Dossier d’œuvre architecture IA49010711 | Réalisé par
  • inventaire topographique
Moulin de la Courvoiserie, puis maison de notable La Courvoiserie, Fontevraud-l'Abbaye
Œuvre étudiée
Auteur
Copyright
  • (c) Région Pays de la Loire - Inventaire général
  • (c) Conseil départemental de Maine-et-Loire - Conservation départementale du patrimoine

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Fontevraud-l'Abbaye - Montsoreau - Saumur-Sud
  • Hydrographies la Fontaine d'Evrault
  • Commune Fontevraud-l'Abbaye
  • Lieu-dit les Jardins
  • Adresse 91 avenue Rochechouart
  • Cadastre 1813 D3 989  ; 2009 D 691
  • Dénominations
    moulin, maison
  • Précision dénomination
    moulin à eau
  • Appellations
    de La Courvoiserie
  • Parties constituantes non étudiées
    communs, petit parc

Conservant des vestiges d'un ancien moulin de l'abbaye attesté au XVe siècle, la Courvoiserie est également un édifice notable dans le paysage architectural fontevriste comme témoignage d'une architecture de la villégiature du début du XXe siècle.

1. Le moulin de la Courvoiserie

La plus ancienne mention retrouvée du moulin de la Courvoiserie date de 1455. Le toponyme de "Courvoiserie" qui, en ancien français, signifie cordonnerie, est ici attesté plus tôt encore, en 1345. Il renvoie alors très certainement à l'établissement d'un atelier d'artisan cordonnier ou savetier, probable serviteur chargé de pourvoir aux besoins de la communauté fontevriste aux premiers siècles de l'installation monastique, dans un secteur qui relevait alors des dépendances et espaces de services de l'abbaye. Une telle implantation, en bordure d'un ruisseau, en aval et assez loin de l'abbaye, correspond bien aux usages des métiers du cuir et de la tannerie, souvent établis à l'écart des zones habitées et proches d'une alimentation en eau.

Le moulin mentionné au milieu du XVe siècle correspondrait donc peut-être à un second temps de l'occupation de ce site.

La mention d'un acte de 1527 atteste qu'à cette date le moulin est affermé, mais il semble, toutefois, que par la suite il ait été plutôt exploité en faire-valoir direct par l'abbaye, par le biais de serviteurs. Dès lors, ce moulin n'apparaît que très ponctuellement dans la documentation, au fil de quelques mentions de travaux ou de confronts de parcelles.

En 1638, on répare des retenues ou réservoirs d'eau qui régulent son alimentation en eau.

À partir de 1712, le moulin est de nouveau mentionné comme étant baillé et il apparaît fréquemment à partir de là dans la documentation notariale. Il se pourrait qu'un tel changement dans le mode d'exploitation soit dû au premier percement de la rue Rochechouart, peu après 1700, qui eut pour conséquence de dissocier l'abbaye d'un certain nombre d'anciennes dépendances au nord et au nord-est (comme le Grand-clos). En effet, le moulin de la Courvoiserie se retrouvait isolé de la très grande clôture abbatiale par la nouvelle chaussée et l'abbesse décida peut-être alors de le confier à un meunier en fermage. On conserve ainsi des baux ou mentions de baux d'abord de sept ans, puis neuf, pour les années 1712, 1718 (où il est dit "moulins à eau fromentier et mouturier"), 1726, 1736, puis un bail de 1784 où est indiqué que le moulin est hors d'usage et que des travaux doivent y être engagés. Des procès-verbaux de visite (en 1727 et en 1785), permettent de mieux connaître les bâtiments et leur état. En 1727, la description évoque ainsi un moulin constitué de deux roues et d'une écluse, avec chambre du meunier, grenier et dépendances (un cellier et deux écuries) ainsi qu'une cour où se trouve un puits. En 1785, l'agencement reste le même, mais il est précisé que le moulin est constitué d'une salle qui accueille le mécanisme, d'une petite chambre, d'un grenier et d'un cellier et que c'est un autre bâtiment qui sert d'habitation au meunier.

Dès 1786, des travaux de reconstruction commencent et la mention d'une quittance en 1790 montre qu'ils sont alors achevés.

La confiscation des biens du clergé régulier sous la Révolution se traduit par sa mise en vente, comme bien national de première origine. En 1791, l'estimation des biens mis aux enchères le présente comme un "moulin à eau économique [...] nouvellement construit" et il est acquis pour 5.000 livres par le meunier Louis Perroteau.

En 1813, le cadastre distingue ici le moulin, la maison du meunier et une grange.

Un descriptif technique, en 1862, indique que le moulin compte alors deux paires de meules et qu'une chute d'eau de six mètres avec un débit de 30 litres par seconde entraîne une roue à godets qui permet de développer une puissance de 2,46 CV.

En 1902, l'activité du moulin cesse lors d'un changement de propriétaire.

