Dossier d’œuvre architecture IA53004525 | Réalisé par
Barreau Pierrick (Contributeur)
Barreau Pierrick

Chercheur auprès du Pays du Perche sarthois jusqu'en octobre 2020. Depuis novembre 2020, chercheur auprès du Conseil départemental de la Mayenne.

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  • enquête thématique départementale, rivière Mayenne
Demeure dite château
Œuvre étudiée
Auteur
Copyright
  • (c) Région Pays de la Loire - Inventaire général

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Mayenne - Azé
  • Commune Château-Gontier-sur-Mayenne
  • Lieu-dit Gaudré
  • Cadastre 2022 215 B 1161
  • Précisions anciennement commune de Saint-Fort
  • Dénominations
    demeure
  • Parties constituantes non étudiées
    communs, écurie, remise, parc, serre, grotte artificielle, château d'eau, noria, mur de clôture

Longeant la Mayenne au sud de Château-Gontier, le bois de Gaudré, déjà cité au XIVe siècle, était un lieu de promenade prisé des citadins au XIXe siècle ; à ce sujet, l'instituteur communal Sorien écrit en 1899 que les Castrogontériens "à la faveur d'une partie de pêche y venaient dîner en famille et répandre une bruyante animation". Une grotte y est signalée, entretenue par le propriétaire des lieux : celle-ci existe toujours, mais la statue de la Vierge qui y avait été installée a été enlevée. A la fin du XIXe siècle et pendant la 1ère moitié du XXe siècle, on trouvait des cafés destinés aux promeneurs à Pendu, quelques centaines de mètres en amont. "Il y a quelques années, un bac faisait glisser d'une rive à l'autre de gracieux couples qui allaient se perdre dans les sinuosités du bois de Gaudré et prendre la collation que d'autres préfèrent se faire servir dans le bourg […]. A présent, plus de collations, plus de promenades dans le joli bois : un écriteau en interdit formellement l'entrée", lit-on dans la presse (La Mayenne) en 1903.

L'inclusion du bois dans un parc privé autour de 1900 est à mettre en relation avec la construction du château de Gaudré. Bien qu'elle porte le nom des villages voisins, le Grand-Gaudré sur le coteau et le Petit-Gaudré dans la vallée, la demeure est en réalité édifiée ex-nihilo tout près d'une ancienne maison nommée le Roc : aujourd'hui disparue, celle-ci faisait partie, au même titre que les métairies du Grand et du Petit-Gaudré, des nombreux biens fonciers progressivement achetés autour de Château-Gontier au début du XIXe siècle par la famille Quinefault. Le notaire Abel Quinefault et son épouse Gabrielle Destriché sont cités comme propriétaires à la levée du cadastre napoléonien en 1833. Gaudré échoit ensuite à leur fils Camille Quinefault, résidant avec son épouse Léonide Thoreau-Touchardière au château du Tertre à Mée, puis à la fille de ces derniers Gabrielle, épouse de Paul Trippier de Lozé, résidant tous deux au château de la Fontaine à Larchamp.

En 1897, Gabrielle Quinefault devenue veuve et son frère parti pour Paris se séparent de l'hôtel familial de Château-Gontier et de nombreux domaines autour de la ville. La même année, elle vend seule la métairie de Grand-Gaudré, le bois de Gaudré et la closerie de la Rouairie à Anaïs-Marie-Charlotte Agaisse, veuve du comte Marie-Georges Vanel de Lisleroy, résidant à Paris, laquelle fait aussitôt édifier la nouvelle demeure aux allures de château sur le rebord du coteau dominant la Mayenne. Les plans, datés de 1898, sont partiellement conservés mais ne sont pas signés. Surplombant le chemin de halage, le site offre alors une vue dégagée sur la Mayenne et le bourg d'Azé, avec son pittoresque clocher roman et ses belles maisons des XVIIIe et XIXe siècles – en témoignent encore les cartes postales des années 1900. D'après les matrices cadastrales, le château est achevé en 1899 puisque déclaré imposable dès 1902, avec sa remise, son écurie et la maison du jardinier. Les moellons de schiste sont prélevés dans une carrière située en contrebas près de la Mayenne.

