Dossier thématique IM44008753 | Réalisé par
Davy Christian (Contributeur)
Davy Christian

Chercheur au service Patrimoine de la Région Pays de la Loire

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  • enquête thématique régionale, peintures murales
Les peintures murales de l'époque contemporaine
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  • (c) Région Pays de la Loire - Inventaire général

Dossier non géolocalisé

  • Aires d'études
    Peintures murales des Pays de la Loire

Le corpus

Une technique décorative particulièrement répandue

Plus de 2000 sites (2007 exactement) conservent au moins un décor peint réalisé au cours de l'époque contemporaine. Ce nombre, comme ceux de l'époque gothique ou moderne, est inférieur à la réalité, car l'opération de prospection menée en 2010 avait délibérément écarté les édifices privés de ses investigations, à l'exception de ceux déjà connus par les professionnels du patrimoine et de ceux signalés au moment du passage du prospecteur. À ce nombre, il convient d'ajouter 62 autres sites signalés depuis. Toutes les catégories d'édifices sont peu ou prou ornées de peintures murales. Des décors peints ont ainsi été trouvés, dans les édifices de culte, dans les édifices publics, tels les mairies, les hôpitaux, les écoles ou les gares par exemple, et les édifices privés allant du château au logis de ferme, en passant par l'usine. Il en a été repérés également sur des édicules et des ouvrages d'art, tels les châteaux d'eau, les ponts, les abri-bus, les stations de chemin de fer ou les transformateurs. Les décors ont été réalisés aussi bien dans les espaces intérieurs que sur les parois extérieures.Nantes, mairie-annexe de Doulon. Le mur des Trois soleils peint par Milan Vukotic ; commande officielle bénéficiant d'un mécénat.Nantes, mairie-annexe de Doulon. Le mur des Trois soleils peint par Milan Vukotic ; commande officielle bénéficiant d'un mécénat.

La répartition historique

Pendant ces un peu plus de deux siècles, des tendances se dessinent. La majorité de la production (53%) a été réalisée au XIXe siècle : 1069 occurrences selon les résultats de la prospection (plus 20 sites signalés depuis). Le XXe siècle est un peu moins productif avec 30 % du corpus, soit 602 occurrences (plus 22 autres repérées depuis). La première moitié de ce siècle est un peu plus plus active que la seconde avec 331 sites peints contre 271. La première décennie du XXIe siècle apparaît comme particulièrement dynamique avec 25% du corpus. Ce phénomène est dû à l'apparition des grafs. Il est à signaler que pour ces derniers seuls ceux "d'une certaine ampleur" ont été retenus, excluant tous les tags ou marques peintes équivalentes.

Route de Tours à Forcé, Mayenne. Publicité peinte après la création de la marque Elf et de son logo en 1967.Route de Tours à Forcé, Mayenne. Publicité peinte après la création de la marque Elf et de son logo en 1967.

La répartition géographique

Contrairement à la production des autres époques, celle de l'époque contemporaine a été rencontrée dans l'ensemble du territoire régional et ce d'une manière dense. Cependant des nuances apparaissent en fonction des phases historiques évoquées supra. La répartition est, au XIXe siècle, globalement équivalente sur l'ensemble des départements, même si celui de Loire-Atlantique affiche un nombre légèrement inférieur. À l'inverse, la production apparaît particulièrement dynamique dans l'Entre-deux-guerres et au milieu du XXe siècle dans ce département. Cela tient à la conjonction de l'existence d'un nombre élevé d'artistes originaires de ce département qui ont été se former à l'École nationale des beau arts de Paris et qui ont conservé des attaches suffisamment fortes avec leurs origines pour y produire des oeuvres en nombre (voir le développement infra sur la fresque). Par la suite, la répartition des peintures murales est franchement inégale. Ainsi, à l'extrême fin du XXe et au début du XXIe siècle : les deux-tiers des peintures murales sont concentrées dans les deux départements littoraux. Le foisonnement des grafs se remarque principalement sur le cordon littoral, sur le cours de la Loire et dans les centres urbains, comme Nantes et La Roche-sur-Yon, et au Mans dans une moindre mesure.

