Dossier d’œuvre architecture IA53004478 | Réalisé par
Barreau Pierrick (Contributeur)
Barreau Pierrick

Chercheur auprès du Pays du Perche sarthois jusqu'en octobre 2020. Depuis novembre 2020, chercheur auprès du Conseil départemental de la Mayenne.

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  • enquête thématique départementale, rivière Mayenne
Manoir (?), puis ferme
Œuvre étudiée
Auteur
Copyright
  • (c) Région Pays de la Loire - Inventaire général

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Mayenne - Azé
  • Commune La Roche-Neuville
  • Lieu-dit Malabry
  • Cadastre 1833 C1 189, 192  ; 2022 C 1128
  • Précisions anciennement commune de Loigné-sur-Mayenne
  • Dénominations
    manoir, ferme
  • Parties constituantes non étudiées
    cour, écurie, étable, four, hangar agricole, remise

Non loin au sud de Malabry, la présence d'un dolmen ou "pierre branlante" atteste du passage des hommes du Néolithique en ce lieu. Une motte féodale est également suspectée en surplomb de la Mayenne, sous un réaménagement en bosquet du XIXe siècle : il s'agirait de l'ancienne motte de Mirwault. Peu d'archives concernant l'histoire de Malabry ont été conservées. D'après l'abbé Angot, il s'agirait d'un ancien "fief, domaine et hébergement tenu à fournir un homme armé d'un arc à la porte d'Olivet de Château-Gontier", sans citer sa source. Au XVIIIe siècle, il semble qu'il s'agisse toujours d'une terre noble, mais les bâtiments sont utilisés comme métairie. L'architecture évoque celle d'une petite résidence seigneuriale, mais la rareté des sources invite à rester prudent sur l'appellation "manoir". Le lieu n'est pas signalé sur la carte de Jaillot de 1706 et celle de Cassini du milieu du XVIIIe siècle figure une simple ferme.

Seuls quelques documents épars nous renseignent sur les anciens propriétaires de Malabry. Un certain Macé Houdebine signalé au XVe siècle, René d'Héliand, élu de Château-Gontier, dans les premières décennies du XVIIe siècle. En 1701, le domaine appartient à Michel Meignan, lequel demeure en la ville d'Angers paroisse Saint-Maurille avec son épouse Marie-Thérèse Denis. Malabry est alors une simple métairie. En 1714, les religieuses du Buron d'Azé rachètent à Michel Meignan "la terre de Mallabry consistant en une maison de réserve, jardin, deux cours, le tout clos à murs, une métairie nommée Mallabry et la closerie d'Autheu, le tout sittué ditte parroisse de Longné". Malabry relevait semble-t-il du fief de Saint-Fort et, au moins pour partie, de la seigneurie de la Roche-de-Maine à Loigné.

C'est donc en tant que bien du clergé que la propriété est saisie comme bien national à la Révolution. Le fermier René Houbinne produit alors son bail conclu en 1787 pour l'exploitation du "lieu et métairie de Malabry […] consistant en 36 journaux 10 hommées de pré 8 quartiers de vignes". Le 24 mai 1791, le domaine est acheté par Claude Quinefault, receveur de l'enregistrement à Château-Gontier. Le cadastre napoléonien en 1833 figure l'intégralité des bâtiments, à l'exception du hangar. A cette date, Malabry appartient à Abel Quinefault, notaire à Château-Gontier, lequel possède également, en bord de Mayenne, la closerie de Chauduré où il fait édifier une maison de villégiature. En 1897, la propriété est mise en vente et adjugée à un certain Symphorien Simonet, ingénieur des Ponts-et-Chaussées à Château-Gontier, puis à son gendre l'architecte Alfred Latouche-Bourel. Ce dernier, également artiste-peintre, réalise plusieurs tableaux du manoir.

L'acte de 1897 précise que la ferme de Malabry comprend "un corps de bâtiments renfermant cuisine vers ouest, chambre, caveau, escalier, petit "donjon" vers est, petite chambre, cave, autre cave à la suite, appentis renfermant toit à moutons en deux compartiments, en retour d'équerre vers sud écurie ; grenier sur le tout sauf le toit et l'écurie. Un autre corps de bâtiments renfermant toits à porcs divisés en deux greniers dessus. Un autre corps de bâtiments renfermant quatre toits à porcs sans grenier, remise aussi sans grenier, avant-corps pour la machine, à la suite étable aux boeufs, fonds de grange, étable aux vaches, grenier sur le tout. Un autre corps de bâtiment renfermant four et fournil [...]. Puits, pâture, issues et aire".

Une campagne de dendrochronologie menée pendant l'étude d'inventaire a permis de donner une fourchette de datation pour le logis. Le solivage des planchers (chêne) du premier et du second étage a été daté des années 1516-1526 qui correspond à la phase de construction du bâtiment actuel. Au sein de ces planchers, l'insertion de poutres en châtaignier dans la partie est dans les années 1632-1642 témoigne d'une reprise importante qui correspond également sans doute au remaniement des ouvertures du logis. La charpente du pavillon de l'escalier a curieusement fourni la datation la plus ancienne (entre 1438 et 1464) mais il semble qu'il s'agisse de la remise en œuvre d'éléments plus anciens, provenant peut-être du manoir antérieur. La grange en retour du logis date sans doute du XVIe siècle ou du XVIIe siècle. Le four et le petit toit visibles dans la cour sont antérieurs à 1833. Le hangar ainsi qu'une autre dépendance sont ajoutés dans la 2e moitié du XIXe siècle.

