et Briquettes de Blanzy-Ouest et l'entreprise de produits chimiques de MM. Pilon Frères, Buffet et Durand-Gasselin. Les Chantiers nantais sont implantés, au nord, entre la rue du Buzard (aujourd'hui disparue), et, au sud, la Loire, où des cales sont aménagées. À leur commande de vapeurs, les Chantiers nantais ajoutent la construction de très nombreux voiliers cap-horniers, à coque de fer. Les Chantiers nantais quittent le site avant 1912 pour laisser place au chantier de construction de la première centrale électrique nantaise, sur un terrain de 2,5 hectares, de part et d'autre de la rue du Buzard. Ce chantier, de grande importance, s'échelonnant sur plus d'une année et demie de travaux, est couvert par un reportage photographique intéressant, dont les clichés sont conservés aux Archives Municipales de Nantes.

La centrale électrique :

À la première centrale électrique nantaise, la centrale Sully, ouverte en 1891 et fermée en 1902, succède celle de la rue Lamoricière, utilisant les machines de la centrale Sully, et destinée à l'alimentation électrique des premières usines et du tramway. La centralisation de la production prend effet en 1913 avec la mise en service de la centrale de Chantenay. L'électrification du pays nantais est réalisée par la Société Nantaise d'Éclairage et de Force par l'électricité (SNEF), créée en 1892, qui assure la production et la distribution du courant. La SNEF est transformée en Société Nantaise d'Électricité (SNE) en 1941. Elle est nationalisée en 1946 et intégrée à EDF. Après guerre, la centrale de Chantenay, au maximum de ses capacités de production, ne peut répondre seule à la demande croissante d'électricité industrielle et domestique. La centrale de Cheviré, utilisant le charbon, le gaz et le fuel, est mise en service en 1954. Elle est arrêtée en 1986 puis avant la mise en service du pont de Cheviré. Les bâtiments de la centrale électrique de Chantenay, dont l'activité est définitivement arrêtée au début des années 1960, sont acquis par Leroux & Lotz. À partir de 2001, Fonderie Atlantique Industrie y installe ses activités.

Fonderie Atlantique Industrie :

La Société de fonderie de fer et fonte est créée, en 1908, par les frères Babin-Chevaye, fils du dirigeant et fondateur des Ateliers et Chantiers de la Loire (ACL). À partir de 1937, elle prend le nom de Nantaise de Fonderie, se spécialise dans la fonderie de cuivre avec la fabrication d'hélices de bateau en alliage d'aluminium et de cuivre. Après les crises des industries pétrolière et navale des années 1960 et 1970, suite aux reprises successives de la fonderie par des groupes divers, et dans le contexte du projet urbain de l'Île de Nantes, elle déménage en 2000-2001 depuis le site des Fonderies à Vincent Gâche dans les bâtiments de l'ancienne centrale électrique de Chantenay, que la société Leroux & Lotz occupait depuis les années 60-70. La Fonderie Atlantique Industrie emploie aujourd'hui une quinzaine de personnes. Le travail consiste en la fabrication de modèles en polystyrène et fibres de verre, la confection de moules, la fonderie, dans des fours allant jusqu'à une capacité de 35 tonnes, l'usinage et la finition de pièces en alliage de cuivre. Sa production est diverse, avec des pièces allant de quelques kilogrammes à 50 tonnes : pales, vannes, hélices, pompes.

  • Période(s)
    • Principale : 19e siècle
    • Principale : 20e siècle

La centrale électrique est consommatrice de grands volumes de charbon, pour l'alimentation de ses chaudières, et de grands volumes d'eau, pour la fabrication de la vapeur nécessaire à faire tourner ses turbines, jumelées elles-mêmes aux alternateurs producteurs de courant électrique : les groupes turboalternateurs. Pour leur approvisionnement, l'emplacement à Chantenay est idéal : en bordure de fleuve, et directement lié à un embranchement ferroviaire de la ligne d'Orléans à Saint-Nazaire.

