Dossier d’œuvre architecture IA53004371 | Réalisé par
Barreau Pierrick (Contributeur)
Barreau Pierrick

Chercheur auprès du Pays du Perche sarthois jusqu'en octobre 2020. Depuis novembre 2020, chercheur auprès du Conseil départemental de la Mayenne.

Cliquez pour effectuer une recherche sur cette personne.
  • enquête thématique départementale, rivière Mayenne
Manoir (vestiges), puis ferme, la Cour-de-Cigné
Œuvre étudiée
Auteur
Copyright
  • (c) Région Pays de la Loire - Inventaire général

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Mayenne - Gorron
  • Commune Ambrières-les-Vallées
  • Lieu-dit la Cour
  • Adresse
  • Cadastre 1837 D2 315  ; 2021 AB 117
  • Précisions anciennement commune de Cigné
  • Dénominations
    manoir
  • Destinations
    ferme
  • Parties constituantes non étudiées
    dépendance, hangar agricole, cour

La Cour de Cigné, sans doute ainsi renommée pour en souligner la noblesse et rehausser le prestige, était auparavant appelée fief Hamon, terme que l'on tenta (vainement) de bannir des écrits comme le souligne un acte de 1577. Le "franc-lieu, terre et seigneurie de Cigné, avec domaine, douves", était un manoir dépendant, dans la hiérarchie féodale, du château voisin de Torcé. Les premiers seigneurs connus, Fouquet de la Barre, et son épouse Jeanne de la Motte, résident au Horps selon un aveu rendu en 1472. Un document de 1666 fait toutefois référence à un autre aveu plus ancien (1429) rendu par un seigneur de Cigné où il était précisé que celui-ci "avoit plusieurs vassaux dont il étoit fort bien obéy et lesquels lui faisoient plusieurs corvées comme [...] à lever les douves de la maison, à servir les maçons qui travailloient pour le rétablissement de la maison et autres bastiments et qui mesme estoient obligés de mouldre leurs grains au moullin de Ballée (Beslay) lequel pour lors faisoit partye de la ditte terre de Cigné". L'abbé Albert Durand propose l'hypothèse que la seigneurie ait été démembrée de Torcé à la fin du XIIIe siècle. L'existence d'une motte, encore citée en 1734 entre le manoir et les Yvets, pourrait confirmer cette ancienneté, mais sa nature exacte et sa localisation précises sont très incertaines.

Au début du XVIe siècle, le manoir appartient à une branche de la famille de Logé qui y réside. Les de Logé se nomment seigneurs de la paroisse de Cigné jusqu'à la Révolution, bien que ce titre revienne en droit aux seigneurs de Torcé. Ainsi, en 1630, Louise Achard, dame de Torcé, obtient le retrait des tombeaux de la famille de Logé placés dans le chœur de l'église. A l'appui de quelques vestiges conservés, notamment les armoiries de Logé, "d'azur à trois quintefeuilles d'or", qui ornent le linteau d'une ancienne porte, une datation du XVIe siècle peut être retenue pour la reconstruction du manoir. Cette famille possède la Cour jusqu'en 1658, date de la vente à Julien des Rotours sieur de la Rocque, pour 8 000 livres ; le manoir est par la suite déclassé et devient une ferme jusqu'à une période récente. La généalogie des de Logé et la succession des propriétaires de la Cour ont été établies avec précision par l'abbé Angot, puis par l'abbé Durand dans ses travaux sur l'histoire de Cigné, en s'appuyant sur les pièces conservées dans le chartrier de Lassay. A la Révolution, la seigneurie appartient à Louis-René Gallery de la Tremblaye. Après son assassinat en 1800 à Ambrières, la domaine revient à la famille d'Héliand de l'Isle-du-Gast, laquelle vend en 1811, avec le moulin de Beslay, à Louis Dugué, receveur de l'enregistrement et résidant à la demeure voisine des Yvets. Il s'agit d'un ancêtre de la famille Pollet, qui donnera plusieurs maires à Cigné.