L'utilisation comme ferme avait permis la conservation des volumes mais entraîné de nombreuses dénaturations au niveau des ouvertures. Une importante restauration est menée à bien par l'architecte des Bâtiments de France Jacques-Henri Bouflet dans les années 1990. Sur le logis, les pignons découverts sont restitués ainsi qu'une baie à meneau et traverse au rez-de-chaussée ; certains encadrements ou appuis de fenêtres sont refaits, des lucarnes en pierre sont créées en remplacement d'autres en bois du XVIIIe siècle, tandis que les cheminées sont restituées dans le goût médiéval. Les dépendances sont agrandies et transformées en parties habitables, l'ancienne grange accueille aujourd'hui un gîte.

  • Période(s)
    • Principale : 1er quart 16e siècle, 2e quart 17e siècle, 2e moitié 19e siècle
    • Secondaire : 2e moitié 20e siècle

Malabry est construit à 300 mètres de la Mayenne mais n'entretient pas de lien formel avec la rivière. Orienté au nord, il est adossé au coteau face à un modeste ruisseau sur lequel sont aménagés plusieurs étangs. La chênaie et la peupleraie qui environnent la propriété sont des aménagements de la fin du XXe siècle ; de nombreuses vignes sont encore attestées sur le coteau en 1833.

Construit en moellons de schiste et couvert d'ardoise, le logis est orienté au nord : il comprend deux travées en façade et une porte centrale surmontée d'un larmier. La grande fenêtre à meneau et traverse du rez-de-chaussée (restituée) présente un arc de décharge ; la demi-croisée qui lui fait pendant possède un encadrement mouluré. L'élévation postérieure présente une travée de demi-croisées également moulurées. Un pavillon-tour couvert d'une haute toiture très pentue s'appuie la façade. L'intérieur est divisé en deux pièces à chaque niveau selon la partition deux tiers/un tiers caractéristique des manoirs de la fin du Moyen-Age. Le pavillon-tour rectangulaire abrite l'escalier à vis en pierre et plaques d'ardoise, ainsi qu'un petit cabinet à chaque niveau. La partie supérieure du noyau maçonné est complétée par un poteau en bois facetté et sculpté d'une bague évoquant un remploi de charpente.

Un bâtiment en rez-de-chaussée est accolé au nord du logis ; en partie restauré en partie habitable, il présente une porte à linteau de bois et deux petites ouvertures cubiques moulurées, sans doute remployées et qui pourraient correspondre à l'imposte d'une ancienne porte. L'ancienne grange placée en retour au sud du logis, également remaniée en habitation, possède une porte en arc segmentaire murée et une charpente à chevrons porteurs. Dans la cour se trouve une petite étable, l'ancien four à pain en cul-de-four et une remise à ouverture sur le pignon.

  • Murs
    • schiste moellon enduit partiel
  • Toits
    ardoise
  • Étages
    rez-de-chaussée surélevé, 1 étage carré, étage de comble
  • Couvrements
    • charpente en bois apparente
  • Élévations extérieures
    élévation à travées
  • Couvertures
    • toit à longs pans
    • toit en pavillon
  • Escaliers
    • escalier hors-œuvre : escalier en vis en maçonnerie
  • État de conservation
    bon état, remanié
  • Statut de la propriété
    propriété d'une personne privée

Documents d'archives

  • Archives départementales de la Mayenne ; H 107. Couvent des Dames religieuses du Buron à Azé ; titres de propriété de Malabry à Loigné, XVIIIe siècle.

  • Archives départementales de la Mayenne ; 200 J 66. Compte du prix de la terre de Malabry en Loigné, 11 février 1715.

  • Archives départementales de la Mayenne ; Q 267. État général des biens de première origine du district de Château-Gontier, 1791.

  • Archives départementales de la Mayenne ; Q 269. Registre d’affirmation des baux par les fermiers des biens nationaux du district de Château-Gontier, 1790-1791.

  • Archives départementales de la Mayenne ; Q 306. Vente du lieu de Malabry en Loigné comme bien national, 24 mai 1791.

  • Archives départementales de la Mayenne ; 222 Q 725. Vente de biens Quinefault incluant la ferme de Malabry en Loigné, 13 août 1897.

Bibliographie

  • ANGOT, Alphonse (abbé). Dictionnaire historique, topographique et biographique de la Mayenne. Laval : Goupil, 1902.

  • Le patrimoine des communes de la Mayenne. Paris : Éditions Flohic, 2002.

Documents figurés

  • Plan cadastral napoléonien de Loigné-sur-Mayenne, 1833. (Archives départementales de la Mayenne ; 2 P 2731).

  • Plans de restauration du logis de Malabry à La Roche-Neuville, par l'architecte Jacques-Henri Bouflet, 1977. (Archives départementales de la Mayenne ; 321 J 98).

Date(s) d'enquête : 2022; Date(s) de rédaction : 2022
(c) Conseil départemental de la Mayenne
(c) Région Pays de la Loire - Inventaire général
Barreau Pierrick
Barreau Pierrick

Chercheur auprès du Pays du Perche sarthois jusqu'en octobre 2020. Depuis novembre 2020, chercheur auprès du Conseil départemental de la Mayenne.

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