Dossier d’œuvre architecture IA72058709 | Réalisé par
Barreau Pierrick (Contributeur)
Barreau Pierrick

Chercheur auprès du Pays du Perche sarthois jusqu'en octobre 2020. Depuis novembre 2020, chercheur auprès du Conseil départemental de la Mayenne.

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  • inventaire topographique, Bourgs et petites cités du Perche sarthois
Bourg de Connerré : faubourgs de La Rochelle et de Groisiller (Groseiller) et rue de Paris
Œuvre étudiée
Auteur
Copyright
  • (c) Région Pays de la Loire - Inventaire général

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Pays du Perche sarthois - Savigné-l'Evêque
  • Commune Connerré
  • Dénominations
    faubourg, rue
  • Appellations
    faubourg de La Rochelle, faubourg de Groisiller, rue de Paris

Des origines à retrouver

Les faubourgs de Groisiller et la Rochelle se sont développés à l'est du centre-bourg de Connerré, au-delà de la porte des Vieux ponts, sur le tracé d'anciennes voies romaines et de plusieurs chemins médiévaux importants, vers La Ferté-Bernard, Brou et Châteaudun. Le Groisiller (orthographe variable sur les plans anciens, signifiant groseiller) est probablement, d'après le terrier de 1787, l'ancien nom d'une auberge. Quant au terme Rochelle, il pourrait signifier roche, ou château, selon une toponymie largement admise : pourrait-il s'agir d'une évocation d'un mégalithe néolithique comme on en trouve plusieurs autour de Connerré ? Ou encore d'une référence à l'ancien château féodal de Connerré, que l'on situe communément sur l'île toute proche nommée "la Motte" ?

Si on ne peut parler véritablement de faubourgs avant l'édification des remparts de Connerré, à la toute fin du XVIe siècle, l'occupation des bords du Dué à cet emplacement est bien antérieure mais encore très peu documentée. Roger Verdier, dans ses écrits, ne doute pas de l'ancienneté du site, puisqu'il évoque des découvertes de tombes romaines dans ce secteur, qui selon lui pourrait être le "premier" Connerré. Toutefois, ces hypothèses ne sont pas vérifiables sans fouilles archéologiques. Quoi qu'il en soit, plusieurs maisons du XVIe siècle, dont la "Grand Maison" située cour des Victoires, prouvent encore aujourd'hui que le quartier est antérieur aux remparts. Par ailleurs, la rue de La Rochelle abritait le grenier à sel de Connerré, bien qu'on ignore depuis quelle date.

La construction de la rue de Paris

Jusqu'au début du XIXe siècle, le Groisiller et la Rochelle sont deux petits faubourgs implantés au débouché du gué puis des ponts sur le Dué, le premier autour d'une place en direction de La Ferté-Bernard et du Luart, le second le long d'un chemin en direction de la vallée de l'Huisne. D'après le terrier de 1787, ils ne comptent guère plus d'une dizaine de maisons chacun. Les ponts sur le Dué étant un passage obligé pour entrer et sortir de Connerré, on trouve ici plusieurs auberges, le Groisiller donc, mais aussi Sainte-Barbe, (et peut-être plus tard) Saint-Jean et les Victoires. Au XVIIIe siècle, ces auberges eurent à souffrir de l'établissement de la première route royale entre Paris et Nantes via Bonnétable, qui ne passait pas par Connerré.

A partir de 1782, l'aménagement de la nouvelle route royale, par La Ferté-Bernard et Connerré, transforme le visage du quartier. Dans un premier temps, la route emprunte encore provisoirement les vieux ponts, débouchant ainsi sur la place du Groisiller. Mais à partir de 1805, la construction du pont neuf et de la rue de Paris déporte la traversée de Connerré à l'entrée du faubourg de la Rochelle et permet le développement d'un nouveau quartier, selon le plan d'alignement dressé en 1824 (approuvé par ordonnance royale du 6 février 1827). Sur le plan cadastral de 1836, un premier tronçon de la nouvelle rue est déjà bordé de maisons. L'urbanisation de la rue de Paris, axe primordial jusqu'à la construction de la déviation en 1968, se prolongera tout au long des XIXe et XXe siècles.

