La maison du 5-7, rue des Masques occupe l'angle formé par cette rue et la rue Robert d'Arbrissel. Il s'agit d'un carrefour entre une ancienne impasse qui conduisait autrefois vers des terres bordant le sud du Grand Clos (immense ensemble foncier exploité en faire-valoir direct par l'abbaye), et l'ancien chemin de Fontevraud à Saumur, dans son tronçon qui vit, très progressivement, se développer un habitat face à l'ancien cimetière de la paroisse.
L'ensemble se compose d'un bâtiment principal, en L, construit en moyen appareil de tuffeau, et de ses extensions (dont des dépendances agricoles) développées autour d'une cour intérieure au sein du tissu bâti voisin. Il comprend trois étages de sous-sol, un rez-de-chaussée, un étage carré et un comble à surcroît, avec toit d'ardoise.
Les caves
Depuis le 7, rue des Masques, un corridor distribue l'escalier qui permet d'accéder aux étages, mais il abrite aussi une trappe par laquelle se fait la descente aux étages de sous-sol. Ceux-ci comptent, en haut (1er étage de sous-sol) un ensemble de caves modernes, dont le parcours sinueux montre qu'elles ont été constituées avec la contrainte de circuler autour de la descente qui permet d'atteindre une cave médiévale (2e étage de sous-sol), du palier de laquelle on pouvait ensuite descendre dans un niveau de cave inférieur (3e étage de sous-sol).
Ce 3e étage de sous-sol n'est aujourd'hui qu'à peine discernable, ayant été presque totalement remblayé et l'on n'en distingue que le parement d'un mur et de l'encadrement de la porte qui en barrait l'accès. Ces remblais, que l'on trouve aussi au 2e étage de sous-sol, ne proviennent d'aucun effondrement et correspondent probablement aux matériaux évacués pour réaliser les caves modernes de l'étage supérieur des sous-sols. Il se peut que cette cave ait aussi, après un temps d'abandon, servi de dépotoir et l'on a retrouvé dans ces remblais des fragments osseux et des tessons de céramique commune ou vernissée, qui pourraient relever d'une production locale de la fin du Moyen Âge.
En partie remblayé lui aussi, le 2e étage de sous-sol est le plus notable. Accessible par une longue descente en volée droite, il s'agit d'une cave médiévale composée d'un palier assez profond (qui se poursuivait par la volée d'accès au sous-sol inférieur), desservant par une porte latérale un ensemble de caves. Le couvrement de ces caves latérales est en roche, mais conforté d'arcs : demi-doubleaux plein-cintre pour la cave principale, arcs brisés pour les entrées d'embranchements. Il est possible que ces cavités aient été percées en deux temps, et l'arc de l'embranchement nord n'est pas chanfreiné au contraire des autres arcs médiévaux ; des doubleaux supplémentaires ont été construits, sans doute au XVIIe ou XVIIIe siècle pour mieux étayer le couvrement rocheux de la cave principale. Ces arcs s'appuient sur des parements maçonnés, en moyen appareil de tuffeau, qui habillent soit les parois latérales des caves, soit les angles formés par l'interpénétration de deux caves. Le fond des ces caves est constitué de parois rocheuses. Le palier présente un volume beaucoup plus haut et relève d'un traitement plus abouti encore : le mur de fond est formé de la roche nue, les murs latéraux sont entièrement maçonnés en moyen appareil de tuffeau à mise en œuvre standardisée, avec pierres de taille portant un numéro correspondant à la hauteur de l'assise (on trouve 4 hauteurs différentes, numérotées par ordre croissant : I, II, III et IIII). Fondés directement sur une strate de roche dure, ces murs latéraux portent une voûte en berceau brisé confortée de deux épais doubleaux, eux aussi chanfreinés. La surface des pierres de taille médiévales mises en œuvre dans cette cave a reçu un traitement de surface de fines hachures ; ces blocs sont à joints assez fins et semblent lier la terre. Ces maçonneries relèvent ainsi de techniques caractéristiques d'une période qui s'étend de la fin du XIIIe au milieu du XVe siècle. La voûte est percée d'un trou assez large qui devait servir à l'aération ou bien à l'usage d'un système de levage permettant de charger ou décharger la cave ; tardivement rebouché en coupole, ce trou témoigne, même si l'on n'en connaît pas l'usage initial, de ce qu'à l'origine la cave n'était pas située sous une habitation. Par ailleurs, la disposition de cette cave comme les éléments qui la composent impliquent qu'il peut s'agir d'une cave habitée, mais bien plutôt d'un site de stockage.
La descente qui mène à ce 2e étage de sous-sol a été remaniée : dans son état actuel, non datable, elle se compose d'une volée d'une trentaine de marches étroites et parallèlement, d'une rampe, plus tardive et assez raide, où l'on note des traces d'usure sans doute laissées par la traction d'éléments pesants, stockés là. Le couvrement de cet escalier est composite, ce qui correspond à une rupture nette dans le développement de la volée. En partie basse où l'escalier est plus large la partie la plus ancienne, liée à la voûte du palier, est formée d'une voûte inclinée, confortée par d'étroits doubleaux chanfreinés ; en partie haute où l'escalier est plus étroit, le couvrement en berceau plein-cintre et une part des murs latéraux sont bien plus tardifs et ont vraisemblablement été repris lors de la construction de la maison et de l'établissement des caves hautes.
