Dossier d’œuvre architecture IA53004357 | Réalisé par
Barreau Pierrick (Contributeur)
Barreau Pierrick

Chercheur auprès du Pays du Perche sarthois jusqu'en octobre 2020. Depuis novembre 2020, chercheur auprès du Conseil départemental de la Mayenne.

Cliquez pour effectuer une recherche sur cette personne.
  • enquête thématique départementale, rivière Mayenne
Demeure de villégiature dite château de Torcé
Œuvre étudiée
Auteur
Copyright
  • (c) Région Pays de la Loire - Inventaire général

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Mayenne - Gorron
  • Commune Ambrières-les-Vallées
  • Lieu-dit Torcé
  • Cadastre 1837 B2 318 à 320  ; 2021 ZM 68 69
  • Précisions anciennement commune de Cigné
  • Dénominations
    demeure
  • Parties constituantes non étudiées
    écurie, communs, parc, portail, mur de clôture

Aux origines, la motte castrale

Le château des années 1900 ne reflète plus l’épaisseur historique du site, heureusement bien documentée grâce au chartrier de Torcé, réuni à celui de Lassay par le marquis de Beauchêne au XIXe siècle et conservé aux Archives départementales de la Mayenne. Ses origines remontent vraisemblablement au XIe siècle : le plus ancien document conservé concernant Torcé, daté de 1234, fait déjà référence aux prédécesseurs d’Hugues de Couterne dans la possession dudit fief et seigneurie. A la suite des Couterne, Torcé appartient à une famille qui en prend le nom, représentée à partir du début du XIVe siècle par Jean de Torcé, jusqu’à Guillaume de Torcé, dans la 2e moitié du XVe siècle. S'il est difficile d’être plus précis pour cette période, il faut néanmoins signaler que l’inféodation du lieu de Torcé intervient à l’époque où Guillaume le Bâtard, futur Guillaume le Conquérant, progresse vers le Maine et fait construire le premier château d’Ambrières, au détriment du Geoffroi de Mayenne. Le Passais est alors une zone convoitée par les ducs du Maine et les comtes de Normandie, et la frontière indécise est progressivement parsemée de mottes castrales en terre, dont plusieurs bordent la Mayenne.

La motte, fossés et douves de Torcé sont attestés jusqu’au XVIIIe siècle par les multiples aveux conservés. Celle-ci contrôlait très vraisemblablement un passage à gué sur la Mayenne et peut-être déjà le moulin dont il ne reste que les fondations. Sa localisation reste toutefois incertaine. Si on se fie au relief actuel, le soubassement du château, surélevé par rapport à la Mayenne, pourrait en être un témoignage. On note également la présence d’une butte au profil arrondi dans le parc, qui pourrait également y correspondre, mais il pourrait aussi bien s’agir de l’ancienne garenne à lapins citée dans les aveux. On relève aussi, sur le plan cadastral napoléonien de 1837, une parcelle en demi-cercle près de la Mayenne et de l’ancien moulin : il pourrait s’agir d’un témoignage de la motte, mais cet emplacement ne présente aujourd’hui aucun relief.

Dans la hiérarchie féodale, Torcé relève, jusqu’en 1472, de la châtellenie d’Ambrières, dont il est le fief le plus important. Le seigneur de Torcé doit à son suzerain, le baron d’Ambrières, vingt jours de garde à la porte des Champs de la ville. Il bénéficie du droit de fondation et de patronage en l’église de Cigné.

 

Le manoir de la fin du Moyen Age

L’incertitude plane sur l’évolution architecturale du site pendant le Bas Moyen-Age, mais un manoir est bel et bien attesté au XVe siècle. En 1472, la seigneurie de Torcé se voit divisée entre Pierre de Bailleul et son neveu René de Sallaines. Le premier conserve le manoir et une partie de ses fiefs, dont Cigné ; le second rattache sa part de la seigneurie à son fief de Montcorbeau. Dès lors, la seigneurie de Torcé-Montcorbeau emporte la préséance féodale sur celle de Torcé qui devient sa vassale et doit lui rendre hommage. Jusqu’à la Révolution, le manoir passe, par mariage ou vente, dans les mains de nombreuses familles : aux de Bailleul succèdent les Mondot, les Montreuil, les de la Cigogne, les Frain de la Vrillière, les Tanquerel, les de Logé, les de Vaucelles, et enfin les de Courtilloles. La succession et la généalogie des différents propriétaires ont été établies avec une grande précision par l’abbé Durand dans ses travaux sur la féodalité à Cigné.

