Dossier d’œuvre architecture IA85002470 | Réalisé par
Suire Yannis (Contributeur)
Suire Yannis

Conservateur en chef du patrimoine au Département de la Vendée à partir de 2017.

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  • inventaire topographique, Vallée de la Sèvre Niortaise, Marais poitevin
Presbytère puis mairie, 3 rue de la Mairie
Œuvre étudiée
Auteur
Copyright
  • (c) Région Pays de la Loire - Inventaire général
  • (c) Conseil départemental de la Vendée

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Vallée de la Sèvre Niortaise, Marais poitevin
  • Commune Maillé
  • Lieu-dit Bourg (le)
  • Adresse 3 rue de la Mairie
  • Cadastre 1835 B 1402, 1403, 1404, 1405, 1406  ; 2020 B 1005, 1006, 1007
  • Dénominations
    presbytère, mairie
  • Parties constituantes non étudiées
    cour, jardin, marché, communs, pigeonnier

Le presbytère avant la Révolution : la "vieille cure" et un logis en mauvais état

La mairie actuelle de Maillé et ses annexes (bureau de poste, bibliothèque municipale) sont établies depuis 1907 dans l'ancien presbytère dont le bénéfice a été retiré à cette époque à la paroisse dans le cadre de la loi de séparation des Eglises et de l'Etat. Le presbytère ou cure de Maillé se trouvait déjà ici à la fin du XVIIe siècle et au XVIIIe siècle. Cependant, il semble qu'auparavant, il prenait place de l'autre côté de la Grand rue, en face (parcelle B 1136 du plan cadastral de 1835, dans l'emprise des futurs chais à vins Gousseau-Babin) : une maison située à cet endroit est en effet qualifiée de "vieille cure" dans des actes de ferme de la métairie qui dépend par ailleurs de la cure, actes passés les 13 mai 1677 et 29 mai 1685 au profit de Vincent et René Frion, frères, laboureurs à charrue. Par ces actes, le curé se réserve "sa maison presbytérale, aussi sa maison dite la vieille cure consistant dans une chambre basse et un grenier, joignant la grand rue". La métairie de la cure, quant à elle, comprend une maison, une masure et des terres, les bâtiments confrontant eux aussi à la grand rue qui conduit de l'église au grand port.

Une visite du presbytère est effectuée le 18 juin 1759 à la demande de François Mallécot qui vient d'être nommé curé de Maillé. Après la cour, qui donne sur la rue par un portail, vient le logis avec sa porte principale. Il comprend un salon, une chambre à gauche, une autre à sa suite, puis la cuisine avec un potager, et un fournil. Un escalier en pierre donne accès aux deux greniers. La charpente et la couverture du toit sont à refaire. La cure comprend aussi un cellier, deux écuries et une buanderie, ainsi qu'un jardin clos de murs. Une grange à foin (en fait, la "vieille cure") est séparée de l'ensemble.

Curé de Maillé à partir du 25 septembre 1768, l'abbé Joseph Herbert procède en 1776 non pas à une reconstruction du presbytère mais à des "réparations et embellissements considérables", comme il le rapporte à la fin du registre paroissial de cette année-là : hangar refait à neuf, écurie "toute réparée", une chambre refaite à neuf, puits du jardin nettoyé et réparé, etc (voir en annexe). C'est de ce bâtiment ainsi en partie restauré dont il est question dans la déclaration des biens de la cure de Maillé que l'abbé Herbert rend le 7 février 1790. Il parle d'un "vieux bâtiment encavé, écrasé, mal distribué, mal bâti, lézardé, menaçant ruine, et à rebâtir à neuf dans un meilleur goût". Le logis consiste en trois chambres basses dont une qui sert de cuisine, séparée en deux par une cloison, avec à l'étage, deux petits greniers et la chambre du maître. Une petite chambre basse de domestique prolonge la cuisine, avant un cellier contenant une dizaine de barriques, puis une petite décharge. Au bout du cellier, retournant vers l'ouest, une écurie est séparée en deux par un petit mur à hauteur d'appui. Après cette écurie, retournant vers le nord (sur le côté ouest de la petite cour ouest), se succèdent une buanderie avec deux ponnes à lessive, puis le hangar ou serre-bois, dans lequel se trouve un puits. Le jardin, à l'est, "d'une médiocre grandeur", est planté d'arbres fruitiers et est clos de murs. La déclaration mentionne aussi la "vieille cure", désormais une petite grange contenant deux charretées de foin, située de l'autre côté de la Grand rue, au sud, confrontant à l'ouest à une ruelle qui aboutit dans le marais de Bournaud, avec droit d'usage au port qui se trouve au sud.

