Le fonds avant 1785
Le fonds était inclus avant 1747 dans les limites du parc du château de Bonnétable, à l'exception de l'enclave du collège, face à l'église, et peut-être de celle, mitoyenne de l'auberge du Petit Saint-Jacques mentionnée en 1778. En 1769, cette partie du jardin du château, close de murs sauf du côté du château, comprenait trois parcelles en verger et la maison dite des Grands Jardins, avec cour et dépendances, desservies par une allée principale plantée en charmille.
Le lotissement des années 1785-1787
En 1785 étaient mentionnés dix emplacements de maisons localisés dans la cour du château, dans les grands jardins, du côté de Saint Etienne ou à côté du collège. Entre 1786 et 1787, une nouvelle rue bordée d'une palissade fut créée et débouchée sur une longueur de 55 toises, une largeur de 7 toises et une profondeur de 3 pouces à 3 pieds, le fonds fut pour partie nettoyé (arrachage d'arbres fruitiers et destruction d'une tonnelle de charmille) et ouvert sur la ville (destruction partielle des murs de clôture). Etaient également mentionnés le nouveau champ de foire, pris dans le champ des neuf sillons de la métairie de La Lande, et le chemin du même nom, perpendiculaire à la nouvelle rue. Le cy-devant champ de foire fut finalement affermé en 1793.
D'après plusieurs documents datés d'entre 1787 et 1792, les emplacements, désignés par des lettre sur un plan, furent baillés à cens ou à rente par le duc de Luynes. Les conditions fixées par les baux se rapportaient aux délais de construction (3 à 4 ans selon les cas), à la valeur de la maison à construire (300 à 400 livres), aux matériaux à employer (façade sur rue à murs, alors même que l'emploi du pan-de-bois est mentionné) et aux alignements à respecter (alignement sur les constructions déjà réalisées avec, le cas échéant, abandon de terrain à la voirie).
Les premières maisons étaient mentionnées en 1787-1788, dont celle de Nicolas Chéron, régisseur du duc de Luynes. Dix maisons neuves et deux emplacements de maisons furent comptabilisés en 1790, deux nouvelles maisons en 1791, deux supplémentaires et six nouveaux emplacements en 1792. Toutes étaient localisées entre la grande route, la rue neuve et le chemin des neuf sillons (Rue du maréchal Leclerc, rue et place Saint-Etienne, rue de Luynes et rue de Montmorency.
Le lotissement après 1835
En 1835, le lotissement comptait 50 maisons et 5 bâtiments ruraux, dont onze situés sur les deux îlots bordés par la rue de Montmorency et les futures rues d'Isly et de La Rochefoucauld. En 1851, une carrière de sable ouverte pour les personnes ayant l'attention de faire construire ouverte était signalée rue d'Isly, et les alignements de cette rue furent fixés pour l'embellissement du quartier et pour favoriser un propriétaire qui a déjà fait construire trois des plus belles maisons de ce quartier et qui semble vouloir construire encore. Au total, cinq nouvelles maisons furent construites ex-nihilo et 28 anciennes remaniées entre 1835 et 1900, et diverses activités artisanales s'implantèrent dans le quartier, dont la scierie mécanique Lecomte vers 1847 et deux abattoirs dans le dernier quart du XIXe siècle. Quatre maisons furent remaniées dans le 1er quart du 20e siècle. En 1955, les bâtiments de l'ancien collège, datés selon les sources du XVe siècle, laissèrent place à un nouveau bâtiment abritant divers services publics dont la perception.
Synthèse
Le lotissement du verger du château de Bonnétable a été mi en œuvre en 1785-1786. Seul l’îlot est du quartier est alors concerné, la partie ouest correspondant probablement au nouveau champ de foire le long du chemin des neuf sillons (actuelle rue Montmorency). La rue neuve semble bien être l'actuelle rue de Luynes, bien que la longueur donnée en 1786 ne coïncide pas avec la longueur actuelle de la rue. Elle suit un tracé parallèle à l'ancienne allée principale du verger, laquelle semble avoir servi de tracé directeur pour le lotissement et limite encore aujourd'hui les îlots du front sud de la rue de Luynes. Il était peut-être envisagé de faire de cette allée une rue permettant de lotir le terrain du cœur d’îlot. Ce dernier, finalement resté en jardin, fut rattaché à la maison de Nicolas Chéron, régisseur du domaine (emplacement du 33, rue du Mal Leclerc). Il est encore desservi par une courte section de l'allée ouvrant sur la rue Montmorency par un portail en pierre de taille.
Les lots donnant sur la route royale ont pour la plupart trouvé acquéreur avant 1792. Le front nord de la rue de Luynes, formant la nouvelle limite du parc du château, n'était occupé que par des propriétés domaniales : anciens communs conservés (étudiés, cf dossier) auxquels s'ajoutent trois maisons et un magasin édifiés après le lotissement. A de rares exceptions près (maison Lepage en 1788, correspondant peut-être à la maison 2 de la rue Montmorency), le front sud ne fut bâti qu'après 1792. Les deux îlots créés après 1793 à l'emplacement du champ de foire projeté, encore peu bâtis en 1835, accueillirent l'essentiel des quelques maisons construites ex-nihilo après 1850.
Photographe, Service Patrimoine, Région Pays de la Loire.