Dossier collectif IA72059189 | Réalisé par
Ferey Marie (Contributeur)
Ferey Marie

Chercheur auprès du Service Patrimoine de la Région des Pays de la Loire.

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  • inventaire topographique, Les faubourgs manceaux
Immeubles du quartier du Ronceray-Glonnières
Copyright
  • (c) Archives municipales du Mans
  • (c) Région Pays de la Loire - Inventaire général

Dossier non géolocalisé

  • Dénominations
    immeuble
  • Aires d'études
    Mans (Le)
  • Adresse
    • Commune : Le Mans
      Adresse :
      Cadastre : 2019 IW / KM

Les observations sur les immeubles à logements du quartier du Ronceray-Glonnières portent sur l'ensemble du secteur "grand ensemble" construit dans le cadre du programme Secteur industrialisé. Entre 1956 et 1967, 1846 logements sont livrés (811 au Ronceray et 1029 aux Glonnières). Le repérage effectué dans le quartier a permis de repérer 40 immeubles dont 34 barres, 3 tours et 3 plots. Ce nombre est inférieur à celui d'origine du fait des modifications et des rénovations qu'a connu le quartier en 1979 et dans les années 2000.

Le monopole du béton

Le grand ensemble du Ronceray-Glonnières est le premier quartier qui applique le principe d'industrialisation du bâtiment à grand échelle au Mans. Afin de répondre à l'urgence de la crise du logement dans la ville, les immeubles devant accueillir un nombre important d'ouvriers, doivent être construit rapidement. Pour ce faire, des matériaux rapide de confection et surtout de pose sont utilisés.

Le béton est bien entendu le matériau gros œuvre retenu selon le processus bien particulier déjà employé par Pierre Vago pour deux immeubles à Saint-Cloud mais qui est utilisé pour la première fois à si grande ampleur ici. Sa technicité repose sur l'utilisation d'un béton caverneux (béton de ciment) dont le dosage en ciment diffère selon les étages afin de permettre une différence d'isolation tout en conservant une épaisseur constante des murs. Les murs porteurs sont exclusivement les murs de refend alors que les murs extérieurs sont doublés en brique plâtrières enduites tenues par un châssis métalliques. Ces panneaux de façade arrivent sur le chantier préfabriqués et prêts à être posés, assurant dès lors une véritable rapidité d'exécution. Ces grands panneaux vont donc d'un mur de refend à l'autre et proposent un percement conséquent en élévation. La technique du béton alvéolaire banché en coffrage grille, soit coulé entre deux éléments de coffrage verticaux grillagés appelés banches, est privilégiée pour les étages inférieurs afin d'assurer là aussi une rapidité d'exécution, les panneaux arrivant directement sur site, secs.

Toujours pour une question de rapidité d'exécution, la couverture a faible pente est construite à partir de bois et aluminium.

Des formes comme signature architecturale

Les formes rencontrées sur les immeubles du Ronceray et des Glonnières permettent d'établir, à la lumière de ces autres chantiers, un style propre à Pierre Vago. Les façades formées de la répétition sérielle des éléments préfabriqués et constituées selon un jeu entre pleins et vides est une signature assumée dans ses constructions. De fait, la multiplicité des loggias sur les édifices est une conséquence de cette attitude typologique de l'architecte. Elle est d'ailleurs appréciée par les contemporains : « Excellente idée que constitue la création de larges balcons », lit-on dans le Maine Libre le 27 avril 1956. En effet, ces éléments de confort sont perceptibles dès ses premières réalisation en Arles ou à Tarascon. La répétition systémique de modules standardisés est l'unique décor visible dans les réalisations de Pierre Vago au Ronceray et aux Glonnières. Ce vocabulaire formel, dépouillé entrainant une ornementation puriste et géométrique est la solution fonctionnelle de l'architecte.

L'unique signal visible en façade demeure ici comme pour beaucoup de ses réalisations, un jeu de percements élémentaires sur la travée d’entrée et se développant sur toute la hauteur du bâtiment. Certaines signalées par un claustra vertical et d’autres par une répétition sérielle de petits percements carrés tous deux étant des termes systématiques de la terminologie de Vago.

Une analyse typologique axée sur les modules

Dans ses Mémoires, Pierre Vago avance le choix qui a été fait au Mans quant au gabarit des édifices. Privilégier les barres plutôt que les tours (qui ne sont que 3) avec une faible hauteur, ne dépassant jamais les 5 étages était une volonté marquée de l'architecte et de la direction de l'urbanisme de la ville. Ainsi, la typologie des édifices dressée par l'inventaire ne s'est pas exclusivement portée sur leur dénomination mais a bien, selon sa méthodologie, pris en compte plusieurs facteurs dont, ici le type de module de base répété selon un nombre variable pour former la barre. Certaines typologies se retrouvent dans les deux cités, bien qu'elles aient été construites à quelques années d'intervalles.