2. Maison et dépendances du domaine de la Courvoiserie

Ce nouvel acquéreur, Pierre-Marc Latrille, militaire saumurois capitaine au 135e régiment d'infanterie de ligne, devint plus tard commandant, avant de passer sa retraite à Angers puis à Fontevraud.

Il décide de faire ériger une nouvelle demeure en 1904 et le moulin est totalement transformé. Seuls quelques éléments en sont conservés au sein de la maison de notable qu'il lui substitue. Dans le même temps, il fait élever des communs au nord de cette nouvelle demeure. L'ensemble, entouré d'un petit parc, conserve le nom de "la Courvoiserie".

Au milieu des années 1970, l'accès à la maison est modifié et un escalier central remplace les deux volées latérales qui donnait accès au rez-de-chaussée sur soubassement.

La dernière roue du moulin est, par ailleurs, supprimée dans le dernier quart du XXe siècle.

Cette maison et ses dépendances sont établies sur une parcelle provenant du démantèlement des possessions foncières de l'abbaye, durant la Révolution, et desservie par une chaussée mise en place vers 1839 dans le prolongement de la rue Rochechouart.

Édifiée au milieu d'un petit parc composé de bosquets et de parterres, la maison est un pastiche de l'architecture du XVIIIe siècle, mâtiné de fantaisies propres à une architecture de villégiature.

Un soubassement, vaste espace de stockage, permet de rattraper la pente ouest-est sur laquelle est édifiée la demeure ; on y trouve des vestiges de l'ancien moulin : maçonneries, cave, assemblage de pierres dures où reposait l'arbre de la roue à aube, poutres longitudinales sur file de poteaux parallèle aux gouttereaux. Le poteau central de cette file est orné de chanfreins à congés et d'un corps de mouluration à mi-hauteur ; il se poursuit à l'étage supérieur où il forme le noyau de l'escalier.

Le rez-de-chaussée surélevé accueille les espaces de service et les salles de réception ouvertes par des portes-fenêtres sur une terrasse à balustrade, aujourd'hui en béton, portée aisseliers et poteaux, par laquelle on accède à la maison. L'escalier extérieur actuel, central, remplace les volées latérales qui à l'origine donnaient accès à cette terrasse.

L'étage de comble à surcroît accueille des chambres. La distribution verticale est assurée par un escalier intérieur en vis, en charpente, qui intègre des éléments de l'ancien escalier du moulin (notamment le noyau, montant de fond depuis le soubassement).

Le toit à longs pans brisés et à croupes, avec coyaux, est couvert d'ardoises.

Cet édifice pastiche une architecture du XVIIIe siècle, avec baies à agrafes couvertes d'arcs plein-cintre ou segmentaires, lucarnes (dont un œil-de-bœuf central) à fronton en chapeau de gendarme ou encore toitures brisées. La brique, jusqu'alors absente de l'architecture domestique à Fontevraud apparaît dans une recherche de polychromie sans précédent local, utilisée là pour les appuis de fenêtres, les arcs, les bandeaux.

Un pavillon couvert d'un toit à haut brisis flanque le corps central, au nord ; doté d'un étage carré, il domine la demeure et traduit une recherche d'asymétrie qui relève de préoccupations qui caractérisent à l'architecture de la villégiature. À l'étage carré, la brique est particulièrement présente, où elle est utilisée pour les chaînes et le grand arc qui coiffe la travée centrale de chaque face de ce pavillon.

Au sud, la maison présente deux flanquements successifs, le premier est d'origine et du même style que la maison, mais le suivant plus tardif avec demi-croupe débordante rappelle davantage la structure des communs. Une quinzaine de mètres au nord de la demeure, ces communs abritaient remise, écurie, fenil et logement du cocher. Ce bâtiment en L, est couvert de deux toits perpendiculaires liés par une noue, à longs pans et à demi-croupes débordantes, là encore évocation des canons en vigueur dans l'architecture de la villégiature. De l'ancien moulin, la parcelle conserve le bief qui alimentait la roue et était canalisé depuis l'abbaye jusqu'à sa confluence avec la Fontaine Saint-Robert pour former l'Arceau, 200 mètres plus au nord. Ce bief traverse la propriété du sud au nord, longeant les façades postérieures de la maison et des communs. La chute d'eau, d'un peu moins de 5 mètres de haut, qui entrainait la roue à aube est située en partie centrale de la façade postérieure de la maison ; il devait s'agir d'un système à roue en-dessus, propre aux cours d'eau à faible débit, avec alimentation par une huche de bois dont les vestiges sont encore discernables.

  • Murs
    • béton
    • brique
    • enduit
    • moyen appareil
    • moellon
  • Toits
    ardoise
  • Étages
    étage de soubassement, rez-de-chaussée surélevé, 1 étage carré, comble à surcroît
  • Couvertures
    • toit à longs pans brisés
    • toit brisé en pavillon
    • demi-croupe
    • noue
  • Escaliers
    • escalier intérieur : escalier en vis sans jour en charpente
    • escalier de distribution extérieur : escalier droit en maçonnerie
  • Statut de la propriété
    propriété privée

Documents d'archives

  • AD Maine-et-Loire. 5 E 38 / 10. Notaires. Procès verbal de visite des moulins de la Courvoiserie, reçu Me François François (17 mars 1727).