Sur le plan architectural, le manoir n'est connu que par les évocations succinctes des aveux, comme en 1606 : "la maison manable dudict lieu de Torcé comme elle se comporte et poursuit avec la motte du manoir dudict lieu avec les moulins à bledz comme ils se contiennent et comportent situez audit lieu de Torcé en ladicte rivière avec le doummaine d’ycelluy lieu contenant les dommaines tant maisons et cours manoir jardins vergers terres labourables que non labourables boys vallées". Une description plus précise est fournie par une montrée dressée suite à l’achat de la seigneurie de Torcé en 1762, par Françoise de Logé, elle-même dame de Torcé-Montcorbeau. Ce document semble décrire une composition typique des manoirs du XVe ou du XVIe siècle, avec cuisine et salle au rez-de-chaussée, deux chambres à l’étage, tour contenant l’escalier "construit à visce [vis] et marches de bois enserrées dans les murs de la tour". Une lucarne éclaire le grenier, la charpente "construitte que de vieux morceaux de bois de l’ancien bastiment" parait avoir été remaniée, la couverture est en ardoise.

D’autres précisions sont apportées par les énumérations des différents aveux : les fossés et le pont-levis, le four, la grange et les étables, les moulins à blé et le "droit d’en mettre à draps", la garenne à connils (lapins), le droit de fuie à pigeons, comme les droits de chasse et de pêcherie sur la Mayenne. Sont également mentionnés les jardins, vergers, terres, étang et bois. Il est également question, de façon récurrente, d’un portail ancien, qui n’était plus en état d'usage mais pourtant conservé. Peut-être relevait-il d’une construction antérieure au manoir et revêtait, tout comme la motte, une dimension symbolique. Enfin, en 1694, Joachim de la Cigogne ajoute à son aveu "ma métairie nouvellement bastie en ma basse cour composée d’une maison manable avec cellier et estable".

 

Les évolutions du domaine au XIXe siècle

François-Louis de Courtilloles, seigneur de Torcé, lieutenant au baillage d’Alençon où il réside la plupart du temps, n’est pas inquiété pendant la Révolution et conserve ses biens. Sa fille et héritière épouse en 1813 Narcisse Guesdon de Beauchêne. L’état du manoir est inconnu à cette époque. On ne sait si la réfection, en vue de laquelle on avait dressé la montrée de 1762, fut effectivement réalisée et quelle fut son ampleur. L’abbé Durand suppose que le manoir avait été remplacé par une nouvelle demeure vers l’époque de la Révolution. On constate sur le cadastre napoléonien de 1837, que le logis, apparemment dépourvu de sa tour, occupe alors très exactement la partie droite du château actuel. Les bâtiments de la métairie sont disposés à proximité, autour d’une cour distincte. Le moulin de Torcé existe toujours, il ne sera détruit qu’en 1879 d’après les matrices cadastrales.

De 1827 à 1895, Torcé appartient à la famille Guesdon de Beauchêne, également propriétaire du château de Lassay, et dont le représentant le plus illustre est René-Adelstan (1851-1935), célèbre pour ses travaux d’érudition sur l’histoire et les châteaux du nord-Mayenne. Dans une lettre de l'été de 1871, le peintre mayennais Ludovic Piette propose à son ami Pissaro de louer le château de Torcé, proposé pour un loyer de 600 francs : celui-ci dispose de communs, "dont une orangerie qui ferait un splendide atelier" ; "je crois qu'il y a une vingtaine de pièces, sans les communs du château". L'auteur précise que "le château est au soi-disant marquis de Beauchêne de Lassay, qui est un avare et un chicanier émérite". La description laisse penser qu'il s'agit encore de la demeure de la fin de l'Ancien Régime. En effet, M. Guesdon de Beauchêne fait par la suite construire à son emplacement une villa d'inspiration italianisante. Les matrices cadastrales signalent son achèvement en 1883 pour un enregistrement en 1886. Elle nous est connue par une unique photographie : on y reconnaît, sous les habillages postérieurs, la partie droite du château actuel, avec un corps à trois travées et bow-window flanqué d’un pavillon à deux étages. Les décors d’origine, parement en pierres polygonales au rez-de-chaussée et frise de céramiques vernissées, ont totalement disparu, mais les volumes sont aisément reconnaissables.

