L'histoire de cette propriété demeure assez obscure. En 1899, dans sa monographie communale, l'instituteur Martin présente ainsi Beaumont : "Comme monument remarquable au moins par ses dimensions on peut encore citer le château de Beaumont situé au bourg de Daon et qui appartient à M. Bienvenu entrepreneur ; cette construction a toute l'apparence d'un vieux manoir seigneurial et date du XVIe siècle ; il se compose d'un corps de bâtiment très étroit, flanqué au centre d'un pavillon en saillie portant à sa lucarne supérieure un écusson mutilé. Cette construction très massive était dès 1647 une maison de maître, mais elle a dû devenir une ferme même avant la Révolution".

Cette analyse semble assez pertinente : Beaumont offre les caractéristiques d'une architecture manoriale, bien qu'il semble qu'aucune seigneurie n'y soit attestée par la documentation existante. L'historien André Joubert présente pourtant Beaumont comme un fief vassal de Daon. Au XVIIe siècle, le "sieur de Beaumont" jouissait d'un droit de banc, oratoire et sépulture en l'église de Daon, qui semble la réminiscence d'un privilège seigneurial. Peut-être l'ancienne seigneurie, si elle a bien existé, a-t-elle disparu des textes et des mémoires. On peut même se demander, par sa localisation géographique, si Beaumont n'était pas le siège de la seigneurie de Daon, avant qu'elle soit incorporée à celle de Bréon-Subert probablement dans le courant du XVe siècle. Il ne s'agit néanmoins que d'une hypothèse. Le logis peut être daté du début du XVIe siècle, voire de la seconde moitié du XVe siècle.

Le principal document concernant Beaumont est un acte du 29 octobre 1646, par lequel Louis Demarin, écuyer seigneur de la Cruchetière, et son épouse Renée du Vau, fille et héritière de Jacques du Vau et Renée Gilles, vendent Beaumont à Joachine Gilles, veuve de Michel Desnoes sieur de Maillé. D'après l'abbé Angot, les Gilles, propriétaires du domaine au XVIIe et XVIIIe siècles, étaient une famille de bourgeois de Château-Gontier. L'acte précise : "le lieu domaine terres et appartenances vulgairement appellé Beaumont sittué au bourg de Daon sur Mayenne, consistant en maisons manables, escuirie, granges, pressouer et avecques ediffices et bastiments jardins prez vignes terres labourables et non labourables et autres appartenances". Le bâtiment fait l'objet d'aménagements à l'époque moderne : la lucarne de la façade principale semble être une réalisation du XVIIe siècle, de même que la plupart des cheminées, à l'exception d'une plus ancienne conservée au rez-de-chaussée.

Une partie des dépendances et la courte allée vers l'est, visibles sur le plan cadastral napoléonien de 1811, disparaissent probablement dans le 3e quart du XIXe siècle lors de la construction de la maison voisine (7 rue du Docteur-Couffon). Le plan mentionne également une petite tour circulaire à l'angle nord-ouest du logis qui semble ne plus exister aujourd'hui.

En 1898, Alexis-Auguste Bienvenu, entrepreneur en maçonnerie, rachète la demeure et se lance dans une restauration d'ampleur. Il remet en état la partie gauche de la façade principale et crée au sommet de la tour – probablement surélevée à cette occasion - une grande croisée et des lucarnes néogothiques ; les tirants qui arriment la partie supérieure de la tour au corps de logis présentent les initiales BS, pour Bienvenu-Saulnier. En 1899, l'instituteur communal écrit à ce sujet : "La partie antérieure a été l'objet d'un commencement de réfection qui, s'il était continué, transformerait complètement cette demeure et en ferait un véritable château". Les travaux semblent s'être arrêtés net. Après une période d'abandon, le logis attend désormais sa restauration.