Dossier d’œuvre architecture IA53004450 | Réalisé par
Barreau Pierrick (Contributeur)
Barreau Pierrick

Chercheur auprès du Pays du Perche sarthois jusqu'en octobre 2020. Depuis novembre 2020, chercheur auprès du Conseil départemental de la Mayenne.

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  • enquête thématique départementale, rivière Mayenne
Manoir, puis ferme, Braye
Œuvre étudiée
Auteur
Copyright
  • (c) Région Pays de la Loire - Inventaire général

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Mayenne - Azé
  • Commune Ménil
  • Lieu-dit Braye
  • Cadastre 1833 B5 1223  ; 2022 B5 720 722
  • Dénominations
    manoir
  • Destinations
    ferme
  • Parties constituantes non étudiées
    écurie, grange, étable, remise, four, toit à porcs, cour

Le manoir des Briand

Construit au bord de la rivière Mayenne, le manoir de Braye (dont les orthographes sont très diverses) commande vraisemblablement un ancien passage à gué que l'on devine aisément sur le plan cadastral napoléonien de 1833. L'histoire de Braye peut être en partie retracée par les archives du château de Magnanne (en partie disparues toutefois) et les travaux de l'historien André Joubert à la fin du XIXe siècle. Il relève la première mention du lieu en 1285, comme appartenant à "noble homme Guillaume Briand, écuyer, seigneur de Brez en Ménil et de la Grenonnière en Bierné" et son épouse Marguerite de Hansic. Rien ne reste d'une éventuelle motte féodale ; en revanche, il subsiste peut-être dans l'élévation actuelle du logis des éléments antérieurs à la guerre de Cent ans. On remarque ainsi que certaines baies semblent s'inscrire dans le contour d'ouvertures plus anciennes. Faute d'étude architecturale plus poussée, il est difficile de s'avancer davantage.

Le fief de Braye, qui relevait du duché d'Anjou par la seigneurie de Ménil, reste propriété et principale demeure des Briand jusqu'au milieu du XVIIe siècle. La généalogie de cette famille est partiellement établie par diverses notes généalogiques et les travaux de l'érudit André Joubert au XIXe siècle. On relève notamment que Jean Bourré (1424-1506), favori du roi Louis XI et seigneur du Plessis-Bourré, est fils de Betranne Briand, dame de Braye, et son époux Guillaume Bourré, sieur de la Brosse. Quelques épaves des archives des Briand sont conservées aux archives départementales de Maine-et-Loire. En 1539, Guyon Briand déclare à la sénéchaussée d'Angers "tenir son lieu de Brez composé de maisons jardins pré étang taillys et d'un petit fief appellé les Coypellières, plus deux métairies, scavoir la métairie de Brez et celle de la Tuellerie et la closerie de la Louise avec les moulins de Bressac ruyners assis sur la rivière la Mayne, le tout en la paroisse de Ménil". Situé en amont près du château de Magnanne, le moulin de Bressac qui dépendait de Braye figure encore sur le plan cadastral de 1833 ; il a été détruit probablement lors de l'aménagement du chemin de halage. En 1547, un hommage est rendu au seigneur de Ménil pour la "maison seigneuriale court et manoir dudit lieu de Brez".

Le logis actuel, vraisemblablement datable de la 2e moitié du XVe siècle pour l'essentiel, est peut-être commandité par Pierre Briand, qui rend aveu pour la Grenonnière en 1463. La chapelle du manoir, dédiée à Saint-Christophe, est quant à elle présentée en 1481 par Lancelot Briand : il est tentant de voir cette date comme un terminus ante quem, même si formellement rien ne prouve qu'une chapelle n'ait pas déjà existé auparavant. Celle-ci est de nouveau citée en 1497, avec un certain Jehan Billon pour chapelain : "la chapelle de Brez fondée et située ... en notre manoir dudit lieu de Brez". Il n'en reste aujourd'hui que l'empreinte du pignon sur la façade antérieure du manoir : on y accédait sans doute par l'extérieur, tandis que la curieuse petite porte cintrée à gauche de la façade desservait une tribune attestée par les archives. La datation de la grange et de l'écurie est malaisée du fait de remaniements au XIXe siècle, mais ces éléments et la trace de baies cintrées invitent à une datation haute.