En 1895, le marquis de Beauchêne entreprend la restauration de son château de Lassay ; il se sépare alors de Torcé qu’il vend à un industriel de La Ferté-Macé, Clovis Salles. Riche manufacturier de toiles, celui-ci investit massivement dans la terre : l'acquisition de Torcé s'inscrit dans la constitution d'un vaste domaine foncier qui comprend également, en plus de l’usine et de la maison patronale à La Ferté-Macé, les châteaux de la Motte à Madré et de Durcet près de Flers, ainsi que de nombreuses fermes dans le Fertois et le Nord-Mayenne (notamment à Cigné et Melleray-la-Vallée) qui seront pour la plupart totalement rénovées ou reconstruites. Clovis décède prématurément en 1897 ; c’est son fils Francis Salles (1867-1914) et son épouse et cousine Hélène (1867-1933) qui entreprennent les travaux de transformation radicale de la demeure de Torcé en château.

 

La transformation en château par de riches industriels

La dynastie Salles et l'histoire de l'industrie textile à La Ferté-Macé ont fait l'objet de travaux signés par l'historien Michel Louvel : d'après ses recherches, la transformation du domaine de Torcé est concomitante avec l'apogée du textile fertois, entre 1890 et 1910. L’architecte chargé des travaux est le mayennais Jules Tessier, fils de l’architecte sarthois puis angevin Alfred Tessier. Les correspondances relatives aux travaux, conservées aux Archives départementales de l’Orne avec les papiers de la famille Salles, datent des dernières années du XIXe siècle et du début des années 1900. Un plan de la façade antérieure est conservé à Torcé : daté du 15 décembre 1900, alors que les travaux sont déjà bien engagés, il correspond donc sans doute à une modification du projet initial, sans doute bouleversé à plusieurs reprises. Quelques différences sont d’ailleurs à noter avec la demeure actuelle, notamment dans le développement du bow-window ouest. La date 1900 est également portée en chiffres romains sur une cheminée du rez-de-chaussée.

Le choix d'un style architectural très éclectique et exubérant, en rupture avec les autres châteaux bordant la Mayenne où sobriété et symétrie sont de mise, témoigne de la volonté d'afficher dans la pierre la réussite de l'entreprise familiale. Les époux Salles font porter leur monogramme SS au décor des cheminées et au-dessus de la porte principale, ainsi que sur la mosaïque du vestibule. Les archives des Salles révèlent l'intervention sur le chantier des entrepreneurs Jules Goualier fils, charpentier-couvreur à Lassay, Ed. Quellier maçon à Cigné, Legentil briquetier à Melleray, L. Chancerel ferblantier-zingueur. Le granite est fourni par la carrière Gouyet à Louvigné-du-Désert (Ille-et-Vilaine). L'entreprise Pont-Ollion Nicolet signe le dallage en ciment du vestibule au monogramme des Salles. Les plants et semences pour le jardin et le parc sont fournis par l'horticulteur Louis Levazeux à Mayenne. Certaines lettres illustrant les altercations entre l'architecte et les entrepreneurs sur le chantier sont assez savoureuses.

Comme son père, Francis meurt prématurément, mais l’empreinte laissée sur Torcé est considérable. La demeure est agrandie vers l’ouest, les toitures sont réhaussées, un second pavillon est élevé sur la partie droite, de nombreux décors sont plaqués, dans un éclectisme mêlant styles classique et Renaissance. En plus du remaniement complet du château, la métairie est rasée, remplacée par de vastes écuries à partir de 1898 et une maison de gardien d’inspiration francilienne. Un parc à l’anglaise est aménagé derrière la demeure et un potager à l’ouest. Au nord du château, une nouvelle ferme au plan rationalisé est élevée ex-nihilo. Torcé compte également un chenil, la chasse tenant une place importante dans le train de vie des Salles. Dès 1899, Francis Salles embauche un piqueur "pour lièvre, chasses à cour et à tir" ; la chasse à courre se pratiquait dans les forêts d'Ecouves et d'Andaine. Des photographies montrent également Francis en compagnie de Julien Chappée chassant avec le Rallye Sillé en forêt de Sillé-le-Guillaume.

