Dossier d’œuvre architecture IA85002795 | Réalisé par
Suire Yannis (Contributeur)
Suire Yannis

Conservateur en chef du patrimoine au Département de la Vendée à partir de 2017.

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  • inventaire topographique, Vallée de la Sèvre Niortaise, Marais poitevin
Presbytère, actuellement maison, 5 et 7 rue de l'Ecole des filles
Œuvre étudiée
Auteur
Copyright
  • (c) Région Pays de la Loire - Inventaire général
  • (c) Conseil départemental de la Vendée

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Vallée de la Sèvre Niortaise, Marais poitevin
  • Commune Damvix
  • Lieu-dit le Bourg
  • Adresse 5 et 7 rue de l' Ecole des filles
  • Cadastre 1835 C 1858  ; 2022 AH 489
  • Dénominations
    presbytère
  • Destinations
    maison
  • Parties constituantes non étudiées
    cour, portail

De la cure au presbytère

Le presbytère ou cure de Damvix se trouvait ici avant la Révolution. Il comprenait une exploitation appelée la métairie de la Cure, dont les terres étaient réparties sur la paroisse, et il englobait la propriété voisine, au nord (3 rue de l'Ecole des filles). A la Révolution, la cure et sa métairie sont saisies comme bien national. Les prés, marais, pêcheries et nombreuses terres en dépendant sont estimés les 6 juillet et 3 août 1791, et leur vente a lieu le 20 octobre 1791. L'essentiel est acquis par Alexis Dambas (1745-1831), marchand batelier à Niort, époux de Louise Rousseau. En 1795, il achète aussi plusieurs terres dépendant de la cure et fabrique de Damvix, et finalement, en 1796, la "maison servant ci-devant de presbytère". Estimée le 8 juin 1796 (20 prairial an IV) et vendue le 17, elle consiste en deux chambres basses, un cellier, une chambre haute et deux greniers, une grange, deux petites écuries, une poulaillerie, un toit à cochons, une cour, un jardin, deux terrées plantées de bois, avec un petit quereux devant la porte d'entrée. A la mort d'Alexis Dambas en 1831 (testament-partage du 1er juin, devant Faucher, notaire à Niort), l'ensemble passe à ses enfants, notamment son fils, Jacques Dambas (1773-1852), également batelier, marié à Marie Jannequin.

A la même époque, la cure de Damvix est enfin pourvue, cependant encore par intermittence. En 1811, la municipalité avait échoué à acheter une maison pour loger un curé, la fonction restant alors vacante. En 1838, en plein conflit avec la commune au sujet de l'entretien de l'église, le curé se plaint de la "cabane qu'on lui a donné pour presbytère". L'ancienne cure, elle, apparaît sur le plan cadastral de 1835. Il s'agit alors d'un long bâtiment parallèle à la rue actuelle, avec un retour au sud-est, et un accès direct à la Sèvre Niortaise par un port qui a été comblé pour former la rue. Au nord, à l'angle avec la rue de la Garnauderie, s'étendait une aire à battre que Jacques Dambas partage avec son beau-frère, Jean Boutet (1776-1839), lui aussi batelier à Niort, et par ailleurs propriétaire de la petite ferme au nord.

De son côté, la municipalité de Damvix est à la recherche d'un logement décent pour son curé, plutôt que de continuer à louer une maison à un particulier. L'affaire divise toutefois le conseil municipal, le maire et certains conseillers préférant donner la priorité à la construction d'une nouvelle mairie-école dont il est aussi question à la même époque. Le 8 août 1841, le conseil municipal décide d'acheter un terrain pour construire un presbytère, mais le projet est finalement abandonné. On préfère racheter l'ancienne cure aux héritiers Dambas, acquisition autorisée par ordonnance royale du 11 septembre 1842. La part de Jacques Dambas dans l'ancien presbytère, soit l'essentiel de la propriété, est rachetée le 29 décembre suivant, pour 6000 francs. L'acte de vente parle d'une maison consistant en une chambre basse, une haute et un grenier au-dessus, avec la moitié du corridor d'entrée et de l'escalier qui mène aux étages, partagés avec un certain Lucas. La propriété comprend aussi un toit à moutons, une grande grange, deux écuries, les deux tiers de l'aire à battre et aussi du jardin qui s'étend au sud, jusqu'à la Sèvre.

Du nouveau presbytère (1845) au logement d'enseignantes (1910)

D'importants travaux doivent être réalisés, aboutissant à la quasi-reconstruction de l'édifice. Conçus par l'architecte Auguste Garnereau, suivant devis du 29 juillet 1841 et plans du 25 décembre 1844, ils sont adjugés dès le 27 août 1843 à Jacques Martin, entrepreneur à Damvix (Garnereau et Martin interviendront bientôt tous deux dans la reconstruction de l'église). Le nouveau presbytère comprend désormais une cuisine, une salle à manger et un salon au rez-de-chaussée, deux chambres au premier étage (une pour le curé, une autre pour sa domestique).

De nouveaux aménagements sont opérés à la fin du XIXe siècle, dans le contexte difficile des luttes politico-religieuses qui agitent la commune (notamment autour de la question des cloches). Il s'agit de créer deux pièces au rez-de-chaussée (dont un cabinet de travail) et deux à l'étage, en construisant un nouveau corps de bâtiment accolé au sud, en appentis, contre le corps principal construit en 1845. Le 3 décembre 1895, le conseil municipal s'oppose à ce projet, jugé injustifié. Les travaux, confiés à l'architecte Léon Ballereau, sont pourtant adjugés le 11 août 1896.

