Dossier d’œuvre architecture IA53004419 | Réalisé par
Barreau Pierrick (Contributeur)
Barreau Pierrick

Chercheur auprès du Pays du Perche sarthois jusqu'en octobre 2020. Depuis novembre 2020, chercheur auprès du Conseil départemental de la Mayenne.

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  • enquête thématique départementale, rivière Mayenne
Demeure dite château, la Juvaudière
Œuvre étudiée
Auteur
Copyright
  • (c) Région Pays de la Loire - Inventaire général

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Mayenne - Bonchamps-lès-Laval
  • Commune Sacé
  • Lieu-dit la Juvaudière
  • Cadastre 1828 A1 250 251  ; 2021 A 9 13
  • Dénominations
    demeure
  • Parties constituantes non étudiées
    dépendance, parc

L'abbé Angot relève la mention isolée d'un certain Gaufridus de Juvauderia, en 1194. La seigneurie de la Juvaudière, qu'on trouve aussi orthographiée Gevaudière ou Chevaudière, n'est véritablement attestée qu'à partir du milieu du XVe siècle, par quelques copies de documents : elle appartenait à la famille des Vaux qui y possédait un manoir. L'abbé Angot tire d'une archive de 1619, non retrouvée, la description suivante : "maison seigneuriale, enclose de murailles, cours, jardins, verger, bois de haute futaye, estang et colombier". Il aurait subsisté jusqu'au XVIIIe siècle, à gauche du manoir, les ruines d'un logis plus ancien : on relève à cet emplacement une parcelle quadrangulaire, signalant peut-être une plateforme fossoyée, à moins qu'il ne s'agisse simplement de l'empreinte d'un potager. Le plan cadastral napoléonien de 1828 figure quatre corps de bâtiments autour d'une cour dont les proportions n'ont guère changé. Les dépendances pourraient conserver certains éléments anciens.

La Juvaudière appartient brièvement, à la fin du XVIe siècle, à René Le Vayer, seigneur de Montguerré et maître des eaux et forêts du duché de Mayenne, qui s'en rend acquéreur avant de le céder en 1582 à Guyonne d'Orange, dame de la Feuillée. Le domaine, et notamment deux étangs signalés sur la carte de Jaillot de 1706, fait l'objet de plusieurs litiges, car situé à cheval à la limite du duché de Mayenne et du comté de Laval. En 1669, Eléonore du Bellay, dame de la Feuillée, rend hommage au duché de Mayenne "pour sa terre, fief et seigneurie de la Juvaudière, avec ses circonstances et deppendances, tant en fiefs, hommes, debvoirs que dommaines et moulins". Au XVIIIe siècle, Davelu mentionne le "château dit de la Juvaudière" à Sacé. Selon l'abbé Angot, la propriété est vendue en 1782 à Jean de la Haie de Bellegonde. Son gendre Jean-François de Hercé, maire de Laval puis évêque de Nantes, laisse la Juvaudière à sa fille unique Marie-Lucie, épouse de Guillaume-François d'Ozouville-Trémignon. La famille d'Ozouville demeure par la suite propriétaire du domaine.

Bien que résidant principalement à Laval, Henri-Marie-René d'Ozouville (1833-1892) et son épouse Pauline de l'Estourbeillon décident de reconstruire le vieux manoir de la Juvaudière. Les matrices cadastrales ont enregistré au nom d'Henri la démolition d'une maison en 1871 puis la construction d'un château neuf en 1872. Selon l'abbé Angot toutefois, c'est sa sœur Isabelle d'Ozouville, épouse de Joseph-Charles de Crozé, qui aurait conçu la demeure, qui s'inspire de certains châteaux du XVe siècle comme peut-être le Clos-Lucé à Amboise. La tradition veut que le bâtiment construit ne soit qu'une aile de l'édifice projeté. L'inachèvement du projet global semble manifeste du fait de la conservation de modestes dépendances, en lieu et place d'écuries modernes dont le château aurait pu être doté. En parallèle, la famille d'Ozouville fait remanier les fermes des Brosses et du Tertre, dépendant de la Juvaudière.

  • Période(s)
    • Principale : 3e quart 19e siècle

Posté sur le rebord du coteau, le château domine la vallée de la Mayenne et le ruisseau du Corbinu ou Corbineul qui s'écoulent au nord ; la vue sur la Mayenne est aujourd'hui entravée par la végétation, notamment une vaste peupleraie. Une courte allée dessert la cour bordée de modestes dépendances.