Le château est conçu comme une résidence de villégiature à une distance raisonnable des affaires familiales, tout en étant au centre de son propre domaine agricole et de forêts giboyeuses. Néanmoins, d'après M. Louvel, il est dès son achèvement le lieu d'habitation de la veuve de Clovis Salles ; Francis semble quant à lui progressivement délaisser sa maison patronale de La Ferté-Macé et réside en alternance en son appartement parisien et à Torcé. Par la suite, la succession de Francis Salles prévoit le partage des domaines familiaux entre ses trois enfants. L’héritière de Torcé, Hélène Salles, épouse en 1923 le comte Antoine du Pontavice des Renardières, alors officier de marine. La famille en fait sa résidence principale et administre le domaine tout en s'investissant dans la vie locale. Malgré la menace des bombardements sur le pont de Torcé pendant la Seconde guerre mondiale, les combats épargnent le château, progressivement restauré ces dernières années ainsi que les écuries (transformées en habitation).

Le château de Torcé est implanté le long de la Mayenne, au débouché d’un pont sur la rivière reliant Cigné à Lassay-les-Châteaux. Outre un vaste logis, il comprend des écuries et une maison de gardien inscrits dans un parc partiellement clos, accessible par deux portails à piliers. A quelque distance au nord, se trouve l'ancienne ferme aujourd'hui indépendante.

 

L’architecture du logis

La demeure, orientée au sud, est construite en moellons de granite enduits et couverte d'ardoise. C’est un ensemble imposant, juxtaposition sans symétrie ni ordonnancement de volumes, pavillons, oriels et tours. La construction est de style éclectique, mêlant principalement éléments Renaissance et classiques ; les touches de décor végétal stylisé renvoient discrètement à une sensibilité Art nouveau, mieux perceptible à l’intérieur. Cet ensemble composite est unifié par les imposantes toitures, les souches de cheminée brique et pierre, ainsi que les décors récurrents que sont les chaînages et encadrements harpés et à bossages, les bandeaux et les corniches en granite.

Le château se compose, dans sa structure, de trois éléments principaux, deux corps de logis de part et d'autre d'un gros pavillon. Le corps de logis principal (à l’est) présente une élévation antérieure à trois travées. La porte d’entrée principale occupe la travée centrale, avec son encadrement saillant à bossages, son fronton en ailerons et son décor sculpté : le monogramme des Salles (SS) est souligné de volutes, de motifs végétaux et d’une draperie. Une grande baie est visible à gauche, tandis que les fenêtres de l’étage sont couvertes de larmiers en bâtière et couronnées d’un décor végétal. La corniche à modillons supporte un garde-corps en pierre (grès ?) à motifs végétaux stylisés. Les deux lucarnes en pierre sont couvertes d’un demi-fronton triangulaire surmonté d’un petit fronton cintré, et ornées d’un motif en médaillon orné de volutes et d’une palmette. La troisième travée a été surélevée et remaniée pour ressembler à un pavillon. Ce faux pavillon est habillé, au sud et à l’est, par deux oriels montant de fond, à deux et trois niveaux, ouverts sur l’extérieur et garnis de balustrades et de garde-corps en ferronnerie. Ceux-ci apportent un plus grand éclairage aux pièces et permettent de profiter de la vue sur la rivière. L’oriel de la façade principale présente au rez-de-chaussée des piliers carrés et à l’étage, une balustrade et des colonnes de style ionique ; l’oriel du côté est, élevé sur une terrasse supportée par des arcades, possède un plan carré ouvert par des grandes baies cintrées sur des balcons ornés du monogramme des Salles. L’étage en surcroît présente, côté sud, trois baies sous un même grand fronton cintré interrompu par une lucarne à fronton triangulaire servant de support à une horloge. Des urnes en pierre en amortissement ornent les quatre angles de la toiture.