Les tours

Aux Glonnières uniquement. Les tours sont au nombre de trois, ce qui reste relativement peu pour un quartier de cette ampleur. Placées en limite du quartier, il est possible de considérer qu'elles jouent ici le rôle de marqueur à l'entrée dans la cité des Glonnières. En effet, à partir de Le Corbusier (bien que quelques cas aient pu être identifier précédemment) le logement devient monument et la tour endosse le rôle du bâtiment signal. Bien que ce procédé trouve son apogée dans la construction des Z.U.P.P., les prémices sont à noter ici, du fait donc de l'emplacement de ces trois tours dans le quartier. Dévolues aux petits logements, elles se développent sur neuf niveaux et contiennent deux façades pleines percées de fenêtres rectangulaires et deux façades avec de loggia en creux sur les deux travées centrales.

Les plots

Aux Glonnières uniquement. Les plots de petite taille sont composés d'appartements plus vastes et donc destinés aux familles nombreuses. La travée centrale est marquée par un escalier extérieur menant la porte d'entrée et ménageant ainsi en rez-de-chaussée semi-enterré des entrée de caves, directement accessibles donc depuis l'extérieur. Des petites ouvertures surplombent la porte d'entrée centrale et sont flanqué de fenêtres rectangulaires puis de deux travées de loggia légèrement en avancée. La façade postérieure est percée de fenêtres rectangulaires.

Les barres

Type 1 :

Exclusivement établie aux Glonnières. Le module de base alterne les pleins et les vides. Il est composé de six travées. La travée latérale droite se constitue d'une fenêtre en pavés de verre en rez-de-chaussée surmontée de petites ouvertures rectangulaires. Les autres travées ont un soubassement de brique en rez-de-chaussée. Elles se composent d'une travée avec fenêtres rectangulaires et d'une travée avec loggia. Cette alternance est répétée. Enfin, une travées en avancée se compose de fenêtres rectangulaires. La façade pleine est pourvue d'un soubassement en pierres en rez-de-chaussée.

Type 2 :

Présent aux Glonnières et au Ronceray. Le module de base est constitué d'une travée centrale composée de petites ouvertures rectangulaires surmonté d'une fenêtre losangée. Cet agencement correspond aux espaces de distributions. Celle-ci est flanquée de fenêtres rectangulaires de petites taille, elles-mêmes encadrées par des fenêtres rectangulaires plus imposantes. Sur les dernières travées latérales sont positionnées des balcons de forme triangulaire. Sur la façade en plein, les portes sont soulignées par des modules béton en avancé percés par la porte en rez-de-chaussée, par une fenêtre au premier étage et formant balcon pour la fenêtre du deuxième étage.

Pour cette typologie, seuls trois immeubles du Ronceray sont différents dans le positionnement des portes d'entrée qui se trouvent sur la façade animée par des ouvertures rectangulaires et losangées. La façade postérieure est simplement percée de fenêtres rectangulaires.

Type 3 :

Présent aux Glonnières et au Ronceray. Le module de base est constitué de deux travées de loggia rectangulaires et de trois travées en renfoncement percées de petites ouvertures rectangulaires flanquées d'alignement vertical de fenêtres. En rez-de-chaussée, la partie en renfoncement contient la porte précédée d'un auvent arqué soutenu par un poteau. On retrouve sur la façade travaillée en plein les auvents formant porches en avancée.

Existence d'une variante du type 3 (appelée 3b) au Ronceray exclusivement. Le module de base est le même mais le travail sur le décor encadrant la travée de la porte d'entrée est plus développé. La porte est précédée d'une marquise béton dont le motif en arc de cercle est repris à l'aplomb du toit et soutenu par des colonnes béton.

Type 4 :

Présent exclusivement au Ronceray. Le module est constitué d'une travée centrale (porte d'entrée en rez-de-chaussée et petites ouvertures aux étages) flanquée d'une travée de fenêtres rectangulaires et d'une travée pourvue de loggia. La dernière travée aux extrémités du bâtiment est composée d'un balcon. La façade postérieure est pleine, uniquement percée de fenêtres rectangulaires. Existence d'une variante du type 4 (appelée 4b). Le module de base est le même sauf que la loggia est remplacée par un balcon.

Les immeubles du grand ensemble ont été livrés entre 1956 et 1967. Depuis 1979, ils font l'objet de plusieurs restaurations.

Les premiers logements construits sont ceux du Ronceray. Ils sont réalisés par les architectes Pierre Vago, Joseph Leroux-Hugon et Maurice Levasseur. Ils sont livrés entre 1956 et 1960. Ceux des Glonnières sont construits dans un second temps par les mêmes architectes avec le soutien de Pierre Savin alors architecte de la ville et directeur des services techniques. Ils sont livrés entre 1961 et 1967.