L'aile carrée abritant l'escalier du manoir, qui s'appuie sur le corps principal et vient mordre sur l'encadrement d'une fenêtre, est une adjonction postérieure à la construction, sans doute de la fin du XVe siècle ou du début du XVIe siècle. L'escalier qu'elle abrite est lui-même une réfection de la 1ère moitié du XVIIe siècle, un des planchers venant couper une fenêtre plus ancienne. Un soin particulier semble avoir été apporté au bâtiment est, remanié en appentis à une époque indéterminée : le profil de la cheminée, bien que mutilée, et la fenêtre à décor de moulures semblent dater également de la fin du XVe siècle ou du début du XVIe siècle. La forme et la fonction initiale de cette partie du logis demeurent peu compréhensibles du fait de transformations ultérieures. En 1611, Claude de Briand (on note l'apparition d'une particule dans le nom) réside en son "lieu seigneurial de Brez". En 1616, il acquiert la métairie voisine du Rideau. En 1659, René apparait comme le dernier Briand seigneur de Braye.

La "maison de maître" des Racappé

Faute d'acte précis, on ne peut que supposer les circonstances dans lesquelles la seigneurie devient propriété de la famille de Racappé, seigneurs de Magnanne et de Ménil. Après l'exécution en 1572 du félon René de la Rouvraye, dit le "diable de Bressault", son manoir de Bressault avait été confié au profit des fils aînés Racappé pour leur servir de résidence. Ainsi, alors que le patriarche René de Racappé réside à Magnanne, son fils Michel et son épouse habitent à Bressault au moins jusqu'en 1663. Peut-être le lieu est-il jugé inconfortable ou inadapté, notamment suite à la naissance d'un fils, François, en 1664 ; toujours est-il que la famille déménage pour "la maison seigneuriale de Brez" avant 1666 et y demeure jusqu'au décès de René en 1673. On peut donc vraisemblablement situer l'acquisition de Braye autour de 1665 (et non 1700 comme l'affirme l'abbé Angot). En 1671, Michel de Racappé rend hommage au roi pour le domaine de Magnanne incluant la terre et seigneurie de Braye, "pour raison de la maison principalle dudit lieu, chapelle, granges, estables, escuries, fours et coullombier à pigeons, cours environnées de douves et fossés, fief droict de présentation de chapelle, domaine, maison et mestairie dudit lieu de Brest, […] garennes à conils defanssables, jardins, caneaux, estangs, chaussées, boys de haute fustaye et taillis, chaussée et pescherie dans la rivière de Maine".

Les dernières transformations importantes du logis sont réalisées au cours du XVIIIe siècle : les larges ouvertures en arc segmentaire disposées en travées, la cheminée de style rocaille du salon et la forme de la charpente actuelle en témoignent. La demeure perd son aspect de vieux manoir pour revêtir celui d'une maison de maître, ainsi qu'on la désigne parfois dans les documents. Un aveu de 1767 cite encore la chapelle (abattue avant 1833), la fuie, la cour environnée de douves, les garennes. A cette époque, la terre de Braye incluait les métairies du Rideau, de Taigne (ancien manoir avec chapelle), de Romfort, de la Petite et de la Grande Lande, de la Petite Bucherais, de la Commillière, ainsi que les closeries de la Paunurais (?), du Buisson, de la Louisse et de la Herpinière. A partir des années 1770, Braye devient une simple exploitation agricole et fait l'objet, ainsi que les métairies qui en dépendent, de baux assortis d'intéressantes visites et montrées. L'une d'elles mentionne au rez-de-chaussée du logis une salle, un salon "à manger" et une chambre pourvue d'un cabinet donnant sur la chapelle avec tribune, deux chambres à l'étage. L'appentis et le bâtiment adossé comprennent quant à eux la cuisine, une boulangerie avec grand et petit four et "une manière d'office" au rez-de-chaussée, deux chambres à l'étage. Les dépendances incluent un "bâtiment dans lequel est l'écurie, un volaillé et un appartement à mettre des futailles à vin et cidre" avec un toit à porcs adossé, un "bâtiment servant de grange, d'étable et de chambre aux garçons", un toit aux moutons, une loge aux chartes (?), un toit aux oies et aux cannes, et une loge pour le pressoir, pour partie couverts de paille et de genêts.

