"Ces bateaux ont la forme d'une boëte [sic] plus longue que large, relevée carrément par les côtés depuis leur fond, et par les bouts sur les deux tiers de la hauteur ; un léger évasement existe en avant et en arrière, et est exécuté en arc de cercle.
Ils sont manoeuvrés par des hommes qui les font avancer à l'aide d'un câble porté en avant, amarré soit à une pièce soit à un arbre, et tourné autour d'un cabestant placé sur les bateaux.
Ces bateaux vont seul à seul ou s'accouplent suivant les besoins de curage et suivant la largeur de la rivière. Ils se tiennent toujours au milieu, car il est impossible de les maintenir sur une des rives plus que sur l'autre à cause que le courant, qui aide beaucoup au curage, suivant plutôt le milieu que le côté de la rivière, ferait dévier le bateau de sa direction et en empêcherait le jeu.
Le curage se fait par le moyen d'une grande herse foncée, construite en forts bois de charpente. Tous les assemblages de cette herse sont recouverts de bandes de fer de 0 m 06 cm de largeur et de 0 m 005 cm d'épaisseur, qui retournent du côté opposé, boulonnés de distance en distance avec des boulons à vis et écrous.
La herse ne tient pas au bateau. Elle en est entièrement séparée. Elle y est seulement maintenue au derrière par des câbles. Deux de ces câbles sont passés autour d'un guindeau placé dans le bateau, amarrés à la traverse du bas de la herse, à des anneaux mis exprès, et servent à la lever et baisser à volonté. Deux autres câbles sont amarrés à chaque côté du bateau, vers le milieu, et à des anneaux placés dans la même traverse du bas de la herse, et servent à la maintenir carrément. Enfin, un troisième câble amarré au fond du bateau, vers le tiers de sa longueur en avant, et au haut de la herse, sert à l'empêcher de renverser en arrière.
Cette herse sert d'abord seule au premier passage que l'on fait dans une rivière garnie d'herbages. Ensuite, on y ajoute pour les passages successifs, une aile de chaque côté. Ces ailes joignent la herse et sont placées dans le même plan. Elles en suivent tous les mouvements et remplissent les mêmes fonctions. Cependant, pour éviter un trop fort travail, et aussi pour pouvoir passer un obstacle insurmontable, on les a montées sur des charnières en fer. Par ce moyen, elles sont mobiles et on les reploient sur la herse, soit l'une soit l'autre, et même toutes les deux à la fois lorsque le besoin l'exige.
Les herse et ses ailes sont arimées à la traverse du bas d'une forte bande de fer dentelée comme une scie, mais dont les dents sont recourbées de manière à former un angle de 45°. Cette bande est retenue à la traverse par des boulons à vis et écrous, et placée en dedans de la herse. Les dents sont espacées de 0 m 05 cm. Leur largeur est égale à leur espacement et leur profondeur est de 0 m 06 cm. La largeur totale de cette bande de fer est de 0 m 16 cm, et son épaisseur de 0 m 015 cm.
(...)
Sur le devant du bac, depuis le bout jusqu'au plancher de service, il existe une petite cabane dont la couverture est en planches de chêne de 0 m 03 cm d'épaisseur, et la cloison en sapin de 0 m 027 cm d'épaisseur. Cette cabane sert à coucher le gardien du bateau et, au besoin, à serrer différents ustensiles (...)."