Dossier d’œuvre architecture IA53004342 | Réalisé par
Seure Marion (Contributeur)
Seure Marion

Chercheuse au pôle Inventaire du service du Patrimoine de la Région Pays de la Loire.

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  • inventaire topographique, Canton de Lassay-les-Châteaux
Hameau de la Thibeudière
Œuvre étudiée
Auteur
Copyright
  • (c) Région Pays de la Loire - Inventaire général

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Ancien canton de Lassay-les-Châteaux - Lassay-les-Châteaux
  • Commune Le Housseau-Brétignolles
  • Lieu-dit la Thibeudière
  • Cadastre 2020 ZM 045
  • Précisions anciennement commune de Brétignolles-le-Moulin
  • Dénominations
    écart

Une des caractéristiques de la Thibeudière est l'absence d'évolution importante du bâti entre le dessin du cadastre ancien et aujourd'hui. Malgré l'absence de source écrite ancienne à son sujet, ce village constitue donc un exemple intéressant pour comprendre l'organisation des écarts.

La seule source antérieure au XIXe siècle concernant le village de la Thibeudière est sa représentation sur la carte de Cassini (début du XVIIIe siècle). L'analyse du bâti préservé, dans un bon état de conservation, apporte des informations sur l'aspect de l'écart antérieurement à cette date.

Paysage, activités et organisation

Au début du XIXe siècle (1835, état de sections du cadastre), le village était partagé entre au moins 6 propriétaires différents, à l'exception du pressoir, alors situé à l'est de l'écart, qui appartenait à tous. En 1836, le recensement de la population indique que 36 personnes, réparties en 11 foyers vivaient à la Thibeudière. Ces chiffre descendent progressivement au cours du XIXe siècle : 9 foyers pour 29 personnes en 1841 ; 9 foyers pour 27 personnes en 1846 ; 9 foyers pour 25 personnes en 1851 ; 4 foyers pour 18 personnes en 1866 ; 3 foyers pour 10 personnes en 1886 ; 4 foyers pour 11 personnes en 1910. En 1841, les chefs de feu sont majoritairement des cultivateurs. En 1846 et 1851, on compte 5 fileuses (activité connue en raison de l'absence d'un chef de feu masculin), dont 3 indigentes. La forte baisse du nombre d'habitants dans les années 1860 se traduit par l'abandon et la réduction à l'état de ruines de toute la partie sud du village.

Phasage chronologique et évolution de l'architecture

XVe et XVIe siècle

Sur le pignon méridional de la maison la plus au sud de l'écart, aujourd'hui en ruines, est conservée une imposante cheminée : le profond chanfrein de ses piédroits, les corbeaux à deux ressauts, les congés sculptés de deux visages aux traits marqués et caricaturaux sont autant d'indices d'une datation du XVe ou XVIe siècle. La cheminée implantée dans le mur-pignon nord semble moins ancienne et a pu être installée postérieurement, au moment d'une division de l'édifice en deux pièces. L'état de conservation du reste de l'ensemble ne permet néanmoins pas d'être trop affirmatif sur ce dernier point.

XVIIe et XVIIIe siècle

L'édifice servant aujourd'hui de maison se divise en trois ensembles. Les deux parties sud, si ce n'est le tout, datent du XVIIe siècle. Le linteau de la porte du milieu, en place, porte la date 1606. La maçonnerie de petit moellon non équarri composant cette partie de l'alignement corrobore cette datation. La partie sud, moins profonde, possède également les caractéristiques de l'architecture du XVIIe siècle : ses linteaux de porte et de fenêtre se composent d'un bloc monolithe taillé uniquement sur son côté inférieur ; sa maçonnerie est également de petit moellon ni équarri, ni assisé. Dans chacune des parties de l'ensemble se trouve une cheminée dont les corbeaux sont formés de deux ressauts, modèle entre autres utilisé au XVIIe siècle.

De cette époque ou du siècle suivant date également l'étable-fenil du sud de l'écart : ses proportions actuelles sont déjà représentées sur le cadastre napoléonien, ses ouvertures surmontées d'épais linteaux en bois, ses murs bas et sa maçonnerie de petits moellons sont autant de signes d'ancienneté. L'alignement d'étables-fenil situé au nord de l'écart comporte dans sa partie droite un logis, dont le linteau de fenêtre, à léger arc segmentaire, et la cheminée aux piédroits non chanfreinés indiquent une datation du XVIIIe siècle ou du tout début du XIXe siècle. Le reste de l'alignement existe déjà en 1835 mais il a par la suite trop été modifié pour être daté avec précision.

