Aujourd'hui précédée d'un jardin et en retrait par rapport au tracé de la Basse-rue et surtout du quai Philippe-de-Commines, cette maison fut à l'origine construite au droit du port des seigneurs de Montsoreau (actuelle Cale du bac), à l'alignement de deux anciennes voies qui formaient là un important carrefour : l'une à l'est descendant de la porte ouest de l'enceinte fortifiée de Montsoreau (actuelle rue du Port-au-vin), l'autre à l'ouest, parallèle à la Loire, venant du port des abbesses de Fontevraud (actuelle Basse-rue).
Ce logis à tourelle comprend un rez-de-chaussée, un étage-carré et un comble à surcroît, sur un plan trapézoïdal d'environ 8 à 9 mètres de large par 7,5 m de profondeur. Il est construit en tuffeau, mais selon diverses mises en œuvre : la tourelle est en moyen appareil ainsi que le revêtement de la façade principale ; par contre le gros-œuvre et les parements intérieurs sont en moellons à tête dressée et plus ou moins équarris.
À l'exception d'une porte haute en façade postérieure, absente à l'origine, seule la façade sur rue est ajourée. Elle compte aujourd'hui diverses baies, toutes restaurées, mais plusieurs d'entre elles sont des percements tardifs, d'après les observations que l'on peut tirer d'une photographie prise vers 1950. Les baies originelles encore en place sont celles de la tourelle (une porte et deux petites fenêtres), la baie géminée du comble et la grande croisée de l'étage-carré ; elle sont encadré d'un corps de mouluration à cavets et à congés. Il semble y avoir eu une logique de travées dans la composition première de l'élévation, mais sans recherche de symétrie par rapport à l'axe du pignon. La plus petite fenêtre de l'étage-carré est une création récente qui reprend un percement tardif ; une fenêtre existait à l'origine un peu plus bas et à gauche de celle-ci, sous forme d'une baie géminée sans doute comparable à celle du comble, mais les traces en ont disparu lors de la restauration du moyen appareil de la façade. Au rez-de-chaussée du corps de logis, aucune baie n'est d'origine tant les remaniements ont été nombreux : au-dessous de la grande fenêtre de l'étage-carré il y avait ici initialement une grande baie géminée dont chaque fenêtre était couverte d'un arc monolithique en plein-cintre et il y avait peut-être une autre fenêtre un peu plus à l'ouest, mais aucun élément tangible ne permet de l'affirmer ; au XVIIIe siècle, une porte fut ouverte dans l'angle ouest de la façade (dont tout trace a aujourd'hui disparue).
La tourelle, hors-œuvre, est à l'alignement du pignon sur rue. De section octogonale, elle est coiffée d'un toit octogonal, couvert d'ardoises et dont la charpente compte deux enrayures. Elle abrite un escalier en vis, en maçonnerie de tuffeau, aux marches partiellement délardées et dont le noyau présente une base à mouluration torique. Cette tourelle assurait initialement l'essentiel de la distribution de la maison, d'autant que c'est là que se trouvait, sur rue, ce qui devait être la seule porte d'entrée de ce logis. Au rez-de-chaussée, la tourelle d'escalier ouvre sur une grande pièce à cheminée, ajourée d'une baie géminée et qui, dès l'origine peut-être, en commande une plus petite (dont on ne connaît pas la forme de la baie originelle), à moins qu'il n'y ait eu là initialement qu'une seule très vaste salle. La cheminée de la grande salle a été restaurée et semble d'une facture plus tardive que la maison.
À l'étage-carré, la tourelle donnait aussi accès à une grande pièce (dotée d'une petite resserre troglodytique en partie postérieure) et qui en commandait une seconde, plus petite ; cette hiérarchie se percevait aussi dans les percements d'origine, avec une grande croisée pour la première salle et une plus petite baie géminée pour la seconde.
L'escalier distribue aussi le comble, qui prend le jour par une baie géminée qui, bien que restaurée, est la mieux préservée du bâtiment. La charpente a fait l'objet de travaux, mais conserve ses deux fermes d'origine, situées l'une et l'autre à faible distance de chacun des pignons (un peu plus éloignée au nord, pour ne pas gêner l'accès à la fenêtre). Cette charpente, avec fermes à entrait et poinçon, relève d'un type très répandu dans le secteur entre la fin du XVe et la fin du XVIIe siècle, avec pannes sous chevrons porteurs et maintenues par une encoche dans les faux-entraits.
Du côté sud, cette maison est adossée au coteau : seule la partie haute du pignon postérieur en émerge, mais il semble n'y avoir eu, à l'origine, aucune communication entre ce logis et l'actuelle rue Haute.
Le toit, aigu, est à l'origine à longs pans, avec l'axe faîtier perpendiculaire à la rue et au coteau. La partie postérieure a été reprise, peut-être au XVIIIe siècle lors de la construction de bâtiments latéraux et pour réorienter l'écoulement des eaux pluviales vers la rue. Une partie du pignon est alors surhaussée pour former un appentis en retour d'équerre lié par des noues à la toiture originelle du logis. Une porte haute est alors percée dans ce surhaussement, accessible depuis le comble par une échelle et ouvrant en partie postérieure sur une petite parcelle enclose, qui coiffe le coteau et donne elle-même accès à la rue Haute.
Photographe auprès du Conseil départemental de Maine-et-Loire - Conservation départementale du patrimoine jusqu'en 2018.