Dossier d’œuvre architecture IA53004428 | Réalisé par
Barreau Pierrick (Contributeur)
Barreau Pierrick

Chercheur auprès du Pays du Perche sarthois jusqu'en octobre 2020. Depuis novembre 2020, chercheur auprès du Conseil départemental de la Mayenne.

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  • enquête thématique départementale, rivière Mayenne
Maison de maître dite manoir, la Coudre
Œuvre étudiée
Auteur
Copyright
  • (c) Région Pays de la Loire - Inventaire général

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Mayenne - Saint-Berthevin
  • Commune Changé
  • Lieu-dit la Coudre
  • Cadastre 1814 D3 128  ; 2021 AH 38 48
  • Dénominations
    maison
  • Précision dénomination
    maison de maître
  • Destinations
    ferme
  • Parties constituantes non étudiées
    grange, écurie, étable, four, cour, terrasse en terre-plein

L'archéologie a récemment révélé la présence d'un habitat protohistorique sur le plateau de la Coudre. En revanche, aucun document d'archive ne vient éclairer les origines de cette demeure, communément nommée manoir bien que rien n'atteste véritablement d'un statut noble sous l'Ancien Régime. D'après l'abbé Angot et un aveu de 1730, l'existence d'un fief mouvant de Saint-Ouën-des-Toits, propriété du comté de Laval, serait attestée, mais le terme "fief" s'y trouve bien souvent galvaudé. L'instituteur communal Rossignol, dans sa monographie de 1899, préfère parler de "maison de campagne" ou de "gentilhommière". Les documents conservés relatifs à l'histoire de la Coudre sont postérieurs à sa transformation en métairie et closerie. On ne sait donc rien des familles qui en commanditèrent la construction et le possédèrent par la suite. L'intérêt stratégique du site, un éperon rocheux dominant la Mayenne, près de la ville de Laval, laisse penser qu'il put être convoité très tôt.

Une campagne de dendrochronologie menée pendant l'inventaire a permis de mieux comprendre les différentes étapes de la construction du bâtiment. Une première étape voit la construction du corps ouest, daté par le plancher du premier étage des années 1478-1491. Le corps en retour est mis en œuvre peu après, les planchers étant datés des années 1490-1494. Les maçonneries du pignon nord indiquent que le corps ouest est surélevé à la même occasion. Le bâtiment est alors desservi par un escalier à vis logé dans-œuvre, aujourd'hui remplacé par un escalier moderne inscrit dans la cage primitive. L'escalier hors-œuvre, dans la tour, a pu être daté quant à lui des années 1642-1672 : cette transformation pourrait correspondre, selon toute vraisemblance, à la division du bâtiment en deux logis.

Les archives ne viennent documenter la Coudre qu'à partir du XVIIIe siècle. En 1725, la propriété est vendue par Françoise Dubois-Béranger à Jean Lemoyne, sieur de la Rousselière. L'année suivante, une montrée, dans laquelle on peine à reconnaître le manoir actuel, insiste sur la vétusté des lieux : on y distingue "la maison du maistre" de la "maison du collon" (probablement détruite), chacune avec leurs dépendances agricoles. La maison du maître semble correspondre au manoir avec ses deux escaliers distincts menant à deux chambres hautes ; il y est également fait état d'une petite galerie proche d'une des chambres et d'une latrine, aujourd'hui disparue. La maison est alors entourée d'un jardin clos et d'un verger. Les modifications datables du XVIIIe siècle sont probablement postérieures à cette montrée, à laquelle assistent le maçon François Vallée et le couvreur Julien Desson : percement de deux grandes fenêtres et reconstruction du mur-pignon sud, avec utilisation de calcaire marbrier rose de Saint-Berthevin, réfection de la charpente et de la couverture, et sans doute aménagement de la terrasse pour profiter du paysage.