XIXe siècle

Contrairement à d'autres écarts, le XIXe siècle n'a pas été une période d'expansion pour la Thibeudière. Entre 1866 et 1875, un ensemble de 3 bâtiments, dont un alignement de 3 logis, a été démoli. Il ne reste aujourd'hui plus de trace de cette partie du village. En 1873, le logis actuel a été reconstruit, puis surélevé au début du XXe siècle ; on observe en effet une différence entre son appareillage de moellons assisés et celui des logis du XVIIe siècle qui lui sont attenants. Les corbeaux de cheminée anciens ont néanmoins été conservés.

Les étables situées au nord ont toutes été transformées et surélevées pour accueillir des fenils dans le courant du XIXe siècle. Les différences de maçonnerie entre ces phases sont particulièrement perceptibles sur l'ancien logis situé à droite de l'alignement ; les façades des autres ont été intégralement remontées. Il est intéressant de noter que la partition en plusieurs petites étables, documentée au début du XIXe siècle et constituant sans doute un héritage plus ancien, est maintenue malgré d'importants travaux et qu'aucune grande grange-étable à fond de grange, caractéristique des reconstructions agricoles de la deuxième moitié du XIXe siècle, n'a été bâtie dans cet écart. On peut soit y voir un signe de pauvreté du village ; ou bien celui de la précocité de cette phase de travaux.

Synthèse

L'analyse de l'état de section du cadastre ancien (1835) enseigne que la majorité des alignements du village concentrent une seule fonction, habitation ou bâtiment agricole : on y dénombre en effet deux ensembles de 3 logis (un disparu, l'autre étant la maison actuelle), deux ensembles de 2 bâtiments agricoles et un ensemble mêlant bâtiments agricoles et maisons. Dans ce dernier cas, les maisons ne datent néanmoins que du XVIIIe ou du début du XIXe siècle. Selon l'analyse de bâti que nous avons pu faire, il semblerait donc que cette partition entre les fonctions soit relativement ancienne.

  • Période(s)
    • Principale : 15e siècle, 16e siècle
    • Principale : 1er quart 17e siècle , porte la date
    • Principale : 3e quart 19e siècle
  • Dates
    • 1606, porte la date

Le village de la Thibeudière se trouve dans l'ancienne commune de Brétignolles-le-Moulin, non loin de la rivière Mayenne et à proximité immédiate d'un petit ruisseau nommé le Brétignolles.

Forme et organisation de l'écart

Les constructions de la Thibeudière sont très proches les unes des autres et ne suivent pas d'axe spécifique. En revanche, l'ensemble des édifices comprenant au moins un logis est orienté dans la même direction, le sud-ouest. Deux alignements comprenant des étables sont disposés perpendiculairement à cet ensemble.

Bâti de l'écart

Une seule maison est encore habitée dans le village. Elle se trouve au sein d'un alignement de logis, dont les parties non habitées servent de cellier. Un alignement de deux maisons est en ruines. Les fonctions agricoles sont séparées des fonctions d'habitation. Un fournil se trouve à l'ouest de l'écart ; la base de son massif est fait de pierres carrées, la voûte est en brique.

L'ensemble des édifices est construit en moellon de granit local et couvert d'ardoise. Les logis conservés ne comportant qu'une pièce à feu de dimensions modestes, à l'exception de la maison encore habitée, qui dispose d'un étage.

  • Murs
    • granite moellon
  • Toits
    ardoise
  • Statut de la propriété
    propriété d'une personne privée

Documents d'archives

  • Archives départementales de la Mayenne ; 3 P 2641/2. Feuille A du cadastre napoléonien, Brétignolles-le-Moulin, 1832.

  • Archives départementales de la Mayenne ; 3 P 792. État de sections du cadastre napoléonien de Brétignolles-le-Moulin, 1835.

  • Archives départementales de la Mayenne ; 6 M 115. Recensement de la population de Brétignolles-le-Moulin.

    1836-1926.
Date(s) d'enquête : 2018; Date(s) de rédaction : 2020
(c) Région Pays de la Loire - Inventaire général
Seure Marion
Seure Marion

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