La situation architecturale des peintures murales de l'époque contemporaine

Le type de production picturale évolue fortement au cours de la période contemporaine. Au XIXe siècle, il est essentiellement constitué de décors religieux principalement concentrés dans les intérieurs des édifices de culte. Au siècle suivant, il apparaît sur les murs extérieurs des édifices publics et privés. Dès le premier quart du XXe siècle, des réclames, telles celles pour "Le Petit Journal", sont peintes sur les pignons de bâtiments situés le long des routes de communication. Des publicités, puis des trompe l'oeil occupent les façades latérales d'immeuble dans la seconde moitié du siècle. Enfin, les grafs fleurissent sur toute sorte de murs dès la fin du XXe siècle. Parallèlement à ce renouveau, la production de décors peints à l'intérieur des édifices continue.

Noirmoutier-en-l'Île, villa Émeraude. Paysages de mer et de montagne peints dans la salle à manger.Noirmoutier-en-l'Île, villa Émeraude. Paysages de mer et de montagne peints dans la salle à manger.

Les techniques

La peinture à l'huile

La technique à l'huile est utilisée de la manière traditionnelle pour l'élaboration des formes. En revanche le débat artistique qui, au milieu du XIXe siècle, fait de la peinture murale l'art religieux par essence oblige les peintres à une évolution vers la peinture monumentale accordée à l'architecture. Ces derniers s'adaptent aux contraintes du mur dans certaines conditions. Tout en revenant au chantier in situ, ils continuent à peindre régulièrement dans leurs ateliers. Ils marouflent alors leurs toiles sur les murs.

Pré-en-Pail, Mayenne, nef de l'église Notre-Dame. Louis Renouard a peint en 1885 les scènes à l'huile sur le mur et les médaillons également à l'huile en atelier avant de les maroufler.Pré-en-Pail, Mayenne, nef de l'église Notre-Dame. Louis Renouard a peint en 1885 les scènes à l'huile sur le mur et les médaillons également à l'huile en atelier avant de les maroufler.

La peinture au silicate de potasse

La pratique de la peinture murale au XIXe siècle s'est enrichit de nouvelles techniques à la suite des découvertes de la chimie et de la volonté générale de revenir à la fresque. En dehors de la peinture à la cire qui ne semble pas avoir été pratiquée dans la région (à l'exception peut-être des réalisations de Jules Lenepneu à l'hospice Sainte-Marie d'Angers), des artistes, comme Louis Bodin, comte de Galembert, ont effectués un certain nombre d'expériences avant de mettre au point de nouvelles techniques de peinture murale. Le comte de Galembert en a pour sa part inventé une à base de silicate de potasse. Il a délayé ses pigments dans un medium additionné de silicate de potasse. Cependant il variait la densité et la température par chauffage du medium en fonction du pigment choisi. La couleur pouvait être appliquée sur différents supports (chaux, plâtre notamment) et la peinture obtenue avait l'aspect mat de la fresque. Au XXe siècle, la peinture au silicate a été utilisée pour les peintures extérieures (dans le cas des publicités notamment). Elle était alors réalisée différemment, car le silicate, qui est un durcisseur, était passé sur la peinture déjà appliquée tout en subissant un certain nombre de contraintes. L'avènement des peintures synthétiques dans le commerce à partir du milieu du XXe siècle clôt l'utilisation de cette technique.

Conflans-sur-Anille, Sarthe, église Saint-Maurice. Vue d'ensemble vers le sud-est du décor peint au silicate de potasse.Conflans-sur-Anille, Sarthe, église Saint-Maurice. Vue d'ensemble vers le sud-est du décor peint au silicate de potasse.

La fresque

La pratique de la fresque connaît en France un fort renouvellement, voire une véritable renaissance, de sa pratique avec l'activité de Paul Baudoüin à l'extrême fin du XIXe siècle. Son enseignement à l'École nationale des beaux arts de Paris et son activité au sein de l'association "La Fresque" a eu des conséquences importantes pour la peinture murale de la région dans l'Entre-deux-guerres. En effet, à l'exception de Pierre Bouchaud qui a appris cette technique à Rome, plusieurs artistes locaux ont été ses élèves et ses compagnons de chantiers. Ils ont laissé, malgré les destructions de la seconde guerre mondiale de nombreuses fresques d'excellent niveau de qualité. La plupart de ces artistes sont natifs de Loire-Atlantique. Jean Chapleau est né à Paimboeuf, les frères Paul et Albert Lemasson à Saint-Mars-du-Désert, Alexandre Auffray à Saint-Nazaire, Georges Lusseau à Clisson. À ces peintres, il convient d'ajouter les frères Bouchaud nés à Nantes, alors que Madeleine Massonneau, française née à New York et auteure de deux oeuvres répertoriées à Pornichet et à Saint-Nazaire, vient de l'extérieur de ce territoire. Dans les années 1990, un foyer fresquiste a tenté pendant quelques années de s'établir à Blain. Une dizaine de réalisations en sont issues au moyen de chantiers-écoles et de commandes institutionnelles.

