Dossier d’œuvre architecture IA53004530 | Réalisé par
Barreau Pierrick (Contributeur)
Barreau Pierrick

Chercheur auprès du Pays du Perche sarthois jusqu'en octobre 2020. Depuis novembre 2020, chercheur auprès du Conseil départemental de la Mayenne.

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  • enquête thématique départementale, rivière Mayenne
Manoir, puis demeure dite château (vestiges)
Œuvre étudiée
Copyright
  • (c) Archives départementales de la Mayenne

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Mayenne - Azé
  • Commune Château-Gontier-sur-Mayenne
  • Lieu-dit les Aillières
  • Cadastre 1833 A1 243, 249  ; 2022 AH 105, 141
  • Précisions anciennement commune de Azé
  • Dénominations
    manoir, demeure
  • Parties constituantes étudiées
  • Parties constituantes non étudiées
    écurie, remise, parc, mur de clôture

Le manoir seigneurial et sa chapelle

 L'abbé Angot a réuni dans son dictionnaire topographique les principaux éléments concernant l'histoire de la seigneurie des Aillères (orthographe variable), qui relevait de la baronnie d'Ingrandes et de Fromentières. Une famille des Aillères existe au moins dès le XIIIe siècle, un certain Richard des Aillères étant cité dans le cartulaire du Geneteil en 1262 comme bienfaiteur de l'aumônerie Saint-Julien de Château-Gontier. A la fin du XIVe siècle, la seigneurie échoit à la famille de Quatrebarbes ; au cours du XVe siècle, elle passe à la famille Bourré, dont le célèbre conseiller de Louis XI Jean Bourré qui en est seigneur autour de 1460. Il n'est pas impossible, mais aujourd'hui invérifiable, que la famille Bourré ait restauré le manoir, Jean Bourré ayant été un grand bâtisseur en Anjou.

Les Aillères changent ensuite très régulièrement de mains. En 1646, Jean Quantin, conseiller au présidial de Château-Gontier et acquéreur du domaine en 1632, et son épouse Madeleine Dugué dédicacent la cloche de la chapelle qu'ils y font édifier. Citons également une famille de magistrats castrogontériens, les Léridon, propriétaires pendant tout le XVIIIe siècle. Les Aillères sont alors à la fois une résidence de campagne, un domaine agricole source de revenus et une seigneurie prestigieuse pour une bourgeoisie de robe citadine soucieuse de s'identifier à la noblesse. Jacques et Jean Léridon, prêtres au diocèse d'Orléans, sont signalés comme titulaires de la chapelle. La carte de Jaillot de 1706 et la carte de Cassini du milieu du XVIIIe siècle signalent toutes deux la seigneurie et la chapelle des Aillères. A la levée du cadastre napoléonien, la propriété appartient toujours à la famille Léridon qui y réside.

Seules quelques cartes postales des années 1900 suggèrent, plus qu'elles ne montrent, l'ancien manoir des Aillères, détruit avec le "château" moderne en 2006 avec l'agrandissement de la zone artisanale de Château-Gontier. On y aperçoit un corps de logis dont la pente de toit pourrait suggérer une élévation de la fin du Moyen Age avec, dans son prolongement, la chapelle de 1646. Toutefois, le cadastre napoléonien de 1833 est plus riche d'enseignements, indiquant que le manoir comprenait en réalité deux corps de logis parallèles entre potager clos au sud, jardin au nord et verger avec allée à l'ouest. La toponymie des terres alentours conservait le souvenir des attributs féodaux que sont la garenne et le pigeonnier. Le labour nommé "le dôme" est plus énigmatique : pourrait-il faire référence à une ancienne motte féodale qui aurait précédé le logis médiéval ?

 

Le "château" de la fin du XIXe siècle

Au XIXe siècle, l'ancien manoir est une simple exploitation agricole. Les matrices cadastrales signalent, pour l'année 1856, la conversion d'un ancien logement en étable ; les Aillères appartiennent alors à un certain Etienne Leziard. Vers 1889, le domaine devient propriété de Marie-Caroline de la Jaille, veuve du comte Gustave-Adolphe Walsh de Serrant : celle-ci y fait ajouter une grande demeure dite "château" qui devient imposable en 1892, selon les matrices cadastrales. L'architecte qui en a fourni les plans n'est pas connu. Il faut considérer l'allure dissymétrique de la demeure, l'absence de porte d'entrée et l'inachèvement manifeste des décors sculptés, visibles sur les cartes postales anciennes, qui trahissent vraisemblablement un projet qui n'a pas été mené à son terme.

