• inventaire topographique, quartier Bas-Chantenay
Anciens chantiers navals Dubigeon, 3 à 23 boulevard de Chantenay
Œuvre étudiée
Copyright
  • (c) Région Pays de la Loire - Inventaire général

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Bas-Chantenay - Nantes
  • Commune Nantes
  • Adresse 3 à 23 boulevard de Chantenay
  • Cadastre HZ 5  ; HZ 5  ; HZ 5  ; HZ 6  ; HZ 6  ; HZ 6  ; HZ66  ; IK 1 0  ; IK 1 1  ; IK 3  ; IK 3  ; IK 3  ; IK 5
  • Précisions anciennement commune de Chantenay
  • Dénominations
    ensemble de construction navale
  • Appellations
    Anciens Chantiers Dubigeon

Dès 1841, Dubigeon, famille constructrice de navires depuis le milieu du XVIIIe siècle en bordure de Chézine, à Nantes, s'installe à Chantenay. Ils achètent des terrains à la famille Crucy en bordure du canal de Chantenay, construit par les propriétaires, à des fins d'activités industrielles et portuaires. Ces terrains accueillent déjà des activités industrielles, dont celles des établissements Derrien, activité d'engrais et de noir animal. Ce dernier établissement fermera à la fin du XIXe siècle. Les terrains seront alors occupés par le chantier naval, qui à cette époque continue son extension vers les bords de la Loire. Théodore Dubigeon, maire de Chantenay entre 1852 et 1870 s'associe à ses fils sous la dénomination sociale de Théodore Dubigeon et fils, constructions en bois, en fer, et bateaux à vapeur. Les travaux de comblement du canal de Chantenay s'achèvent en 1895, dans le cadre de l'établissement du boulevard de Ceinture. L'entreprise se tourne définitivement vers la Loire. Les chantiers Dubigeon sont rachetés en 1917 par les Ateliers et chantiers de la Loire (ACL, installés à la Prairie au Duc) et prend la dénomination sociale d'Anciens Chantiers Dubigeon. Ce rachat permet la modernisation du chantier qui passe par la démolition et construction de nouveaux bâtiments (sous-station électrique et salle à tracer, bâtiments encore présents aujourd'hui), la modernisation de l'appareil de production. La construction métallique devenant plus que majoritaire à partir de cette période. L'entreprise rachète les bâtiments de la savonnerie Magra en 1938, qu'elle reconvertit en magasins, puis continue son expansion à l'ouest (ancien slip-way) et à l'est par des achats de terrain et des constructions diverses. Les bâtiments sont successivement occupés par le Cernat (réparation navale), puis les Chantiers de l'Esclain. En 2012, les parcelles possèdent des propriétaires et activités différents (chantier naval, artisanat, petite industrie, profession libérale) ; c'est notamment le cas des créateurs de l'ouest qui occupent différents espaces, conscients de l'histoire industrielle du site.

Activité de l'entreprise :

Avec Théodore Dubigeon, dans les années 1870, l'activité des chantiers s'adapte au système de la propulsion à la vapeur, avec le passage à la construction métallique de bateaux. Sous la direction de l'un de ses fils, Adolphe Dubigeon, la société réalise toujours de grands voiliers, tel le Bélem, lancé en 1896 et encore navigant, et diversifie sa production en construisant des torpilleurs pour la Marine Nationale. En 1883, les chantiers Dubigeon emploient 260 ouvriers et une vingtaine de mineurs pour des journées de 10 heures de travail. En 1902, ils seront 650 ouvriers. Suite au rachat par les Ateliers et chantiers de la Loire, les Anciens Chantiers Dubigeon reçoivent des commandes de constructions et réparations de la part des ministères de la Marine et des Colonies. Après la Seconde Guerre mondiale, elle obtient de nombreuses commandes de bateaux pour la flotte de pêche, qui doit se reconstruire. Les années 1950 sont prospères : les Anciens Chantiers Dubigeon se modernisent et construisent des navires plus gros, tels que des ferrys. En 1963, le chantier prend le nom de Dubigeon Normandie, suite à son rapprochement avec la société Loire-Normandie. En 1969, les chantiers de l'industrie navale nantaise fusionnent leur activité sur un seul site à la Prairie au Duc, sur l'actuelle Île de Nantes. En 1986, ils cessent toute activité à Nantes et la production est transférée à Saint-Nazaire (Chantiers de l'Atlantique).

