Dossier d’œuvre architecture IA53004411 | Réalisé par
Barreau Pierrick (Contributeur)
Barreau Pierrick

Chercheur auprès du Pays du Perche sarthois jusqu'en octobre 2020. Depuis novembre 2020, chercheur auprès du Conseil départemental de la Mayenne.

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  • enquête thématique départementale, rivière Mayenne
Prieuré Saint-Jean de Berne, puis usines et logements ouvriers, 111 à 153 rue Saint-Jean-de-Berne
Œuvre étudiée
Auteur
Copyright
  • (c) Région Pays de la Loire - Inventaire général

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Mayenne - Mayenne Ouest
  • Commune Mayenne
  • Lieu-dit Berne
  • Adresse 111 à 153 rue Saint-Jean-de-Berne
  • Cadastre 1819 B1 bis 113-114  ; 2021 BD 189 à 195, 365
  • Précisions anciennement commune de Saint-Baudelle
  • Dénominations
    prieuré
  • Vocables
    Saint-Jean
  • Destinations
    filature, entrepôt industriel, briqueterie, cidrerie

Le prieuré Saint-Jean de Berne, établi sur la paroisse de Saint-Baudelle avant le rattachement d'une portion de celle-ci à la commune de Mayenne (1904), dépendait de l'abbaye d'Évron. L'abbé Gérault en attribue la fondation à saint Aldric au IXe siècle, ce que réfute l'abbé Angot : celui-ci en relève la première mention en 1189 dans le cartulaire d'Évron, mais ne trouve aucune trace de la fondation de l'établissement, probablement à l'initiative des seigneurs de Mayenne. En 1209 en effet, Juhel de Mayenne confirmait les donations de ses prédécesseurs au prieuré et établissait un étang au bénéfice des moines. On sait peu de choses de la période faste du prieuré : il possédait le moulin de la Valette, la métairie de Moussard et la closerie de la Chevalerie. Les prieurés de Moulay et de Cigné lui étaient annexés. Il devait s'agir, à l'origine, d'un établissement assez important, avec sa propre église et des bâtiments conventuels répartis autour d'une cour carrée. L'existence d'un cloître n'est pas attestée.

Le prieuré est dévasté pendant les guerres de Religion et ses quatre moines s'enfuient à Évron pour ne plus revenir. L'édifice est dit ruiné dans les années 1570 : "ès lieux où estoit édiffié le temple dudit Berne qui sont à présent entièrement desmoliz, et n'y a aucunes cloches, ne portes". Angot relève dans son Épigraphie de la Mayenne une inscription sur la charpente de l'église, indiquant que le prieur Nicolas Hayrie l'avait faite réparer en avril 1585. Une description sommaire de la fin du XVIIIe siècle, retranscrite en 1899 par l'instituteur de Saint-Baudelle, indique que les bâtiments consistent : "dans l'église dudit prieuré desservie par un chapelain [suit la description du mobilier très ancien et usé], les bastimens du dit prieuré occupés par le fermier d'icelluy avec les bastimens pour les bestiaux, renfermés d'une cour close de murs, le tout très ancien ; de la retenue desquels bastimens il y a douze arpens de terre labourable […] et six arpens en pré avec un bouquet de bois futaies d'environ trois arpens".

Le prieuré est saisi à la Révolution et vendu comme bien national avec la métairie de Moussard le 18 février 1791. C'est le fermier Jacques-Marie Paumard, demeurant à Sainte-Gemmes-le-Robert, qui rachète les bâtiments et terres du prieuré. A la levée du cadastre napoléonien en 1819, ils appartiennent au laboureur Foucher. Comme l'écrit Grosse-Duperon en 1909, "les dépendances de Berne donnent maintenant asile à un closier et à une colonie d'ouvriers. Ses propriétaires y ont taillé depuis la Révolution, sans souci de la distribution d'autrefois, de nombreux logements, et la maison du prieur, le bâtiment des moines, la chapelle même échappée à la pioche ont subi une transformation complète". Les matrices cadastrales peuvent témoigner des diverses affectations qu'ont connu les bâtiments : filature avant 1854, peut-être entrepôts pour un marchand d'ardoise, puis briqueterie à partir de 1878. En 1884, l'ancienne fabrique est partiellement reconstruite et transformée en trois habitations par un certain François Laigre, négociant à Mayenne ; d'autres maisons destinées à des ouvriers seront aménagées par la suite. Une cidrerie s'implante sur le site dans les années 1920 et ferme ses portes en 2008.