Un presbytère en grande partie reconstruit en 1842

A la Révolution, le presbytère est saisi comme bien national. Arrêté, déporté, le curé Herbert est guillotiné à La Rochelle le 5 septembre 1793. L'inventaire de ses biens encore présent dans son ancienne cure est dressé le 22 juin 1794, et leur vente organisée le 21 août suivant. La maison ci-devant curiale est elle-même estimée le 29 juin 1796. On retrouve dans le procès-verbal les bâtiments déjà décrits : le logis avec ses trois chambres basses, la chambre haute et les greniers, l'écurie, la buanderie, un toit, un cellier, un hangar, une cour et un jardin, le tout clos de murs, entre la Grand rue au sud et la Petite rue (rue de la Mairie) au nord. Le tout est vendu aux enchères le 5 juillet 1796 et alors acquis par Hyacinthe Danglefort, propriétaire à Xanton. En 1803, après le rétablissement du culte par le Concordat, les habitants de Maillé plaident contre l'union de leur paroisse à celle de Maillezais, indiquant qu'ils ont déjà engagé des travaux au presbytère pour accueillir un nouveau curé. Le 20 mars 1817, l'ancien presbytère est finalement racheté par la commune à Hyacinthe Danglefort.

Si l'essentiel des bâtiments appartient donc à la commune qui y loge le curé, une partie est toutefois détenue par les curés successifs, à titre personnel. C'est ainsi qu'en 1829, le curé Pierre Raison vend à la commune la cour sud ainsi qu'un bâtiment qui s'y trouve, le long de la Grand rue, de manière à ne plus former une enclave dans la propriété communale. Un plan des lieux établi à cette occasion précise la disposition des différents bâtiments, déjà esquissée dans la déclaration de 1790, l'estimation de 1796 et confirmée par le plan cadastral de 1835. Au sud, la Grand rue est alors longée, d'ouest en est, par le bâtiment vendu en 1829 (une chambre avec un four), puis un portail et deux petits toits. En arrière de la cour se trouve l'écurie (actuel passage couvert) qui sépare cette cour d'une autre, au nord. Celle-ci est bordée, à l'ouest, par d'autres dépendances : petit hangar (le serre-bois de 1776 et 1790), petite écurie, buanderie. Le logis s'élève (comme aujourd'hui) entre cette cour nord et le jardin, à l'est. Perpendiculaire à la Petite rue (rue de la Mairie), il comprend un corridor central et une grande pièce de chaque côté. Il est prolongé au sud par un cellier qui fait la jonction avec l'écurie.

Vétuste, le presbytère fait l'objet de réparations en 1816 puis en 1833. A cette date, pour lutter contre l'humidité ambiante, on remplace le carrelage du salon par un plancher, et on refait le plancher de la chambre du curé. En 1833 également, sur décisions du conseil municipal des 20 septembre et 21 décembre, on procède à des réparations dans une ancienne grange dépendant du presbytère, probablement l'ancienne "vieille cure", de l'autre côté de la Grand rue, pour y établir la toute nouvelle école primaire, tenue par une institutrice ; cette école déménagera dans ses nouveaux locaux, rue de la Poste, en 1837. A noter enfin qu'une partie du presbytère est alors occupée par la gendarmerie, encore présente à cette époque à Maillé : c'est ce qu'indiquent des lettres adressées par le maire à l'évêque en 1832, tandis que le 21 décembre 1833, le conseil municipal précise percevoir de l'Etat un loyer pour l'occupation partielle du presbytère par la gendarmerie.

