Dossier collectif IA72058770 | Réalisé par
Barreau Pierrick (Rédacteur)
Barreau Pierrick

Chercheur auprès du Pays du Perche sarthois jusqu'en octobre 2020. Depuis novembre 2020, chercheur auprès du Conseil départemental de la Mayenne.

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  • inventaire topographique, Bourgs et petites cités du Perche sarthois
Maisons du bourg de Connerré
Auteur
Copyright
  • (c) Région Pays de la Loire - Inventaire général

Dossier non géolocalisé

  • Dénominations
    maison
  • Aires d'études
    Pays du Perche sarthois
  • Adresse
    • Commune : Connerré

Un habitat ancien en grande partie disparu et touché par les remaniements

Les plus anciennes maisons observables à Connerré remontent à la fin du Moyen Age (fin du XVe siècle et début du XVIe siècle) : elles illustrent la période d'intense reconstruction qui succéda à la Guerre de Cent Ans. Il reste de cette époque quelques maisons en pierre, toutes assez remaniées, mais repérables à leurs hautes toitures et à leurs pignons découverts de forme aiguë. Celles-ci sont visibles aussi bien dans le centre-bourg (partie intra-muros, n°22 rue Faidherbe et 17 rue Michel Beaufils) que dans les faubourgs (par exemple, n°11 rue de la Gare ou 48 rue des Vieux Ponts), ce qui indique que ces derniers étaient déjà occupés avant la construction des remparts à la fin du XVIe siècle. L'exemple le mieux conservé est une maison à tour d'escalier circulaire du XVIe siècle, quartier du Groisiller. Deux autres tours d'escalier, cette fois-ci carrées, ont été repérées derrière le n°17 rue Michel Beaufils et le n°21 rue des Vieux Ponts. Il en existe probablement une autre derrière le n°10 rue des Vieux Ponts.

Une grande partie des maisons de Connerré antérieures au XIXe siècle a disparu au cours d'incendies et notamment du grand incendie qui détruisit une bonne partie du centre-bourg le 21 avril 1731. Si quelques rares demeures y ont survécu, bien que touchées par le feu, elles le doivent à leurs murs en pierre. En revanche, la majorité des maisons, qui devait encore être à pans de bois à cette époque, a totalement disparu dans les flammes. Aujourd'hui, il n'en reste aucune de ce type à Connerré.

Les grands travaux du XIXe siècle

Les incendies ne suffisent pas à expliquer la disparition de la plupart des façades antérieures à la Révolution. Quelques rares dessins de la 1ère moitié du XIXe siècle et les écrits de Pesche font encore état de maisons médiévales aujourd'hui totalement disparues. De plus, il ne reste guère non plus de demeures du XVIIIe siècle, alors qu'une grande partie du bourg fut reconstruite après 1731. Les grandes transformations du XIXe siècle pour moderniser le bourg et les maisons, ainsi que les remaniements du XXe siècle, en sont à l'origine. Les alignements des rues du bourg, en commençant par le plan d'alignement de la route royale dès 1824, l'élargissement de certaines rues et le percement d'autres, les démolitions pour créer des aérations ou faciliter la circulation ont eu raison de nombreuses maisons anciennes.

Toutefois, leur disparition ne s'explique pas uniquement par des mesures d'urbanisme. L'initiative privée a également joué un rôle important. En effet, le XIXe siècle offre à Connerré une prospérité sans précédent, avec l'amélioration considérable des voies de communication (route royale, voies ferrées Paris-Brest puis Mamers-Saint-Calais, amélioration du réseau secondaire), ainsi qu'un développement très important de son industrie et de son rôle commercial. L'enrichissement des Connerréens se traduit par la reconstruction de la plupart des maisons ou des façades dans le goût de l'époque, tout un chacun ayant à souhait d'afficher sa propre réussite et la modernité de la petite cité.

L'étalement du bourg aux XIXe et XXe siècles

La réussite de Connerré est particulièrement lisible dans sa poussée démographique (environ 1 300 habitants en 1800, 1 000 de plus un siècle plus tard) et dans le spectaculaire étalement urbain qui s'ensuit. Au cours du XIXe siècle, l'extension du bourg se fait principalement dans la continuité des routes existantes, attirée par les axes importants puis par les gares : avenue Carnot, rue de Paris, rue de la Gare... On observe ainsi par exemple, sur les chemins de Thorigné-sur-Dué et du Breil-sur-Mérize (actuelles rue de Belfort et Ledru-Rollin), la naissance d'un nouveau quartier principalement habité par des tisserands. Les créations de rues sont encore timides, mais on assiste néanmoins à la naissance de la rue des Fossés (actuelles rues Marceau et du Sergent Mantien) sur l'emprise des anciens fossés au début du XIXe siècle, et surtout à la construction de l'avenue de Verdun pour desservir la gare de Connerré-ville, à partir de 1872. Le long de ce boulevard-promenade s'installent alors certaines des demeures les plus cossues du bourg.

