Dossier d’aire d’étude IA49010831 | Réalisé par
Durandière Ronan (Contributeur)
Durandière Ronan

Chercheur auprès du Conseil départemental de Maine-et-Loire.

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Le Corre Chloé (Rédacteur)
Le Corre Chloé

Stagiaire Conservation départementale du patrimoine (1/03/2022 à 29/07/2022).

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  • enquête thématique départementale, Confluence Maine-Loire
Béhuard : présentation de la commune
Auteur
Copyright
  • (c) Conseil départemental de Maine-et-Loire - Conservation départementale du patrimoine
  • (c) Région Pays de la Loire - Inventaire général

Dossier non géolocalisé

  • Aires d'études
    Confluence Maine-Loire
  • Adresse
    • Commune : Béhuard

1. Le territoire communal

Unique commune insulaire d'Anjou, le territoire de Béhuard s'étend actuellement sur 221 ha. Il est ceinturé par la Loire au sud et le bras de la Guillemette au nord. Béhuard. Vue aérienne de l'île vers l'est. A gauche, le bras de la Guillemette. A droite, le bras principal de la Loire.Béhuard. Vue aérienne de l'île vers l'est. A gauche, le bras de la Guillemette. A droite, le bras principal de la Loire.L'île résulte d'alluvions récentes déposées autour d'un rocher d'origine éruptive. Elle fut d'abord composée de plusieurs îlots (le Bois, la Vieille île ou l'île Sainte-Marie, l'île Neuve, le Merdreau, l'île Grivault, l'île Verte et l'île Mureau), actuellement rattachées par des alluvionnements. Comprises entre 18 et 20 m, les altitudes basses placent le territoire en zone inondable et son histoire est régulièrement marquée par les crues du fleuve.

Évangélisée dès le Ve siècle par saint Maurille, évêque d'Angers, Béhuard est offerte au XIe siècle aux moines de l'abbaye Saint-Nicolas d'Angers, par le chevalier breton Buhard qui l'avait reçue du comte d'Anjou Geoffroy II (1006-1060). La donation comprend alors une première île sur laquelle on trouve "la Roche", une maison et une chapelle (l'île Sainte-Marie) puis une une seconde dans laquelle se trouvent bosquets, pâturages, pêcheries, une écluse, un canal et un moulin. Selon plusieurs auteurs, cette dernière île pourrait être l'île de Guesse, actuellement rattachée aux berges de la commune de Savennières. On ignore l'origine de la fondation de la chapelle et de son pèlerinage. Selon une légende, elle serait due à la découverte d'une statue de la Vierge par un pêcheur de Denée. Avant le milieu du XVe siècle, l'île constitue en tout cas déjà un pèlerinage prisé des navigateurs de Loire qui viennent s'y placer sous la protection de la Vierge. Suite à un naufrage de son embarcation sur la Charente, à Ruffec, auquel il réchappe de la noyade, le roi Louis XI décide vers 1470 de reconstruire l'église et de la doter d'un collège de 6 chanoines. Jusqu'à sa mort, en 1482, le souverain fera bénéficier le lieu de nombreuses largesses dont les revenus de la paroisse et de la seigneurie de DenéeL'église Notre-Dame sur son rocher.L'église Notre-Dame sur son rocher..

Au milieu du XVIIe siècle, Béhuard dont la superficie est passée à 120 ha apparaît relativement peuplé puisque sa population atteint 350 habitants. Bien que rattaché à la paroisse de Denée, au lendemain de la mort de Louis XI, le territoire garde une certaine attractivité du fait notamment du maintien de son pèlerinage annuel. En 1850, l'île connaît un second souffle avec la construction de la ligne de chemin de fer Nantes-Orléans et la création de la gare Béhuard-les Forges depuis laquelle sont acheminés jusqu'à Béhuard, par un bac, les voyageurs. L'arrivée, côté nord de l'île. Carte postale. 1er quart 20e siècle.L'arrivée, côté nord de l'île. Carte postale. 1er quart 20e siècle.La commune et son église s'inscrivent comme passage obligé des premiers touristes de Loire en quête d'histoire et de pittoresque. Aujourd'hui encore, lîle de Behuard reste un lieu affectionné par près de 200 000 visiteurs par an.

