Dossier d’œuvre architecture IA72058716 | Réalisé par
Barreau Pierrick (Rédacteur)
Barreau Pierrick

Chercheur auprès du Pays du Perche sarthois jusqu'en octobre 2020. Depuis novembre 2020, chercheur auprès du Conseil départemental de la Mayenne.

Cliquez pour effectuer une recherche sur cette personne.
  • inventaire topographique, Bourgs et petites cités du Perche sarthois
Place de la République, Connerré
Œuvre étudiée
Auteur
Copyright
  • (c) Région Pays de la Loire - Inventaire général

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Pays du Perche sarthois - Savigné-l'Evêque
  • Commune Connerré
  • Adresse place de la République
  • Cadastre 1836 C2 331  ; 2018 AC Non cadastré
  • Dénominations
    place
  • Appellations
    place de la République
  • Parties constituantes non étudiées
    monument aux morts

Le centre névralgique du bourg

La place de la République est assise sur une partie d'une vaste nécropole mérovingienne, dont on a exhumé des vestiges à l'occasion de travaux aux XIXe et XXe siècles. Autrefois, la place du marché de Connerré était beaucoup moins étendue que l'actuelle : les bâtiments du prieuré, le cimetière et la chapelle Sainte-Anne en occupaient la majeure partie, si bien que la place elle-même ne se résumait qu'à une section de la rue haute (actuelle rue Michel Beaufils) où celle-ci se trouvait élargie. Une petite halle occupait cette place, qui était le siège des foires et marchés de Connerré.

Il faut attendre une charte du roi Henri II de 1549, renouvelée par deux lettres royales de 1556 et 1578, pour voir l'établissement de trois foires annuelles et d'un marché hebdomadaire, et ainsi entériner la vocation commerciale de Connerré. Toutefois, les foires semblent se tenir de manière très épisodique pendant l'Ancien Régime, et il est dit en 1801 que le marché de Connerré est de peu d'importance et ne concerne que les habitants du lieu. A cette époque encore, Montfort-le-Rotrou semble le principal lieu d'échanges commerciaux des environs. Toutefois, l'aménagement de la route royale par Connerré à la fin du XVIIIe siècle va rebattre les cartes : c'est véritablement au XIXe siècle que Connerré devient le siège de foires (dont deux sont rétablies en 1853) et marchés très fréquentés, qui assurent la prospérité de la commune. Les foires ont lieu le premier mercredi après le 20 janvier, le sixième mercredi après Pâques et le troisième mercredi avant la Toussaint, les marchés ont lieu tous les mercredis. La vente de bestiaux y est notamment très importante (porcs et veaux).

L'histoire de la place et son évolution sont intimement liés au développement des foires et marchés de Connerré, qui ont entraîné d'importantes modifications et agrandissements successifs, au détriment du cœur historique du bourg et d'une partie de son patrimoine : ainsi ont successivement disparu le cimetière, la chapelle sainte-Anne, une grande partie du prieuré et enfin la halle. Le marché du mercredi matin se tient toujours sur cette place, chaque semaine à Connerré.

L'ancien cimetière

Avant d'être déplacé en périphérie du bourg, le cimetière paroissial se trouvait au pied de l'église, entre les bâtiments du prieuré et la place du marché. Au début des années 1830, sa suppression est demandée par les riverains pour des raisons d'hygiène et de salubrité mais aussi car il est saturé de sépultures. Aux dires du maire de l'époque, il y règne un tel désordre dans la disposition des tombes qu'il arrive souvent au fossoyeur de se tromper et de retirer des cadavres récemment inhumés pour creuser de nouvelles fosses. Une enquête est prescrite en 1831 par le préfet et un terrain de 35 ares est acquis par la municipalité à la sortie du bourg, route de Paris, pour la création d'un nouveau cimetière.

Dès le 4 mai 1832, alors que les travaux ne sont pas tout à fait achevés, on procède à la première inhumation dans le nouveau cimetière tandis que l'ancien est interdit. Il est ensuite entièrement déblayé pour permettre de plus que doubler la superficie de la place du marché. L'ancienne clôture et le portail, visibles sur un dessin du début du XIXe siècle, sont supprimés.

La chapelle sainte-Anne

Les origines de cette chapelle cimeterale sont obscures, il n'a été découvert aucun document en faisant mention avant le début du XVIIe siècle. Plusieurs testaments conservés font état de donations et de rentes concédées au chapelain de sainte-Anne pour dire des "messes basses" pour le salut des âmes des défunts. Disposée parallèlement à l'église, elle comprenait une nef rectangulaire et un chœur carré légèrement plus étroit. Les archives précisent qu'elle se trouvait vraisemblablement accolée à l'ancienne prison de Connerré, laquelle dut servir de corps de garde à la garde nationale dans la 1ère moitié du XIXe siècle. Le plan terrier de 1787 indique que le four banal du chapitre se trouvait également tout près.

