Dossier collectif IA72058772 | Réalisé par
Barreau Pierrick (Rédacteur)
Barreau Pierrick

Chercheur auprès du Pays du Perche sarthois jusqu'en octobre 2020. Depuis novembre 2020, chercheur auprès du Conseil départemental de la Mayenne.

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  • inventaire topographique, Bourgs et petites cités du Perche sarthois
Ponts du bourg de Connerré
Auteur
Copyright
  • (c) Région Pays de la Loire - Inventaire général

Dossier non géolocalisé

  • Dénominations
    pont
  • Aires d'études
    Pays du Perche sarthois
  • Adresse
    • Commune : Connerré

Les premiers franchissements du Dué

Le bourg de Connerré s'est implanté à proximité de deux sites de franchissement de rivières qui ont influencé son développement : l'un sur le Dué et le Gué-aux-Ânes, l'autre sur l'Huisne. Le premier est certainement le plus ancien et le plus important, puisqu'il était nécessaire au passage de la voie romaine de Paris au Mans. Au même endroit, l’île de la Motte, qui pourrait correspondre à l'emplacement de l'ancien château (motte féodale), devait commander l'un des principaux accès au bourg. En témoigne également la jonction de plusieurs chemins médiévaux vers le nord et l'est à cet endroit.

Pendant très longtemps, la traversée des rivières s'effectue à gué : les archives indiquent que c'est encore le cas au XIXe siècle, lorsque l'un des ponts se trouve hors service (ce qui peut devenir périlleux l'hiver). La première mention d'un pont à Connerré remonte au début du XVIIe siècle dans les registres du chapitre du Mans : enlevé par une inondation, les habitants demandent son rétablissement. Toutefois, il n'est pas précisé où ce pont se trouvait ni s'il s'agissait d'un pont de pierre ou de bois...

Les anciens ponts du Dué et du Gué-aux-Ânes

Les anciens ponts en pierre reliant le centre-bourg au faubourg de Groisillé passent généralement pour avoir été édifiés en même temps que les remparts, c'est-à-dire dans les dernières années du XVIe siècle. Un document de 1632, au sujet de la porte des Vieux ponts (qui ne portait pas encore ce nom) suggère toutefois le rajeunissement de leur construction de quelques décennies, puisqu'il ne fait référence à aucun pont mais mentionne un gué. De plus, les documents concernant l'établissement de la fortification font état de ponts levis et non de ponts en pierre. La carte du diocèse du Mans par Sanson d'Abbeville (1653) ne figure aucun pont à Connerré, mais elle semble incomplète. En revanche, ces ponts sont attestés par la carte de Jaillot, réalisée à la toute fin du XVIIe siècle et publiée en 1706.

Au regard de ces éléments, on peut supposer que ces ponts datent du XVIIe siècle, en attendant la découverte de documents plus précis. Un franchissement plus aisé des rivières du Dué et du Gué-aux-Ânes était en effet devenu indispensable pour la continuité du trafic sur la route de Paris au Mans. Les ponts ont probablement été remaniés à plusieurs reprises : par exemple, les archives font état de la reconstruction d'une des arches du premier pont en venant de Paris en 1800.

Le nouveau franchissement du Dué, au début du XIXe siècle

La construction de la route royale de Paris à Nantes par Connerré dès 1771 (à partir des années 1780 pour le tronçon Le Mans-La Ferté-Bernard) prévoyait de traverser le bourg de la manière la plus rectiligne possible. Un dessin de 1771 figure deux tracés possibles : l'un en face des vieux ponts au cœur du bourg, probablement abandonné car il nécessitait de coûteuses démolitions, l'autre arrivant au carrefour du Lion. Ce deuxième tracé fut retenu et réalisé : il s'agit de l'actuelle avenue Carnot. Un nouveau pont devait être construit pour raccorder ce tronçon à la nouvelle rue de Paris, de l'autre côté du Dué, mais faute de moyens, on continua d'utiliser les vieux ponts.

Ce n'est qu'en 1805, alors que les vieux ponts menacent ruine, qu'on lance la construction d'un nouveau pont à trois arches dans le prolongement de la rue de Paris, afin de supprimer le détour et les difficultés posées par la sinuosité et l'étroitesse de la rue des Vieux ponts. Les plans sont dressés par Destourmeau, ingénieur en chef des Ponts et Chaussées, et les travaux sont confiés à l'entrepreneur Luc Rouillon. Principal pont de Connerré tout au long du XIXe siècle, il porte même le nom de pont royal sous la Restauration. Les virages dans le bourg étant devenus très accidentogènes avec le développement de l'automobile dans la 1ère moitié du XXe siècle, une véritable déviation avec un nouveau pont est finalement établie en 1968-1969.

Le pont sur l'Huisne, une histoire mouvementée

La première mention d'un pont sur l'Huisne remonte à un acte de 1638 (on note toutefois qu'il ne figure pas sur la carte de Samson d'Abbeville de 1653, mais bien sur celle de Jaillot de 1706). Auparavant, le franchissement de la rivière s'effectuait à gué, ou bien en amont à la Ferté-Bernard ou en aval au Pont-de-Gennes. Connu par des dessins, le pont de pierre sur l'Huisne de Connerré formait un dos d'âne supporté par cinq arches en plein cintre. Les piles étaient en forme d'éperon pour fendre le courant. Au milieu du XVIIIe siècle, le cours de la rivière est modifié, paraît-il suite au creusement d'un fossé dans la prairie par des paysans voulant se soustraire à la perception du droit de vaine pâture par le seigneur de Bresteau. A la première crue, l'Huisne s'engouffre dans le fossé et le pont se retrouve au sec. Devenu inutile, il est complété par une passerelle en 1824 et tombe peu à peu en ruine faute d'entretien. Pendant des décennies, les voitures devront franchir l'Huisne à gué, ce qui entraînera nombre d'accidents.

