Dossier d’œuvre architecture IA85003055 | Réalisé par
Suire Yannis (Contributeur)
Suire Yannis

Conservateur en chef du patrimoine au Département de la Vendée à partir de 2017.

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  • inventaire topographique, Vallée de la Sèvre Niortaise, Marais poitevin
Canal dit la rigole de la Rive droite, canal du Grand Coin
Œuvre étudiée
Auteur
Copyright
  • (c) Région Pays de la Loire - Inventaire général

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Dénominations
    canal
  • Parties constituantes non étudiées
    chemin de halage

Un ancien bief, quatre rigoles puis une seule

La rigole de la Rive droite reprend peu ou prou l'itinéraire d'une ancienne route d'eau qui serpentait au pied des terres hautes du Mazeau et de Reth, et dont les méandres de la Vieille Sèvre, entre Arçais et Damvix, constituent le dernier témoin. La carte de la région par Claude Masse en 1720 situe ce cours d'eau ou "chenal du Mazeau qui est navigable aux petits bateaux jusqu'au village du même nom quand les eaux sont hautes". Comme le laisse entendre cette mention, la route d'eau ne remontait pas au-delà du Mazeau, ce que la carte de Claude Masse, qui s'arrête là, ne permet pas de savoir. Sur le plan cadastral de Saint-Sigismond/Le Mazeau en 1835, la route d'eau apparaît comme un cours plus large que les autres à travers le labyrinthe de fossés et de parcelles qui jouxte le village du Mazeau. Le cadastre la baptise ainsi : "Ancien canal de Damvix au Mazeau dit le bief d'En bas".

Dès 1818-1821, la carte du projet d'aménagement du bassin de la Sèvre Niortaise par François Mesnager ne représente pas non plus cet ancien cours d'eau au-delà de Reth, les marais de Benet et du Mazeau apparaissant comme une masse informe et inondée. Mesnager ne prévoit pas moins de trois rigoles à travers ces marais, d'axe nord-est/sud-ouest, plus une quatrième à partir des marais de Banzay, à Benet. Leur rôle sera de mieux capter et évacuer l'eau de ces étendues particulièrement inondables (alors qu'un seul canal, la rigole de la Garette, est prévue sur la rive gauche de la Sèvre).

Si le principe de ces rigoles est inscrit dans l'ordonnance royale de 1833 sur l'aménagement du bassin de la Sèvre, la mise en œuvre de ce programme dans les marais en amont de Damvix à partir de 1837 fait apparaître la nécessité de ne plus retenir qu'une seule rigole sur la rive droite du fleuve, comme sur sa rive gauche. L'ingénieur d'arrondissement de Fontenay-le-Comte Lambert en expose les tenants et aboutissants dans un rapport du 31 décembre 1839. Le canal ou rigole reliera les marais de Coulon et de Damvix, en utilisant notamment l'ancienne route d'eau de Damvix au Mazeau. Le projet prévoit aussi d'évacuer une partie de l'eau par le canal de Reth, qu'il faudra réhabiliter et connecter au canal de la Vieille Autise. Lambert assure que la rigole "conduira à la Sèvre les eaux mortes d'une superficie de marais de 2000 hectares environ, d'après les études habiles et consciencieuses de M. Mesnager. Le volume des eaux mortes peut être évalué à 4.000.000 mètres cubes. La rigole les évacuera donc dans l'espace de onze jours environ, si la Sèvre peut les recevoir et les conduire à la mer dans ce même laps de temps. C'est là un bien beau résultat si l'on considère que dans son état actuel, le marais est ordinairement couvert d’eau jusqu’en août et septembre".

Suivant ces conclusions, l'ordonnance de 1833 est modifiée par une autre le 22 mai 1844, autorisant le Syndicat des marais mouillés de la Vendée à creuser la grande rigole au lieu des quatre initialement prévues. Mais l'affaire dure encore plusieurs années, les finances manquant pour réaliser le projet qui succède à d'autres opérations importantes et coûteuses. Le Syndicat des marais mouillés des Deux-Sèvres critique son homologue vendéen : sur la rive gauche de la Sèvre, la rigole de la Garette a été creusée dès 1838 mais elle ne peut remplir tous ses effets tant que, sur la rive droite, les Vendéens n'auront pas rempli leurs engagements.

Le creusement de la rigole dans les années 1850

En 1850, le Syndicat de la Vendée demande une modification de tracé. Le ministère des Travaux publics missionne alors l'ingénieur en chef de Ponts et Chaussées Joseph Maire qui présente un nouveau projet de canal le 25 avril 1853. Il est approuvé par décision ministérielle le 14 décembre, et amendé le 31 mars 1854. La rigole partira de la Sotterie, à Coulon, passera près d'Ambreuil, du Mazeau et de Reth, et aboutira à Damvix après s'être connectée au canal de Reth. Les premiers mesurages et relevés de terrain ont lieu à partir de décembre 1853 et de janvier 1854, et se poursuivent toute l'année 1854. Les plans terriers du projet sont présentés le 3 octobre, et le projet définitif est approuvé par décret impérial du 2 juin 1855. L'arrêté préfectoral d'expropriation est pris le 29 décembre 1855.

L'inondation de mai 1856 repousse toutefois le début des travaux. Le creusement de la portion de canal entre la Sotterie et Ambreuil (actuel canal du Grand Coin) est finalement adjugé le 30 août à Pierre Manteau, entrepreneur au Mazeau, avec le curage du canal de Reth. En 1857 pourtant, on en est encore à acquérir certains terrains, et les travaux ne commencent véritablement qu'en avril. A l'été, le chantier est à hauteur du Mazeau. En août, Pierre Manteau est mis en demeure d'accélérer les opérations mais il évoque des difficultés de coordination avec le niveau de l'ancien bief du Mazeau, mal entretenu, ou encore des éboulements successifs. La réception provisoire des travaux a lieu le 26 novembre 1858, mais ils ne sont véritablement achevés qu'en 1859, comme l'indique une pierre commémorative présente sur le port du Mazeau.