Un fossé en eau en forme de T, dessiné sur le plan cadastral napoléonien de 1837, vestige des anciennes douves du manoir, a aujourd'hui disparu mais reste fossilisé dans le parcellaire. Il semble correspondre à la limite nord d'un grand espace approximativement carré, qui s'étend à l'ouest jusqu'à la place de l'église et au sud et à l'est jusqu'à un chemin en terre. Le portail d'entrée se trouvait du côté du cimetière, c'est-à-dire l'actuelle place de l'église. Quelques documents des chartriers de Lassay et de l'Isle-du-Gast font allusion aux bâtiments du manoir de la Cour à la fin du XVIIe et au XVIIIe siècle. Il y est fait état d'un bâtiment "avec salle de maison par bas et grenier dessus, d'une grange et trois étables avec une chambre et un cabinet sur l'une desdites étables, et un pressurage et moulage à cidre, en un tenant sous différents fêtes [faîtes] ; en un autre corps de bâtiment composé d'une grande salle basse et d'une chambre et cabinet dessus, d'un four et trois loges […] ; en les étrages, un verger et trois jardins".

A l'exclusion de la grange construite dans le 3e quart du XIXe siècle, non figurée sur le cadastre napoléonien, on retrouve dans cette description sommaire l'organisation actuelle des bâtiments. Le premier corps de bâtiments en entrant dans la cour, de plan en L, a été largement remanié dans la 2e moitié du XIXe siècle comme l'indiquent le cadastre de 1837, les matrices cadastrales (augmentation et diminution de construction signalées en 1868) et la raideur des encadrements d'ouvertures. Il conserve néanmoins une porte armoriée, transformée en fenêtre, une porte surmontée d'une imposte et une autre cintrée : ces ouvertures, peut-être remployées pour certaines, sont attribuables au manoir du début du XVIe siècle, mais dont les volumes primitifs sont difficilement restituables. A la suite, le bâtiment des anciennes étables, converti en hangar, est conforme au cadastre ancien, de même que le dernier bâtiment, plus énigmatique quant à sa fonction. Un appendice semi-circulaire, sur le plan de 1837, confirme qu'il avait été transformé en four, mais la mention au XVIIIe siècle d'une "grande salle" semble indiquer que l'édifice a été amputé. L'état actuel ne permet toutefois pas de comprendre l'articulation des bâtiments entre eux à l'époque du manoir. Des travaux actuellement en cours achèvent de dénaturer cet ensemble (percement d'une grande baie et construction d'une maison en parpaings).

  • Période(s)
    • Principale : 16e siècle, 3e quart 19e siècle
    • Secondaire : 1er quart 21e siècle

Situé à quelques centaines de mètres de la Mayenne, la manoir de la Cour semble pourtant n'entretenir aucun lien avec la rivière. Devenu ferme pendant au moins trois siècles, il ne subsiste du manoir que des éléments épars, si bien qu'il n'est plus possible de le restituer dans son aspect primitif. Il ne reste que des fossés qu'une trace parcellaire, au nord des bâtiments actuels. A l'entrée de la cour, du côté de l'église, une petite maison à escalier extérieur en béton sur le pignon se singularise par une ancienne porte réutilisée en fenêtre, probablement remployée : celle-ci possède un encadrement mouluré en gorge et un linteau sculpté des armoiries de la famille de Logé. Le bâtiment placé en retour, bien qu'amputé, semble plus authentique : il présente une porte chanfreinée surmontée d'une imposte et, de l'autre côté, au niveau du soubassement, une porte cintrée également chanfreinée. Un appentis y est accolé. A la suite de ces bâtiments se trouve une dépendance agricole transformée en hangar, avec une grande ouverture sur le pignon : au-dessus de la sablière subsiste un lattis encore partiellement enduit de torchis. A l'extrémité de la propriété, bordant un chemin en terre, se trouve un bâtiment dont la fonction initiale est inconnue, aujourd'hui couvert d'un toit en matériau synthétique. La porte et la baie à gauche sont surmontées d'un linteau en bois, tandis que la fenêtre de droite possède un encadrement en gorge et un linteau à accolade. On remarque en haut de l'angle gauche de la façade une petite ouverture ornée d'une tête humaine sculptée dans le granite, probablement en remploi : il semble que le personnage lève le bras gauche en signe de salutation. L'angle opposé est aujourd'hui masqué par la végétation. Une grange placée sur le bord d'un chemin en impasse, au sud de la propriété, complète l'ensemble.

