Fabriquée selon une recette belge, la brique pleine de Pruillé-l'Eguillé (épaisseur : 7 cm, largeur : 11 cm, longueur : 22 cm, env. 2,5 kg) relevait du travail artisanal plutôt que de l'industrie. La matière première était l'argile, une terre glaise ocre que l'on trouvait sous la couche de terre noire dite végétale, à proximité des briqueteries, et à laquelle on ajoutait du sable. La couche d'argile dans le secteur variait de 1 à 3 m. Parfois, on trouvait des veines d'argile blanche, qui était mélangée à la terre ocre. Au début, l'argile était bêchée à la main en hiver, hors gel, par quelques ouvriers ; par la suite elle fut bêchée avec une pelleteuse.

Les étapes du processus de transformation : 1. Préparation de l'argile, émiettage à la pelle, mouillage à l'arrosoir. 2. Pressage manuel ou mécanique des briques dans leur moule en cuivre. 3. Séchage sous de longues halles ouvertes, à proximité du four, pendant 8 à 10 semaines. 4. Cuisson de très grandes fournées (de 100 000 à 120 000 briques). Le four à parois épaisses (+ d'1 m) était allumé avec du charbon de bois. L'enfournerie durait environ 15 jours, et mobilisait 10 à 15 personnes. Les ouvriers entassaient une couche de charbon anthracite, cassé fin, dit caillette ; une couche de briques séchées ; une couche de charbon anthracite dit poussier ; une couche de briques séchées posées dans l'autre sens ; une couche de poussier ; et ainsi de suite jusqu'à 9 à 10 m voire 15 m de haut. Le feu montait au fur et à mesure. Tous les soirs, les parties ouvertes du four, dites portes, étaient obstruées par des briques déclassées et de l'argile délayée en guise de mortier, ce qui évitait les appels d'air et ralentissait le feu. Une fois les briques cuites, le refroidissement prenait une dizaine de jours.

A la grande époque, 6 à 12 personnes travaillaient à la fabrication des briques. Chaque briquetier pouvait vendre jusqu'à 1 million de briques belges par an, soit 5 à 7 voire 8 fournées annuelles. La vente se faisait en direct : les entrepreneurs et marchands de matériaux, de la Sarthe et des départements voisins, venaient chercher les briques avec des tombereaux tirés par des chevaux puis, plus tard, avec des camions.

A noter que la gare du tramway, dit le tacot, était en face de la briqueterie Gager, côté lieu-dit de la Maugerie.

Source : Association Métiers d'antan, qui organise chaque année des journées d'animation aux Briques, à Pruillé-l'Eguillé.