Politique familiale et sociale de l'entreprise :

Théodore Dubigeon, chevalier de la Légion d'honneur en 1868, est maire de Chantenay de 1852 à 1870, et président du conseil d'arrondissement de Nantes. Il fait partie de la société électorale de Sainte-Croix, qui s'inspire des catholiques sociaux et est liée au capitalisme commercial. Il est aussi armateur et possède une flotte, au nombre de 12 navires, en 1853. En 1855-1956, il fait construire (ou modernise) à Vertou le château de l'Angebardière, datant du XVIIIe siècle, intégrant dans ses jardins des fabriques : grotte, charmille, orangerie, bassin, oratoire, et un embarcadère. Son fils Adolphe, chevalier de la Légion d'honneur en 1895, continue la modernisation des chantiers et la diversification de la production. Au milieu du XXe siècle, les Anciens Chantiers Dubigeon ont un Comité d'Entreprise et une bibliothèque. Pendant la guerre, une caisse de solidarité est créée, assistant socialement les familles en difficulté. Une caisse de mutuelle de secours, créée par le personnel, compense le manque à gagner d'une interruption de travail ; la "Société Coopérative du Personnel des Anciens Chantiers Dubigeon" est créée. L'apprentissage est organisé par les ACD : il commence vers 15 ans et dure au minimum trois ans. Chaudronnier, traceur, ajusteur et tourneur sont les métiers enseignés. Les ouvriers, notamment les riveurs, travaillent dans des conditions assez difficiles.

  • Période(s)
    • Principale : 2e moitié 19e siècle
    • Principale : 20e siècle

Les cales et l'estacade :

Deux grandes cales, construites à la fin du XIXe siècle, inclinées d'environ 7°, de 20 mètres de large pour 65 mètres de longueur, servent aujourd'hui aux Chantiers de l'Esclain. Elles sont constituées d'un plancher maçonné sur des pieux en bois. En 1955, elles sont couvertes, pour la construction de sous-marins, par trois halles réalisées par les Établissements Joseph Paris. Trois petites cales, réaménagées dans les années 1920 pour la construction de sous-marins, mesurent de 97 à 114 mètres de long pour 8 mètres de large. Toutes les cales étaient équipées de grues roulantes. L'estacade date de la fin des années 1940. Sa structure en béton armée repose sur des pieux métalliques.

Les bâtiments de la savonnerie Magra :

Les bâtiments de la savonnerie, achetés par les Anciens Chantiers Dubigeon en 1938, ont servi de magasin et d'ateliers mécanique et électrique aux chantiers. Ils ont été de ce fait très peu entretenus et sont, en 2012, en partie occupés. Le bâtiment à sheds donnant sur le boulevard de Chantenay a été construit vers 1920 pour le compte de MM Bonnet et Lescop, propriétaires de la Savonnerie de la Loire. Le château d'eau a été construit dans les années 1920.

La sous-station électrique :

Au nord des chantiers, sur le boulevard de Chantenay, ce bâtiment est construit vers 1920. Il abritait les équipements électriques nécessaires aux chantiers, des vestiaires et un magasin pour l'outillage. Constitué d'une structure métallique en remplissage de parpaings, il est couvert en tôle. Le bâtiment a été partagé entre plusieurs entreprises.

Le bâtiment de la salle à tracer :

À l'origine située à l'extrémité des chantiers, elle est construite en 1920, en béton et remplissage de parpaings. Le rez-de-chaussée servait de magasin, les premier et second niveaux au traçage. Le second et dernier niveau, bénéficiant d'une lumière dispensée par les façades est et ouest, et par la couverture en partie ajourée, apportaient le confort visuel nécessaire au travail des traceurs, dans une pièce dont le plancher est constitué d'un parquet de sapin de 900 m2, pour le développé de chaque pièce à l'échelle 1 sur les tôles, avant leur formage et leur découpage. Au premier étage, le sol d'une salle est couvert également d'un parquet bois, pour la technique plus récente de traçage à l'échelle 1/10.

Ateliers ouest :

Construits dans les années 1960, sur le site de la Société des Houilles et Agglomérés (auparavant chantiers Sevestre), ils servent aujourd'hui à la société Armor.

Grue 5/13t, grue marteau de type Titan, roulante :

La grue-marteau, grue roulante de 5/13 tonnes liée au quai d'armement, a été construite en 1941 par les établissements Joseph Paris, pour équiper les navires. Sabotée par les Allemands en 1944, victime d'une tempête en 1948, elle est remontée deux fois à l'identique. En 2012, M. Alain Cervelle, conducteur de la grue Titan (appelé aussi titanier) aux Anciens Chantiers Dubigeon, évoque plusieurs anecdotes concernant son outil de travail : cervelle_quotidien_titanier.

  • Statut de la propriété
    propriété publique

La salle à tracer est l'un des dernières conservées en France. Elle est inscrite sur la liste du patrimoine nantais du plan local d'urbanisme. Les 3 bâtiments des chantiers de l'esclain (huilerie de 1865, savonnerie de 1914 et bâtiments des chantiers Dubigeon) et la grue sont aussi inscrits sur la liste du patrimoine nantais du plan local d'urbanisme.

Bibliographie

  • BARBIN, Céline. Les anciens chantiers Dubigeon de Chantenay (Nantes), in L'Archéologie industrielle en France , 2011.

  • PINSON, Daniel. L'Indépendance Confisquée d'une Ville Ouvrière, 1982. Editions arts-cultures-loisirs.

  • ROCHCONGAR, Yves, MACHELON, Jean-Pierre. Capitaines d'industrie à Nantes au XIXème siècle, Préf. MeMo ; E+PI, 2003.

Date(s) d'enquête : 2012; Date(s) de rédaction : 2012