Une saisie partielle en 1768 fournit une nouvelle description, plus complexe encore, où s'entremêlent les bâtiments de la métairie et de la closerie. On y retrouve deux maisons, dont la maison de maître alors divisée en deux propriétés, avec salles à cheminées au rez-de-chaussée, chambres avec et sans cheminée à l'étage, greniers sur le tout. L'environnement comprend plusieurs jardins dont un "grand jardin" et un potager clos de murs, un verger, un étang, des dépendances agricoles, une loge abritant un pressoir à faire cidre, "une petite salle façon de pavillon dans laquelle il y a une cheminée".

A la Révolution, la métairie et la closerie de la Coudre sont saisies sur Anne Gaultier de la Villaudray qui les avait acquises en 1785, et baillées à des fermiers. Les bâtiments de ferme sont complétés par de nouvelles constructions dans la 2e moitié du XIXe siècle. Le manoir est restauré de 1990 à 2000 par l'architecte Jacques-Henri Bouflet. Le sommet de la tour d'escalier, alors tronqué, est restitué lors des travaux.

  • Période(s)
    • Principale : 4e quart 15e siècle, milieu 17e siècle, 18e siècle, 2e moitié 19e siècle , datation par dendrochronologie
    • Secondaire : 4e quart 20e siècle

Les bâtiments sont implantés au sommet d'un éperon rocheux dominant la rivière Mayenne, dit le Saut-Gautier, lequel a été entamé par l'aménagement de la route de Laval à Changé au XIXe siècle. Le logis présente un plan en L et une maçonnerie en schiste, avec des encadrements d'ouvertures pour l'essentiel en granite.

Le corps principal, de plan rectangulaire, est orienté au sud-est et au nord-ouest, soit perpendiculaire à la Mayenne. Le niveau inférieur est semi-enterré et correspond à deux caves dont un angle a été creusé dans le rocher. Une tour semi-circulaire, coiffée d'une poivrière et abritant un escalier à vis en bois, est accolée au centre de la façade nord-ouest. Le soubassement présente la trace de plusieurs arcs de décharge cintrés qui correspondent peut-être à l'emplacement d'anciennes baies. Au niveau supérieur, le pignon nord-est, dont la maçonnerie présente une trace de surélévation, est percé d'une fenêtre chanfreinée. Le mur nord-ouest est ajouré d'une haute et étroite baie à accolade, dont l'encadrement est probablement remonté, et d'une grande fenêtre à encadrement en blocs de calcaire rose de Saint-Berthevin : une fenêtre identique est visible sur la façade opposée. On retrouve la même pierre employée pour la reconstruction du pignon sud-ouest, où sont toujours présents les trous de boulins où prenait place l'échafaudage.

Le corps en retour, de plan approximativement carré, présente un décalage de niveau d'environ un mètre. Les façades en gouttereau présentent des ouvertures chanfreinées, dont une porte à accolade et une baie toujours pourvue d'une grille, tandis que le pignon est aveugle. L'escalier à vis dans-œuvre, placé dans l'angle à la jonction avec le corps rectangulaire, a été remplacé, mais il subsiste son empreinte circulaire dans la maçonnerie. La pièce du rez-de-chaussée et celle de l'étage conservent leurs cheminées en granite. Celle du rez-de-chaussée, homogène, présente des piédroits à gros chanfreins et congés et des consoles à ressauts en quart-de-rond. La hotte, massive, est rectangulaire avec un arc de décharge cintré. Le four dont seul la bouche subsiste aujourd'hui a été démoli. La cheminée de la chambre présente des piédroits semi-cylindriques, tandis que les consoles sont différentes et probablement remployées : celle de gauche présente un motif en dents-de-scie formant un W.

La façade surplombant la Mayenne est précédée d'une terrasse avec un mur de clôture maçonné, accessible par un escalier. Elle se poursuit vers l'ouest par une charmille. Des dépendances aux abords immédiats du manoir ne subsiste qu'une ancienne bergerie réhabilitée en pièces d'habitation. Les bâtiments de ferme situés plus au sud comprennent des granges-étables et écuries, ainsi que les vestiges d'un four à pain. Le logement qui y était associé a été démoli.

