Fondé en 1493 à Montjean, le couvent des Cordeliers est construit à l'emplacement de la "Pi[e]rre de la Vacherie" par les Frères mineurs de saint François. Ces derniers, anciennement en ermitage à Châteaupanne, viennent s'installer à Montjean après l'incendie de leur monastère. Ces nouvelles terres leurs sont données par le seigneur Louis de Montjean, dont certaines sources mentionnent qu'il aurait été impliqué dans l'incendie de leur précédent ermitage, et qu'il cède ces terres par absolution. Célestin Port mentionne un premier château construit à l'emplacement des Cordeliers, mais aucun vestige ni mention dans l'acte de fondation du couvent ne l'étayent (cf. : annexe).

Au milieu du XVIIIe siècle, des puits d'extraction de charbon sont ouverts sur la propriété, visibles sur le Plan général de Montjean et des mines de charbon de terre qui y sont connues de 1775-1780. D'après ce plan, le couvent était composé d'un corps de logis principal de plan allongé, situé parallèlement à la Loire, et complété de deux ailes en retour d'équerre à chaque extrémité au sud. Ces ailes étaient fermées au sud par des bâtiments parallèles au corps principal, formant deux cours intérieures distinctes dont un cloître à l'est, attenant à l'église. Des parties agricoles devaient se situer au nord-ouest. La propriété était entourée de vignes, de parcelles agricoles et de bois. À cette époque, le couvent sert également de maison de force pour des fils de bonne famille et des personnes incarcérées sur ordre du roi. À la Révolution, la communauté déserte le couvent le 6 septembre 1790 et un inventaire des biens détaillé est réalisé. Le mobilier est vendu le 29 avril 1792. L'édifice est pillé et incendié par les colonnes infernales en 1794, puis vendu en l'état le 5 juillet 1796. Une partie du corps principal, l'aile ouest et quelques bâtiments au nord sont toujours visibles sur le cadastre ancien de 1827, correspondant vraisemblablement au logis actuel. En revanche, l'église, le cloître et la partie est sont totalement détruits.

Au XIXe siècle, le couvent devient une maison bourgeoise, dont les propriétaires se succèdent, et change de nom pour "Bellevue". Célestin Port mentionne qu'un collège y est établi de 1851 à 1853. Durant ce siècle, la maison a appartenu entre autres à plusieurs directeurs des sociétés des mines et des fours à chaux de Montjean, étant parfois intégrée comme bien directement à celles-ci. En 1863, la maison devient la propriété d'Edmond Heusschen, maire de la commune de 1874 à 1876, et directeur des Mines de Montjean depuis 1853. Dans l'acte de vente, elle se compose de "divers corps de bâtiments, jardin, potager, vignes, jardin d'agrément avec terrasse sur la Loire, le tout [...] d'environ un hectare quatre-vingt-neuf ares, ainsi que de diverses pièces de terre et de vigne" (cf. : annexe). Le remaniement des bâtiments et l'aménagement du parc (pièce d'eau, orangerie, tour, communs au nord-ouest) datent de cette période.