Grande halle  :

La grande halle, d'environ 35 mètres de large pour 100 mètres de long, est implantée parallèlement à la Loire. Elle est constituée d'une nef principale (salle des machines, dite des groupes turboalternateurs) de 4 étages flanquée de deux nefs en bas-côtés de 3 étages. L'occupation des bas-côtés est dissymétrique : le bas-côté nord (salles des tableaux électriques, des pupitres, des disjoncteurs) présente au premier étage une façade intérieure donnant sur nef menuisée et éclairée en second jour (étage des pupitres). Le bas-côté sud (salle des pompes) est fermé en façade aveugle sur l'intérieur. La structure métallique porteuse, constituée de poteaux en treillis acier boulonnés, sur des fondations en ciment armé, est, en façade, et en partie à l'intérieur, remplie et habillée de maçonnerie de brique. Les appuis de fenêtres sont principalement réalisés en pierre calcaire. Le pignon est formant façade (1912-1913) comporte 2 baies en plein cintre flanquant une baie rectangulaire surmontée d'un oculus. Le tout est divisé en deux étages. Le pignon ouest formant façade (fin des années 1930) comporte 2 baies en plein cintre flanquant une baie rectangulaire surmontée d'un oculus, dans la même logique que le pignon est. Ce pignon est similaire à celui érigé en 1912. Dans les années 1930, la halle est étendue par l'ajout de 5 travées supplémentaires. L'ensemble de cette extension donne à lire un volume cubique masquant la logique constructive de la nef et de ses bas-côtés. Les murs gouttereaux sont rythmés par la répétition des 17 travées : trois ouvertures par travées sur les 3 premiers niveaux, deux ouvertures pour le dernier niveau correspondant au gouttereau de la nef. Ils laissent apparaître la structure porteuse habillée de brique et donnent à distinguer les deux périodes de construction de l'édifice, malgré une continuité très forte du principe constructif et architectural. La nef des groupes turboalternateurs est couverte, sur fermes métalliques, de tuiles mécaniques sur lattis porteur bois continu peint de couleur claire en sous-face. Les bas-côtés sont couverts de verrières, les plaques de verre sont aujourd'hui peintes en sous-face et couverte en fibrociment ondulé en partie nord, la verrière en partie sud éclaire l'ensemble du bas-côté et donne sur la nef. Les escaliers en bout du bas-côté nord desservent les étages, ils sont à volées droites et paliers, les marches sont en acier larmé, les garde-corps en acier peint. Des vestiges de petits carreaux sont encore lisibles au sol dans les étages.

Chaufferie :

Au nefs construites en 1912-1913, des nefs supplémentaires, gagnant en hauteur, sont adjointes jusque dans les années 1940 (parties ouest détruites - 6 nefs encore en place en 2012). Leur structure est métallique, en remplissage de brique et parpaing, pour une couverture légère en partie transparente sur fermes métalliques. Le bâtiment comprend, pour le fonctionnement de la centrale électrique, des générateurs et des économiseurs mus par des chaudières alimentées au charbon. Les deux cheminées monumentales construites au sud de la chaufferie, ainsi que toutes celles qui émergeaient des couvertures des halles, et toutes les structures métalliques des pylônes de distribution de l'électricité produite, ont disparu du paysage du bas-Chantenay, qu'elles dominaient.

Chambre de décantation  :

Le bâtiment, encore en place, constituait, directement après la prise d'eau de Loire et pour son traitement, la chambre de décantation. Des collecteurs d'amenée d'eau souterrains transportaient l'eau traitée jusqu'à la salle des pompes et jusqu'au château d'eau. Celui-là servait de réserve en cas d'arrêt accidentel des pompes pour le refroidissement des circuits. La chambre de décantation sert aujourd'hui de lieu de stockage pour les nombreux modèles de pales de Fonderie Atlantique Industrie.

