Les premiers projets d'installation d'une usine sur le gué d'Enfer remontent aux années 1840. L'ingénieur Triger souhaite établir en 1841 une scierie de marbre dotée de deux grandes roues de côté d'une force de 40 chevaux. Cependant ces travaux ne sont pas réalisés. En 1858, il est prévu d'installer une papeterie à la demande de M. Moriceau et Harrouard. Les deux entrepreneurs souhaitent alors installer 3 turbines : une de 45 chevaux, une de 35 chevaux et une de 20 chevaux. Ce projet ne voit pas le jour. En 1859, Joseph Jamin et Joseph Leroux, boulangers au mans, acquièrent le lieu-dit de la Perronière pour y établir un moulin à farine. C'est en 1860 que Napoléon III formule l'autorisation de construire une minoterie sur ce site convoité. Jamin et Leroux font installer deux prises d'eau pour deux turbines de 3 mètres de section. Dès 1864, la minoterie est en activité et emploie 40 ouvriers. En 1865, les deux premières turbines de type Fontaine sont remplacées par des roues Sagebien de 9 mètres de diamètres, construites par Teisset et Brault, mécaniciens à Chartres. Dès la fin des années 1860, la minoterie de Saint-Georges fait l'admiration de ses contemporains : « Sur la Sarthe, cette magnifique usine est située sur un excellent cours d'eau à 1500 m environ du confluent de l'Huisne et de la Sarthe. Elle est montée d'après le système anglais. Elle se compose de deux corps de moulins construits symétriquement. Elle est mise en mouvement par deux roues hydrauliques, les deux plus belles peut-être en France. Elles ont un diamètre de 9 mètres sur une largeur de 6,75 m, l'arbre et le corps de ces roues sont en fer et les aubes en ormeau. Chacune d'elles a une force de 60 chevaux. Elles font mouvoir 28 paires de meules disposées au rez-de-chaussée des deux moulins : 20 sur deux rotondes et 8 sur deux piles parallèles à l'axe des moteurs. Deux autres paires de meules sont installées au quatrième étage et servent à repasser les recoupes. Un chemin de fer d'environ 670 mètres, construit moitié en remblai et moitié en tranchée, réunit l'usine à la ligne d'Angers depuis 1866. Les moulins sont construits en pierre et couverts en ardoise. Ils occupent une surface de 950 mètres carrés. Au centre de la cour de l'usine a été installée une machine à vapeur horizontale à double effet et à double système tubulaire identique. Elle est d'une force nominale de 180 chevaux dont 120 peuvent être employés au plus pour desservir les 38 paires de meules » écrit un commentateur anonyme.
Plusieurs maisons et ateliers sont construits en 1865, 1867, 1869, 1876 et 1880. En 1870, la minoterie emploie 30 ouvriers. En 1883, la minoterie est composée de 40 paires de meules et écrase 30 000 tonnes de blé par an. En 1889, le moulin a changé de mains. Le nouveau propriétaire, M. Gouzé demande l'élargissement des coursiers de son usine. Il a déjà entamé la modernisation de sa minoterie en remplaçant les meules par des cylindres (2 paires de meules, 11 appareils à 3 cylindres, 18 à 4 cylindres en 1889). De 1892 à 1894, l'usine augmente sa capacité de production en utilisant pas moins de 102 paires de cylindres et 4 paires de meules. La minoterie a cessé son activité après la Seconde Guerre mondiale. Puis elle est dévolue au stockage de la nourriture animale.
Le moulin est détruit en 2016.
Chercheuse auprès du Service Patrimoine de la Région des Pays de la Loire.