Le creusement de la rigole bouleverse inévitablement l'ancien réseau de canaux et de fossés ainsi transpercé et utilisé sans doute depuis des siècles. Au niveau de la partie est du bourg du Mazeau, une portion de l'ancienne route d'eau est conservée, formant un coude sur la rive droite de la rigole au droit de la rue Basse, mais son accès est désormais obstrué par le nouveau canal. Le 23 avril 1863, un arrêté préfectoral autorise sa réouverture, avec établissement d'une bonde ou vanne à sa jonction amont avec la rigole. Cela permettra à l'eau de mieux circuler et de se renouveler dans la portion de l'ancienne route d'eau, que la commune devra faire curer.

En dépit de ces inconvénients localisés, le creusement de la rigole produit rapidement ses effets sur les marais alentour. Le 17 décembre 1862, l'assemblée générale du Syndicat des marais mouillés de la Vendée constate leur excellent état, l'inondation ayant été maîtrisée. Les récoltes ont réussi, et l'on salue les nombreux efforts et sacrifices effectués depuis plusieurs années pour parvenir à ce résultat. Le Syndicat attire toutefois l'attention des riverains de la rigole sur l'entretien de ses berges et de son chemin de halage, très emprunté et sujet aux éboulements, dans un sol particulièrement instable. Il montre en exemple la princesse de Beauvau-Craon qui, chaque année, donne 300 francs pour l'entretien du chemin entre le bief d'Ambreuil et le pont du port du Mazeau.

  • Période(s)
    • Principale : 3e quart 19e siècle
  • Dates
    • 1857, daté par source

Le canal du Grand Coin, la rigole de la Rive droite et la Vieille Sèvre qui la prolonge, constituent un même ensemble hydraulique sur la rive droite de la Sèvre Niortaise. Destiné à aider le fleuve à évacuer l'eau des marais alentour, entre Coulon et Damvix, ce linéaire de près de 11 kilomètres prend naissance à Coulon, un peu en amont du barrage éclusé de la Sotterie. Le canal du Grand Coin, du nom d'un des hameaux qu'il frôle, file vers le nord-ouest à travers les marais de Coulon puis de Benet, au sud de Nessier. Devenu imperceptiblement la rigole de la Rive droite, le canal se poursuit en passant juste au sud du hameau du Bas des Eaux puis du bourg du Mazeau dont il alimente le grand port. Il continue ensuite sa course vers le sud-ouest, toujours au pied des terres hautes du Mazeau, puis en s'écartant de celles de Reth, commune de Saint-Sigismond. Marquant la limite de la commune d'Arçais, la rigole se prolonge dans les méandres de la Vielle Sèvre, laquelle va retrouver la Sèvre Niortaise entre Arçais et Damvix, en aval des Bourdettes. De la Sotterie, à Coulon, à la laiterie du Mazeau, le canal est longé sur sa rive gauche par un chemin de halage qui coupe régulièrement des canaux et fossés à l'aide de passerelles. Le canal lui-même est franchi par trois ponts, au Grand Coin, à Nessier et au port du Mazeau. Entre Saint-Sigismond et Arçais, le canal de Reth se greffe sur la rive droite de la rigole. Le cours de celle-ci est enfin régulé par un barrage, le barrage de la Vieille Sèvre, entre Damvix et Arçais.

  • Couvrements
  • Mesures
    • l : 11 kms
  • Statut de la propriété
    propriété publique, Propriété du Syndicat des marais mouillés de la Vendée.

Documents d'archives

  • Archives départementales des Deux-Sèvres ; S 700. 1839-1858 : projet de canal ou rigole entre Coulon et Damvix.

  • Archives départementales de la Vendée ; S 729. 1814-1872 : creusement de la rigole d'Aziré, de la rigole de la Garette et de la rigole de Coulon à Damvix ou rigole de la Rive droite.

Documents figurés

  • 1720, 29 octobre : Carte du 46e quarré de la generalle des costes du Bas Poitou, païs d'Aunis, Saintonge et partie de la Basse Guienne..., par Claude Masse. (Service Historique de la Défense de Vincennes ; J10C 1293, pièce 17).

  • 1818, 30 septembre : carte itinéraire de la Sèvre Niortaise pour l'intelligence du projet général qui a pour but le perfectionnement de la navigation, la conservation des marais desséchés et le dessèchement des marais mouillés, par l'ingénieur en chef des Ponts et chaussées François-Philippe Mesnager. (Archives départementales des Deux-Sèvres ; 3 S 17).

  • 1857, 29 mai : Projet de construction d'une rigole dans les marais mouillés de la rive droite de la Sèvre, portion comprise entre les marais des Numéros et la Vieille Sèvre, plan terrier levé et dressé par le géomètre H. Meunier, à Saint-Hilaire-des-Loges. (Archives départementales des Deux-Sèvres ; 3 S 127).

  • Plan cadastral de Saint-Sigismond (comprenant Le Mazeau), 1835. (Archives départementales de la Vendée ; 3 P 269).

Date(s) d'enquête : 2022; Date(s) de rédaction : 2022
(c) Région Pays de la Loire - Inventaire général
(c) Conseil départemental de la Vendée
Suire Yannis
Suire Yannis

Conservateur en chef du patrimoine au Département de la Vendée à partir de 2017.

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