Des activités liées au passage

L'activité des établissements hôteliers du quartier retrouve donc sont lustre à partir des années 1780, lorsque la route royale par Connerré est établie. Mais avec le déportement du passage sur la rue de Paris à partir de 1805, les deux grandes auberges encore en activité, Saint-Jean et les Victoires, se trouvent moins bien placées. Elles se disputeront notamment l'angle de la rue de l'Abreuvoir et de la rue de Paris pour bénéficier de la meilleure visibilité. Vers 1840, l'auberge Saint-Jean est transformée en gendarmerie. Celle des Victoires abrite encore un café au début du XXe siècle. Mais l'activité hôtelière du quartier appartient principalement, à partir de la 2e moitié du XIXe siècle, à l'hôtel du Cheval blanc situé rue de Paris (actuel n°32), dont l'activité se prolongera jusqu'au milieu du XXe siècle.

Au tout début du XIXe siècle, le faubourg de Groisiller accueille temporairement une autre activité liée à la route royale : le relais de poste aux chevaux, tenu par M. Gourmy, est attesté dans l'ancienne auberge Saint-Jean, dans l'actuelle cour de la mairie. Il n'y reste semble-t-il que quelques années, car les relais peuvent changer de locaux en même temps qu'ils changent de maître de poste. Celui de Connerré s'est vraisemblablement beaucoup déplacé au cours de ses deux siècles d'existence, on suppose ainsi qu'il a également occupé l'hôtel du Plat d’Étain en centre-bourg, mais aucune archive ne l'atteste pour l'heure.

Deux faubourgs industrieux tournés vers le Dué

Jusqu'au XXe siècle, les faubourgs de la Rochelle et du Groisiller sont principalement habités par des artisans. Comme dans les autres faubourgs de Connerré, les tisserands sont nombreux, encore une vingtaine dans ce quartier au début du XXe siècle. Mais la principale caractéristique de ce secteur du bourg est le développement des activités industrielles liées au Dué. Dès le Moyen Age, on trouve un moulin à eau (à tan puis à blé), le moulin Haut dit également Grand moulin sous l'Ancien Régime car doté de deux roues. On trouve également probablement plusieurs tanneries, bien qu'il n'en reste plus qu'une dans ce quartier sur les plans de 1781 et 1836.

La 2e moitié du XIXe siècle voit la transformation du moulin Haut en fabrique de toiles, sous l'impulsion de Zacharie Vollet. Détruite par un incendie et reconstruite en 1874, l'usine compte alors trente métiers à tisser et constitue l'une des plus importantes industries de Connerré. L'activité s'interrompt toutefois autour de 1900 et la fabrique est convertie en usine de production d'électricité, puis en atelier pour la scierie Launay. Du passé industriel des faubourgs de la Rochelle et de Groisillé, subsistent aujourd'hui, désaffectés, les bâtiments de la fabrique de toiles, de la scierie et l'ancienne tannerie Dady. Derrière la rue de Paris, les toits en sheds de l'ancienne usine de lunettes de soudure Launay existent toujours également.

Les développements des XIXe et XXe siècles

Le XIXe puis le XXe siècles ont vu le développement considérable de la rue de Paris, qui s'étire aujourd'hui sur plus d'un kilomètre (en comptant la zone commerciale et industrielle), jusqu'à la limite du territoire communal. Le secteur accueille plusieurs équipements publics : le cimetière à partir de 1832, la gendarmerie sur deux sites successifs des années 1840 jusqu'à très récemment, puis le nouvel hôtel de ville dans les années 1970. Siège de plusieurs entreprises, la rue de Paris abrite notamment deux unités de production de l'importante conserverie Christ, fondée par l'alsacien Charles Christ en 1950.

Les anciennes rues des faubourgs de la Rochelle et du Groisiller se sont également bordées de constructions mais ont conservé leur tracé primitif. Celle de la Rochelle, bordée de petites maisons et de jardins clos en bordure du Dué, possède un cachet presque rural. Du côté du Groisiller, la rue du Luart s'est quant à elle étalée en zones pavillonnaires, débordant du territoire de Connerré pour se déverser sur celui de la commune voisine, Duneau. En effet, la proximité de la départementale 323 et de la zone industrielle et commerciale constituent des arguments forts pour le développement de l'agglomération dans cette direction.

  • Période(s)
    • Principale : Temps modernes, Epoque contemporaine

Le quartier des faubourgs de Groisiller et de la Rochelle possède deux visages bien distincts. D'une part, les petites rues sinueuses, comme la rue des Vieux Ponts, héritées du réseau des chemins médiévaux, et la petite place irrégulière dite quartier du Groisiller. D'autre part, la rue de Paris, large et rectiligne, traversant le quartier de part en part et se poursuivant jusqu'à l'église. La grande majorité du parcellaire date du XIXe siècle, le quartier étant auparavant encore peu construit : les parcelles sont disposées régulièrement le long des rues, les maisons sont alignées sur la voirie et les jardins s'étirent à l'arrière.