La Roche-Blanche, Loire-Atlantique, église Saint-Michel. Fresque réalisée par Albert Lemasson en 1934.La Roche-Blanche, Loire-Atlantique, église Saint-Michel. Fresque réalisée par Albert Lemasson en 1934.

Les peintures synthétiques

À partir du troisième quart du XXe siècle, les décors peuvent être réalisés avec une peinture synthétique. Cette nouvelle technique qui mélange ses pigments ou colorants dans une émulsion d'eau et de résine acrylique, puis vinylique devient rapidement d'une utilisation systématique. Outre son utilisation grandement facilitée, notamment en extérieur, elle permet d'obtenir un aspect brillant et une tenue à l'humidité supérieure à ce qui était réalisé précédemment. La pratique du graf change la manière de peindre. Les outils traditionnels, comme la brosse et le pinceau, sont remplacés par la bombe de peinture en spray.

Nantes, rue Louis-Joxe. Graff réalisé lors d'un crew en 2002.Nantes, rue Louis-Joxe. Graff réalisé lors d'un crew en 2002.

Le style

Organisations des décors

La production très diversifiée de la période contemporaine présente des organisations très variées. Ces dernières ont déjà été rencontrées aux époques précédentes. Certains décors sont constitués de peintures où l'ornemental est utilisé pour souligner les lignes de force de l'architecture et pour structurer le décor figuré, soit un retour à la structuration romane. D'autres suivent l'organisation architecturale du lieu, que le décor soit figuré ou ornemental. D'autres encore apparaissent comme totalement indépendants du support architectural. Tous les degrés situés entre ces extrêmes ont été peu ou prou rencontrés.

Le cadre

Le même type d'observations sont applicables au cadre. Ce dernier peut être générer par des décors ornementaux, par des motifs inspirés du végétal ou de figures géométriques, par des motifs plus abstraits. Il tout aussi bien ne pas exister du tout. Certaines créations contemporaines peuvent être considérées comme des créations à bord perdu.

L'élaboration de la forme

La plus grande variété a été rencontrée là-aussi. Des aplats de couleurs juxtaposés constituent la base du travail de l'hommage à Jean Gorin peint à fresque sur le mur d'une mairie-annexe de Blain en Loire-Atlantique par exemple. Le traitement spécifique du modelé propre au classicisme français se repère dans des décors en peinture à l'huile dans certaines églises au XIXe siècle. Le rendu de l'expression des formes influencé par les courants artistiques successifs de la seconde moitié du XIXe et du début du XXe siècle est reconnaissable, tel le décor de Camille Godet peint dans la mairie de Guémené-Penfao ou celuides frères Lemasson à Saint-Mars-du-Désert. L'élaboration de la forme caractéristique évoquant les manières médiévales se rencontre dans les oeuvres des peintres, comme Louis Renouard ou Albert Vivet, à la fin du XIXe et du début du XXe siècle. Cette diversité d'élaboration et de rendu des formes s'observe également dans les décors réalisés à la bombe de peinture en spray qui, de plus, en renouvelle certaines expressions.

L'iconographie

L'ornementation

Le répertoire des motifs ornementaux s'élargit, alors que le décor couvrant sur le thème de l'appareil de pierres de taille devient omni-présent au XIXe siècle et au début du XXe siècle. Il est enrichi d'une riche polychromie des clefs de voûte qui deviennent souvent le support d'écus armoriés.

Le vocabulaire végétal et géométrique s'enrichit de l'apport de formes tirées d'autres domaines, parfois inattendu. Les limites entre ornemental et figuré ou historié sont devenue plus floues. La porosité entre les deux types courants de décors est grande. Représentatif de cette nouvelle marge, le décor d'une venelle de Saint-Nicolas-de-Redon, en Loire-Atlantique, où à la fois une peinture présente en vingt-quatre images une célèbre séquence du film "La bête humaine" et se contente d'habiller les murs de ciment gris délimitant le passage public.

