Dossier thématique IA72059106 | Réalisé par
Barreau Pierrick (Rédacteur)
Barreau Pierrick

Chercheur auprès du Pays du Perche sarthois jusqu'en octobre 2020. Depuis novembre 2020, chercheur auprès du Conseil départemental de la Mayenne.

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  • inventaire topographique, Bourgs et petites cités du Perche sarthois
Patrimoine industriel du bourg de Bessé-sur-Braye
Copyright
  • (c) Région Pays de la Loire - Inventaire général
  • (c) Conseil général de la Sarthe
  • (c) Collection particulière

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aires d'études
    Pays du Perche sarthois

La proto-industrie de Bessé sous l'Ancien-Régime et les débuts de l'activité textile

Il existe peu de renseignements sur les proto-industries de Bessé avant le XVIIIe siècle. La paroisse comptait quatre moulins établis, probablement au Moyen Age, sur la Braye, à Aigrefin, La Roche (actuelle Papeterie), au Moulin Barbier et au Moulin de la Motte. Tous sauf la papeterie sont en dehors de l'agglomération et n'ont donc pas été étudiés. Une fabrique de cierges et de bougies est créée au milieu du XVIIIe siècle par la famille Bourgouin, à Courchet puis rue des Touchards. Deux tuileries, à La Nouette près du château de Courtenvaux et au Pavillon, produisaient ensemble en 1834 près de 200 000 L de chaux, 100000 de briques, 50000 de tuiles, 10000 de carreaux.

Bessé est surtout connue pour son activité textile, qui existe comme dans les commune voisines depuis au moins le début de l'Epoque Moderne (toiles de chanvre) mais qui connaît un développement notable à partir du début du XVIIIe siècle. Il s'agit d'abord d'une tentative, sans lendemain, d'introduction de la fabrication d'étamines, puis à partir du 2e quart du XVIIIe siècle, de celle des toiles siasmoises de lin et de coton par Elie Savatier (1717-1785), rapidement imité par plusieurs fabricants : ils sont entre trente et quarante au milieu du siècle, et obtiennent en 1754 la création d'un bureau de marques et aunage des toiles. Les plus modestes sont simples tisserands, les plus importants sont qualifiés de négociants. L'évaluation des biens fonds de la paroisse en 1786 montre la différence entre les deux catégories : le tisserand Philippe Blot habite alors une simple chambre à cheminée accompagnée d'une boutique, le négociant Laurent Marion possède une maison distribuée en cuisine, salon, deux chambres à feu et trois cabinets, un magasin haut d'un étage, une teinturerie, une grange et des écuries. Les cotons sont importés de Normandie et le lin de Mayenne. Les toiles sont vendues, via le marché de Montoire (41), clé de la Beauce, vers la Vallée de la Loire et jusqu'en Picardie et vers tous les vignobles jusqu'en Bourgogne.

La manufacture établie par Savatier tente d'inclure toutes les étapes de la fabrication, depuis l'introduction de la culture du lin dans la paroisse,jusqu'au blanchissement et à l'apprêt des toiles et à leur commercialisation. Les bâtiments nécessaires sont établis progressivement, en commençant modestement par la blanchisserie, son activité première, jusqu'à la canalisation du ruisseau dit de Courtenvaux ou de Bonneuil pour installer ses bâtiments les plus importants, dont son moulin à foulon. Savatier reste néanmoins tributaire des modes de fabrication traditionnels, les toiles étant tissées à façon chez des tisserands à domicile : le bâtiment, divisé en trois boutiques de tisserands, qu'il fait construire vers 1749 dans l'ancien hôtel du Grand Dauphin, au cœur du village, est la seule tentative de constitution d'un atelier de fabrication. Ses héritiers, fort de l'expérience de leur ancêtre dans le textile mais aussi dans la papeterie (Savatier achète en 1761 la papeterie du Moulin Paillard à Poncé-sur-le-Loir) vont jouer un rôle prépondérant dans l'industrialisation de la commune au XIXe siècle.