  • Période(s)
    • Principale : 2e moitié 20e siècle , daté par source
  • Auteur(s)
    • Auteur :
      Vago Pierre
      Vago Pierre

      Architecte. Président de l'Architecture d'Aujourd'hui et membre actif de l'Organisation Internationale des Architectes. Pierre Vago a notamment réalisé plusieurs grands ensembles et une église au Mans.

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      architecte attribution par source
    • Auteur :
      Leroux-Hugon Joseph
      Leroux-Hugon Joseph

      Diplomé de l’Ecole des Beaux-Arts et de l'Institut d'urbanisme de l'Université de Paris, il s’associe à Henri Commissaire au Mans en 1942 en tant qu’architecte-urbaniste.

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    • Auteur :
      Levasseur Maurice
      Levasseur Maurice

      Architecte DPLG au Mans associé à l'architecte Goussin au milieu du XXe siècle. Diplômé des Beaux-Arts en 1935 et mentionné au Mans entre 1949 et 1967.

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      architecte attribution par source
    • Auteur :
      Savin Pierre
      Savin Pierre

      Né à Rennes en 1909.

      1925-1927 : 1er commis chez Grigné.

      1926 : Ecole spéciale des travaux publics. Architecte en charge des travaux neufs depuis 1934. 

      Nommé le 23 juillet 1941 par le maire « au service du plan d’aménagement pour l’étude de l’Habitation – zoning – sites-ensoleillement-quartiers insalubres – aération – démolition – monuments publics – parcs et jardins-espaces libres – écoles – hôpitaux – éducation physique et sports – monuments historiques et sites classés – esthétique urbaine ».

      En 1949 il devient architecte de la ville du Mans.

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      architecte attribution par source

Les immeubles du quartier sont majoritairement des barres (34). Dans la partie Glonnières, des plots (3) et des tours (3) ont également été construits. Le procédé de construction est le même pour tous les bâtiments : béton caverneux en rez-de-chaussée et béton alvéolaire banché dans les étages. Les murs extérieurs sont doublés de briques plâtrières et de châssis métalliques sous forme de panneaux façades.

Mise à part les trois tours, les immeubles sont de faible hauteur mais avec de nombreuses travées pour former des barres étirées.

  • Toits
    béton en couverture
  • Murs
    • enduit
    • béton
  • Décompte des œuvres
    • repérées 40
    • étudiées 40

Documents d'archives

  • Archives municipales du Mans ; 556 W 32. Permis de construire pour le bâtiment K, 24 septembre 1954.

  • Archives départementales de la Sarthe ; 1354 W 192. Le Maine Libre, 1956.

  • Archives municipales du Mans ; 21 W 4. Construction de logements sociaux - lettre du maire aux propriétaires des terrains des Glonnières, 15 février 1956.

  • Archives municipales du Mans ; 215 W 42. Suivi des travaux de réaménagement des Ronceray-Glonnières, 1979-1981.

  • Archives municipales du Mans ; 1 BROCH 205. Le Mans, une ville. Réhabilitation des logements des Ronceray-Glonnières, 1982.

Bibliographie

  • VAGO, Pierre. Une vie intense. Bruxelles : Éditions d'archives d'architecture moderne, 2000, 542 p.

  • BONTHOUX, Lucille. La modernité critique de Pierre Vago : entre militantisme actif et œuvre discrète. Marseille, 2002, 143 p.

  • COURNIL, Christophe. Les quartiers sud ont aussi une histoire. Le Mans, 2010, 40 p.

Périodiques

  • VAGO, Pierre. Groupe HLM au Mans. L'Architecture d'aujourd'hui, 1957, n° 74.

Documents figurés

  • Photographie d'un immeuble aux Glonnières / photographie. 1979. 1 photographie noir et blanc. (Archives municipales du Mans ; 15FiCum35/81/03).

  • Plan d'implantation des grands collectifs au Ronceray pour la réhabilitation / dessiné par ARCANE. 1979. 1 dess : encre sur papier. (Archives municipales du Mans ; 556 W 32).

  • Elévation des façades pour le bâtiment J / dessiné par le groupe ARCANE. 1979. 1 dess : encre sur papier. (Archives municipales du Mans ; 556 W 32).

  • Photographie des barres et tours des Glonnières / photographie. s.d. 1 photographie noir et blanc. (Archives municipales du Mans ; 15FiCum59/128/06).

  • Cahiers de charges et des clauses techniques à la réalisation des Glonnières, 1958. (Archives départementales de la Sarthe ; 6 W 1).

Date(s) d'enquête : 2017; Date(s) de rédaction : 2021
(c) Région Pays de la Loire - Inventaire général
Ferey Marie
Ferey Marie

Chercheur auprès du Service Patrimoine de la Région des Pays de la Loire.

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