Dossier d’œuvre architecture IA53004326 | Réalisé par
Seure Marion (Contributeur)
Seure Marion

Chercheuse au pôle Inventaire du service du Patrimoine de la Région Pays de la Loire.

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  • inventaire topographique, Canton de Lassay-les-Châteaux
Maison, hameau de Launay
Œuvre étudiée
Auteur
Copyright
  • (c) Région Pays de la Loire - Inventaire général

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Ancien canton de Lassay-les-Châteaux - Lassay-les-Châteaux
  • Commune Le Housseau-Brétignolles
  • Lieu-dit Launay le Housseau
  • Cadastre 2020 ZH 0071
  • Précisions anciennement commune de Le Housseau
  • Dénominations
    maison, grange, étable

L'élément architectural le plus ancien de l'écart du Launay a été découvert dans le cellier situé au milieu d'un édifice composé d'une maison, d'une grange-étable et dudit cellier. Celui-ci se distingue aujourd'hui par ses deux beaux linteaux armoriés, l'un sur la face nord, l'autre sur la face sud. Ce fragment de bâti ancien est une structure à poteaux porteurs de la fin du XVe siècle, dont on n'a pu déterminer l'usage originel, mais qui témoigne d'une architecture rurale en bois, courante dans la période suivant la guerre de cent ans, puis peu à peu remplacée par des édifices de pierre. Par l'étude qu'il a été possible d'en faire, la maison de Launay constitue un excellent exemple d'architecture médiévale vernaculaire, conservée grâce à un chemisement de pierre postérieur et un maintien de l'usage et donc de l'entretien de l'édifice.

En raison de la présence d'armoiries identiques sur deux linteaux et de celle d'un petit étang avéré par le cadastre napoléonien, le statut noble du Launay a été questionné. Faute de documentation précise et en raison des faibles dimensions de la maison, cette hypothèse a été, pour le moment, écartée. La présence d'armoiries identiques doit néanmoins être signalée sur un linteau de la ferme du Bois, à Loré (Orne). Dans le cas où ces linteaux seraient restés sur leur lieu originel, on peut envisager qu'il s'agisse de deux dépendances ou métairies d'une même seigneurie.

L'édifice étudié a été l'objet de modifications extérieures entre la fin du XVIIIe siècle et le début du XIXe siècle, en raison sans doute de sa division en plusieurs unités.

1. Moyen-Âge : un bâtiment en bois

De l'édifice de la fin du Moyen Âge, il ne reste que quelques éléments de structure, invisibles depuis l'extérieur, mais se révélant à un examen précis : trois poteaux de bois dans le cellier, dont deux portent une ferme de charpente à embrèvements, remplie de torchis, et reliée à des fragments de sablière. De tels poteaux sont sans doute conservés dans la maison, mais dissimulés derrière du placo. Les deux fermes de charpente situées dans le comble de la maison ont été modifiées et remploient des bois du bâti d'origine. Étant donnés leur espacement, leur structure et les pièces remployées, il est envisageable qu'elles se trouvent au même emplacement que les fermes médiévales qu'elles remplacent. Ces fragments anciens ont pu être précisément datés de 1486, grâce à une étude dendrochronologique.

L'analyse de ces traces permet de se représenter partiellement la physionomie du bâtiment à la fin du Moyen Âge. Celui-ci devait se composer d'au moins 3 travées, bornées par des poteaux, longues de 4 mètres et larges de 7. Les sablières ayant disparu, le matériau et le mode de remplissage des murs nous sont inconnus. Les poteaux, hauts de 3 mètres, laissent penser que le volume des pièces était important. Peut-être montait-il sous charpente. Il est impossible de savoir si les différentes travées étaient séparées de murs de refend ou bien si elles formaient un unique volume. La ferme de charpente conservée est comblée de torchis entre des poteaux également datés de 1486 et indique que le niveau de comble, au moins, était divisé en plusieurs sections. La vocation de l'édifice de la fin du XVe siècle nous est inconnue. Seuls des travaux dans l'actuel maison et une mise à nue des murs pourrait permettre d'en savoir plus.

2. Au XVIe siècle : une maison de pierre

Au cours du 3e quart du XVIe siècle, entre 1551 et 1578, cet édifice de bois a été chemisé de pierre et planchéié. Cette phase a pu être datée avec précision grâce au fait que la structure du plancher est étroitement liée à la maçonnerie (ce qui est visible dans le cellier) : la poutre transversale est insérée dans la maçonnerie et le linsoir correspond parfaitement à la cheminée aujourd'hui en place. Par ailleurs, le linteau armorié de la demi-croisée du mur gouttereau sud présente une mouluration similaire à un autre linteau de fenêtre, portant la date de 1575 (ferme de l'Aubergement, Lassay-les-Châteaux).