L'industrialisation du XIXe siècle

L'industrialisation de Bessé débute dans le 1er tiers du XIXe siècle, avec la création de la papeterie en 1824 et de la filature de coton sur le ruisseau du Bonneuil vers 1829, les deux par les descendants d'Elie Savatier. La première machine à vapeur est installée dans la papeterie en 1835, la filature est mécanisée dans les années 1840, mais utilise encore largement la fabrication à façon par des tisserands à domicile jusqu'au milieu du siècle au moins. Au total, Bessé compte au milieu du XIXe siècle, outre la papeterie, la fabrique de chandelles et les deux tuileries, 10 établissements textiles dont 3 fabriques à métiers réunis, employant 600 à 700 personnes pour une population communale d'environ 2300 personnes. Beaucoup ce ces petits établissements disparaissent dans la 2e moitié du XIXe siècle, pour ne laisser subsister que les deux usines textiles les plus importantes : les usines textiles Vétillard et pour peu de temps Leroux de la Roche, la papeterie qui commence à s'étendre, et quelques industries plus petites telles que l'usine de bougies (fermeture en 1934) et les tuileries (remplacement vers 1874 de la tuilerie du Pavillon par une fabriques de briques belges située rue du cimetière et création vers 1881 d'une 3e tuilerie route de Cogners, à 400 m du bourg). La ville est reliée au chemin de fer dans le dernier quart du XIXe siècle.

L'architecture industrielle du 1er quart du XIXe siècle, illustrée par les premiers bâtiments de la papeterie, est inspirée des modèles des maisons de maître : le gros-oeuvre est en pierre de taille, les toits à croupes couverts d'ardoises, les magasins sont percés de baies couvertes en plein cintre. Les matériaux et formes caractéristiques de l'architecture industrielle n'apparaissent que dans le 3e quart du XIXe siècle : de cette époque datent deux grands ateliers de fabrication textile, couverts de sheds portés par des colonnes de fonte et les deux chaufferies à portes charretières couvertes en plein cintre, accompagnées chacune de leur cheminée d'usine en briques. Les autres bâtiments (magasins et ateliers) sont généralement en moellons enduits, avec chaînes et baies encadrées de briques. Le pan-de-fer hourdé de briques apparaît à la limite des XIXe et XXe siècle. Les premiers logements sériels à destination des ouvriers dès la première moitié du XIXe siècle, à proximité de la papeterie et de la filature de coton, mais ceux-ci restent rares avant la fin du XIXe siècle.

Bessé, ville industrielle du XXe siècle

Si au début du XXe siècle, les petites usines textiles du siècle précédent ont disparu, l'accroissement important de l'ancienne textile Vétillard, reprise par des industriels du Nord de la France, et surtout de la papeterie, spécialisée dans les papiers couchés, marque fortement la ville de Bessé. Les deux établissement emploient chacun plusieurs centaines d'ouvriers (350 à la papeterie en 1914, 300 à la filature en 1929, pour une population communale d'environ 2500 personnes). L'usine à gaz est créée en 1900, une usine de raffinage d'huiles ouvre en 1933, un projet d'abattoir municipal est débattu dans les années 1940 mais ne voit, semble-t-il, jamais le jour. Les bâtiments industriels construits dans cette première moitié du XXe siècle sont pour l'essentiel des bâtiments à charpente métallique, mais le béton armé est également utilisé à la papeterie dans le 2e quart du XXe siècle, et surtout pour la construction des nouveaux ateliers de l'usine textile en 1950. Le développement de ces industries est accompagnée de la construction de plusieurs ensembles de logements sériels.

Les plans d'urbanisme discutés après 1945 prévoient l'implantation des premières zones industrielles, réalisées dans la 2e moitié du XXe siècle, et la ville bénéficie également de la politique de déconcentration de la Région parisienne avec la reprise en 1961 l'ancienne usine textile Leroux de la Roche par la société d'impression Typolac. Le paysage urbain de Bessé est surtout marqué par l'accroissement considérable de la papeterie, qui emploie plus de 800 personnes en 1990 (pour une population communale : 2815 habitants). Les bâtiments industriels édifiés durant cette période, dont les deux bâtiments de machines à papier de plus de 100 m de long, sont pour l'essentiel des halles essentés de métal. La question de l'insalubrité du logement ouvrier a également imposé la construction de plusieurs ensembles de logements sociaux.