2. Le bourg et les écarts

Le bâti se concentre essentiellement autour de l'église Notre-Dame, située sur un promontoire rocheux de 7 m de hauteur. Le réseau viaire est composé de voies parallèles à la Loire et de chemins correspondants aux limites des anciennes îles de Loire. Le développement de l'urbanisme a contribué à la création de voies perpendiculaires à la trame d'origine. Quelques vestiges de maisons médiévales subsistent dans l'environnement immédiat de l'église et le long de la rue du chevalier Buhard, parmi lesquelles la maison dite de Louis XI, classée MH en 1948. A l'Époque moderne, le bâti s'est développé progressivement le long des voies, principalement à l'ouest et au nord de l'église. Parallèlement au développement du bourg, plusieurs regroupements d'habitat se sont effectués au sein d'écart sur les anciennes îles composant le territoire : le Bois, Les Sablons, le Petit-Burette, le Merdreau, le Haut et le Bas-Grivaux, le Petit-Deffroux. Certains y conservent un bâti relativement ancien comme au Bas-Grivaux (XVIe siècle) ou au Bois (maison datée 1712). Les maisons et les fermes peuvent s'y organiser sous la forme de rangées d'habitations (le Merdreau, le Bois) ou, de manière plus ou moins agglomérée, autour d'un chemin ou d'un carrefour. La majorité du bâti est construit en moellons de schiste parfois enduits à la chaux. Le tuffeau est réservé aux encadrements des baies et aux chaînes d'angle. Il apparaît parfois associé au schiste dans la mise en œuvre des maçonneries des étages. Il peut alors être assisé en damier ce qui lui donne un caractère ornemental. Les maisons du bourg présentent une architecture simple, avec ou sans étage, sous une toiture à longs pans. Les fermes possèdent un grenier destiné au stockage des récoltes, notamment en cas de crues. Adaptées aux contraintes des inondations de la Loire, certains maisons et fermes ont été bâties sur un tertre ou "montil", artificiel ou non. Beaucoup d'entre elles présentent un escalier extérieur permettant l'accès à l'étage ou au comble en cas d'inondation.

La ferme des Sablons sur son montil.La ferme des Sablons sur son montil.

3. La villégiature à Béhuard

Le caractère pittoresque de l'île, l'attrait des bords de Loire, la proximité d'Angers et les nouvelles facilités d'accès, notamment depuis la construction du pont en 1889, sont sans doute autant de raisons qui valurent à Béhuard l'installation d'une petite "colonie" de villégiateurs dès la fin du XIXe siècle. Le premier "chalet" est construit en 1890 au Merdreau, sur la rive sud de l'île, par le ferblantier angevin Henri Brochet.Maison de villégiture La Comête, construite par Henri Brochet en 1890Maison de villégiture La Comête, construite par Henri Brochet en 1890Trois autres villas seront élevées sur les bords du fleuve de 1898 à 1902, dont Les Mouettes, œuvre de l'architecte choletais Victor Rabjeau mettant en œuvre pour l'une des premières fois en Anjou dans une construction privée, le système en béton armé Hennebique pour pallier à l'instabilité du sol. Maison de villégiature Les MouettesMaison de villégiature Les MouettesCaractéristiques par leurs jeux de toitures, leurs fermes débordantes et leurs lambrequins en bois découpées, ces villas ont pour constante la recherche de la vue afin de jouir du paysage. De l'autre côté du chemin bordant la rive, un escalier de quelques marches permet à leurs propriétaires d'accéder aux berges du fleuve, transformées en plages à basses eaux. La lente mutation de l'île n'est pourtant pas sans entamer son image. Dès 1908, le journaliste et écrivain André Hallays le déplore dans sa célèbre chronique hebdomadaire "En flânant", publiée dans le Journal des débats. Les "guinguettes, vide-bouteilles, chalets de villégiature" sont sous sa plume autant d' "horreurs communes à toutes les banlieues" dénaturant "la grâce rustique" de l'île. L'auteur fustige en outre le curé de la paroisse "qui s'est avisé de faire de Béhuard un petit Lourdes". Il est vrai que la forte personnalité de l'abbé Grangereau, arrivé à Béhuard en 1906, ne laisse pas indifférent. "Homme des réalisations hardies", il est notamment à l'origine de la réduction du rocher au-devant de l'église, sur lequel, au regret des vieux habitués du pèlerinage, estaménagé un calvaire. Le calvaire de Béhuard.Le calvaire de Béhuard.En 1928, ce dernier est à l'origine de l'édification d'une chapelle de plein-air, afin d'accueillir les nombreux pèlerins à l'extérieur de l'église, trop exiguë. Grangereau sera aussi le fondateur, en 1918, d'un collège de petits clercs, accueilli à partir de 1932 dans un imposant bâtiment dessiné par Ernest Bricard. Ce dernier marque encore fortement, par sa grande façade blanche, la rive sud de l'île.

