• inventaire topographique, quartier Bas-Chantenay
Moulins de la Loire actuellement bureaux, 5 quai Saint-Louis
Œuvre étudiée
Copyright
  • (c) Région Pays de la Loire - Inventaire général

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Bas-Chantenay - Nantes
  • Commune Nantes
  • Adresse 1, 3 rue Marcel-Sembat , 5 quai Saint-Louis
  • Cadastre HY 1
  • Précisions anciennement commune de Chantenay
  • Dénominations
    minoterie
  • Appellations
    Moulins de la Loire

En 1894, François Hennebique fonde, à Paris, le bureau d'études Bétons armés Hennebique. L'activité de sa société repose sur les brevets liés au système d'armatures en fers ronds solidarisés par des étriers au sein des structures béton. Elle est organisée pour répondre à des commandes de construction requérant une bonne résistance au feu à de coûts intéressants. Elle s'appuie sur un réseau d'agents et de concessionnaires en France et en Europe et sur la diffusion d'une revue (Le béton armé) et d'expositions lors du Congrès annuel du béton armé. Cette activité lui confère un quasi-monopole de la construction en béton armé jusqu'à la Première Guerre mondiale.

Bâtiment préexistant  :

Un bâtiment à cour intérieure et servant de magasins, appartenant à Benjamin Coquebert, est situé d´après les matrices cadastrales de 1835 (numéro 655) entre les rues de Gassendi et de la Sécherie (aujourd'hui disparue) à Nantes. Entre la rue de Lusançay et le quai Saint-Louis donnant sur la Loire, ce bâtiment est construit en alignement avec les magasins Crucy (emplacement actuel du parking des Salorges). Il a été implanté en lieu et place d´une maison, dite la "Pompe à feu" qui aurait servie de raffinerie de sucre (? près la Barrière de Chantenay). En 1818, une contestation sur la propriété des terrains de cette rue a lieu entre les héritiers Plumard, le Maire de la Ville et Benjamin Coquebert. La rue est modifiée vers 1860. Le bâtiment semble avoir ensuite abriter le Moulin à vapeur des Sécheries de Prosper Thébaud (cf figure 2), qui est détruit entre 1887 et 1894.

Structure du bâtiment actuel : Les Grands Moulins de Nantes, les Moulins de la Loire :

Paul Perraud, minotier à Issé (Loire-Inférieure, actuelle Loire-Atlantique), achète en 1894, un terrain pour y édifier une vaste minoterie. Dessinée par les architectes Lenoir et Raoulx et par les ingénieurs lillois E. et P. Sée (concessionnaires Hennebique), cette minoterie, construite en 1895 pour un budget de 85 000 francs, fait partie des premières constructions du monde en béton armé ; elle est très probablement la première construction de ce type à Nantes. Le chantier rencontre des difficultés liées à l'implantation sur un terrain de mauvaise qualité et ce qui n´empêche pas la minoterie d´être dotée des dernières innovations technologiques. Par ailleurs, la minoterie est rattachée à un silo à grains et une estacade situés sur l'emplacement actuel des entrepôts Saint-Louis, à 200 mètres plus à l'ouest de la minoterie (cf. figure 4). Ces éléments sont constitués d'un mur de quai sur pieux et de palplanches réalisés en 1896-1897 par les mêmes frères E. et P. Sée pour les mêmes commanditaires, les Grands Moulins de Nantes.

Histoire de l'entreprise et organisation de l'activité industrielle :

Société Anonyme des Moulins de Nantes, puis Société Anonyme des Moulins nantais, suite au regroupement des minotiers du département au début des années 1920, la minoterie fonctionne jusqu'à la Seconde Guerre mondiale sous la dénomination sociale de Société Anonyme des Grands Moulins de la Loire. Elle est ensuite louée à la Coopérative agricole de Nantes, puis vendue et aménagée en immeuble de bureaux dans les années 1970. La société des Grands Moulins de la Loire regroupe 5 minoteries (Nantes : quai Saint-Louis et boulevard Victor Hugo, à Bouvron, Machecoul et Pornic. Le blé est acheminé par voie fluviale jusqu'au quai Saint-Louis d'où il repart vers les minoteries par petits bateaux (Pornic) ou par wagons (Bouvron, Machecoul).