Dès 1829, il est question de reconstruire le presbytère, jugé trop vétuste : une imposition extraordinaire est votée par le conseil municipal. Le 29 septembre 1841, l'architecte Jean-Firmin Lévêque (qui interviendra quelques années plus tard à l'église) présente son projet de reconstruction, d'un montant de 4677 francs. Il explique que le logis, édifié sur un terrain humide, est enfoncé de 40 centimètres sous le niveau du sol, ce qui a entraîné de nombreuses dégradations aux murs, aux cheminées ou encore aux boiseries. Il préconise donc un renouvellement de la majeure partie des bâtiments. Les façades sud, est et ouest du logis seront démolies, la couverture et la charpente déposées, le rez-de-chaussée sera surélevé et un véritable étage sera créé. Les matériaux anciens, notamment la pierre de taille, seront réutilisés le plus possible. Par ailleurs, on détruira les dépendances qui encombrent le côté ouest de la cour ouest. Le projet est approuvé par le conseil municipal le 7 octobre 1841. Une partie du financement proviendra de la vente de quatre terrains faisant partie des marais communaux.

Le 14 juillet 1842, alors que la paroisse n'a plus de curé depuis un an et qu'elle est administrée par un vicaire, l'évêque de Luçon prévient le préfet que le presbytère, tombant en ruines et ne pouvant plus être habité, la nomination d'un nouveau curé ne pourra avoir lieu tant qu'on ne lui aura pas trouvé un logement décent. Le 30 mai, le conseil municipal a pourtant voté les fonds nécessaires à la reconstruction préconisée par l'architecte Lévêque. Les travaux sont finalement adjugés le 7 août à l'entrepreneur Grassin. Ils permettent l'arrivée, dès octobre 1842, d'un nouveau curé, l'abbé Dominique Gaudineau. Des travaux supplémentaires sont réalisés en 1844, pour un montant de 1358 francs, alors que les finances communales sont déjà entamées par les lourdes réparations de l'église.

De l'échange avorté (1849) à l'installation de la mairie (1907)

Pourtant, quelques années plus tard, le curé Gaudineau plaide pour un déménagement du presbytère, jugé trop éloigné de l'église et où il souhaiterait établir une école de filles. En 1848, il achète une ancienne bâtisse près de l'église (3 rue des Loges), la fait reconstruire et propose à la commune de l'échanger avec l'ancien presbytère pour y établir la cure. Le 8 février 1849, une expertise menée par l'architecte Auguste Garnereau (qui, le 10, dresse les plans des deux bâtiments) constate que le presbytère, une maison qui "date de quelques années", comprend au rez-de-chaussée une cuisine, un vestibule, des petites chambres, une salle à manger, un salon de compagnie et des servitudes ; et à l'étage, des chambres à coucher, sans grenier. L'échange entre le presbytère et la maison du curé Gaudineau est entériné par le conseil municipal le 5 février 1849, l'évêque de Luçon le 19 mai, puis par un décret présidentiel le 21 août, la maison du curé Gaudineau étant jugée plus grande, mieux distribuée, dotée de plus grandes dépendances, et plus proche de l'église. Toutes les conditions semblent donc réunies pour que cet échange ait lieu. Or, il n'en est rien et, dès 1850, le curé Gaudineau installe l'école des filles dans sa maison près de l'église (3 rue des Loges). Le presbytère reste donc à son emplacement, entre la Grand rue et la Petite rue.

Jusqu'alors établie au 3-5 rue de la Poste avec l'école et le bureau de poste, la mairie est transférée en 1907 dans le presbytère lorsque celui-ci est retiré à la paroisse et que le curé le quitte. Le 14 mars 1907, le conseil municipal refuse en effet le louer le presbytère au curé, et décide de l'affecter à la mairie. Lors de sa séance du 11 août, il entérine les frais d'expulsion du curé par voie d'huissier. Au cours du XXe siècle, le bâtiment de communs au sud-ouest sert de marché couvert, avec accès par la porte sur le mur pignon sud. En 1999-2000, il est réaménagé pour accueillir le bureau de poste (qui quitte alors la rue de la Poste) mais aussi la bibliothèque municipale. Dans le parc à l'est de la mairie se trouve, au sud-ouest, un arbre de la Liberté planté le 14 juillet 1989 pour le bicentenaire de la Révolution.