La description du XVIIIe siècle se poursuit avec les jardins, dont il ne reste que de maigres vestiges : il est alors clos de murs de toutes parts, y compris du côté de la rivière. On signale également une porte de jardin - toujours visible si c'est bien elle - avec encadrement et couronnement en tufeau très altérée. Un portail est placé à l'entrée de la cour pavée. "Dans un coin du jardin […] joignant le carré d'eau et la pièce de terre, il y a une pépinière de deux cents sujets ou environ de l'âge de douze à quinze ans". On y dénombre en 1816 des noyers, des poiriers et des pommiers. Une châtaigneraie de 31 arbres dépendant du domaine est également citée. L'étang, qui ne figure pas sur le cadastre de 1833, existe aujourd'hui de nouveau. En 1851, il est question de détruire une haie bordant le chemin "sur le pré de l'étang" et d'en faire une nouvelle sur le talus de chemin ; des peupliers doivent être plantés de part et d'autre de l'allée qui mène à la demeure. Parmi les bâtiments agricoles, seul le hangar est ajouté à la fin du XIXe siècle ou au début du XXe siècle. L'ancien manoir demeure propriété des châtelains de Magnanne jusqu'au XXe siècle avant d'être vendu.

  • Période(s)
    • Principale : 2e moitié 15e siècle, limite 15e siècle 16e siècle, 1ère moitié 17e siècle, 18e siècle, 19e siècle, limite 19e siècle 20e siècle , (incertitude)

Le manoir de Braye est implanté dans la vallée de la Mayenne, à quelques dizaines de mètres seulement de la rivière. Il ne reste rien des fossés en eau cités par les documents d'archives, mais il subsiste les vestiges d'un mur de clôture. Les bâtiments sont principalement construits en moellons de schiste et de grès et couverts d'ardoise.

Le logis est construit parallèlement à la rivière, à laquelle il tourne le dos. Le corps principal, orienté au sud, est accosté de deux appentis placés contre chaque mur-pignon, tandis qu'une aile ou grosse tour carrée édifiée contre la façade postérieure abrite l'escalier. La façade principale de la demeure présente une organisation dissymétrique. Le rez-de-chaussée surélevé est accessible par un perron et une porte chanfreinée, dont l'arc cintré est très légèrement brisé. Celle-ci est surmontée d'une étroite baie chanfreinée. Deux travées de grandes fenêtres en arc segmentaire, à encadrement et agrafe saillants en tufeau, sont couronnées de lucarnes en pierre. On note la trace des encadrements d'ouvertures plus anciennes au niveau de la travée de droite. A gauche de la façade, une curieuse petite porte cintrée surélevée devait donner accès à la chapelle, dont la silhouette du pignon est dessinée par l'absence d'enduit.

Si l'appentis ouest n'offre aucun élément remarquable, l'appentis est, dont le rez-de-chaussée est au niveau du sol, présente une porte cintrée et une fenêtre en arc segmentaire. A l'étage, une grande fenêtre à encadrement harpé en tufeau possède une mouluration soignée couronnée de deux petits chapiteaux sculptés de feuillages (?). La partie haute de l'appentis, remaniée en briques et moellons et essentée d'ardoise sur l'arrière, couvre en partie une petite baie chanfreinée percée au sommet du pignon du logis. Un petit bâtiment carré couvert d'un toit à deux pans, abritant un four surmonté d'une pièce à cheminée, est adossé à l'appentis ; il présente une porte murée avec un massif linteau en bois taillé en arc segmentaire. Un petit toit à bêtes en appentis est appuyé contre le mur-pignon, du côté de la rivière.

La façade postérieure du logis présente des ouvertures disposées sans ordre : demi-croisée à encadrement mouluré, demi-croisées à encadrements chanfreinés, grande fenêtre en arc segmentaire et à agrafe saillante, demi-croisée du même style surmontée d'une lucarne semblable à celles de la façade principale. Certaines ouvertures s'inscrivent dans le contour de baies plus anciennes. L'aile en retour abritant l'escalier, couverte en bâtière, présente des petites baies chanfreinées, dont une pourvue d'un linteau à accolade ; certaines grilles ont été conservées, les autres n'ont laissé que des trous dans les linteaux et les appuis. Une porte donne accès au soubassement.

A l'intérieur, les pièces conservent leurs cheminées anciennes, à hottes proéminentes, pour certaines pourvues de consoles de forme évasée, pour d'autres à consoles à profil en quarts de rond superposés. Une cheminée de style rocaille située à l'étage possède un manteau à linteau ondulé mouluré et une hotte à pilastres ornée de fleurs et de végétaux sculptés. L'escalier à rampes droites tournant autour d'un mur noyau est en bois. Dans l'appentis est, anciennement cuisine, les vestiges d'une imposante cheminée à consoles moulurées est hotte à linteau segmentaire sont visibles : elle est signalée à l'extérieur par une imposante souche tronconique en forme de contrefort, surélevée d'un conduit en brique et ciment.