    AD Maine-et-Loire. 5 E 38 / 179. Notaires. Prolongement de bail à ferme du moulin de la Courvoiserie, reçu Me René Serin (30 juin 1718).

    AD Maine-et-Loire. 5 E 38 / 188. Notaires. Prolongement de bail à ferme du moulin de la Courvoiserie, reçu Me Serin (5 mars 1736).

    AD Maine-et-Loire. 5 E 38 / 30. Notaires. Addition de procès verbal du moulin de la Courvoiserie (20 mars 1786).

    AD Maine-et-Loire. 5 E 38 / 30. Notaires. Bail du moulin de la Courvoiserie pour 200 lt. à Picard (20 décembre 1784).

    AD Maine-et-Loire. 5 E 38 / 30. Notaires. Procès verbal du moulin de la Courvoiserie (5 janvier 1785).

    AD Maine-et-Loire. 101 H 193. Abbaye de Fontevraud. Mémoire des travaux de construction d'un réservoir près du moulin de la Courvoiserie (30 novembre 1638).

    AD Maine-et-Loire. 101 H 29. Abbaye de Fontevraud. Pièce 29 : Bail d'une maison sise aux Roches (29 mai 1478).

    AD Maine-et-Loire. 101 H 47. Abbaye de Fontevraud. Pièce 10 : gages des serviteurs Fontevraud, Vendôme, Bourbon et du moulin de la Courvoiserie (1649-1650).

    AD Maine-et-Loire. 101 H 158. Abbaye de Fontevraud. LARDIER, Jean (dom). Volume sixiesme de l'inventaire des titres de la fenestre LVI du Thrésor de Font-Evraud disposé, contenant les titres de la petite recpte & le supplément de la grande recepte ou greneterie fait du temps de très religieuse princesse madame Jeanne Baptiste de Bourbon, etc., manuscrit, Fontevraud, 1656.

    AD Maine-et-Loire. 101 H 159. Abbaye de Fontevraud. LARDIER, Jean (dom). Volume septiesme, inventaire des titres de la Petite Recepte de Font-Evraud divisé en 3 cantons, etc., manuscrit, Fontevraud, 1658 (1658, mis à jour jusqu'en 1756), cf. n°179.

    AD Maine-et-Loire. 101 H 160. Abbaye de Fontevraud. LARDIER, Jean (dom). Thrésor de l'ordre de Font-Evraud disposé en 3 volumes. Volume 1. Contenant l'inventaire des registres et extraits de conseil des abbesses pour les affaires qui regardent l'abbesse & le temporel de ladite abbaye par ordre alphabétique du temps de M. Jeanne Baptiste de Bourbon, XXXII. Abbesse, chef & générale dudit ordre, manuscrit, Fontevraud, 1649. Folio 312v°.

    AD Maine-et-Loire. 1 J 471. Pièces isolées et petits fonds. Bail à ferme du moulin de la Courvoiserie (20 décembre 1784 reçu Me Boullet, copie du 10 novembre 1848 collationnée par Me Hudault).

    AD Maine-et-Loire. 1 J 472. Pièces isolées et petits fonds. Arrêté préfectoral sur l'entretien et le règlement du cours d'eau de Fontevraud (24 nivôse An X, 14 janvier 1802).

    AD Maine-et-Loire. 1 J 475. Pièces isolées et petits fonds. Adjudication du moulin de la Courvoiserie par Martin Picard (1er octobre 1853).

    AD Maine-et-Loire. 1 Q 210. Biens nationaux. Estimation des biens de 1ère et 2e origine. District de Saumur, biens de la 1ère origine : procès-verbaux d'estimation des biens classés par ordre alphabétique des communes : D à J (1790-1791).

    AD Maine-et-Loire. 1 Q 213. Biens nationaux. District de Saumur, procès-verbaux d'estimation des biens mobiliers de 1ère origine : commune de Fontevraud (27 novembre 1790).

    AD Maine-et-Loire. 1 Q 491,. Biens nationaux. Domaines mis en vente. F°135 : le moulin à eau économique appelé la Courvoiserie, « nouvellement construit » (10 janvier 1791).

    AD Maine-et-Loire. 1 Q 1558. Biens nationaux. Séquestre. District de Saumur, créances de 1ère origine : Fontevraud. Etat des dépendances de l'abbaye de Fontevraud (1789-1790).

Annexes

  • Annexe n°1
Date(s) d'enquête : 2010; Date(s) de rédaction : 2010
(c) Région Pays de la Loire - Inventaire général
(c) Conseil départemental de Maine-et-Loire - Conservation départementale du patrimoine
Articulation des dossiers