La désindustrialisation du XXIe siècle

Le premier quart du XXe siècle voit coup sur coup la fermeture, après un lent déclin, de l'usine textile (2011), puis celle de l'usine d'impression (2012) mais c'est la fermeture brutale de la papeterie en 2019 qui porte le coup le plus important à la petite ville industrielle de Bessé. Malgré le projet de reprise en cours de la papeterie, se pose maintenant, entre autres questions, celle du devenir d'un patrimoine industriel dont l'importance est unique à l'échelle du Pays du Perche sarthois.

  • Période(s)
    • Principale : 18e siècle , (détruit)
    • Principale : 19e siècle
    • Principale : 20e siècle

Cinq usines ou anciennes usines ont été étudiées, La papeterie, trois usines textiles (tissage Besnard, les usines textiles dite Filature et Tissage de Bessé et Leroux de la Roche) et l’usine à gaz. L’usine FTB et l'ancien tissage Besnard sont dans l'agglomération, les trois autres usines sont en périphérie. Les trois usines textiles sont désaffectées et l’une d’elle (Tissage Besnard) n’existe quasiment plus. La papeterie est à l’arrêt, dans l’attente d’un projet de reprise, l’usine à gaz et détruite.

Documents d'archives

  • Archives départementales de la Sarthe ; 6 M 474. 1800, 1803 : statistique du département de la Sarthe commandée par le préfet Auvray.

  • Archives départementales de la Sarthe ; 6 M 747. 1813 : situation des fabriques et manufactures, notamment étoffes, laine, fil et coton.

  • Archives départementales de la Sarthe ; 8 M 102. 1806-1938 : foires et marchés de Bessé-sur-Braye.

  • AD Sarthe ; 10 M 73. Mouvements et conflits sociaux dans le département de la Sarthe. 1848-1937.

  • AD Sarthe ; 2 O 35/1. Bessé sur Braye. Administration communale. Enquête de 1807.

  • Archives départementales de la Sarthe ; 2 P 1582. 1859-1881 : carnets de patente des établissements industriels, Bessé-sur-Braye.

  • Archives départementales de la Sarthe ; 3 P 36. Matrices cadastrales, registres des augmentations et diminutions de construction de Bessé-sur-Braye.

  • Archives départementales de la Sarthe ; 1015 W 10. 1945-1961 : plan d'aménagement et de reconstruction de Bessé-sur-Braye.

  • Archives départementales de la Sarthe ; 1015 W 11. 1966-1970 : plan d'urbanisme directeur de Bessé-sur-Braye.

  • Archives municipales de Bessé-sur-Braye. 1807 à nos jours : délibérations du conseil municipal de Bessé-sur-Braye.

Bibliographie

  • LALLEMAND, Jeanine, MERY, Jean. Bessé. Vendôme : Garillon, 2001.

  • PESCHE, Julien-Rémy. Dictionnaire topographique, historique et statistique de la Sarthe, t. 1, 1829. Réédition Paris : Lorisse, 1999.

  • TOUBLET, Emmanuel, Abbé. Un industriel au XVIIIe siècle, Élie Savatier, fondateur des établissements industriels de Bessé et de Poncé. Le Mans : A. de Saint-Denis, 1900.

Date(s) d'enquête : 2020; Date(s) de rédaction : 2020
(c) Région Pays de la Loire - Inventaire général
(c) Pays du Perche sarthois
Barreau Pierrick
Barreau Pierrick

Chercheur auprès du Pays du Perche sarthois jusqu'en octobre 2020. Depuis novembre 2020, chercheur auprès du Conseil départemental de la Mayenne.

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