Dossier d’œuvre architecture IA53004473 | Réalisé par
Barreau Pierrick (Contributeur)
Barreau Pierrick

Chercheur auprès du Pays du Perche sarthois jusqu'en octobre 2020. Depuis novembre 2020, chercheur auprès du Conseil départemental de la Mayenne.

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Bonenfant Anaïs (Rédacteur)
Bonenfant Anaïs

En stage au Département de la Mayenne en mars-avril 2022.

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  • enquête thématique départementale, rivière Mayenne
Demeure de villégiature dite château
Œuvre étudiée
Auteur
Copyright
  • (c) Région Pays de la Loire - Inventaire général

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Mayenne - Azé
  • Commune La Roche-Neuville
  • Lieu-dit Neuville
  • Cadastre 1833 A2 741, 745, 748 à 751  ; 2022 254 A 648 à 654
  • Précisions anciennement commune de Saint-Sulpice
  • Dénominations
    demeure
  • Précision dénomination
    demeure de villégiature
  • Parties constituantes non étudiées
    parc, orangerie, écurie, remise, portail, mur de clôture, bûcher, chenil

Le "vieux manoir" de Neuville

On sait peu de choses de l'ancien château ou manoir de Neuville (qu'on trouve aussi sous le nom la Péannière dans certains documents), dont le fief, qui semble être un démembrement de celui du Parc, était vassal de la Rongère. Il est très possible qu'il contrôlait un passage à gué sur la Mayenne ; il existait au XVIIIe siècle un pont sur la rivière à Neuville vis-à-vis du manoir, comme le rappelle Davelu. Un petit port est également signalé sous l'Ancien Régime, ainsi qu'une chapelle et deux moulins. Le chartrier de la Rongère livre une série d'aveux rendus par plusieurs propriétaires de Neuville : Jean Gaultier en 1544, Nicolas Rabeau et Guillemine Eschellard en 1551, Jeanne Mauguy en 1573, Marguerite Lainé veuve de Jean Gaultier en 1577 (indivision), Marie Gaultier veuve de René Poisson en 1607, François Poisson en 1629, Claude Poisson en 1664, Claude-Charles Poisson en 1716. Ce dernier déclare tenir du sieur de la Rongère "la maison manable qui sert de logement cour et jardin, une autre maison grange étable, pressoir, jardin derrière, four dans le bois de haute futaye, ledit bois, les aitrages, garennes à conils, rues et issues du lieu de Neuville [ainsi que] son lieu de la Peannière situé parroisse de Saint-Sulpice, consistant en maisons, jardins, vergers, aitrages et jardins derrière le logis qui sert à loger le colon, dans lequel jardin autrefois fut une garenne". La seigneurie de Neuville était assortie d'un "droit de pesche en ladite rivière de Mayne au droit des terres et en la présence dudit seigneur de Neuville seulement avec des enclos et carlets".

La famille Poisson, qui occupe des fonctions dans la magistrature à Château-Gontier, possède Neuville au moins dès les années 1600 jusqu'au milieu du XVIIe siècle, période à laquelle la terre passe aux mains de la famille Marais, originaire d'Anjou. En 1768, Gilles Marais, prêtre et principal du collège de Château-Gontier, fait bâtir à Neuville une chapelle sous le vocable Saint-Gilles. A son décès en 1778, une apposition de scellés sur ses biens précise la nature du logis seigneurial qui possède deux cuisines, un cellier, un office, une salle, une boulangerie, une chapelle, de nombreuses chambres et des greniers. Le manoir dispose également de tous les bâtiments agricoles nécessaires : granges, écurie, étables, pressoir, toit à porcs et toit à mouton. "Un appentis au bas du jardin, nommé la Pescherie" et une "halle à tuille" sont également mentionnés.

Deux documents iconographiques livrent d'intéressantes précisions sur l'état antérieur du manoir. Le plan cadastral napoléonien de 1833 montre une plateforme rectangulaire dont on peut estimer les dimensions à environ 60 mètres sur 40. Elle était entourée de fossés directement alimentés par la Mayenne qui coule à son extrémité. L'angle nord-est semble montrer l'emprise d'une petite tour ou échauguette circulaire. Le logis de plan massé, situé à l'angle nord-ouest, apparait sur un dessin de Charles-Etienne Domaine daté de 1834. S'apparentant à un gros pavillon couvert d'un toit brisé, il s'agissait d'une maison de maître du XVIIe ou du XVIIIe siècle, à deux étages et comble éclairé par des lucarnes. L'escalier extérieur couvert d'un appentis laisse supposer que le logement du maître occupait l'étage, tandis que le rez-de-chaussée était dévolu au fermier ou aux pièces de service. La tour ou belvédère coiffé d'un clocheton qui apparait à l'arrière est plus énigmatique. Une partie des bâtiments anciens des deux fermes attenantes de Neuville et de la Bouvardière, figurés sur le plan de 1833, est conservée. Il ne subsiste aujourd'hui de l'ancien manoir qu'une porte remployée au soubassement de la maison actuelle, dont les moulurations sont caractéristiques du XVIIe siècle.