A la suite de la loi de séparation des Eglises et de l'Etat de 1905, la municipalité de Damvix, particulièrement anticléricale, s'empare du presbytère, en expulse le curé le 19 octobre 1907 et décide aussitôt (décision hautement symbolique) d'y transférer l'école publique des filles, à l'étroit dans ses locaux du 4 rue de la Poste. L'ancien presbytère sera réaménagé en logement de fonction pour les enseignantes, et l'on décide de construire la salle de classe dans le jardin au sud (24 chemin du Halage). Le projet, présenté le 15 janvier 1908 et modifié le 10 avril, est conçu par l'architecte fontenaisien Abel Filuzeau. Outre la construction des classes, il prévoit de réaménager l'ancien presbytère en deux logements : celui de la directrice comprendra au rez-de-chaussée un vestibule avec escalier, une cuisine, un cellier, une salle à manger et un cabinet de travail, trois chambres au premier étage, un vaste grenier au second ; le logement de l'adjointe sera composé au rez-de-chaussée d'un vestibule avec escalier, une cuisine, un cellier, une salle à manger, et à l'étage une chambre et un petit grenier. La seconde adjointe continuera à être logée à l'ancienne école. Les travaux, ainsi que la construction des classes dans le jardin, sont adjugés le 11 septembre 1910 à Auguste Lecluse, et réceptionnés le 4 mars 1913.

Après le départ de l'école des filles (qui a rejoint l'école des garçons), l'ancien presbytère devenu logements d'enseignantes, est loué puis vendu par la commune en 1976-1977. M. et Mme Francis Pirsch y établissent un temps un atelier de confection.

L'ancien presbytère comprend un logis, un logement et une servitude donnant sur une petite cour à l'arrière. Le logis, perpendiculaire à la voie, ouvre au sud sur une cour qui devait être fermée par un portail dont un pilier maçonné a été conservé et déplacé. Le logis comprend un étage, auquel s'ajoute un comble côté nord. La façade sud est couronnée par une corniche et présente deux travées d'ouvertures. On retrouve la même corniche sur la façade nord, laquelle, tronquée par le logement sans doute ajouté par la suite, présente deux travées et trois baies au rez-de-chaussée, avec pleins de travées appareillés.

  • Murs
    • calcaire moellon enduit
  • Toits
    tuile creuse
  • Étages
    1 étage carré, comble à surcroît
  • Couvrements
  • Couvertures
    • toit à longs pans
  • Statut de la propriété
    propriété privée

Documents d'archives

  • Archives départementales de la Vendée ; 3E 3/34. 1760, 8 octobre : procès-verbal de visite de la cure de Damvix à la requête de Me René Juin, curé, contre les héritiers de feu Me Pierre René Fomboucher, son prédécesseur.

  • Archives départementales de la Vendée ; 3 E 62/85. 1842, 22 décembre : acte de vente d'une maison à Damvix par Jacques Dambas à la commune.

    Archives départementales de la Vendée, La Roche-sur-Yon : 3 E 62/85
  • Archives départementales de la Vendée ; 1 O 265. 1811-1904 : église, presbytère et cimetière de Damvix.

  • Archives départementales de la Vendée ; 1 O 266. 1833-1909 : édifices et équipements publics de la commune de Damvix, écoles, horloge, bascule, champ de foire, asile de nuit.

  • Archives départementales de la Vendée ; 3 P 873, 874, 875, 876, 878 et 3522. 1836-1950 : état de section et matrices des propriétés du cadastre de Damvix.

  • Archives départementales de la Vendée ; 1 Q 201. 1791-1796 : procès-verbaux d'estimation et de vente des biens du prieuré, de la fabrique et de la cure de Damvix.

  • Archives départementales de la Vendée ; 1 Q 238-8. 1796, 17 juin (29 prairial an IV) : procès-verbal de vente comme bien nationale de la cure de Damvix.

  • Archives départementales de la Vendée ; 1 Q 519. 1790, 15 novembre : Inventaire des titres et papiers dépendant de la cure de Damvix, des titres et papiers et meubles de la fabrique dudit lieu de Damvix.

  • Archives départementales de la Vendée ; Archives historiques du diocèse de Luçon, SM 78. 1838-1901 : correspondance échangée entre l'évêque de Luçon et la paroisse de Damvix.

  • Archives départementales de la Vendée ; 1 T 418. 1892-1936 : écoles de Damvix.

  • Archives municipales de Damvix ; 6 M 1. 1841-1845 : reconstruction du presbytère.

  • Archives municipales de Damvix ; 6 M 2. 1844, 25 décembre : projet de reconstruction du presbytère par Auguste Garnereau.

  • Archives municipales de Damvix ; 8 M 6. 1908-1913 : transformation du presbytère en logement pour l'école publique de filles et construction de classes dans le jardin du presbytère.

Documents figurés

  • Plan cadastral de Damvix, 1835. (Archives départementales de la Vendée ; 3 P 78).

Date(s) d'enquête : 2021; Date(s) de rédaction : 2022
(c) Région Pays de la Loire - Inventaire général
(c) Conseil départemental de la Vendée
Suire Yannis
Suire Yannis

Conservateur en chef du patrimoine au Département de la Vendée à partir de 2017.

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