Le "château" des Aillères se présentait, d'après les cartes postales 1900, comme une grande villa inachevée avec deux pavillons inégaux accolés, à une et deux travées. Le pavillon le plus étroit, dont les angles étaient abattus, était peut-être destiné à être le corps central de la maison, avec une porte au rez-de-chaussée comme semble l'indiquer l'ouverture plus large. L'ensemble de la construction semble avoir été en pierre de taille ou parementée, les grandes fenêtres ne laissant qu'une place réduite aux maçonneries. La façade vers la vallée était agrémentée de balcons en ferronnerie. Les toitures brisées très pentues étaient ourlées d'une élégante bordure de rive à motifs ondulants en zinc, répétée au niveau de la brisure, et couronnées d'épis de faîtage. Les lucarnes en pierre de taille, l'une en arc segmentaire, l'autre de forme ovale, présentaient un décor d'ailerons et de frontons interrompus. Un œil-de-bœuf en zinc éclairait le sommet du comble.

La comtesse de Serrant passe la fin de sa vie aux Aillères et y décède en 1905. En 1909, son fils Henry procède au morcellement et à la vente de la propriété. Les fermes des Aillères et du Chêne sont vendues séparément, tandis que la demeure est mise en adjudication en quatre lots. Le cahier des charges donne la description suivante : "château comprenant au rez-de-chaussée vestibule, grand salon, deux petits salons, salle à manger, cuisine, office et décharge. Au 1er étage, quatre chambres et cabinets. Au 2e étage, deux chambres et trois petites chambres de domestiques et grenier. Cave sous partie des bâtiments et remise à la suite vers est. Chapelle avec tout le mobilier et les statues le garnissant. Ecurie à trois chevaux. Bûcher, volailler en appentis, cour et issues, jardin potager au sud-est du château, bosquet au sud, prairie au-devant du château". C'est un certain Hippolyte Gonet-Mahoudeau, propriétaire demeurant à Angers, banquier et expert-foncier à Bourgueil, qui acquiert la demeure pour 12 000 F, probablement à des fins spéculatives. Il sera contraint de revendre trois ans plus tard, victime de la faillite de son entreprise. Un agrandissement du château, la construction d'une chapelle (?) et d'un château d'eau "et tuyautage" sont signalés par les matrices en 1914. Ces travaux ne sont pas documentés à l'exception du château d'eau en béton système Hennebique, construit par l'entreprise Dosso, aujourd'hui détruit. Il comprenait une cuve circulaire montée sur quatre poteaux autour desquels s'enroulait un étroit escalier.

Le logis a été démoli en 2006 et la chapelle en 2015 en vue de l'agrandissement de la zone industrielle de Château-Gontier-sur-Mayenne et de la construction d'une usine de méthanisation.

  • Période(s)
    • Principale : limite 15e siècle 16e siècle, 2e quart 17e siècle, 4e quart 19e siècle
  • Dates
    • 1646, porte la date

Il ne subsiste de la demeure que l'ancienne remise-écurie, avec ses ouvertures encadrées de briques, ainsi que des lambeaux du parc à l’anglaise.

  • Murs
    • pierre pierre de taille (incertitude)
  • Toits
    ardoise
  • Étages
    sous-sol, rez-de-chaussée surélevé, 1 étage carré, étage de comble
  • Couvrements
    • charpente en bois apparente
  • Élévations extérieures
    élévation à travées
  • Couvertures
    • toit à longs pans brisés croupe brisée
  • État de conservation
    détruit, vestiges
  • Statut de la propriété
    propriété d'une société privée

Documents d'archives

  • Archives départementales de la Mayenne ; 3 E 62/813. Vente de la propriété des Aillères en Azé par la comtesse Walsh de Serrant, 11 novembre 1909.

  • Archives départementales de la Mayenne ; 3 E 62/821. Adjudication de la propriété des Aillères en Azé suite à la faillite Gonet, 26 janvier 1911.

  • Archives départementales de la Mayenne ; 3 P 26, 479, 1413. Matrices cadastrales, registres des augmentations et diminutions de construction de la commune d'Azé, XIXe-XXe siècles.

Bibliographie

  • ANGOT, Alphonse (abbé). Dictionnaire historique, topographique et biographique de la Mayenne. Laval : Goupil, 1902.

  • Le patrimoine des communes de la Mayenne. Paris : Éditions Flohic, 2002.

Documents figurés

  • Collection de cartes postales anciennes des communes de la Mayenne. (Archives départementales de la Mayenne ; 5 Fi).

  • Plan cadastral napoléonien d'Azé, 1833. (Archives départementales de la Mayenne ; 3 P 2612).

Date(s) d'enquête : 2022; Date(s) de rédaction : 2022
(c) Conseil départemental de la Mayenne
(c) Région Pays de la Loire - Inventaire général
Barreau Pierrick
Barreau Pierrick

Chercheur auprès du Pays du Perche sarthois jusqu'en octobre 2020. Depuis novembre 2020, chercheur auprès du Conseil départemental de la Mayenne.

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Articulation des dossiers
Parties constituantes