4. Un patrimoine insulaire protégé de longue date

Béhuard a été très tôt une référence en matière de protections. Au classement monument historique de son église sur la liste de 1862 s'ajoute, les protections au titre des sites de son rocher de rhyolite dès 1925 puis, en 1931, l'inscription de l'ensemble des terrains qui l'environnent. En 1948, la maison dite de Louis XI bordant l'église est également protégée MH. En 1972, l’île intègre le classement au titre des Sites plus large des "rives de la Loire et de la Maine", agrandie en 2010 sous la dénomination "Confluence Maine-Loire et des Coteaux angevins". En 2016, Béhuard fait l'objet d'une Aire de valorisation de l'architecture et du patrimoine (AVAP) conjointe avec Bouchemaine et Savennières. Labellisée Petite Cité de Caractère, classée parmi les villages préférés des français, l'île reste aujourd'hui encore, un lieu affectionné tous les ans par près de 150 000 visiteurs.

Bibliographie

  • BODIN, Jean-François. Recherches historiques sur l'Anjou et ses monuments. Angers et le bas Anjou. Saumur : Degouy aîné, 1821-1823. 2 volumes.

  • BOURDIGNÉ, Jean. Chroniques d’Anjou et du Maine. Angers, éd. GODARD-FAULTRIER, 1842.

  • DURANDIÈRE, Ronan. Béhuard ou l'attrait pittoresque d'une île. Une île, des îles. Hors-série n° 149. Nantes, Éditions 303, 2017.

  • DURANDIÈRE, Ronan. La confluence Maine-Loire. Territoire de villégiature. Images Patrimoines en région, Nantes, Éditions 303, 2021, 136 p.

  • FAUVEL, Agnès. Notre-Dame de Béhuard. Béhuard, Impr. Notre-Dame, 1935.

  • GRANDET, Joseph. Notre-Dame Angevine. éd. A. LEMARCHAND, Angers, 1884

  • HIRET, Jean. Des Antiquitez d’Anjou. Angers. 1618.

  • LABANDE-MAILLEFERT, Yvonne. Le premier cartulaire de Saint-Nicolas d'Angers : XIe-XIIe siècle : essai de restitution précédé d'une étude historique. Thèse : École nationale des chartes, 1931, 3 volumes.

  • Panorama de la Loire. Voyage de Nantes à Angers, et d'Angers à Nantes, sur les bateaux à vapeur. Nantes : Mellinet-Malassis. 1829, 112 p.

  • Panorama de la Loire. Voyage de Nantes à Angers, et d'Angers à Nantes, sur les bateaux à vapeur. Nantes : Mellinet-Malssis. 1830, 144 p.

  • Panorama de la Loire ou voyage historique et pittoresque sur les bateaux à vapeur : Nantes, Angers, Tours, Orléans et lieux intermédiaires. Nantes : P. Sébire. 1845, 106 p.

  • PARROT, Armand. Histoire de Notre-Dame de Béhuard. Angers, Barassé, 1873.

  • PORT, Célestin. Dictionnaire historique, géographique et biographique de Maine-et-Loire, 3 vol., Paris-Angers, 1874-1878 ; réédition, mise à jour et augmentée (coll.), 4 vol., Angers : 1965-1989 ; supplément (Sarazin, André), 2 vol. Angers : 2004.

  • QUICHERAT, Jules. Notre-Dame de Béhuard. Angers, Cosnier et Lachèse, 1853.

Date(s) d'enquête : 2016; Date(s) de rédaction : 2018
(c) Conseil départemental de Maine-et-Loire - Conservation départementale du patrimoine
Durandière Ronan
Durandière Ronan

Chercheur auprès du Conseil départemental de Maine-et-Loire.

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Le Corre Chloé

Stagiaire Conservation départementale du patrimoine (1/03/2022 à 29/07/2022).

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