La résidence du Cléray a été acquise en 1935 par Ernest Sauvion (1891-1951), marchand de porc sur la commune de Vallet. Celui-ci acquiert le Cléray avant tout pour le vignoble qui l'entoure ainsi que pour les caves du château. Lui-même n'y vit pas, au contraire du vigneron du domaine.

À son décès c'est son fils, Ernest Sauvion (1920-2010) qui récupère l'affaire de porcs et vient faire les vendanges au château, mais il n'est encore que récoltant. Le projet de démolir le château est évoqué, mais jamais réalisé. Le vin était jusqu'à lors vendu à un négociant valletais, François Pineau (des établissements Pineau-Boiteau). C'est Ernest Sauvion fils qui débute la vente directe en prenant conscience de la plus-value apportée aux vins par l'image du château. Il met fin au négoce de porcs en 1965. Cette même année le négoce de vins Sauvion est créé : Ernest, Yves et Dominique Sauvion se joignent à l'affaire. Les vignes sont conservées, faisant des Sauvion des négociants-éleveurs, qui travaillent leur propre production en parallèle des achats de vins qu'ils effectuent.

Si ce sont les bâtiments de l'ancienne porcherie qui servent dans un premier temps à stocker et laver les bouteilles, celles-ci sont aussi stockées au château. Dans les années 1930 une tentative de créer des cuves aériennes (alors en plein essor) dans les caves du château fait long-feu. Cet unique exemplaire de cuve au sein du château est démoli quelques décennies plus tard. Assez rapidement de premiers chais sur mesure sont construits, par le même maçon qui avait bâti la première cuve : Léon Pellouet, de Vallet. Tout d'abord ceux au revers du château, aux alentours de 1965 (ils entrent dans les matrices cadastrales en 1968). Ils sont avant tout réservés à l'activité viticole : des vins en barriques y sont stockés. L'obligation faite de séparer activité viticole et de négoce amène ainsi rapidement à la création d'un second chai dédié uniquement au négoce : ce magasin est bâti en 1967 au plus tard. Les vins y sont stockés en cuves aériennes et enterrées, puis embouteillés dans les caves du château. Des cellules permettent d'y accueillir jusqu'à 30 000 bouteilles.

Aucun vin n'est livré en fût. Ce sont des bouteilles qui sont livrées en casiers bois (puis plastique), par un transporteur employé par les établissements Sauvion, puis, ultérieurement, par des transporteurs tiers. L'activité du négoce, tout d'abord locale, puis nationale (notamment avec les brasseries parisiennes) est ensuite portée par un remarquable accroissement de l'exportation, vers tous les continents (jusqu'à 70% de l'activité totale). Le château est utilisé pour recevoir la clientèle, parfois sur plusieurs jours. C'est notamment le marché haut-de-gamme qui est visé (aéroports, restaurants haut-de-gamme, export…) mais aussi le milieu de gamme des cafés, hôtels et restaurants. L'approvisionnement est local : la mise en bouteille se fait bien souvent directement au domaine, en raison de la réglementation du « sur-lie ». Une chaîne d'embouteillage mobile vient ainsi compléter les équipements mis en œuvre par le négoce Sauvion.

L'essor de l'affaire de négoce rend rapidement nécessaire la création d'un second magasin : celui-ci voit le jour au début des années 1970. Détruit à deux reprises par des incendies, il est reconstruit en 1982 puis en 2004.

Le négoce Sauvion est racheté en 2007 par Lacheteau SAS (groupe Les Grands Chais de France) : il était encore en activité lors de l'étude.