Très endommagée suite au violent incendie du bourg de 1731, la chapelle est désaffectée et devient une simple grange louée par la fabrique. Elle est qualifiée de "masure" dans le terrier de 1787. Elle est vendue comme bien national en décembre 1792. Il est un temps envisagé de la racheter pour en faire une halle au blé, mais c'est finalement pour la démolir que la commune l'acquiert en 1854, pour l'agrandissement et l'embellissement de la place : "la partie désignée sous le nom de chapelle sainte-Anne occupée actuellement comme grange [...] et l'autre portion communément désignée sous le nom de vieille prison". On procède également à la suppression d'un ancien puits public dit de sainte-Anne et on place des bornes sur la place.

La halle

On peut supposer que la première halle fut édifiée à la suite de la lettre royale de 1578, bien qu'aucun document n'ait été découvert à ce sujet. Au début du XIXe siècle, elle est dite en mauvais état et de peu de valeur. Devenue trop exigüe avec le développement des marchés de Connerré au XIXe siècle, il est décidé de la reconstruire en 1850. Plusieurs projets sont étudiés, notamment la reconversion de l'ancienne chapelle sainte-Anne, mais le projet finalement retenu, conçu par l'architecte Nourry-Blotin, est un édifice de 14 m sur 8 m, comprenant une pièce pour le corps de garde qui servira quelques temps de mairie. La construction de la nouvelle halle est menée à bien en 1852-1853 : d'après les archives, elle possédait des murs en pierre percés d'arcades et une charpente en chêne.

A partir des années 1860, l'importance croissante du marché et des foires de Connerré nécessite un agrandissement drastique de la place : en 1862-1863, après avoir obtenu un décret impérial d'utilité publique, la municipalité acquiert une grande partie de l'ancien prieuré et des fortifications qu'elle fait démolir. Elle fait également prolonger la rue de Paris jusqu'à la place. En 1891, la halle est jugée inutile et nuisible à la circulation, la place étant encombrée "même dans les marchés les moins forts". Le bâtiment est donc promptement démoli et ses matériaux revendus aux enchères.

Les constructions sur la place

L'église a également joué un rôle non négligeable dans les mutations de la place. Il ressort des délibérations municipales du XIXe siècle un souci constant de la mettre en valeur, aussi bien en dégageant ses abords qu'en s'efforçant de créer des perspectives, la principale étant donnée par le débouché de la rue de Paris sur l'église en 1863, consécutivement à l'aménagement d'un nouveau portail avec escalier monumental au pied du clocher. La partie haute de la place, ouverte par la démolition du prieuré et du rempart, est également un espace stratégique pour son embellissement : dans les années 1870, il est envisagé d'y construire la gare de la ligne Mamers-Saint-Calais, puis l'hôtel de ville, mais aucun de ces projets n'est réalisé. Cet emplacement est finalement dévolu au monument aux morts construit en 1921.

La place est bordée de maisons abritant ou ayant abrité des commerces au rez-de-chaussée. Tout comme la place elle-même, les façades ont été profondément transformées à la période contemporaine. Seule celle du n° 4 semble antérieure au XIXe siècle : il pourrait s'agir, selon toute vraisemblance, d'une maison reconstruite après l'incendie de 1731. Certaines maisons, à l'ouest, ont été édifiées ex-nihilo dans la 2e moitié du XIXe siècle, comme les n° 12 et 14, datés de 1886-1887 d'après les matrices cadastrales. Parmi les constructions de la place, l'ancienne fabrique de poteries Guilmet (actuel cabinet vétérinaire) et l'ancien hôtel de France (actuellement MMA) sont à signaler. L'ancien hôtel de l'Europe, démoli, a laissé la place à un petit square.

  • Période(s)
    • Principale : 19e siècle

La place de la République, de forme irrégulière, s'étend aujourd'hui à la fois sur une partie de l'ancienne cité intra-muros et se prolonge, par la place Albert Lhuissier, sur d'anciens terrains extra-muros. Elle est bordée de maisons d'habitation avec boutiques au rez-de-chaussée, un étage carré et couverture d'ardoise conférant une très relative régularité, puisqu'en revanche les volumes et les toitures sont très hétéroclites. L'ancienne maison Guilmet se démarque fortement sur la place et dans l'ensemble du bourg par ses trois étages, mais aussi par ses décors soignés. On remarque deux maisons identiques, aux n° 12 et 14, qui reflètent sans doute une volonté d'homogénéisation des constructions le long de la nouvelle rue des Fossés (actuellement rue Marceau) dans la 2e moitié du XIXe siècle, qui n'a pas vraiment été couronnée de succès. Aujourd'hui parking, la place est agrémentée de quelques arbres et d'une petite fontaine. La place Albert Lhuissier, qui fut longtemps l'emplacement de l'usine de charcuterie Lhuissier, est occupée par le monument aux morts en granit, très épuré, en forme d'obélisque.