La mairie est établie dans l'ancien presbytère, demeure située au coeur du bourg, entre deux de ses rues principales. Au sud, l'ancienne cour, devenue parking, est bordée à l'ouest par l'ancien marché devenu bureau de poste. Ce corps de bâtiment, en simple rez-de-chaussée, est relié au corps principal par un troisième, percé d'un passage couvert qui permet de rallier une seconde cour, au nord-ouest. Des boulins à pigeons se trouvent au-dessus de ce passage.

Le corps principal de bâtiment, dans lequel est installée la mairie, comprend un étage carré, sous un toit à croupes. Sa façade présente trois travées d'ouvertures, réparties symétriquement autour de la porte centrale. Les appuis des baies sont saillants, les pleins de travées appareillés, et la façade couronnée par une corniche. A l'intérieur, la salle du conseil municipal, à droite, et le secrétariat, à gauche, sont disposés de part et d'autre d'une entrée à l'arrière de laquelle s'élève la cage d'escalier, en bois, qui conduit à l'étage, également divisé en deux pièces. Le corps principal se prolonge au sud par un autre en simple rez-de-chaussée et en appentis.

A l'est s'étend un parc arboré dans lequel se trouve un puits.

  • Murs
    • calcaire moellon enduit
  • Toits
    tuile creuse
  • Couvrements
  • Couvertures
    • toit à longs pans
  • Statut de la propriété
    propriété de la commune

Documents d'archives

  • Archives départementales de la Vendée ; 99 G 3. 1772-1790 : déclarations rendues pour les biens de la cure de Maillé par l'abbé Joseph Herbert.

  • Archives départementales de la Vendée. 99 G 7. 17e-18e siècles : baux à ferme des biens de la cure de Maillé.

  • Archives départementales de la Vendée. 99 G 8. 1759, 18 juin : procès-verbal de visite de la cure de Maillé.

  • Archives départementales de la Vendée. 2 Num 110/31-19. 1803 (floréal an XI) : pétition des habitants de Maillé contre le projet de réunion à la paroisse de Maillezais.

  • Archives départementales de la Vendée ; 1 O 409. 1816-1889 : travaux à l'église et au presbytère de Maillé, transfert du cimetière.

  • Archives départementales de la Vendée ; 3 P 1460 à 1465, 3578, 3579 (complétés par les registres conservés en mairie). 1836-1914 : état de section et matrices des propriétés du cadastre de Maillé.

  • Archives départementales de la Vendée. 1 Q 201. 1796, 29 juin : procès-verbal d'estimation de la maison ci-devant curiale de Maillé.

  • Archives départementales de la Vendée. 1 Q 688. 1794, 22 juin et 21 août : estimation et vente des meubles, effets, livres et papiers appartenant à Joseph Herbert, ex-curé de Maillé, dans la maison curiale.

  • Archives départementales de la Vendée. SM 132/1. 1832-1842 : Archives historiques du diocèse de Luçon, correspondance échangée entre l'évêché et la paroisse de Maillé.

  • Archives municipales de Maillé ; 1 D 1 à 15. Registres des délibérations du conseil municipal depuis 1821.

  • Archives municipales de Maillé. 3 M 2. 1999-2000 : aménagement de l'ancien marché en bureau de poste.

  • Archives municipales de Maillé. 5 M 1. 1841-1842 : reconstruction du presbytère.

  • Archives paroissiales, Maillé. Paroisse de Maillé. Carton 16, dossier 3. 1800-1941 : presbytère de Maillé.

Documents figurés

  • Plan cadastral de Maillé, 1835. (Archives départementales de la Vendée ; 3 P 132 ; complété par l'exemplaire conservé en mairie).

Annexes

  • Notes du curé Joseph Herbert sur les travaux réalisés au presbytère de Maillé en 1776, extrait du registre paroissial de l'année 1776.
Date(s) d'enquête : 2020; Date(s) de rédaction : 2021
(c) Région Pays de la Loire - Inventaire général
(c) Conseil départemental de la Vendée
Suire Yannis
Suire Yannis

Conservateur en chef du patrimoine au Département de la Vendée à partir de 2017.

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