Saint-Nicolas-de-Redon, venelle sans nom. "Ornementation cinétique" de Jean-Pierre Baudu, vers 1983.Saint-Nicolas-de-Redon, venelle sans nom. "Ornementation cinétique" de Jean-Pierre Baudu, vers 1983.

La démarche des graffeurs participe à l'élargissement de la notion d'ornementation. Le plus souvent signifiant, le graff porte en lui-même une forte portée ornementale.

L'iconographie des édifices de culte

Le répertoire iconographique des édifices religieux est stable. Toutefois il est possible de remarquer une inflexion de l'orientation des programmes liée à une ouverture du répertoire reflétant des préoccupations en lien direct avec la réalité sociale du moment. Au XIXe siècle, les commanditaires ecclésiastiques mettent en avant un rôle d'enseignement attribué à la peinture murale lié à la présentation des racines chrétiennes. Dans un même temps, ils accentuent également l'aspect moralisant des images peintes sur les murs. Ainsi, par exemple les figures des apôtres sont accompagnées du texte des dix commandements et du credo des apôtres peints de manière monumentale dans la nef de l'église de Saint-Martin-du-Limet, en Mayenne. Dans un grand nombre d'églises de la région, les portraits des prophètes, des apôtres et des évêques rappellent le continuum de l'Église. Le culte des saints dédicataires est également développé d'une manière nettement plus appuyée qu'aux périodes précédentes.

Outre le développement des chemins de croix monumentaux peints à l'huile ou à fresque, des thèmes inédits ou presque voient le jour. Certains d'entre eux, comme le baptême de Clovis par saint Remi, sont à mettre en relation avec des positions politiques des commanditaires. D'autres, comme l'accent mis sur les monuments aux morts de la guerre 1914-1918 dans les paroisses, appartiennent plutôt de plus vastes mouvements sociaux, même si chacune de ces peintures est à mettre au bénéfice des commanditaires locaux. Ces derniers se trouvent être le plus souvent les curés des paroisses concernées, parfois en lien avec le maire, comme à Aigrefeuille-sur-Maine en Loire-Atlantique, parfois non, comme à Sainte-Gemmes-d'Andigné en Maine-et-Loire, alors que le monument aux morts de la paroisse de Bazouges-sur-le-Loir en Sarthe est à mettre à l'initiative exclusive du maire.

Chanzeaux, Maine-et-Loire. Monument aux morts de la guerre 1914-1918 peint par Paul Audfray.Chanzeaux, Maine-et-Loire. Monument aux morts de la guerre 1914-1918 peint par Paul Audfray.

L'iconographie des édifices publics

Le répertoire des thèmes figuratifs repéré dans les édifices où le public accède est varié. Le végétal - particulièrement les paysages - reste très appréciés. Ces derniers sont souvent bucoliques, parfois oniriques comme à La Chapelle-Saint-Fray en Sarthe. Ils sont peints le plus souvent dans un style figuratif, parfois proche de l'art naïf. Le paysage peut être urbain. Ce sont ainsi des places, des monuments ou des quartiers de la ville qui ont été peints dans l'un des salons de la mairie de Nantes au milieu du XXe siècle. Les scènes historiques ou pseudo-historiques liées à l'édifice qui sert de support à la peinture se rencontrent également, comme "la Poste aux chevaux" peinte à la fin du XXe siècle sur une ancienne auberge de Conlie en Sarthe ou la "Place des Comtes-du-Maine au Mans" peinte par Gaston Muller dans le deuxième quart du XXe siècle. Les peintures murales peuvent aussi fixer des instants historiques contemporains, comme la cérémonie de consécration de la chapelle de l'hôpital Sainte-Marie d'Angers en 1857. Jules Lenepveu, l'auteur, y a de plus inséré les portraits des personnalités qui y officièrent ou y assistèrent. C'est dans cette veine qu'il convient de placer le courant assez développé de l'insertion anachronique des portraits de contemporains dans les personnages historiques ou légendaires. Le chanoine Pierre Bouchaud semble avoir été le peintre qui a poussé le plus loin cette pratique qu'il avait systématisé en prenant comme modèles les membres de sa famille et les élèves de l'Externat des Enfants nantais, l'établissement d'enseignement où il exerçait. Les allégories constituent un ressort de production également utilisé par les peintres et demandés par leurs commanditaires. Il n'est pas rare que des écoles soient ornées de peintures où se côtoient des objets symbolisant l'étude avec ses différentes matières à côté d'autres se rapportant aux jeux et aux loisirs par exemple. Dans les théâtres, ce sont les allégories des arts qui sont présentés au public. En revanche, il est apparu que peu de municipalités avaient cherché à décorer en peinture murale leur mairie. Cependant deux d'entre elles, aux Brouzils et au Poiré-sur-Vie en Vendée, relient d'une manière allégorique le mariage et l'histoire de la commune. L'allégorie est moins évidente à cerner dans le décor de la mairie de Guéméné-Penfao. Là, Camille Godet a réalisé en 1930 des scènes illustrant l'activité des champs, des villes et de la construction peintes sous l'inscription "LABOR", "PAX", "FAMILLE", "PATRIE". Enfin, la part exacte de l'allégorie du sport, du style rendant le mouvement et de l'abstraction est plus difficilement discernable au stade Jean-Leflour à Blain en Loire-Atlantique.