Appontement, parc à charbon, convoyeur à charbon :

Au bout d'un atterrissement, de 80 mètres environ, gagné sur la Loire depuis le milieu du XIXe siècle, l'appontement est construit en 1912 sur le principe de béton armé Hennebique sur un terrain battu de pieux. Il est encore en place en 2012. Une surface d'environ 6 000 m2 entre l'appontement et la chaufferie était utilisée comme parc à charbon. Le charbon était convoyé soit via un transporteur aérien (transbordeur) à structure métallique des péniches au parc, soit depuis l'embranchement ferré depuis le nord du site.

Annexes : bureaux, vestiaires ; halle nord :

Construites en 1912 comme bâtiments annexes aux bâtiments de production, les annexes accueillent toujours des vestiaires (Fonderie Atlantique Industrie) et des bureaux (Leroux & Lotz Technologies). Une halle, parallèle à la grande halle, de 20 mètres de large sur 75 mètres de long, a été construite dans les années 1960. Un pont roulant extérieur est installé entre la halle nord et la grande halle.

  • Murs
    • béton
    • moellon
    • parpaing de béton
  • Toits
    tuile mécanique, tôle ondulée, béton en couverture, ardoise, verre en couverture
  • Couvertures
    • toit à deux pans
    • shed
    • croupe
  • Statut de la propriété
    propriété d'une société privée

Dans la grande halle, la démolition des structures porteuses en ciment armé des imposants groupes des turboalternateurs (équivalent à un étage de construction) a donné lieu au "surbaissement" du plancher des façades intérieures des nefs collatérales, les façades menuisées flottant aujourd'hui dans l'espace. Le mobilier d'éclairage électrique intérieur, dont un souci particulier semble avoir présidé à la conception, pour cet ancien "palais" de l'électricité, a en très grande partie disparu. De nombreux éléments de ferronnerie d'origine, notamment des garde-corps intérieurs, ont été déposés depuis 1998. Ils sont, en partie, conservés sur site. Le manque d'entretien (menuiseries bois), de mauvaises reprises (ciment sur pierre calcaire), l'oxydation des structures porteuses et de ferraillage en de nombreux endroits, des problèmes importants dans les maçonneries de remplissage (apparition de fissures, perte d'habillage en brique des structures) sont constatés. Il est possible que le portique extérieur, prenant appui sur une poutre liée à la façade nord de la grande halle, impose des efforts supplémentaires, non seulement aux décors, mais également à la structure de l'édifice. Enfin, la corrosion par le sable utilisé par la Fonderie Atlantique Industrie (surtout dans le bâtiment de la chaufferie) menace l'intégrité des structures de remplissage des bâtiments. L'ensemble du bâti est inscrit sur la liste du patrimoine nantais du plan local d'urbanisme.

Bibliographie

  • BOUCHER, Christophe. Dir. ; Kerouanton, Jean-Louis. Dir. ; Renoux, Bernard, Architectures et patrimoines du XXe siècle en Loire-Atlantique, Conseil d'architecture, d'urbanisme et de l'environnement - Coiffard, 2006.

  • Brève histoire de l'électricité en Loire-Atlantique, association e+pi.

  • Entretien avec Grégory Debaest, Directeur technique Fonderie Atlantique Industrie, 2012.

  • GARNIER, Hélène. Les usines de production d'électricité Archéologie industrielle en France, 2002.

  • KEROUANTON, Jean-Louis. De la théorie au modèle : les hélices comme sculptures calculées, le cas des Fonderies de l'Atlantique à Nantes. In In Situ, 10 | 2009.

  • ROCHCONGAR, Yves, MACHELON, Jean-Pierre. Capitaines d'industrie à Nantes au XIXème siècle, Préf. MeMo ; E+PI, 2003.

Date(s) d'enquête : 2012; Date(s) de rédaction : 2012