Le gros pavillon central possède deux étages et un niveau de combles, une travée et des baies géminées au second étage. Il est coiffé d’un haut toit en pavillon interrompu couvert en ardoise et en zinc, ajouré au sud et au nord par une lucarne en pierre à pilastres, ailerons et fronton triangulaire. Une étroite travée, percée à son sommet d’un oculus, et précédée au rez-de-chaussée d’un petit porche en bois (supportant primitivement un balcon), assure la transition avec le corps de logis ouest, à deux travées. Il est coiffé d’une toiture à longs pans, cantonnée d’amortissements en forme de boules. L’étage présente un balcon filant en ferronnerie et le comble une grande lucarne à deux fenêtres et fronton triangulaire. Un petit avant-corps surmonté d’une terrasse à balustrade habille le mur ouest. Il présente, à l’étage, des baies cintrées et un décor sculpté. Un petit escalier tournant en pierre descend dans le parc.

Les cages d'escalier hors œuvre se greffent sur la façade postérieure dont elle complexifient encore un peu plus la lecture par l'accumulation des volumes : une tour carrée coiffée d’un toit en bâtière, dans l’axe de la porte principale du château, et une tour circulaire couronnée d’un dôme à clocheton placée dans le prolongement de l'entrée secondaire.

 

La distribution et les décors intérieurs du logis

Le rez-de-chaussée présente une enfilade de salons de réception s’ouvrant sur la cour au sud et sur la Mayenne à l’est, doublés par un office/couloir de service placé entre les deux cages d’escalier au nord. Le corps ouest abrite la cuisine, une petite salle à manger et un réduit avec évier. L’escalier d’honneur, en bois et à garde-corps à balustres, est placé au fond du grand vestibule dont le sol est orné d’une mosaïque au monogramme des Salles. L’escalier de service, placé au bout d’un petit vestibule entre la cuisine et le couloir de service, monte depuis la cave jusqu’aux combles. Les étages abritent les chambres des maîtres et des domestiques.

Les salons du château conservent une partie de leurs décors de 1900. Le bureau au rez-de-chaussée du pavillon est garni d’une cheminée au décor néo-Renaissance frappé du monogramme SS et de la date 1900. La salle à manger conserve l’intégralité de son remarquable décor. Le plafond à la française possède des poutres moulurées et est peint de motifs végétaux stylisé. Les murs sont habillés de boiseries et de tapisseries ornées de paysages où évoluent chiens et gibier. La cheminée, adossée à celle du bureau, est également en bois sculpté et présente un décor de faïences reprenant les ornements du plafond. Le sol est en carreaux de ciment à motifs végétaux et géométriques ; on note la présence d’une grille métallique qui rappelle le système de chauffage initial par un calorifère installé dans le sous-sol. La porte donnant sur l’escalier de service est ornée d’une vitrauphanie représentant un paysage avec un pont, une forêt et une maison. La grande baie sur la cour ne conserve que la partie supérieure du vitrail Art nouveau qui l’ornait, avec son décor de feuillages. Le salon enfin est largement ouvert sur l’extérieur grâce à ses nombreuses fenêtres donnant sur trois côtés de la demeure, à l'image d'un jardin d'hiver. Il conserve une petite cheminée en marbre blanc à coquille et quelques lés d’un papier peint Art nouveau à décor végétal.

 

Les communs, le parc et la ferme

Les bâtiments de service concourent à l'éclectisme de la propriété par leurs styles architecturaux différents et leur polychromie, rompant radicalement avec le parti retenu pour le logis.

Placée à l'entrée de la propriété, la maison du gardien est inspirée des "chalets" de villégiature et présente une architecture d’apparence rustique, avec un soubassement orné d'un placage de pierres polygonales, des murs en moellons de granite bruns apparents, des bandeaux et des encadrements d’ouvertures en brique, une toiture largement débordante soutenue par des aisseliers en bois. Le mur-pignon est complété par une structure en bois formant porche et balcon, rappelant le petit porche en bois du château. Une tour d'escalier carrée, coiffée d’un toit en pavillon surmonté d’un épi de faîtage en zinc, est placée sur un angle. Il s'agit très certainement d'une architecture de catalogue.

