L'historien Morin de la Beauluère et l'abbé Angot ne relèvent aucune mention de la Jarossais avant le XVIe siècle, pourtant ce site naturel – un mamelon rocheux dominant la rivière Mayenne – semble hautement stratégique et pourrait avoir été occupé bien auparavant. Le lieu est d'ailleurs identifié comme entité archéologique indéfinie sur l'Atlas des patrimoines. La grande empreinte presque parfaitement circulaire de plus de 100 mètres de diamètre, visible sur les cadastres et en vue aérienne, laisse penser à un aménagement artificiel de type motte féodale ; elle n'est pourtant pas répertoriée comme telle dans les travaux de Sébastien Mazurier sur les habitats aristocratiques fossoyés de la baronnie de Laval. Morin de la Beauluère relaie une tradition, non étayée et probablement erronée, d'une ancienne propriété templière.

Le fief et le manoir de la Jarossais, mouvants de la baronnie d'Entrammes, et dont dépendait notamment le moulin de Jarrêté, sont attestés par les archives de l'époque moderne. La Jarossais appartient à la famille Le Bigot au XVIe siècle ; Jean le Bigot et Guillemine Bouvet auraient fait construire la chapelle dédiée à saint Jean avant 1528. Le domaine aurait par la suite été vendu en 1634 pour 12 500 livres par Thomas Lelong, fils de Marie Le Bigot, à Jean Duchemin. Un descendant du même nom rend aveu en 1708 au baron d'Entrammes pour "[sa] terre, fief et seigneurie de la Jarossaye scittuée en la parroisse d'Entrames tant en fief que domaines dont la déclaration ensuit, et premier les maisons, chapelle, cours et jardins". Aucune description plus précise n'a été retrouvée. La seigneurie était assortie d'un droit de pêche dans la Mayenne.

Si la carte de Jaillot de 1706 ignore la Jarossais, la carte de Cassini du XVIIIe siècle y fait encore état d'un "château" posté au sommet d'une éminence circulaire surplombant la Mayenne. Le cadastre napoléonien levé en 1810 est riche d'enseignements. La plupart des bâtiments, bien que reconstruits et augmentés, conservent leur emplacement ancien à l'exception de la chapelle, légèrement déplacée. L'ensemble devait alors s'apparenter à une maison de maître plus qu'à un manoir ou un château ; une pièce de terre est néanmoins encore appelée "closeau du Châteauneuf" en 1810. Les matrices indiquent qu'à cette époque, le logis du métayer est détruit et le logis du maître tombe en ruine. Comme aujourd'hui, la cour de ferme précédait la cour du maître. Une courte avenue rectiligne longeait la cour de ferme ; les jardins, semble-t-il aménagés en terrasses, comprenaient potagers, verger, bosquet, "clos des buis", mais surtout le jardin du maître (dont les anciens murs sont toujours visibles) était agrémenté d'une fabrique de plan carré appelée "belvédère". Tout cela n'est guère plus lisible aujourd'hui.

En 1807, les anciens domaines de la baronnie d'Entrammes sont rachetés par Louis-Daniel Courte de Vilcler, avocat à Paris puis à Laval et administrateur du département ; la Jarossais est la résidence de sa veuve Louise Foucault en 1823. Devenu simple ferme, l'ensemble est reconstruit dans le 4e quart du XIXe siècle, faisant disparaître toute trace du manoir. L'abbé Angot est le témoin direct de la reconstruction de la chapelle et précise dans son dictionnaire topographique : "La chapelle possédait deux belles fenêtres en pierre blanche à moulures fines et redans, et surtout une jolie rosace découpée dans un seul bloc. J'ai vu tout cela par terre au moment où on démolissait le petit édifice (1889). La rosace confiée à un manœuvre et trop soigneusement nettoyée et polie par lui avait perdu toute la finesse de ses lignes et de ses arêtes". Menacé de ruine, l'édifice a été mis hors d'eau par le renouvellement de la couverture ; il sert aujourd'hui de lieu de stockage.