A partir de 1830, on envisage la reconstruction complète du pont pour permettre le passage de la route de Mamers à Saint-Calais. Faute de moyens, il faut attendre 1843 pour que celle-ci soit réalisée : le nouveau pont, construit par voie d'économie par les entrepreneurs Lechable et Louvel, est en bois avec des piles de pierre et prolongé par une levée de terre insubmersible. Trop fragile (une pile s'effondre) et mal conçu (il cause une inondation du bourg en 1846), il est finalement remplacé par le pont actuel en 1858, afin de mieux raccorder Connerré à la nouvelle ligne de chemin de fer et à la gare de Connerré-Beillé. L'entrepreneur adjudicataire des travaux est François Georget. Le tracé de l'Huisne et du Dué est corrigé à l'occasion des travaux et l'ancien bras de l'Huisne est définitivement comblé.

Les ponts de la voie ferrée Mamers-Saint-Calais

L'inventaire des ponts du bourg de Connerré ne serait pas complet sans mentionner ceux aménagés pour le passage de la voie ferrée Mamers-Saint-Calais (1872-1977). Le grand pont métallique sur l'Huisne a été détruit suite à la désaffectation de la ligne. En revanche, il subsiste, au cœur du bourg, le pont de l'avenue Carnot enjambant l'ancienne voie (élargi au milieu du XXe siècle), ainsi qu'un petit pont sur le Gué-aux-Ânes canalisé, à l'extrémité du lotissement à la limite de la commune de Thorigné-sur-Dué.

  • Période(s)
    • Principale : 17e siècle, 1er quart 19e siècle, 3e quart 19e siècle, 4e quart 19e siècle, 3e quart 20e siècle

La rue des Vieux Ponts compte trois ponts construits en moellons, enjambant le Gué-aux-Ânes et le Dué. Du cœur du bourg vers l'extérieur, le premier compte une arche, le second trois et le troisième deux. Les piles sont en forme d'éperon du côté face au courant. Les ponts des rues de Paris et de la Gare, respectivement sur le Dué et l'Huisne, sont construits en pierre de taille et présentent trois arches chacun ainsi que des piles aux extrémités arrondies.

  • Toits
  • Murs
    • grès moellon
    • calcaire pierre de taille
  • Décompte des œuvres
    • repéré 5

Documents d'archives

  • 1608 : pièce concernant le rétablissement du pont de Connerré enlevé par une inondation.

    Archives départementales de la Sarthe, Le Mans : G 20
  • 1805-1859 : reconstructions du pont sur l'Huisne de Connerré.

    Archives départementales de la Sarthe, Le Mans : 3 O 201
  • 1800 : reconstruction d'une arche d'un pont sur le Dué à Connerré.

    Archives départementales de la Sarthe, Le Mans : 2 S 55
  • 1802-1809 : construction du nouveau pont sur le Dué de Connerré.

    Archives départementales de la Sarthe, Le Mans : 2 S 68
  • 1872 : construction de la ligne Mamers-Saint-Calais, ouvrages d'art, Connerré.

    Archives départementales de la Sarthe, Le Mans : 5 S 335
  • 1858-1864 ; suppression d'un bras de la rivière l'Huisne, commune de Connerré.

    Archives départementales de la Sarthe, Le Mans : 7 S 131

Bibliographie

  • Le patrimoine des communes de la Sarthe. Paris : Flohic éditions, 2000. 2 vol.

    p. 1195

Documents figurés

  • 1854 à nos jours : délibérations du conseil municipal de la commune de Connerré. (Archives municipales de Connerré).

  • Cartes postales anciennes, commune de Connerré. (Archives départementales de la Sarthe ; 2 Fi).

  • Fin XVIIIe siècle-milieu XIXe siècle : plans et dessins des anciens ponts sur l'Huisne, commune de Connerré.

    Archives départementales de la Sarthe, Le Mans : 3 O 201
  • 1805 : plans pour la construction du pont sur le Dué de Connerré, par Destourmeau.

    Archives départementales de la Sarthe, Le Mans : 2 S 68
  • 1870 : plans des ouvrages d'art de la ligne Mamers-Saint-Calais, commune de Connerré.

    Archives départementales de la Sarthe, Le Mans : 5 S 335
  • Collections particulières de cartes postales et de photographies anciennes, Connerré. (Collection particulière).

  • Collection de cartes postales et photographies anciennes, Connerré. (Archives municipales de Connerré).

Date(s) d'enquête : 2018; Date(s) de rédaction : 2018
(c) Région Pays de la Loire - Inventaire général
(c) Pays du Perche sarthois
Barreau Pierrick
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Chercheur auprès du Pays du Perche sarthois jusqu'en octobre 2020. Depuis novembre 2020, chercheur auprès du Conseil départemental de la Mayenne.

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