Le cadastre napoléonien de 1836 mentionne déjà le lieu-dit les Vallées ainsi que trois bâtiments aujourd'hui disparus. Lorsque Aymard-Tanneguy-Raymond de Nicolaÿ fait reconstruire son château de Montfort et aménager le parc dans les années 1820-1830, il envisage la réalisation d'une ferme-modèle selon les principes d'amélioration et de rationalisation de l'agriculture alors en vogue dans les milieux aristocratiques. La construction de cette ferme fait l'objet d'une étude approfondie comme en témoignent plusieurs projets successifs.

L'un de ces projets, signé Jean-François-Joseph Lecointe, architecte de Louis XVIII et Charles X, s'inspire à la fois des fermes-modèles et des hameaux artificiels tels que celui de Versailles : on y trouve une partie ordonnée autour d'un pavillon d'agrément octogonal surmonté d'un belvédère, et d'une cour également octogonale, tandis que d'autres bâtiments, lavoir, forge, atelier de charronage et manège sont disposés sans ordre alentour, et notamment près d'un étang artificiel. Les bâtiments projetés, d'inspiration italianisante, font preuve d'une grande recherche esthétique et d'une certaine monumentalité, comme le grand logis sur cave, le pavillon avec laiterie en soubassement, le pigeonnier en forme de phare. Ce projet, non réalisé car sans doute beaucoup trop coûteux, a néanmoins été publié par l'architecte Henri Roux dès 1844 dans son ouvrage Fermes modèles, où il écrit à ce sujet : "Cette ferme a été conçue pour l'utilité et l'agrément : elle devait compléter les dépendances du château de Montfort-le-Rotrou. Le propriétaire de ce château avait fait dessiner son parc, avec le projet d'y construire un hameau composé de bâtiments d'exploitation agricole, convenablement distribués pour le service et l'habitation, et groupés dans une partie du parc dont cette ferme devait être un des principaux points de vue".

Le cadastre napoléonien de 1836 témoigne d'un autre projet, de moindre ampleur : plusieurs bâtiments et chemins ont été ébauchés près de l'ancienne ferme des Vallées, autour d'une cour rectangulaire. Ce projet n'a pas non plus été réalisé, car les bâtiments effectivement construits dessinent un plan bien différent avec deux cours rectangulaires. Autant que l'architecte du projet définitif, la date exacte de la construction reste incertaine, probablement 1836 ou peu après, si l'on se fie aux ébauches du cadastre napoléonien. Philippe Leroux-Hugon, pour sa part, l'attribue à l'architecte Eugène Landron, plutôt actif dans le 3e quart du XIXe siècle. Quoi qu'il en soit, le parti-pris n'est plus du tout celui d'un hameau mais bien celui d'une ferme parfaitement rationnelle avec son plan rigoureusement symétrique.