  • État de conservation
    bon état
  • Statut de la propriété
    propriété de la commune

Documents d'archives

  • Archives départementales de la Sarthe ; 4 F 12. Papiers Denis, histoire civile et religieuse de Connerré.

  • Papiers Menjot d'Elbenne, commune de Connerré.

    Archives départementales de la Sarthe, Le Mans : 7 F 51
  • 1773-1787 : papiers concernant la maison dite du four à ban à Connerré.

    Archives départementales de la Sarthe, Le Mans : G 11
  • Archives départementales de la Sarthe ; G 33. 1613-1683 : remembrance de la châtellenie, fief et seigneurie de Connerré.

  • Archives départementales de la Sarthe ; G 1035. 1787 : terrier de Connerré.

  • 1790-1930 : foires et marchés de Connerré.

    Archives départementales de la Sarthe, Le Mans : 8 M 105
  • 1818-1891 : halles de Connerré.

    Archives départementales de la Sarthe, Le Mans : 2 O 90/7
  • 1830-1908 : cimetières de Connerré. 1920-1921 : monument aux morts.

    Archives départementales de la Sarthe, Le Mans : 2 O 90/9
  • Archives départementales de la Sarthe ; 3 O 753. 1794-1900 : voirie urbaine et alignements, Connerré.

  • Biens nationaux non vendus pour service public.

    Archives départementales de la Sarthe, Le Mans : 1 Q 63
  • 1792, 18 octobre : procès-verbal d'expertise de l'ancienne chapelle sainte-Anne.

    Archives départementales de la Sarthe, Le Mans : 1 Q 536
  • Archives diocésaines du Mans ; boîte 758. Papiers concernant la paroisse de Connerré.

  • 1549-1578 : charte et lettres royales accordant l'établissement de foires et marchés à Connerré (et copies du XVIIIe siècle).

Bibliographie

  • COURCELLE, André, PELLETIER, Alphonse. Connerré, monographie de notre cité. Connerré : mairie de Connerré, 1982.

  • JALINIER, Suzanne. Connerré au fil du XXe siècle. Mulsanne : ITF imprimeurs, 2009.

    p. 3-7
  • Le patrimoine des communes de la Sarthe. Paris : Flohic éditions, 2000. 2 vol.

    p. 1194
  • PESCHE, Julien-Rémy. Dictionnaire topographique, historique et statistique de la Sarthe, t. 1, 1829. Réédition Paris : Lorisse, 1999.

    t. 2, p. 83

Documents figurés

  • 1854 à nos jours : délibérations du conseil municipal de la commune de Connerré. (Archives municipales de Connerré).

  • Cartes postales anciennes, commune de Connerré. (Archives départementales de la Sarthe ; 2 Fi).

  • Dessins et photographies collection Paul Cordonnier, commune de Connerré. (Archives départementales de la Sarthe ; 18 J 573).

  • 1850 : plans de reconstruction des halles, par Nourry-Blotin.

    Archives départementales de la Sarthe, Le Mans : 2 O 90/7
  • 1861, 26 septembre : plan d'alignement du bourg de Connerré, réalisé pour l'agrandissement de la place du marché. (Archives départementales de la Sarthe ; 3 O 752).

  • 1853 : projet de plan d'alignement du bourg de Connerré. (Archives départementales de la Sarthe ; 3 O 753).

  • Vers 1891 : plan d'un projet d'acquisition d'un terrain sur la place de Connerré pour l'édification d'une mairie (non réalisé).

    Archives départementales de la Sarthe, Le Mans : 5 S 343
  • 1846 : dessins de Jean-Baptiste Jorand du bourg de Connerré.

    Bibliothèque nationale de France, Paris
  • Collection de cartes postales et photographies anciennes, Connerré. (Archives municipales de Connerré).

  • Collections particulières de cartes postales et de photographies anciennes, Connerré. (Collection particulière).

Annexes

  • Première lettre royale établissant les foires et marchés de Connerré, 1549.
  • Lettre de confirmation des foires et marchés de Connerré donnée par Henri III en 1578.
  • Les découvertes de sarcophages mérovingiens à Connerré.
Date(s) d'enquête : 2018; Date(s) de rédaction : 2018
(c) Région Pays de la Loire - Inventaire général
(c) Pays du Perche sarthois
Barreau Pierrick
Barreau Pierrick

Chercheur auprès du Pays du Perche sarthois jusqu'en octobre 2020. Depuis novembre 2020, chercheur auprès du Conseil départemental de la Mayenne.

Cliquez pour effectuer une recherche sur cette personne.