Alors que la demeure est à peine terminée, Sorien écrit dans sa monographie : "Au sommet et sur la lisière de ce bois [de Gaudré], au milieu d'un parc encore inachevé, on a tout récemment édifié un château au style indécis. Deux avenues y donnent accès : l'une près du viaduc, l'autre partant de la route de Ménil". Par "style indécis", l'auteur fait référence aux touches médiévales (tour, lucarnes) qui agrémentent cette architecture plus généralement inspirée des villégiatures franciliennes et de bord de mer (rusticité des moellons apparents, imbrication de volumes, pignons à fermes débordantes). Il parait vraisemblable que la commanditaire ait fait appel aux services d'un architecte parisien pour la construction de sa demeure ; son identité demeure pour l'instant inconnue.

En décembre 1917, la comtesse de Lisleroy revend la propriété, "comprenant château, communs, maison de jardinier, jardin, pelouse et terrasse", à Mathilde Lambert de Cambray, veuve du marquis d'Assas, résidant avenue Friedland à Paris. Celle-ci réalise quelques aménagements complémentaires. En 1920, s'attachant les services de l'architecte castrogontérien Martin, elle obtient l'autorisation d'établir une prise d'eau dans la Mayenne pour usage domestique. Un édicule doit être construit pour abriter la motopompe à piston de type Japy qui achemine l'eau jusqu'aux jardins via une canalisation enterrée ; il semble que des travaux plus modestes aient été finalement réalisés, avec le creusement d'un puits à proximité de la rivière. Un château d'eau en béton armé système Hennebique est construit près de communs. On doit peut-être également à la marquise l'aménagement du potager et de la serre. Par la suite, Gaudré appartient brièvement à un certain Camille Gauthier puis à la famille de Villèle de 1928 jusqu'à se revente en 1984.

  • Période(s)
    • Principale : 4e quart 19e siècle, 1er quart 20e siècle
  • Dates
    • 1898, daté par source

La demeure de Gaudré se trouve à la sortie sud de la ville de Château-Gontier ; elle est édifiée parallèlement à la Mayenne qu'elle surplombe depuis le coteau. Elle se trouve également en lisière du bois de Gaudré, qui épouse le coteau de la Mayenne sur près d'un demi-kilomètre et se confond avec le parc.

L'élévation de la demeure se veut complexe et pittoresque, aves une imbrication de volumes différents cherchant le déséquilibre pour éviter toute monotonie. La maison s'inspire directement des villas franciliennes et balnéaires dont elle reprend certaines caractéristiques : dissymétrie, toits pentus, pignons couverts, pierres de construction laissées apparentes. Une touche historiciste néo-médiévale est conférée par la tour, dont la partie supérieure est en léger encorbellement sur consoles, ainsi que les lucarnes en pierre ou en bois. Les murs sont en moellons de schiste et renforcés par endroits par des IPN, tandis que les chaînages d'angles et les encadrements harpés des baies sont en pierre de taille. Les toits effilés sont couverts d'ardoises et parfois coiffés d'élégants épis de faîtage en zinc. Sur un corps rectangulaire orienté nord-sud viennent se greffer un avant-corps et une tour côté sud, ainsi qu'un avant-corps peu profond au nord, prolongé par une terrasse. Cette partie de la demeure présente un étage carré et un étage de comble. Elle est prolongée vers l'est par une aile plus basse, formant un léger retour au sud et avec un étage de comble seulement.

La distribution intérieure est moins complexe qu'il n'y parait ; au rez-de-chaussée, côté Mayenne, trois salons jouissant de la vue sur la vallée malgré une orientation au nord, et côté sud, le vestibule dans l'avant-corps et l'escalier dans la tour. Les niveaux supérieurs sont dévolus aux chambres : celles des maîtres à l'étage, dont une a conservé son décor originel formé de pilastres ioniques en bois, celles des domestiques dans le comble. L'escalier en bois rampe-sur-rampe se développe dans la tour et présente un décor de balustres. Deux escaliers de services desservent le sous-sol où se trouvait le calorifère chauffant l'ensemble de la demeure. L'aile est correspond aux espaces de service : cuisine, buanderie, lingerie.

