Dossier d’œuvre architecture IA53004449 | Réalisé par
Barreau Pierrick (Contributeur)
Barreau Pierrick

Chercheur auprès du Pays du Perche sarthois jusqu'en octobre 2020. Depuis novembre 2020, chercheur auprès du Conseil départemental de la Mayenne.

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  • enquête thématique départementale, rivière Mayenne
Manoir ou maison de maître, la Rivière
Œuvre étudiée
Auteur
Copyright
  • (c) Région Pays de la Loire - Inventaire général

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Mayenne - Azé
  • Commune Ménil
  • Lieu-dit la Rivière
  • Cadastre 1833 A3 669 670  ; 2022 A 1029 à 1032 1100 1622
  • Dénominations
    manoir, maison
  • Précision dénomination
    maison de maître
  • Parties constituantes non étudiées
    chapelle, dépendance, orangerie, grange, écurie, allée, parc, bassin, mur de clôture

Une résidence péri-urbaine en bord de Mayenne

Les archives de la Rivière sur lesquelles s'appuient l'historien André Joubert à la fin du XIXe siècle, repris par l'abbé Angot, ont avoir disparu. Les sources concernant l'histoire de la demeure sont donc maigres, mais le statut féodal du lieu serait attesté, à la fois par la carte de Cassini mais aussi par la mention de la "maison et seigneurie de la Rivière dite paroisse de Ménil" dans les registres paroissiaux en 1691. Une note non datée précise que "le lieu et métairie de la Rivière […] relève à foi et hommage du fief et seigneurie de la Visselle" (commune de Sougé, Loir-et-Cher ?) dont on ne sait rien. Néanmoins, la typologie de l'édifice le rapproche bien plus des maisons de maître ou maisons de campagne rencontrées fréquemment en périphérie de Laval ou de Château-Gontier sur les bords de Mayenne, avec un logis pour l'agrément du propriétaire, aristocrate ou bourgeois qui réside pour l'essentiel en ville, doublé d'un domaine agricole et d'un logement pour le métayer qui l'exploite à l'année. L'adjonction de constructions aux XIXe et XXe siècles confère à l'ensemble sa silhouette actuelle de "château".

Selon les écrits d'André Joubert et de l'abbé Angot, les premières mentions de la Rivière sont tardives : en 1545, la Rivière serait propriété de Jean Hardy, curé de Ménil et prieur de Daon. En 1558, Pierre du Moulinet vend à Marie d'Ahuillé le "lieu, domaine, métairie, appartenances et dépendances de la Rivière, paroisse de Ménil, composé de maisons, grange, jardins, prés, pâtures et quarante journaux de terre labourable". En 1604, c'est Jean d'Héliand qui cède la Rivière à Jean de la Barre, lequel revend en 1639 pour 5 500 livres à Françoise le Recoquillé avec le consentement de Jean Allaire, son gendre, sieur du Plessis-Pezard (paroisse de Longuefuye) et avocat à l'élection de Château-Gontier. Jean Allaire augmente le domaine de plusieurs quartiers de vigne autour de 1650. Sa veuve Marie figure comme les autres héritiers le Recoquillé au partage des biens familiaux en 1668 où est citée "la métairie de la Rivière circonstances et dépendances d'icelle size au vilage et parroisse de Mesnil près de Chastaugontier estimée par le susdit partage à la somme de 8 750 livres".

La famille Allaire, qui réside principalement à Château-Gontier où elle exerce dans la magistrature, façonne le domaine de la Rivière pour en faire une résidence de plaisance. Plusieurs documents témoignent de la bénédiction de la chapelle Saint-Alexis de la Rivière, construite par le fils de Jean Allaire, Alexis Allaire, greffier, "bourgeois de Château-Gontier" comme il s'intitule parfois lui-même : "Sous le règne de Louis-le-Grand l'épiscopat d'Henry Arnault, Alexis Allaire seigneur de ce lieu et Marguerite de la Barre son épouse firent bâtir cette chapelle. Maître Noël Jarry curé de cette paroisse la bénit et dédia à saint Alexis par ordre de Monseigneur évêque le 17 mars 1691 le saint Siège vacant par la mort d'Alexandre VIII". La cloche nommée Marguerite (classée Monument historique en 1942) est bénite l'année précédente comme l'atteste sa dédicace. Il semble probable que la demeure actuelle, qui correspond au logis à trois travées couvert d'un haut toit à croupes, ait été édifiée à la même période. Cette datation est confortée par la forme de la toiture et les décors de l'ancienne porte d'entrée, pilastres et fronton triangulaire (supprimés). Elle est également plausible pour la chapelle ainsi que pour la petite tour d'angle des communs, même si on peut se demander se demander si la datation des ces édicules, peut-être postés aux angles d'une cour close plus ancienne, ne pourrait pas être encore reculée. Quant à l'orangerie, elle pourrait remonter au XVIIIe siècle d'après les encadrements cintrés en briques de petit module.