La plupart des maisons du quartier sont de petites dimensions et en rez-de-chaussée, mais plus on s'approche du centre-bourg, notamment rue de Paris, plus le bâti est dense et plus on trouve de maisons à étage carré. Les façades sont généralement très simples, mais les décors se font également plus nombreux en bas de la rue de Paris. Signalons par exemple le balcon en fer forgé du n°25, l’œil-de-bœuf sur le plan coupé du n°29, ou encore les linteaux sculptés d'une lyre et d'un collier de harnachement étonnement associés au n°28 (ancien atelier d'un bourrelier ?).

Bien que généralement modeste, l'habitat de ces faubourgs est assez diversifié, dans sa typologie et sa datation, de la très petite maison d'artisan ou de journalier, par exemple au n°29 rue de la Rochelle (XVIIIe siècle), à la Grand Maison à tour d'escalier cour des Victoires (XVIe siècle), en passant par des maisonnettes de série à lucarnes identiques rue du Luart (milieu XIXe siècle) ou des logements d'inspiration "chalet" en haut de la rue de Paris (début XXe siècle)... Seules sont absentes les maisons bourgeoises, ce qui reflète l'ancienne composition sociale du quartier.

Le quartier abrite également les plus beaux éléments du patrimoine industriel du XIXe siècle de Connerré, à savoir l'ancien séchoir de la tannerie Dady et l'ancienne fabrique de toiles/usine électrique, bâtiments malheureusement menacés. On y trouve également l'atelier d'une ancienne imprimerie (qui a déménagé de l'autre côté de la rue de Paris), les bâtiments d'une ancienne scierie, et surtout les usines de l'entreprise Christ. Signalons également l'ancien garage Rambaldi, au n°73 rue de Paris, unique édifice Art Déco du bourg de Connerré, construit en 1931.

Documents d'archives

  • Archives départementales de la Sarthe ; G 33. 1613-1683 : remembrance de la châtellenie, fief et seigneurie de Connerré.

  • Archives départementales de la Sarthe ; G 1035. 1787 : terrier de Connerré.

  • Archives départementales de la Sarthe ; 3 O 753. 1794-1900 : voirie urbaine et alignements, Connerré.

  • Archives départementales de la Sarthe ; 2 S 55. 1800-1841 : route royale n° 23, traverse et construction du pont sur le Dué de Connerré.

  • 1839-1869 : alignements de la route royale puis nationale n° 23, commune de Connerré.

    Archives départementales de la Sarthe, Le Mans : 2 S 68
  • 1802-1809 : construction du nouveau pont sur le Dué de Connerré.

    Archives départementales de la Sarthe, Le Mans : 2 S 68
  • Archives départementales de la Sarthe ; 2 S 69, 70. 1852-1924 : alignements de la route royale n° 23, commune de Connerré.

Bibliographie

  • COURCELLE, André, PELLETIER, Alphonse. Connerré, monographie de notre cité. Connerré : mairie de Connerré, 1982.

  • JALINIER, Suzanne. Connerré au fil du XXe siècle. Mulsanne : ITF imprimeurs, 2009.

Documents figurés

  • 1771 et 1787 : plan du bourg et plan terrier de Connerré. (Archives départementales de la Sarthe ; 1 Fi 663).

  • Cartes postales anciennes, commune de Connerré. (Archives départementales de la Sarthe ; 2 Fi).

  • 1861, 26 septembre : plan d'alignement du bourg de Connerré, réalisé pour l'agrandissement de la place du marché. (Archives départementales de la Sarthe ; 3 O 752).

  • 1853 : projet de plan d'alignement du bourg de Connerré. (Archives départementales de la Sarthe ; 3 O 753).

  • 1836 : plan cadastral napoléonien de Connerré. (Archives départementales de la Sarthe ; PC\091).

  • 1805 : plans pour la construction du pont sur le Dué de Connerré, par Destourmeau.

    Archives départementales de la Sarthe, Le Mans : 2 S 68
  • Collection de cartes postales et photographies anciennes, Connerré. (Archives municipales de Connerré).

  • Collections particulières de cartes postales et de photographies anciennes, Connerré. (Collection particulière).

Date(s) d'enquête : 2018; Date(s) de rédaction : 2018
(c) Région Pays de la Loire - Inventaire général
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Chercheur auprès du Pays du Perche sarthois jusqu'en octobre 2020. Depuis novembre 2020, chercheur auprès du Conseil départemental de la Mayenne.

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