  • Période(s)
    • Principale : 4e quart 19e siècle
  • Dates
    • 1895, daté par source

La description suivante concerne le fonctionnement supposé de la minoterie. Le bâtiment est composé d'un sous-sol, d'un rez-de-chaussée, d'un entresol et de 5 étages de hauteur variable. Sur la terrasse, deux structures destinées à la ventilation sont couvertes à deux pans. Ce grand parallélépipède monolithique mesure 63 mètres de long pour 24 mètres de large et près de 25 mètres de haut. Il est ainsi composé de 15 x 5 travées, sur une base de 4,20 mètres environ. Le bâtiment présente trois "accidents" : - une rampe d'accès couverte formant galerie sur la rue de Lusançay (actuelle rue Marcel Sembat), - un décrochement de façade en pignon ouest, - et un porte-à-faux important des 5 étages et du toit-terrasse constituant le pignon ouest. La travée donnant sur la façade nord, plus large que les autres, de 6 mètres environ, est en effet occupée entièrement par une grande rampe d'accès couverte permettant le chargement de la production dans des camions hippomobiles, puis routiers, depuis les trémies du premier étage, voire du deuxième étage à l'angle nord-ouest du bâtiment. Ces trémies sont reliées aux silos occupant verticalement 4 étages. Attenant à ces silos, dans la partie est du bâtiment, des machines à vapeur alimentées au charbon produisent l'énergie nécessaire à l'entraînement d'une roue de 9 mètres de diamètre. Cette roue entraîne à son tour les nombreux systèmes de transport et de distribution du grain aux étages, où son nettoyage, sa mouture et divers autres traitements sont réalisés. Les documents ne permettent pas de comprendre si l'ensachage et le stockage de la farine en sacs étaient réalisés dans la minoterie, une partie de la production étant stockée dans les silos. Au deuxième étage, des bureaux semblent aménagés, avec des pièces donnant sur la Loire, dont la présence est soulignée en façade par un balcon filant. Dans les années 1970, les superstructures sur terrasses ont été détruites. L'ensemble ne donne, en 2012, que très difficilement la lecture de ce bâtiment monolithe : l'habillage protecteur des façades par du bardage métallique, les isolations intérieures des planchers par des faux-plafonds, la partition des étages masquent la rigueur structurelle du bâtiment et la beauté des structures poteaux-poutres répétées sur de grandes surfaces.

  • Murs
    • brique
    • béton armé
  • Toits
    béton en couverture
  • Couvertures
    • terrasse
    • toit à deux pans
  • Statut de la propriété
    propriété d'une société privée

Documents d'archives

  • Ifa. Subdiv. 35 : Pays de la Loire. 076. Fonds Bétons armés Hennebique (BAH). (

Bibliographie

  • DELHUMEAU, Gwenaël. L'invention du béton armé. Hennebique, 1890-1914, Institut Francais Architecture.

  • Entretien avec Arnaud Biette, association Entreprises et patrimoine industriel [e+pi], 2012.

  • Liste EPI. Circuit découverte de l'architecture industrielle et de l'histoire économique de Nantes, JEP 2001.

  • PIED, Édouard, Notices sur les rues de Nantes, 1906.

  • Témoignage de Madame Christiane Laraison et de son fils Yves Laraison, du 2 mai 2005 au domicile de Madame Laraison, 2 Rue Alfred Riom, Pornic. Interview réalisée par Annette Eggli et Soizic Queveau.

Date(s) d'enquête : 2012; Date(s) de rédaction : 2012