L'ancienne closerie de la Noirie, propriété de la famille Richard aux XVIIe et XVIIIe siècles, occupait la sortie sud du bourg de Daon au niveau du carrefour du cimetière. En 1798, les héritiers Jarry vendent au marchand Jean Brullé et son épouse Victoire Girault "le lieu et closerie de la Noerie avec la maison de réserve en dépendant, le tout sittué au bourg et commune de Daon, ainsi que ledit lieu se poursuit et comporte qu'il est exploité à colonie partiaire par René le Monceau".

D'après le plan cadastral de 1811, les bâtiments étaient répartis sur trois côtés d'une cour approximativement carrée. L'état de section mentionne la maison de maître (ou de réserve) : l'exploitation agricole affermée à un locataire était donc doublée d'un logis intermittent pour le propriétaire. D'après les matrices cadastrales, Jean-René Brullé, négociant et fils de Jean Brullé (mort en 1829), fait reconstruire les bâtiments vers 1840. Il décède à son tour en 1862. La ferme sera finalement rasée sans doute dans la 1ère moitié du XXe siècle, il n'en reste aujourd'hui aucun vestige ni aucune description connue.

C'est au fils de Jean-René, Charles-Jean-Emmanuel Brullé, médecin et propriétaire à Cuillé, que l'on doit la construction d'une nouvelle demeure à l'écart de la ferme, comme l'indique le registre des matrices cadastrales en 1869 ; l'écurie-remise n'est achevée que quelques années plus tard et devient imposable à son tour en 1872. L'architecte n'est pas connu. Vers 1900, l'abbé Angot se contente de signaler le "chalet moderne dominant la vallée de la Mayenne", tout comme l'instituteur communal dans sa monographie en 1899 qui évoque "l'élégant chalais de la Noirie". Si le terme chalet renvoie à la fonction de villégiature de la demeure et sans doute aux petites dimensions de l'édifice, en rez-de-chaussée avec étage de comble, il ne fait pas écho au style architectural choisi, historiciste et non régionaliste.

En 1897, Charles-Jean-Emmanuel Brullé vend la Noirie à un médecin d'Angers, Charles Larivière, pour 35 000 F. L'acte de vente précise : "la closerie de la Noirie située au lieu de ce nom commune de Daon, comprenant maison de maître, bâtiments d'habitation et d'exploitation, cour, jardin, allée, aire, issues, terres labourables, prairies, d'une contenance d'environ douze hectares". Charles-Jean-Emmanuel Brullé décède à Cuillé, commune dont il aura été maire, en 1905.

La demeure est détruite par un incendie pendant la tempête de 1999 puis remplacée par une maison plus modeste. L'ancienne Noirie est connue par plusieurs cartes postales anciennes. Il s'agissait d'un bâtiment rectangulaire coiffé d'un toit à deux pans avec lucarnes et pignons découverts. Sur la façade vers la vallée, à trois travées, se détachait un pavillon à pans coupés décentré, avec balcon, lucarne et toit polygonal. L'élévation sur cour présentait un gros pavillon d'angle côté sud avec tourelle et, au centre, un pignon triangulaire ajouré d'une fenêtre à meneau et traverse. La demeure était ornée de chaînages d'angles de briques et de pierres de taille alternées, de corniches et de larmiers de fenêtres d'inspiration néogothique. Les toits des pavillons étaient coiffés d'épis et de crêtes de faîtage en zinc.