Inspirées de celles des grands châteaux français du XVIIe ou du XVIIIe siècle, avec leur plan symétrique, les écuries comprennent un corps central, à toit à longs pans et à croupes, entre deux courtes ailes à toits brisés. Les murs alternent la pierre de taille, en solin et bandeaux, les assises de moellons de granite et de briques, ainsi qu’une corniche à modillons en briques. Le corps central présente des lucarnes passantes en bois, tandis que les ailes possèdent des lucarnes plus monumentales brique et pierre, coiffées de frontons triangulaires. Une tête de cheval sculptée orne le centre de la façade. Le bâtiment, transformé en habitation, accueillait écuries, sellerie, remise, greniers et chambres pour le personnel.

Le jardin potager clos de murs se déploie entre le château et les écuries, autour d’un puits orné d’un décor de rocaille en ciment en forme de tronc d’arbre. Près de l’entrée du potager se trouve un édicule servant initialement de toilettes. L’angle nord-est accueille la serre en verre et métal à profil courbe. Les anciens chenils sont visibles derrière les écuries et derrière le potager. Le parc à l’anglaise se déploie au nord du château ; il épouse la rive de la Mayenne et un talus boisé. Les deux bassins et les rocailles qui l’ornaient ont disparu mais il conserve sa fontaine naturelle ornée de rochers artificiels. Les fondations de l’ancien moulin ont pu également constituer un élément paysager pittoresque au milieu de la rivière. Le parc de Torcé, remanié au XXe siècle (plantation d’une peupleraie), conserve quelques essences remarquables, comme un tulipier ou un séquoia.

Située à environ 300 mètres au nord, la ferme est bâtie en U autour d’une cour carrée. On y retrouve les moellons apparents et les encadrements de baies en brique, ainsi que les lucarnes passantes en bois. Le logement se trouve en fond de la cour, tandis que les dépendances agricoles occupent les ailes latérales. Le modèle architectural, l’ornementation et la distribution rationnalisée des bâtiments se retrouvent sur les autres exploitations construites, reconstruites ou remaniées par les Salles autour de Torcé, comme la Rajellerie, les Longchamps ou la Verdonnière à Melleray-les-Vallées.

  • Murs
    • granite moellon enduit
  • Toits
    ardoise
  • Étages
    sous-sol, rez-de-chaussée, 1 étage carré, étage de comble
  • Couvrements
    • charpente en bois apparente
  • Élévations extérieures
    élévation à travées
  • Couvertures
    • toit à longs pans
    • toit en pavillon
    • dôme circulaire
  • Escaliers
    • escalier hors-œuvre : escalier tournant à retours en charpente
  • État de conservation
    bon état
  • Techniques
    • sculpture
    • ferronnerie
    • vitrail
    • papier peint
    • mosaïque
  • Représentations
    • ornement architectural, fronton, pilastre, ordre ionique, balustre, colonne
    • ornement géométrique, sphère, palmette
    • ornement en forme d'objet, urne, draperie
    • ornement végétal, feuillage, fleur
    • ornement a chiffre, monogramme
    • ornement animal, cheval
    • paysage
    • scène de chasse
  • Précision représentations

    Frontons à volutes, triangulaires ou cintrés ornant la porte principale et les lucarnes (avec ou sans pilastres).

    Amortissements à sphères et en forme d'urnes.

    Colonnes ioniques à l'étage de l'oriel principal.

    Garde-corps en ferronnerie à motifs végétaux, ou à balustres en pierre.

    Monogrammes SS sculptés, en ferronnerie, en menuiserie ou en mosaïque.

    Vitrail à décor de feuillages ; vitrauphanie représentant un paysage.

    Cheminées à décors architecturés et végétaux.

    Papier peint à décor végétal.

    Tapisserie à scènes animalières et scènes de chasse.

    Tête de cheval ornant la façade des écuries.