Guéméné-Penfao, salle modulable au rez-de-chaussée de la mairie. Décor réalisé par Camille Godet en 1930.Guéméné-Penfao, salle modulable au rez-de-chaussée de la mairie. Décor réalisé par Camille Godet en 1930.

L'iconographie des demeures privées

L'inspiration majeure de l'iconographie des décors des demeures privées provient de la nature végétale. Les paysages, les vues de jardin ou les fleurs sont majoritaires plus encore dans les intérieurs - lorsque ceux-ci ont pu être visités - que sur les murs extérieurs. En effet, ce thème se rapportant à la détente produit en corollaire des images peintes sur les extérieurs de maisons mises en rapport avec une société du loisir et de ses envies, tels des jeux d'enfants sur une villa balnéaire ou des paysages, aussi bien indigènes qu'exotiques, peint en trompe l'oeil sur des murs de clôture.

Sainte-Suzanne, Mayenne. Maison dite les Charrières. Plafond peint vers 1880.Sainte-Suzanne, Mayenne. Maison dite les Charrières. Plafond peint vers 1880.

Plus rares sont les copies d'oeuvres célèbres, comme c'est le cas dans un château mayennais réalisées au milieu du XXe siècle. Le graf, dont les oeuvres n'ont que rarement été commanditées par les propriétaires des murs support1, apportent une plus grande variété au répertoire. Par leur destination, leur fonction et leurs styles, les grafs ouvrent sur toute sorte de domaines, dépassant effectivement le répertoire habituel. Les lettrismes, les caricatures, les paysages aussi, les scènes guerrières, les animaux fantastiques ou non, y ont d'ores et déjà été repérés.

L'iconographie des édicules et ouvrages d'art

La majorité des observations précédentes se rapportent à cette catégorie architecturale. Des pampres, des fenêtres ouvertes sur un ciel bleu ou la continuité de la forêt ont été repérés sur des châteaux d'eau dans le Maine-et-Loire et en Sarthe. Une forêt aux troncs d'arbres européens ont été peints sous le titre "In a jungle" sur un pont de Nantes. Des paysages de port, des vues maritimes ou des crustacés géants ornent des transformateurs ou des abris municipaux dans les stations balnéaires vendéennes. Dans le marais breton, le paysage peint sur un édicule se confond avec le paysage réel du marais.

Vilaines-la-Carelle, belvédère de la forêt de Perseigne. Décor de forêt.Vilaines-la-Carelle, belvédère de la forêt de Perseigne. Décor de forêt.

Le graf couvre nombre d'édicules de son vocabulaire décoratif spécifique. Cependant, un courant vraisemblablement issu d'écoles d'art présente des copies interprétées de tableaux de référence, comme le "Baiser" de Gustave Klimt, ou de thèmes travaillés à la manière de Robert Delaunay sous le Pont Lu à Nantes.

1Ce fait a créé un débat sur la propriété de ce type d'oeuvre qui n'est pas réglé du point de vue du droit.
Date(s) d'enquête : 2010; Date(s) de rédaction : 2015
(c) Région Pays de la Loire - Inventaire général
Davy Christian
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