A proximité de la demeure se trouvent les dépendances. La maison du jardinier est un petit logis aux ouvertures encadrées de briques, flanqué d'un appentis et sommé d'un clocheton. Le bâtiment des communs, abritant remise, écurie, étable, fruitier et fromager, présente un plan symétrique avec deux avant-corps aux extrémités d'un corps central ; les ouvertures sont ici ornées d'un décor alternant brique et pierre de taille. L'ancien potager, clos de murs en mâchefer, arbore une serre en verre et métal ; deux bassins recueillent l'eau pompée dans la Mayenne, également stockée dans le château d'eau en béton armé système Hennebique. Il subsiste également non loin de la maison la noria qui, mue par un animal, pompait l'eau jusqu'à deux cuves placées dans les combles du château.

Le parc se présente comme une succession d'espaces de verdure bien distincts mettant en valeur la demeure sous différents angles. Le parterre entre la maison et le rebord du coteau est traité à la française, avec ses pelouses et allées rectilignes plantées de buis. La praire à l'anglaise est traversée par l'allée courbe qui arrive au pied du château. Le reste du parc se confond avec le bois de Gaudré, complété d'essences exotiques telles que cèdre, pin, séquoïa. On y trouve une grotte artificielle intégrée au parc comme but de promenade et fabrique de jardin.

  • Murs
    • schiste moellon
  • Toits
    ardoise
  • Étages
    sous-sol, rez-de-chaussée surélevé, 1 étage carré, étage de comble
  • Couvrements
    • charpente en bois apparente
  • Élévations extérieures
    élévation à travées
  • Couvertures
    • toit à longs pans pignon couvert
    • toit en pavillon
  • Escaliers
    • escalier hors-œuvre : escalier tournant à retours sans jour en charpente
  • État de conservation
    bon état
  • Statut de la propriété
    propriété d'une personne privée
Image non consultable

Documents d'archives

  • Archives départementales de la Mayenne ; 3 E 63/1089. Vente de la métairie du Grand-Gaudré, du bois de Gaudré et de la closerie de la Rouairie en Saint-Fort à la comtesse de Lisleroy, 1er décembre 1897.

  • Archives départementales de la Mayenne ; MS 80/24-6. Monographie communale de Saint-Fort, par l'instituteur Sorien, 1899.

  • Archives départementales de la Mayenne ; 96 Q 9/13. Enregistrement de la vente du château de Gaudré à Saint-Fort à la marquise d'Assas, 21 décembre 1917.

  • Archives départementales de la Mayenne ; 3 P 372, 688, 1615. Matrices cadastrales, registres des augmentations et diminutions de construction de la commune de Saint-Fort, XIXe-XXe siècles.

  • Archives départementales de la Mayenne ; S 516. Demande d'établissement d'une pompe sur la Mayenne pour usages domestiques au château de Gaudré en Saint-Fort, 1920.

Bibliographie

  • ANGOT, Alphonse (abbé). Dictionnaire historique, topographique et biographique de la Mayenne. Laval : Goupil, 1902.

  • MORILLON, Sébastien. Saint-Fort au fil des siècles. 2006.

Documents figurés

  • Collection de cartes postales anciennes des communes de la Mayenne. (Archives départementales de la Mayenne ; 5 Fi).

  • Plan cadastral napoléonien de Saint-Fort, 1833. (Archives départementales de la Mayenne ; 3 P 2803).

  • Plans de la demeure de Gaudré à Saint-Fort, non signés, non datés (avant 1898). (Archives privées).

Date(s) d'enquête : 2022; Date(s) de rédaction : 2022
(c) Conseil départemental de la Mayenne
(c) Région Pays de la Loire - Inventaire général
Barreau Pierrick
Barreau Pierrick

Chercheur auprès du Pays du Perche sarthois jusqu'en octobre 2020. Depuis novembre 2020, chercheur auprès du Conseil départemental de la Mayenne.

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