  

Les agrandissements de l'époque contemporaine

L'héritière de la famille Allaire, Françoise, épouse successivement René Richard de la Noirie, puis Jean Cadock, seigneur de Beaumanoir, tous deux magistrats à l'élection et au présidial de Château-Gontier. En 1794, Françoise-Angélique Richard de la Noirie, fille du premier mariage, lègue aux enfants Cadock dans son testament la maison et la métairie de la Rivière. Le modeste fonds Allaire conservé aux Archives départementales de la Mayenne ne livre qu'une succincte description de la Rivière datée de 1787. On y reconnaît la maison de maître et la métairie, exploitée par un certain Pierre Roullière : "un corps de logis composé de salle basse à cheminée, cuisine, esvier, une cave soubz ladite salle, deux chambres hautes sur lesdites salle et cuisine, cheminées un cabinet latrines grenier au-dessus le tout couvert d'ardoise escallier pour l'exploitation de ladite maison, un petit pavillon servant d'escurie grenier au-dessus couvert d'ardoise, autre maison pour le logement du mestaier composée de trois chambres basses celier greniers à un des bouts, autre maison servant de grange grenier, et plus bas autres maisons l'une où est un pressouer et les autres estables à bestiaux et petit grenier le tout aussi couvert d'ardoise, une cour enclose desdites maisons et murs, issues, estrages au-devant de l'entrée contenant un journau ou environ, un jardin contenant cent cordes ou environ au dessoubz des dites maisons et cour, un verger contenant vingt cordes ou environ à un des bouts du dit jardin, un vivier ou réservoir proche lesdits jardin et verger".

On retrouve en partie ces dispositions sur le plan cadastral levé en 1833, date à laquelle la Rivière appartient à la veuve Cadock. Le logis à trois travées, la chapelle et l'orangerie y figurent, ainsi qu'une partie des bâtiments de la métairie distribués autour d'une cour, mais aussi d'autres dépendances disparues. Les jardins, verger, allées, mare et étang y sont également signalés. D'après le registre des matrices cadastrales, c'est à Jean-Casimir Cadock, capitaine de son état, que l'on doit l'agrandissement du logis en 1846 par l'adjonction d'un pavillon à deux travées accolé à l'ouest (inscription au registre en 1849) ; la métairie fait également l'objet d'importantes modifications : certains bâtiments sont démolis car probablement jugés trop proches de la maison, un nouveau logis pour le fermier et de nouveaux bâtiments sont construits plus au sud (une cheminée porterait la date 1831). A la même époque, Jean-Casimir Cadock fait entièrement reconstruire une autre résidence de campagne en bord de Mayenne, le château de Neuville situé au nord de Château-Gontier, dans un style plus homogène. L'architecte (ou les architectes) auquel il fait appel pour les travaux de ses propriétés n'est pas connu. La fonction de plaisance de la Rivière est confirmée par l'aménagement, en 1854, d'une "gare" pour un bateau de loisir dans une échancrure de la rive, qui semble figurer sur une des gravures du milieu du XIXe siècle ; on y lit également le soin apporté aux jardins qui entourent la demeure, clos par un mur d'où une porte donne accès à une prairie baignée par la Mayenne.

Les biens de Casimir Cadock sont partagés entre ses deux filles et c'est la cadette, Adèle ou Adélaïde, et son époux René-Henri Déan de Luigné qui héritent de la Rivière. Leur fils Charles (1783-1873), est cité dans les travaux d'André Joubert comme érudit et amateur d'art ; il aurait fait restaurer la chapelle de la Rivière. L'arrière-petite-fille de Charles Déan de Luigné, Alice Tresvaux du Fraval, et son époux André Floucaud de Fourcroy, lieutenant-colonel versaillais, héritent de la Rivière au début du XXe siècle. On leur doit probablement l'agrandissement du logis par des constructions adossées dans le 1er quart du XXe siècle ; les matériaux auraient été acheminés par la Mayenne, d'après une facture malheureusement non datée. La façade principale du logis est remaniée dès le milieu du XXe siècle par le percement des baies en bandeau à l'étage. Les façades, charpentes et toitures font l'objet d'une importante remise en état au début du XXIe siècle ; le logis initial est réorganisé avec trois travées, la chapelle est pourvue de nouvelles baies, tandis que les autres façades conservent leurs dispositions. L'intérieur est entièrement modifié. Les anciens jardins, avec potager, buis et portillon donnant sur la Mayenne, sont remplacés par des pelouses.