La construction d'une demeure de campagne

Au début du XIXe siècle, à la mort de Suzanne Marais, nièce du précédent propriétaire, le domaine est cédé à Pierre Dupont et son épouse Françoise Letessier-Douaillon qui font l'acquisition de plusieurs terres dans les années 1820 afin d'en agrandir l'emprise. Neuville devient ensuite la propriété de leur fille Adélaïde-Urbaine Dupont mariée à Jean-Casimir Cadock. Ces derniers possèdent une autre résidence de campagne en bord de Mayenne, le château de la Rivière situé au sud de Château-Gontier. En 1841, lors du mariage de leur fille Françoise Frédérique-Léonie Cadock avec Louis-Marie-Hyacinthe de Penfentenio de Cheffontaines, Adélaïde Dupont fait donation "1° De tout le terrain où était alors l'ancienne maison et les bâtiments de réserve de Neuville, en Saint-Sulpice, des matériaux de cette maison et de ces bâtiments qui se trouvaient en ruines et en démolition. 2° Du jardin de la cour et de la basse-cour et du terrain derrière séparé, du chemin par un mur vers occident borné au midi par un champ et un pré jusqu'à la rivière, au nord par les bâtiments, jardins et dépendances de la métairie du domaine de Neuville (cour et ruelle entre) jusqu'à la rivière et à l'occident par la rivière". Il est précisé que "cette donation a été faite à Mlle Cadock si celle-ci faisait dans le délai d'une année bâtir la maison de campagne et d'habitation dont elle avait besoin à Neuville, sur le sol compris en la donation". Le début des travaux pourrait donc avoir été lancé dès 1841 ou 1842.

D'après le registre des matrices cadastrales, la demeure actuelle est déclarée imposable en 1847, donc probablement achevée vers 1844. La "reconstruction du château et aménagement des servitudes avec les matériaux provenant du vieux Neuville et du bois pris sur les propriétés de Mme de Cheffontaines" s'élève à 20 000 F et l'aménagement "du jardin anglais et de l'avenue" à hauteur de 5 000 F selon un procès-verbal de 1885. L'architecte n'est pas connu. Louis-Marie de Penfentenyo de Cheffontaines fait aussi restaurer la chapelle de Neuville, dédiée à la Vierge et bénite en 1851 (il n'en reste aucun vestige). La fonction de plaisance de la demeure de Neuville est confirmée par l'aménagement en 1853 de deux escaliers pour faciliter la descente d'un bateau de loisir sur la Mayenne.

En février 1886, Françoise Cadock soumet aux enchères publiques "en totalité ou par corps de ferme, la belle terre de Neuville [...] avec beau château" et ses nombreuses fermes. La vente est conclue avec le comte Marie-Zacharie-Hyacinthe Jean du Réau de la Gaignonnière et sa femme Marie Adélaïde de Couessin du Boisriou, châtelains de Barot (La Salle-et-Chapelle-Aubry, Maine-et-Loire), moyennant 171 075 F : elle inclut "le château et le domaine de Neuville comprenant le château, cour, jardins, chapelle, bâtiments des servitudes, serres, terres et prés" ainsi que les métairies de la Bouvardière, de la Hardonnière, de la Landeucherie, de la Haute-Chesnaie et la closerie de la Basse-Chesnaie. En mai 1886, une vente aux enchères publiques du mobilier présent dans les pièces du château est organisée : on y évoque les diverses pièces, cuisine, salle à manger, petit salon de compagnie, grand salon, vestibule, chambres, mais aussi serres dans le jardin (disparues) ainsi que remises, sellerie et écuries. Le château, "acquis en vue de fournir un apanage à un [des] nombreux enfants [du couple Jean du Réau de la Gaignonnière], encore jeune, reste inhabité". La propriété passe ensuite aux mains de la famille Sauveboeuf à partir du milieu du XXe siècle jusqu'en 1999. Au début des années 2000, certains éléments des communs, notamment l'orangerie, sont restaurés avec l'aide de la Fondation du patrimoine.

  • Période(s)
    • Principale : 2e quart 19e siècle
    • Secondaire : 1er quart 21e siècle
  • Dates
    • 1841, daté par source

La façade antérieure de la demeure est orientée vers la Mayenne à l'est, dont elle est séparée par un parc traité en prairie. Une brèche dans la végétation plantée récemment a été créée afin de faire bénéficier au logis d'une vue sur la Mayenne.

