La Houssaye est une ancienne seigneurie, attestée au XVe siècle, avec manoir noble, entouré de fossés, de jardins, de taillis et de futaies. En dépendaient trois étangs "chéans l'un dans l'autre", le troisième converti en prés dès le XVIe siècle, et les fermes du Vau, de la Papinière, de la Roholière, de la Hardière, du Mottay, du Petit-Châtelier, de la Salle, de la Landonnière et de la Vinsonnière, toutes situées sur l'actuelle commune de Saint-Laurent-du-Mottay. La famille Fleury détenait le fief depuis au moins le premier quart du XVe siècle (Jean Fleury, 1407 ; Guillaume Fleury, 1484, Jeanne de Gabory, veuve de Jean Fleury, 1553, René Fleury, 1547). Celui-ci passe à la fin du XVIe siècle dans la famille Rousseau par le mariage de Françoise Fleury avec René Rousseau, seigneur de la Ramée, du Plessis-de-Varades, Vaux, Tournelaye et la Rogeraye. La terre est saisie judiciairement sur Alexandre Rousseau en 1659 et vendue au notaire angevin Louis Charon. Elle est saisie de nouveau en 1670 et adjugée le 3 avril à Jacques d'Avril de la Chaussée (H 2067). Durant le XVIIIe siècle, elle passe de main en main successivement, à Thomas de la Rousselière, juge de la sénéchaussée d'Angers, mari de René Avril (1700), Jean-François Thomas, conseiller de l'hôtel de ville d'Angers (1760), Jacques François Gourreau de Chanzeaux qui y meurt le 25 septembre 1786. À la Révolution, le domaine s'étendait sur 287 hectares rayonnant autour du manoir. Saisie sur la famille Gourreau de Chanzeaux qui avait émigré, la terre est vendue nationalement le 7 floréal an VI. Liphard Desrosiers la possède en 1826.

En 1857, le domaine est acheté par le banquier angevin Jules-Emile Bordier (1817-1893). Une augmentation de construction est signalée dans les matrices cadastrales en 1870 sans qu'il soit possible d'en indiquer précisément la teneur. Banquier fortuné, président de la Chambre de commerce et d'industrie de Maine-et-Loire, conseiller municipal de la ville d'Angers, Jules-Émile Bordier réside alors avec sa famille une grande partie de l’année à Angers, au 88 rue du Mail. Mêlant l'utile à l'agréable, La Houssaye constitue pour lui et sa famille un placement foncier et un lieu de villégiature.

Installé de manière plus définitive à Saint-Laurent-du-Mottay, son fils cadet, Louis, futur maire de la commune, fait appel vers 1894 à l'architecte angevin Adrien Dubos (1845-1921) pour moderniser le château. Les toits d’ardoises et les souches de cheminées sont redessinées dans des proportions plus avantageuses, le pavillon oriental est augmenté d’une élégante extension surmontée d’une terrasse et les jardins sont réaménagés. On doit également à Adrien Dubos les plans du cellier, dont l'architecture novatrice fit l'objet d'un article par A. Bouchard en 1898 dans la Revue de viticulture, avec description, plans et coupes. L'auteur y décrit aussi les 550 hectares du domaine distribués entre quatorze fermes et deux moulins (350 ha de terres labourables, 100 ha de prairie naturelles, 60 ha de bois taillis et de futaies, 8 ha de vigne, 22 ha de parc et de jardin potager, 10 ha de pâtures et étangs). "Les terres de la Houssaye sont louées, à prix d'argent, 75 francs de l'hectare, et les fermes taillées "sur un patron" qui cadre avec les moyens pécuniaires et de travail des familles des cultivateurs angevins".