  • Période(s)
    • Principale : 4e quart 17e siècle, 18e siècle, 19e siècle, 1er quart 20e siècle
    • Secondaire : 1er quart 21e siècle
  • Dates
    • 1691, daté par travaux historiques

Le logis, orienté au sud est construit perpendiculairement à la Mayenne dont il est séparé par une prairie. Le bâtiment principal, à trois travées, est coiffé d'une haute toiture à longs pans et à croupes. Un pavillon à deux travées formant retour à l'ouest est accolé. La chapelle, petit bâtiment presque carré coiffé d'une toiture très effilée surmontée d'un clocheton y est adossé. La façade postérieure du logis présente une aile à étage coiffée d'un toit brisé ainsi qu'un appentis. Les toitures sont ajourées de lucarnes en pierre de taille au profil mouluré ; la plupart des fenêtres disposent d'appuis moulurés mais ont perdu leurs agrafes.

Les communs sont disposés au sud de la demeure. Ils sont encadrés par une petite tour carrée de gabarit similaire à celui de la chapelle et une petite tour circulaire abritant les toilettes. On note la présence sur une grange ou remise d'une lucarne gerbière en bois ; le bâtiment en retour, qui abritait un four peut-être habité, présente des frontons au-dessus des ouvertures destinés à en écarter le ruissellement des eaux de pluie. L'espace de l'ancien jardin potager, transformé en prairie, est en partie délimité par un mur de clôture sur lequel s'appuie l'orangerie, à toit à un pan et grandes baies cintrées à encadrements de briques. Un bassin est également visible. On accède à la propriété par une allée plantée de platanes.

  • Murs
    • pierre moellon enduit
  • Toits
    ardoise
  • Étages
    sous-sol, rez-de-chaussée, 1 étage carré
  • Couvrements
    • charpente en bois apparente
  • Élévations extérieures
    élévation à travées
  • Couvertures
    • toit à longs pans croupe
    • toit à longs pans brisés croupe brisée
  • État de conservation
    remanié
  • Statut de la propriété
    propriété d'une personne privée
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Documents d'archives

  • Archives départementales de la Mayenne ; E dépôt 111/E3. Bénédiction de la chapelle Saint-Alexis de la Rivière, 17 mars 1691.

  • Archives départementales de la Mayenne ; 56 J 1. Fonds Allaire ; partage de biens incluant la Rivière à Ménil, 1787.

  • Archives départementales de la Mayenne ; 108 J 146. Famille Le Recoquillé, partage de la Rivière à Ménil, 1668.

  • Archives départementales de la Mayenne ; MS 80/19-2. Monographie communale de Ménil, par l'instituteur Chalmel, 1899.

  • Archives départementales de la Mayenne ; 3 P 260, 631, 1557. Matrices cadastrales, registres des augmentations et diminutions de construction de la commune de Ménil, XIXe-XXe siècles.

  • Archives départementales de la Mayenne ; S 515. Autorisation d'une gare à bateau sur la Mayenne à la demeure de la rivière à Ménil, 1854.

  • Archives privées. Chronique de l'église de Ménil (copie), 1835.

Bibliographie

  • ANGOT, Alphonse (abbé). Dictionnaire historique, topographique et biographique de la Mayenne. Laval : Goupil, 1902.

  • ANGOT, Alphonse-Victor (abbé). Épigraphie de la Mayenne. Laval : A. Goupil, 1907.

  • JOUBERT, André. Histoire de Ménil et de ses seigneurs d'après des documents inédits. Paris : Librairie Emile Lechevalier, 1888.

    p. 62-65
  • Le patrimoine des communes de la Mayenne. Paris : Éditions Flohic, 2002.

Documents figurés

  • Plan cadastral napoléonien de Ménil, 1833. (Archives départementales de la Mayenne ; 3 P 2745).

Date(s) d'enquête : 2022; Date(s) de rédaction : 2022
(c) Conseil départemental de la Mayenne
(c) Région Pays de la Loire - Inventaire général
Barreau Pierrick
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Chercheur auprès du Pays du Perche sarthois jusqu'en octobre 2020. Depuis novembre 2020, chercheur auprès du Conseil départemental de la Mayenne.

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