  • Statut de la propriété
    propriété privée
Image non consultable
Image non consultable
Image non consultable
Image non consultable
Image non consultable
Image non consultable
Image non consultable
Image non consultable
Image non consultable
Image non consultable
Image non consultable
Image non consultable
Image non consultable
Image non consultable
Image non consultable
Image non consultable
Image non consultable
Image non consultable
Image non consultable
Image non consultable
Image non consultable
Image non consultable
Image non consultable
Image non consultable
Image non consultable
Image non consultable
Image non consultable
Image non consultable
Image non consultable
Image non consultable
Image non consultable
Image non consultable
Image non consultable
Image non consultable
Image non consultable
Image non consultable
Image non consultable
Image non consultable
Image non consultable
Image non consultable
Image non consultable
Image non consultable
Image non consultable
Image non consultable
Image non consultable
Image non consultable
Image non consultable
Image non consultable
Image non consultable
Image non consultable
Image non consultable
Image non consultable
Image non consultable
Image non consultable
Image non consultable
Image non consultable
Image non consultable
Image non consultable
Image non consultable
Image non consultable
Image non consultable

Documents d'archives

  • Archives départementales de la Mayenne ; 138 J 225. Chartrier de Lassay, aveux de la seigneurie de Torcé rendus à la baronnie d’Ambrières, 1396-1456.

  • Archives départementales de la Mayenne ; 138 J 229. Chartrier de Lassay, titres de propriété de la seigneurie de Torcé, acquêts, échanges, mémoire, 1472-1676.

  • Archives départementales de la Mayenne ; 138 J 233. Chartrier de Lassay, seigneurie de Torcé : aveux, hommages, procédures, 1512-1758.

  • Archives départementales de la Mayenne ; 138 J 261. Chartrier de Lassay, titres de propriété de la seigneurie de Torcé-Montcorbeau, acquisition de la seigneurie de Torcé par Françoise de Logé, 1474-1763.

  • Archives départementales de la Mayenne ; MS 80/10-3. Monographie communale de Cigné, par l'instituteur Legendre, 1899.

  • Archives départementales de la Mayenne ; 3 P 109-110, 536, 1446. Matrices cadastrales, registres des augmentations et diminutions de construction de la commune de Cigné, XIXe-XXe siècles.

  • Archives départementales de l'Orne ; 260 J 185, 310, 341. Fonds de la famille Salles : correspondance et factures diverses, concernant entre autres les travaux du château de Torcé à Cigné, 1897-1900.

Bibliographie

  • ANGOT, Alphonse (abbé). Dictionnaire historique, topographique et biographique de la Mayenne. Laval : Goupil, 1902.

  • DENIS, Michel. Les royalistes de la Mayenne et le monde moderne (XIXe-XXe siècles). Paris : C. Klincksieck, 1977.

    p. 35
  • DURAND, Albert (abbé). Cigné au cours des âges, t. 1, la féodalité. Laval : R. Madiot, 1972.

    p. 11-80
  • LE PAIGE, André-René. Dictionnaire topographique, historique, généalogique et bibliographique de la province et du diocèse du Maine. Le Mans : Toutain, 1777.

  • SOCIETE D'ARCHEOLOGIE ET D'HISTOIRE DE LA MAYENNE. Ambrières et Cigné entre Maine et Normandie. Condé-en-Normandie : Corlet, 2020.

    p. 120
  • PIETTE, Ludovic. BAILLY-HERZBERG, Janine. Mon cher Pissaro ; lettres de Ludovic Piette à Camille Pissaro. Paris : éditions du Valhermeil, 1985.

    p. 59-60

Périodiques

  • LOUVEL, Michel. La famille Salles à La Ferté-Macé. Le Pays Bas-Normand, t. 317-318, 2020.

    p. 104

Documents figurés

  • Collection de cartes postales anciennes des communes de la Mayenne. (Archives départementales de la Mayenne ; 5 Fi).

  • Plan cadastral napoléonien d'Ambrières-les-Vallées (communes d'Ambrières et de Cigné), 1837. (Archives départementales de la Mayenne ; 3 P 2666.)

  • Plan du château de Torcé à Ambrières-les-Vallées, par Jules Tessier, 1900. (Archives privées).

Date(s) d'enquête : 2021; Date(s) de rédaction : 2021
(c) Conseil départemental de la Mayenne
(c) Région Pays de la Loire - Inventaire général
Barreau Pierrick
Barreau Pierrick

Chercheur auprès du Pays du Perche sarthois jusqu'en octobre 2020. Depuis novembre 2020, chercheur auprès du Conseil départemental de la Mayenne.

Cliquez pour effectuer une recherche sur cette personne.