Ce 1er étage de sous-sol semble avoir amputé l'escalier médiéval de sa partie haute, qui devait se prolonger jusqu'à la surface. Ce niveau supérieur de caves est constitué d'étroits boyaux couverts de voûtes segmentaires qui contournent l'ancienne descente et distribuent de part et d'autre deux caves principales en berceau plein-cintre. L'une, d'elles, relève de l'habitation voisine à l'ouest ; l'autre à l'est, à l'angle des deux rues, prend le jour par des soupiraux et un degré en permettait l'accès depuis la rue des Masques.
La maison et les dépendances
La maison et ses dépendances ont évolué au fil du temps et l'ensemble est constitué d'éléments divers, dont le corps situé à l'angle des rues Robert-d'Arbrissel et des Masques et des bâtiments qui, au nord-est, environnent la cour intérieure de l'ancienne propriété.
Le corps qui situé à l'angle des deux rues, en moyen appareil de tuffeau, est des plus sobres et semble relever de mises en œuvre du XVIIe siècle ou du début du XVIIIe siècle ; les seuls éléments qui en animent l'élévation sont les appuis saillants à corps mouluré des fenêtres ; il semble que le surcroît (avec bandeau et corniche) soit ajouté postérieurement. Il a été largement transformé lorsqu'il fut amputé et prolongé vers le nord, dans la seconde moitié du XVIIIe siècle ; des baies en ont par ailleurs été modifiées ou murées. L'extension ainsi établie plus au nord présente une élévation plus affirmée, avec une façade encadrée de jambes à bossages en table, un bandeau d'appui, les chambranles et appuis saillants des baies couvertes en arc segmentaire. La travée de l'entrée originelle se distingue particulièrement, avec couvrement de l'ancienne porte (aujourd'hui fenêtre) en plein-cintre et encadrements traités en pilastres doriques portant un plein de travée traité en petit entablement dont la corniche forme l'appui saillant de la fenêtre de l'étage-carré ; plus haut, une lucarne (démontée) amortissait la travée. L'actuelle porte du logis est une ancienne fenêtre remaniée et la porte latérale, au nord, plus basse et qui par un corridor conduit à l'escalier, pourrait n'avoir été qu'une porte donnant à un espace secondaire (cellier ou petite cave).
La distribution intérieure du rez-de-chaussée a ainsi totalement été remaniée, ainsi que les escaliers, sans doute au milieu du XIXe siècle, pour assurer une distribution autonome des chambres de l'auberge. À l'étage-carré, sont conservées des huisseries du XVIIIe siècle, mais aussi trois ensembles de placards du XIXe siècle qui occupent des pans de murs entiers, là encore sans doute liés au fonctionnement de l'auberge.
Il semblerait que le comble à surcroît ait été aménagé dans la seconde moitié du XVIIIe siècle, pour les deux corps de bâtiments, afin de les homogénéiser en partie haute. En façade sur rue, un décor court au haut des élévations, constitué d'un bandeau de niveau, d'une frise nue et d'une corniche, qui correspond à un surcroît permettant d'utiliser le volume du comble, avec une charpente à fermes et pannes, à entraits retroussés. La présence de l'angle sur rue et l'interpénétration des toitures des deux ailes nécessitent l'emploi d'enrayures, peu courantes dans un secteur où pour l'habitat ordinaire prévaut le pignon découvert et où, hors de l'abbaye, la croupe demeure rarissime au XVIIIe siècle. On observe par ailleurs la présence, dans la travée d'angle, d'une seconde enrayure au sol, reliant entraits et poutres, pièces de bois par ailleurs maintenues entre elles par des bandes de fer. Ce système complexe s'explique très certainement par la volonté de stabiliser l'élévation du bâtiment d'angle qui venait ainsi d'être remanié.
Cinq lucarnes éclairaient le comble des deux corps, trois au-dessus du corps d'angle, deux au-dessus du corps nord : il n'en reste qu'une, aujourd'hui, à ailerons, à couvrement segmentaire et coiffée d'une corniche curviligne.
Le corridor du 7, rue des Masques et l'escalier qui s'y trouve distribuent aussi des extensions postérieures, établies sans doute au milieu du XIXe siècle autour de la cour intérieure et constituées de logements secondaires, de chambres et de dépendances de l'auberge, comptant un rez-de-chaussée et un étage-carré. À l'ouest et au sud de la cour, où ils flanquent des bâtiments ou des murs plus anciens ces extensions sont en appentis ; au nord-est où elles prolongeaient les bâtiments précédents, l'aile (détruite) était entièrement élevée selon une même volumétrie. Couronnées d'une corniche simple, les élévations sont ici très sobres, en moyen appareil de tuffeau, avec baies de l'étage dotées d'appuis saillants moulurés ; un ancien oculus a été remanié. Les espaces du rez-de-chaussée semblent avoir été destinés à des dépendances. Au nord-est, ces bâtiments viennent s'appuyer sur une écurie, sans doute des premières décennies du XIXe siècle, avec baies couvertes de claveaux à crossettes et grande porte en arc en anse de panier à crossettes en escalier ; dans les dernières décennies, ce bâtiment fut en partie amputé du haut de son élévation, du côté nord. La partie nord-est de ces dépendances, aujourd'hui démolie, comprenait d'autres logements ou chambres de l'auberge. Un petit immeuble (aujourd'hui 9, rue des Masques) a été substitué à ce dernier ensemble au début du XXIe siècle ; en façade sur la rue des Masques, il reprend la volumétrie et des éléments de l'entablement de l'immeuble voisin du XVIIIe siècle pour s'insérer dans la continuité du bâti.
Photographe auprès du Conseil départemental de Maine-et-Loire - Conservation départementale du patrimoine jusqu'en 2018.