La cour, où se trouve un puits circulaire couvert, est délimitée à l'ouest par de grandes dépendances. La grange-étable se signale par des ouvertures à linteaux de bois et la trace de baies cintrées. Un jour en losange est percé au sommet du pignon. La remise écurie présente une grande porte charretière cintrée ainsi que plusieurs baies à linteaux de bois murées. Enfin, la remise est précédée par un auvent sur poteaux en bois.

  • Murs
    • schiste moellon enduit
    • grès moellon enduit
  • Toits
    ardoise
  • Étages
    sous-sol, rez-de-chaussée surélevé, 1 étage carré, étage de comble
  • Couvrements
    • charpente en bois apparente
  • Élévations extérieures
    élévation à travées
  • Couvertures
    • toit à longs pans
    • toit en bâtière
    • toit à un pan
  • Escaliers
    • escalier hors-œuvre : escalier tournant à retours sans jour en charpente
  • État de conservation
    état moyen
  • Techniques
    • sculpture
  • Représentations
    • ornement végétal, fleur, feuillage
  • Précision représentations

    Cheminée sculptée de fleurs et de feuillages.

  • Statut de la propriété
    propriété d'une personne privée

Documents d'archives

  • Archives départementales de Maine-et-Loire ; E 1830. Papiers de la famille Briand de Braye : inventaire de titres, testament, baux, notes généalogiques et copies d'aveux, 1481-XVIIIe siècle.

  • Archives départementales de la Mayenne ; E 36. Aveux et titres de la seigneurie de la Grenonnière, 1414-1755.

  • Archives départementales de la Mayenne ; 47 J 1. Fonds de la Tullaye ; aveux, baux, dénombrements et travaux concernant les biens du domaine de Magnanne et de Ménil, 1537-1851.

  • Archives départementales de la Mayenne ; 47 J 2. Fonds de la Tullaye ; travaux de réparations mineures au manoir de Braye à Ménil, 1828-1830.

  • Archives départementales de la Mayenne ; 47 J 6. Fonds de la Tullaye ; baux, visites et montrées du manoir de Braye à Ménil, 1774-1816.

  • Archives départementales de la Mayenne ; 383 J 1. Fonds de Racappé ; copies de titres et documents pour servir de preuves à l'histoire de la maison de Racappé, dits "chartrier de Racappé", vers 1888.

  • Archives départementales de la Mayenne ; 383 J 37. Fonds de Racappé ; aveux rendus au duché d'Anjou et au roi pour le fief de Ménil et ses dépendances, 1449-1740.

  • Archives départementales de la Mayenne ; 383 J 42. Fonds de Racappé ; aveux, offres de foi et hommage, contrats et autres pièces féodales concernant le fief de Ménil, 1390-1737.

  • Archives départementales de la Mayenne ; MS 80/19-2. Monographie communale de Ménil, par l'instituteur Chalmel, 1899.

Bibliographie

  • ANGOT, Alphonse (abbé). Dictionnaire historique, topographique et biographique de la Mayenne. Laval : Goupil, 1902.

  • ANGOT, Alphonse. La Mayenne : sites, monuments et souvenirs du département.

  • CHAUSSIS, Gilbert. La Mayenne de village en village. Laval : Siloë, 1984-1988.

    t. 2, p. 200
  • JOUBERT, André. Histoire de Ménil et de ses seigneurs d'après des documents inédits. Paris : Librairie Emile Lechevalier, 1888.

    p. 53-55
  • JOUBERT, André. Étude sur la vie privée au XVe siècle en Anjou. Angers : Germain, 1884.

  • Le patrimoine des communes de la Mayenne. Paris : Éditions Flohic, 2002.

Documents figurés

  • Plan cadastral napoléonien de Ménil, 1833. (Archives départementales de la Mayenne ; 3 P 2745).

Date(s) d'enquête : 2022; Date(s) de rédaction : 2022
(c) Conseil départemental de la Mayenne
(c) Région Pays de la Loire - Inventaire général
Barreau Pierrick
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Chercheur auprès du Pays du Perche sarthois jusqu'en octobre 2020. Depuis novembre 2020, chercheur auprès du Conseil départemental de la Mayenne.

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