Aucun bâtiment ne figure à cet emplacement sur le plan cadastral napoléonien de 1829. A la fin des années 1890, Anthime Deplanque, ingénieur civil à Boulogne-sur-Mer et directeur de la Société du gaz Deplanque et compagnie, négocie avec la municipalité l'autorisation d'établir une usine à gaz à Bessé-sur-Braye : la concession est accordée en janvier 1900 et confirmée par un arrêté du 17 août. L'usine est construite la même année à la périphérie sud-est du bourg, sur la rue dite du Gaz devenue la rue du Val de Braye, et mise en activité en juin. Les canalisations pour l'acheminement du gaz vers le bourg sont établies en 1900 et 1901. L'usine est en faillite et placée en liquidation judiciaire dès 1911, puis reprise par la Société d'éclairage par le gaz de Léon Arnu en 1912. Elle utilise alors environ 30 tonnes de charbon par mois pour la production de gaz. L'usine ferme plusieurs années à cause de la Première Guerre mondiale. La concession est ensuite tenue par Albert Janvier, puis par la Compagnie pour l'éclairage des villes à partir de 1937, qui détient également celles de Château-du-Loir et La Ferté-Bernard. A partir de 1946, elle est rattachée à Électricité de France dans le cadre de la nationalisation des secteurs de l'électricité et du gaz.

L'électrification de la commune à partir des années 1930 vient concurrencer l'utilisation du gaz. En partie anéanti par le bombardement du bourg de Bessé en 1944, le réseau de distribution du gaz, qui alimente notamment l'éclairage public, se voit progressivement remplacé par un réseau électrique, moins coûteux à mettre en place. Le plan d'aménagement et de reconstruction du bourg dressé en 1946 prévoit pourtant un agrandissement de l'usine, qui ne sera pas réalisé. Dans les années 1950, une modernisation de l'établissement (abandon du gaz de houille remplacé par le gaz de propane) est sérieusement envisagée afin de contrer l'obsolescence des équipements. Mais les ventes étant devenues insuffisantes et l'usine non rentable, EDF décide finalement de ne pas renouveler la concession et l'établissement ferme ses portes en 1960. L'usine est finalement détruite dans les années 1970 ou 1980.

Aujourd'hui connue seulement par quelques rares cartes postales anciennes, l'usine, de plan symétrique, comprenait un bâtiment principal à façade en pignon, percée de deux larges portes surmontées d'un grand oculus. Il était flanqué de deux ailes plus longues et plus basses, avec des ouvertures en arc segmentaire au rez-de-chaussée et en plein cintre au niveau du comble à surcroît. L'ensemble était coiffé de toits à longs et pignons couverts de tuile mécanique, et dominé par une haute cheminée circulaire en brique. Sur le côté se trouvait le réservoir circulaire ou gazomètre, dont la taille variait selon la quantité stockée.