La demeure est construite en moellons enduits. Du granit en pierre de taille est utilisé pour les angles et les encadrements des ouvertures du soubassement. Sur le reste du logis, les angles, les encadrements et la corniche sont en pierre de taille de tufeau. De plan rectangulaire, avec une façade ordonnancée et des ouvertures à baies segmentaires, il possède cinq travées et un toit à longs pans en croupe. Les deux façades sont presque identiques. La travée centrale présente un décor en tuffeau faisant figurer deux pilastres avec chapiteaux sculptés et un fronton demi-circulaire sur la partie antérieure et un fronton triangulaire sur la façade arrière. Les frontons et les agrafes au-dessus des portes principales semblent avoir été préparés à accueillir des décors inachevés. De part et d'autre du logis, un escalier donne accès au rez-de-chaussée surélevé, celui de la façade principale est évasé. Des lucarnes se trouvent au niveau des combles. Le toit est surmonté d'un clocheton en ardoise (la cloche déposée ne porte pas d'inscription) et les quatre cheminées sont en briques. La façade arrière est percée de quatre œils-de-bœuf, dont deux sont bouchés. Le soubassement était dévolu aux fonctions utilitaires (cuisine, etc.), le rez-de-chaussée aux pièces de réception et l'étage aux chambres. L'escalier de distribution est placé dans l'angle nord-ouest de la maison.

Les communs se trouvent au nord du château, organisés autour d'une cour. A proximité directe du château se trouve un bûcher et la serre ou orangerie avec de grandes baies segmentaires. L'écurie-remise, couverte d'un toit à longs pans et à croupes, est construite en moellons enduits et les encadrements des ouvertures cintrées sont en briques. Un chenil y est accolé. Le logement du fermier présente les mêmes ouvertures que la remise. La bergerie a été remplacée par deux poulaillers. L'ancienne métairie de la Bouvardière, très remaniée, est située juste au nord des communs. Au sud de la maison se trouve l'espace de l'ancien potager délimité par le mur de soutènement de la route et une haie.

  • Murs
    • pierre moellon enduit
  • Toits
    ardoise
  • Étages
    sous-sol, rez-de-chaussée surélevé, 1 étage carré, étage de comble
  • Couvrements
    • charpente en bois apparente
  • Élévations extérieures
    élévation à travées, élévation ordonnancée
  • Couvertures
    • toit à longs pans croupe
  • Escaliers
    • escalier de distribution extérieur : escalier droit en maçonnerie
    • escalier intérieur : escalier tournant en charpente
  • État de conservation
    bon état
  • Techniques
    • sculpture
  • Représentations
    • ornement architectural, ordre ionique, ordre dorique
  • Précision représentations

    La travée centrale présente un décor en tuffeau faisant figurer deux pilastres avec chapiteaux doriques et ioniques.

  • Statut de la propriété
    propriété d'une personne privée

Documents d'archives

  • Archives départementales de la Mayenne, Laval ; B 3737. Apposition et levée de scellés au collège de Château-Gontier et en la maison de Neuville, 1778.

  • Archives départementales de la Mayenne, Laval ; 36 J 39. Famille Penfentenio de Cheffontaines au château de Neuville, Procès-verbal de liquidation, 1885.

  • Archives départementales de la Mayenne, Laval ; 284 J 26. Chroniques paroissiales de Saint-Sulpice, 1875-1978.

  • Archives départementales de la Mayenne, Laval ; 284 J 29. Note sur la chapelle Notre-Dame de Neuville, XXe siècle.

  • Archives départementales de la Mayenne ; 362 J 39 à 42. Chartrier de la Rongère ; aveux rendus par les titulaires du fief de Neuville en Saint-Sulpice, 1544-1716.

  • Archives départementales de la Mayenne, Laval ; MS 80/24-3. Monographie communale de Saint-Sulpice, par l'instituteur Lenfant, 1899.

  • Archives départementales de la Mayenne, Laval ; 3 P 433/726/1651. Matrices cadastrales, registres des augmentations et diminutions de construction de la commune de Saint-Sulpice, XIXe-XXe siècles.

  • Archives départementales de la Mayenne, Laval ; 222 Q 575. Vente du château de Neuville par Françoise Cadock au comte du Réau de la Gaignonnière, 1885.

  • Archives départementales de la Mayenne, Laval ; S 516. Aménagement du bord de la Mayenne, château de Neuville, 1853.

Bibliographie

  • ANGOT, Alphonse (abbé). Dictionnaire historique, topographique et biographique de la Mayenne. Laval : Goupil, 1902.

  • DAVELU, Pierre-François. Répertoire topographique et historique du Maine. [Ouvrage manuscrit]. 1766-1774

Documents figurés

  • Collection de cartes postales anciennes des communes de la Mayenne. (Archives départementales de la Mayenne ; 5 Fi).

  • Plan cadastral napoléonien de Saint-Sulpice, 1833. (Archives départementales de la Mayenne, Laval ; 3 P 2841).

Date(s) d'enquête : 2022; Date(s) de rédaction : 2022
(c) Conseil départemental de la Mayenne
(c) Région Pays de la Loire - Inventaire général
Barreau Pierrick
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Chercheur auprès du Pays du Perche sarthois jusqu'en octobre 2020. Depuis novembre 2020, chercheur auprès du Conseil départemental de la Mayenne.

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Bonenfant Anaïs
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En stage au Département de la Mayenne en mars-avril 2022.

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