Angot indique que dans les années 1900, il ne demeurait d'intéressant qu'une tour d'escalier à pan coupés, qui prenait place contre la façade du bâtiment en pignon identifié comme le logement du prieur. On peut en distinguer l'arrachement ainsi que les ouvertures qui desservaient l'escalier à vis en bois. La fenêtre à appui mouluré et la porte chanfreinée en anse de panier visibles à droite, signalent une construction du XVe siècle. L'église, de 25 mètres de longueur, n'était plus qu'une grange au début du XXe siècle. La nef (ou une portion de celle-ci), encore visible sur le cadastre de 1819, a disparu, mais l'abside (romane ?) subsiste, très remaniée. Deux maisons occupent l'emplacement du chœur et de la chapelle sud, peut-être celle dédiée à Saint-Benoît citée dans les documents anciens. Au sud de l'ensemble se trouvait un pigeonnier circulaire, signalé sur le cadastre de 1819 : Grosse-Duperon précise qu'en 1909 ses boulins avaient été bouchés et qu'une cheminée y avait été aménagée. Au nord se trouvait le vivier alimenté par un modeste ruisseau.

  • Période(s)
    • Principale : 12e siècle, 15e siècle, 3e quart 16e siècle, 2e moitié 19e siècle , (incertitude)
    • Principale : 1ère moitié 20e siècle, 2e moitié 20e siècle
  • Dates
    • 1585, daté par travaux historiques

L'emprise initiale du prieuré est aujourd'hui traversée du nord au sud par la rue Saint-Jean-de-Berne. Un seul corps de bâtiment subsiste, fortement remanié. Orienté à l'ouest, il comprend au nord un logis (celui du prieur ?) à façade en pignon, dont la tour d'escalier a disparu, ainsi qu'une suite de logements sériels à ouvertures à encadrements en briques. La partie sud, correspondant à la partie orientale de l'ancienne église, conserve son abside semi-circulaire. Les seules ouvertures anciennes conservées, une fenêtre chanfreinée à appui mouluré et une porte également chanfreinée en anse de panier, sont visibles sur le logis au nord.

  • Murs
    • granite moellon
  • Toits
    ardoise
  • Étages
    rez-de-chaussée, 1 étage carré, étage de comble
  • Couvrements
    • charpente en bois apparente
  • Élévations extérieures
    élévation à travées
  • Couvertures
    • toit à longs pans
  • État de conservation
    remanié
  • Statut de la propriété
    propriété d'une personne privée

Documents d'archives

  • Archives départementales de la Mayenne ; H 204. "Cartulaire" d’Évron, par Dom Ignace Chevalier, 1668.

    Archives départementales de la Mayenne, Laval : H 204
  • Archives départementales de la Mayenne ; H 211. Prieuré de Berne à Saint-Baudelle, droit d’usage dans la forêt de Mayenne, hommage, inventaire des archives, 1219-XVIIe siècle.

    Archives départementales de la Mayenne, Laval : H 211
  • Archives départementales de la Mayenne ; Q 659. États de consistance des biens nationaux de 1e et 2e origine, district de Mayenne, 1792.

  • Archives départementales de la Mayenne ; Q 687. Vente du prieuré de Berne et de la métairie de Moussard, à Saint-Baudelle, comme biens nationaux, 18 février 1791.

    Archives départementales de la Mayenne, Laval : Q 687
  • Archives départementales de la Mayenne ; MS 80/19-2. Monographie communale de Saint-Baudelle, par l'instituteur communal, 1899.

    Archives départementales de la Mayenne, Laval : MS 80/19-2

Bibliographie

  • ANGOT, Alphonse (abbé). Dictionnaire historique, topographique et biographique de la Mayenne. Laval : Goupil, 1902.

  • ANGOT, Alphonse. La Mayenne : sites, monuments et souvenirs du département.

  • ANGOT, Alphonse-Victor (abbé). Épigraphie de la Mayenne. Laval : Goupil, 1907.

  • GERAULT M. Notice sur Evron, son abbaye et ses monuments. Seconde édition. Laval : Sauvage-Hardy, 1840.

  • GROSSE-DUPERON, Albert, GOUVRION, Émile. Cartulaire de l’abbaye cistercienne de Fontaine-Daniel (Mayenne). Mayenne : Poirier-Béalu, 1896.

  • GROSSE-DUPERON, Albert. Le prieuré de Berne. Mayenne : Poirier frères, 1909.

  • LE PAIGE, André-René. Dictionnaire topographique, historique, généalogique et bibliographique de la province et du diocèse du Maine. Le Mans : Toutain, 1777.

Date(s) d'enquête : 2021; Date(s) de rédaction : 2021
(c) Conseil départemental de la Mayenne
(c) Région Pays de la Loire - Inventaire général
Barreau Pierrick
Barreau Pierrick

Chercheur auprès du Pays du Perche sarthois jusqu'en octobre 2020. Depuis novembre 2020, chercheur auprès du Conseil départemental de la Mayenne.

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