L'établissement de moulins à Châteauneuf remonte probablement à la fondation du bourg au XIIe siècle. À la fin du Moyen Âge, deux lignes de moulins sont attestées. Un premier ensemble, appelé communément "moulins de Châteauneuf", composé de trois moulins à blé, se situait à l'emplacement de l'actuelle minoterie. Une seconde ligne de moulins, les "moulins du Boys", était implantée en amont de l'actuelle rue du Liage. Elle se composait d'un moulin à blé, d'un moulin à drap et d'un moulin à tan. Cet ensemble disparaît visiblement dès avant le début du XVIIIe siècle comme l'indique le plan du prieuré Saint-Pierre de Séronne. Les quatre moulins à blé rapportaient chaque année 90 setiers de blé, un tiers de froment et deux tiers de moutures au seigneur de Châteuneuf. À la fin du XVe siècle, ils sont affermés à Antoine Garnier avec les pêcheries de la porte et du portineau. Des réparations y sont effectuées en 1477 par Jehan Chacebeuf, charpentier, la porte marinière de la chaussée des moulins étant "tellement rompue que les challons n'y peuvent plus passer". La porte est finalement reconstruite en 1512 par René Périer. Les moulins de Châteauneuf sont vendus comme biens nationaux en 1794. En 1839, leur propriétaire, Voisin, en demande la reconstruction et l'ouverture en amont d'un canal de dérivation de 10 m de largeur sur 2 m de profondeur lequel sera "susceptible de recevoir en tout temps les bateaux qui naviguent sur la rivière et qui auraient besoin de charger ou décharger des marchandises à l'usine". Ce nouveau moulin qui ne comporte qu'une seule roue gène considérablement la manœuvre des bateaux qui veulent pénétrer dans l'écluse, aussi propose-t-il la construction d'une seconde arche sur le quai en cours de construction et le remplacement de la roue par deux turbines de façon à diminuer la vitesse de sortie de l'eau. Suite à un incendie, le moulin est entièrement reconstruit en 1872 et transformé en minoterie industrielle. Au milieu du XIXe siècle, les carnets de patente mentionnent l'existence de trois autres moulins à Châteauneuf. Dans le bourg, un moulin à broyer actionné au moyen d'un cheval était exploité par Joseph Chevreuil. Il renfermait une meule et une presse et était affermé avec une maison d'habitation pour 180 francs par an. Un moulin à vent se situait dès avant 1826, à l'emplacement de l'ancienne porte de Juvardeil. En 1850, une description en est faite lors de sa vente par François Lorilleux à Mathurin Soreau. Il consiste alors en un "moulin à vent sur pivot de bois, dit à chandelier, à double harnais et deux meules et moulages y compris les tournants et virans, agrès, accessoires tels que toiles passoires et boisseaux". En 1856, il est mentionné dans les carnets de patente comme nouvellement réparé et situé dans une bonne position. Un dernier moulin à énergie mixte, vapeur et vent, était exploité par Prosper Desnoës. Destiné à broyer de la farine, il possédait six paires de meules montées à l'anglaise. Quatre paires de meules était actionnées par la vapeur et les deux autres par l'énergie éolienne.