  • Murs
    • schiste moellon
  • Toits
    ardoise
  • Étages
    étage de soubassement, rez-de-chaussée, étage de comble
  • Couvrements
    • charpente en bois apparente
  • Couvertures
    • toit à longs pans
    • toit conique
  • Escaliers
    • escalier hors-œuvre : escalier en vis sans jour en charpente
  • État de conservation
    restauré
  • Techniques
    • sculpture
  • Représentations
    • ornement géométrique, dent de scie
  • Précision représentations

    Motifs de dents-de-scie sur une console de cheminée.

  • Statut de la propriété
    propriété d'une personne privée

Documents d'archives

  • Archives départementales de la Mayenne ; B 1161. Offre d'Ambroise Le Clerc, sieur de Gémarcé, curateur de Marie-Anne Lemoyne, de faire foi et hommage au duc de La Trémoille, seigneur de Saint-Ouën-des-Toits, pour la terre de la Coudre, à Changé, 1730.

  • Archives départementales de la Mayenne ; B 1202. Saisie et mise en vente judiciaire, à la requête d'Étienne Le Tourneurs du Teilleul, de la métairie noble de la Coudre, en Changé, appartenant à Joseph Duchemin, sieur d'Auvais, 1730.

  • Archives départementales de la Mayenne ; B 1249. Saisie réelle de la métairie de la Coudre à Changé, 1768.

  • Archives départementales de la Mayenne ; 3 E 2/684. Vente de la Coudre à Changé par Françoise Dubois-Béranger à Jean Lemoyne sieur de la Rousselière, 21 novembre 1725.

  • Archives départementales de la Mayenne ; 3 E 25/227. Montrée du lieu de la Coudre à Changé, 1726.

  • Archives départementales de la Mayenne ; 321 J 97. Fonds Jacques-Henri Bouflet architecte, restauration du manoir de la Coudre à Changé, 1990-2000.

  • Archives départementales de la Mayenne ; Q 643 et 644. Baux de biens nationaux saisis dans le district de Laval, 1791-1793.

  • Archives départementales de la Mayenne ; MS 80/5-2. Monographie communale de Changé, par l'instituteur Rossignol, 1899.

Bibliographie

  • ANGOT, Alphonse (abbé). Dictionnaire historique, topographique et biographique de la Mayenne. Laval : Goupil, 1902.

  • BOUFLET, Bertrand, BOUFLET, Jacques-Henri, VILLEROUX, Nicole. Châteaux et manoirs en Mayenne. Laval : Siloë, 1987.

    p. 43-46
  • DAVOUST, Louis. Changé, dix siècles d'histoire. Siloë, 1995.

    p. 32
  • DENDROTECH. Rapport d'étude dendrochronologique, la Coudre à Changé, 2022.

  • GUEDON, Isidore. Laval et ses environs, guide de l'étranger, 1897.

    p. 182
  • GUILLER, Louis. Recherches sur Changé-les-Laval. Laval : S. Chailland, 1882, 1883, 1885.

  • Le patrimoine des communes de la Mayenne. Paris : Éditions Flohic, 2002.

Documents figurés

  • Collection de cartes postales anciennes des communes de la Mayenne. (Archives départementales de la Mayenne ; 5 Fi).

  • Carnets Félix Désille, dessins du manoir de la Coudre à Changé et d'une de ses cheminées, 1ère moitié XXe siècle. (Archives départementales de la Mayenne ; 191 J 1).

  • Plans de restauration du manoir de la Coudre à Changé, par Jacques-Henri Bouflet architecte, 1990. (Archives départementales de la Mayenne ; 321 J 97).

  • Plan cadastral napoléonien de Changé, 1814. (Archives départementales de la Mayenne ; 3 P 2651).

  • Tableau du manoir de la Coudre surplombant la Mayenne, par Frédéric Chauveau, début du XXe siècle. (Collection particulière).

Date(s) d'enquête : 2021; Date(s) de rédaction : 2021
(c) Conseil départemental de la Mayenne
(c) Région Pays de la Loire - Inventaire général
Barreau Pierrick
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Chercheur auprès du Pays du Perche sarthois jusqu'en octobre 2020. Depuis novembre 2020, chercheur auprès du Conseil départemental de la Mayenne.

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