La demeure, orientée vers la cour au sud, présente un plan en L sur lequel se greffe côté nord un pavillon rectangulaire. Elle est construite en moellons enduits, à l'exception du soubassement en pierre de taille de granite et des tourelles qui sont en briques ; les encadrements d'ouvertures et les chaînages d'angles harpés ainsi que les décors sculptés sont en pierre de taille calcaire. La façade principale compte trois travées, les fenêtres à meneaux et traverses présentent des larmiers et les lucarnes passantes sont ornées de gables ajourés de trilobes. Deux tourelles polygonales, posées sur des culs-de-lampe moulurés et coiffées de flèches, encadrent le pignon est ; la troisième est placée dans l'angle rentrant au-dessus de la porte d'entrée. Cette dernière, en anse de panier, est placée au sommet d'un perron et ornée d'un larmier sur lequel sont sculptées les armoiries d'Ozouville (de gueules au pal d'argent accompagné de six losanges de même) et de l'Estourbeillon (d'argent au griffon de sable armé et lampassé de gueules). Les pignons du château sont découverts et surmontés de fleurons. Le pavillon est coiffé d'un toit pentu sommé d'épis de faîtage en zinc.

Tourelles, croisées, lucarnes, larmiers, trilobes renvoient au vocabulaire architectural de la fin du Moyen Age. La Juvaudière apparaît comme "le plus néogothique" des châteaux bordant la Mayenne sur le territoire départemental. Les autres châteaux recensés dans l'étude ne font guère appel à ce style, sauf pour quelques éléments ponctuels du décor, lui préférant le néo-Renaissance ou le néo-classique.

  • Murs
    • pierre moellon enduit
    • brique et pierre
  • Toits
    ardoise
  • Étages
    sous-sol, rez-de-chaussée surélevé, 1 étage carré, étage en surcroît
  • Couvrements
    • charpente en bois apparente
  • Élévations extérieures
    élévation à travées
  • Couvertures
    • toit à longs pans pignon découvert
    • toit conique
  • Escaliers
    • escalier de distribution extérieur : escalier droit en maçonnerie
  • État de conservation
    bon état
  • Techniques
    • sculpture
  • Représentations
    • armoiries
  • Précision représentations

    Armoiries sculptées au-dessus de la porte principale.

  • Statut de la propriété
    propriété d'une personne privée
Image non communicable
Image non communicable
Image non communicable

Documents d'archives

  • Archives départementales de la Mayenne ; 378 J 91. Papiers de la famille d’Elva, fief de la Juvaudière à Sacé, XVe-XVIIIe siècles.

  • Archives départementales de la Mayenne ; 411 J 5. Table générale de la seigneurie de la Cour de Sacé-Ouvrain, incluant la Juvaudière à Sacé, XVIIIe siècle.

  • Archives départementales de la Mayenne ; 3 P 334, 668, 1603. Matrices cadastrales, registres des augmentations et diminutions de construction de la commune de Sacé, XIXe-XXe siècles.

Bibliographie

  • ANGOT, Alphonse (abbé). Dictionnaire historique, topographique et biographique de la Mayenne. Laval : Goupil, 1902.

  • ANGOT, Alphonse. La Mayenne : sites, monuments et souvenirs du département.

  • DAVELU, Pierre-François. Répertoire topographique et historique du Maine. [Ouvrage manuscrit]. 1766-1774

  • DENIS, Michel. Les royalistes de la Mayenne et le monde moderne (XIXe-XXe siècles). Paris : C. Klincksieck, 1977.

    p. 355
  • GROSSE-DUPERON, Albert. Le duché de Mayenne, aveu du 11 avril 1669. Mayenne : Poirier Frères, 1904.

    P. 18, 119
  • Le patrimoine des communes de la Mayenne. Paris : Éditions Flohic, 2002.

Périodiques

  • DELEPINE, E. "Sacé autrefois et aujourd’hui". Bulletin de la Commission historique et archéologique de la Mayenne, t. 12, 1896.

    P. 383, 397

Documents figurés

  • Collection de cartes postales anciennes des communes de la Mayenne. (Archives départementales de la Mayenne ; 5 Fi).

  • Plan cadastral napoléonien de Sacé, 1828. (Archives départementales de la Mayenne ; 3 P 2786).

Date(s) d'enquête : 2021; Date(s) de rédaction : 2021
(c) Conseil départemental de la Mayenne
(c) Région Pays de la Loire - Inventaire général
Barreau Pierrick
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Chercheur auprès du Pays du Perche sarthois jusqu'en octobre 2020. Depuis novembre 2020, chercheur auprès du Conseil départemental de la Mayenne.

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