  • Murs
    • granite moellon
  • Toits
    ardoise
  • Étages
    sous-sol, rez-de-chaussée
  • Couvrements
    • charpente en bois apparente
  • Couvertures
    • toit à longs pans
  • Escaliers
    • escalier de distribution extérieur : escalier droit en maçonnerie
  • État de conservation
    vestiges, remanié
  • Techniques
    • sculpture
  • Représentations
    • armoiries
    • ornement figuré, tête humaine
  • Précision représentations

    Linteau de l'ancienne porte du logis (remployée ?) orné des armoiries de la famille de Logé.

    Tête de personnage sculptée sur un bâtiment annexe (remployé ?).

  • Statut de la propriété
    propriété d'une personne privée

Documents d'archives

  • Archives départementales de la Mayenne ; 138 J 231. Droits honorifiques en l'église de Cigné, procès avec les seigneurs de Torcé, 1470-1737.

  • Archives départementales de la Mayenne ; 138 J 265. Chartrier de Lassay, seigneurie de Cigné ou de la Cour-de-Cigné, autrefois fief Hamon : titres, procédures, aveux et hommages reçus, 1476-1735.

  • Archives départementales de la Mayenne ; 138 J 273 274. Chartrier de Lassay, seigneurie de Torcé, remembrances, 1603-1753.

  • Archives départementales de la Mayenne ; 140 J 1. Chartrier de l’Isle-du-Gast, vente du domaine de la Cour de Cigné, 1811.

  • Archives départementales de la Mayenne ; 140 J 39. Chartrier de l’Isle-du-Gast, partage du domaine de la Cour de Cigné, XVIIIe siècle.

  • Archives départementales de la Mayenne ; MS 80/10-3. Monographie communale de Cigné, par l'instituteur Legendre, 1899.

  • Archives départementales de la Mayenne ; 3 P 109-110, 536, 1446. Matrices cadastrales, registres des augmentations et diminutions de construction de la commune de Cigné, XIXe-XXe siècles.

Bibliographie

  • ANGOT, Alphonse (abbé). Dictionnaire historique, topographique et biographique de la Mayenne. Laval : Goupil, 1902.

  • DURAND, Albert (abbé). Cigné au cours des âges, t. 1, la féodalité. Laval : R. Madiot, 1972.

    p. 81-100
  • SOCIETE D'ARCHEOLOGIE ET D'HISTOIRE DE LA MAYENNE. Ambrières et Cigné entre Maine et Normandie. Condé-en-Normandie : Corlet, 2020.

    p. 114

Documents figurés

  • Plan cadastral napoléonien d'Ambrières-les-Vallées (communes d'Ambrières et de Cigné), 1837. (Archives départementales de la Mayenne ; 3 P 2666.)

Date(s) d'enquête : 2021; Date(s) de rédaction : 2021
(c) Conseil départemental de la Mayenne
(c) Région Pays de la Loire - Inventaire général
Barreau Pierrick
Barreau Pierrick

Chercheur auprès du Pays du Perche sarthois jusqu'en octobre 2020. Depuis novembre 2020, chercheur auprès du Conseil départemental de la Mayenne.

Cliquez pour effectuer une recherche sur cette personne.