L'actuel cellier a donc été chemisé de pierre et planchéié au XVIe siècle pour aménager ou rénover une maison. La pièce qu'il nous est donné de voir conserve quasiment les dimensions de la travée médiévale : 7 mètres de profondeurs et un peu plus de 4 mètres de largeur. Si nous sommes assurés de la présence d'un mur de refend entre cette pièce et la partie orientale de l'édifice (en raison de la présence d'une poutre de rive soutenue par des corbeaux), il est en revanche impossible de savoir si les deux parties de l'édifice communiquaient. Le linteau de la cheminée placée contre le mur pignon (ou de refend ?) occidental repose sur des corbeaux asymétriques, sans doute en remploi.

Il est possible que l'actuelle maison ait également été maçonnée à la même époque, mais cette hypothèse restera incertaine tant que les traces archéologiques y seront invisibles.

3. De la période moderne au XIXe siècle : la division en de petites unités

Quelques modifications sont ensuite intervenues dans les maçonneries et les baies. Étant donnée son insertion dans le mur, il est possible que la demi-croisée du gouttereau sud ait été agrandie et que son linteau soit un remploi (de la fenêtre bouchée, visible sur le même pan plus à l'est, dont la largeur des piédroits correspond à celle du linteau ?). En effet, la hauteur intérieure de cette demi-croisée dépasse celle du plancher.

La forme des arcs de décharge et le matériau (granit gris) des linteaux des deux fenêtres et de la porte du gouttereau sud de l'actuelle maison datent de la fin du XVIIIe siècle ou de la première moitié du XIXe siècle (à l'exception du linteau de la fenêtre de droite qui est peut-être un remploi). De cette même époque date le rehaussement des murs, qui se distingue par son appareillage de moellons équarris aux assises régulières. Cela a permis l'aménagement de greniers plus conséquents. C'est à cette occasion que les fermes de charpentes anciennes ont été transformées, afin de ménager un espace de circulation.

La configuration des baies du mur gouttereau sud correspond à la nature des parcelles reportée dans l'état de section du cadastre napoléonien (1825). Le bâtiment était alors divisé en 5 sections différentes. Les deux parcelles occidentales (433 et 434) étaient des bâtiments agricoles, la parcelle centrale (435, actuel cellier) une maison, la parcelle 436 un cellier et la parcelle 437 une maison. La partie occidentale du bâtiment, une grange-étable, a été entièrement reconstruite après cette date (milieu du XIXe siècle ?).

Au vu de la corrélation entre les portes et les fenêtres de la face sud, dont la plupart datent de la fin du XVIIIe ou du début du XIXe siècle, et la nature des parcelles de 1825, on peut établir la division et le réaménagement d'un édifice préexistant en de très petites unités à cette période-là.

  • Période(s)
    • Principale : 4e quart 15e siècle , datation par dendrochronologie
    • Principale : 3e quart 16e siècle , datation par dendrochronologie
  • Dates
    • 1486, datation par dendrochronologie

L'alignement de Launay est orienté est-ouest, construit en moellon de granit gris. Sur un rez-de-chaussée de plain-pied se trouve un comble à surcroit accessible de l’extérieur. Sous le même faîte, on trouve d'ouest en est une remise construite en bois, une grange-étable, un cellier et une maison. Sur les linteaux de la porte de la face nord du cellier et de la demi-croisée sud, sont gravés des écus portant deux losanges et surmontés d'un tortil.

  • Murs
    • granite moellon
  • Toits
    ardoise
  • Étages
    étage en surcroît, en rez-de-chaussée
  • Couvertures
  • Statut de la propriété
    propriété d'une personne privée
  • Intérêt de l'œuvre
    à signaler

Documents d'archives

  • Archives départementales de la Mayenne ; 3P 2713/3. Feuille A1 du cadastre napoléonien, le Housseau, 1811.

  • Archives départementales de la Mayenne ; 3P 868. État de section de la commune du Housseau, 1835.

Date(s) d'enquête : 2019; Date(s) de rédaction : 2020
(c) Région Pays de la Loire - Inventaire général
(c) Conseil départemental de la Mayenne
Seure Marion
Seure Marion

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