Le phénomène explose véritablement au XXe siècle, avec le développement de lotissements, d'abord d'initiative privée, comme ces logements ouvriers construites à proximité des entreprises par les principaux industriels comme la fabrique de toiles métalliques Gantois. A partir des années 1960, les pouvoirs publics prennent le relais et se lancent dans la construction de premières habitations à loyer modéré, puis dans l'aménagement de zones de lotissements qui connaissent un succès rapide. En quelques décennies, le pourtour du bourg se couvre de pavillons et d'un nouveau réseau de rues et d'impasses, comme l'avenue Pasteur sur laquelle est également construite en 1969 une barre d'HLM. Connerré compte aujourd'hui près de 3 000 habitants dont la grande majorité au sein du bourg. De par son importance, il est considéré par l'INSEE comme le chef-lieu d'un bassin de vie de 17 communes.

  • Période(s)
    • Principale : Moyen Age, Temps modernes, Epoque contemporaine

Le bourg de Connerré présente un large panel de maisons, allant du logement le plus simple (une ou deux pièces d'habitation) à la demeure bourgeoise (avec couloir central et escalier desservant de grandes pièces de part et d'autre). Toutefois, au regard de l'histoire économique de la cité aux XIXe et XXe siècles, on note la prédominance, au sein du bourg, du logement ouvrier et l'absence de très grande propriété du type manoir de notable ou demeure de très riche industriel. Quelques anciennes fermes sont présentes, mais elles n'étaient primitivement pas situées dans le bourg : elles ont été progressivement rattrapées par l'urbanisation, et plus aucune n'a d'usage agricole aujourd'hui.

La forme des demeures évolue selon leur situation au sein du bourg. Le centre-bourg, plus dense, est principalement occupé par des maisons à un étage carré, avec boutique au rez-de-chaussée, proprement alignées sur la rue. L'ancienne maison Guilmet, avec ses quatre niveaux d'élévation, fait figure d'exception. Les anciens faubourgs présentent quant à eux quelques maisons à étage, notamment près du centre, mais comptent principalement des demeures modestes en rez-de-chaussée, avec ou sans comble à surcroît. Ceci est particulièrement sensible dans les rues Ledru-Rollin et de Belfort, dominées par les anciennes maisons de tisserands à une ou deux pièces, rez-de-chaussée surélevé et petit perron extérieur. Les caves enterrées ou semi-enterrées sont omniprésentes, lieu de stockage ou de travail (on y trouvait le métier à tisser des ouvriers du chanvre).

A l'extrémité des axes principaux, apparaissent les maisons du début du XXe siècle souvent situées en milieu de parcelle, avec leur architecture inspirée des chalets de villégiature (elle reste ici toutefois très simple, avec rarement quelques attributs néo-régionalistes comme les faux pans-de-bois ou les lambrequins). On trouve également quelques embryons de cités ouvrières, avec des modules simples répétés construits à bon marché, notamment autour de l'entreprise Gantois (actuellement Prunier). Enfin, la périphérie et ses rues labyrinthiques sont bordées d'ensembles concertés et de pavillons individuels des dernières décennies, situés en milieu de parcelle et à l'architecture stéréotypée. On trouve également quelques résidences collectives dont la plus imposante est la barre d'HLM sur l'avenue Pasteur.

Les maisons de Connerré sont généralement simples. Avant la 2e moitié du XXe siècle, le moellon (grès ou calcaire) enduit est le matériau de construction par excellence. De très rares façades sont construites intégralement en brique, mais ce matériau se retrouve fréquemment dans l'encadrement des ouvertures ou pour l'ornementation (corniches, jeux de couleurs créés en alternance avec la pierre de taille). Le pan de bois a disparu, à l'exception de quelques très rares vestiges tardifs (XIXe et XXe siècles). Pour la couverture, l'ardoise et la tuile plate dominent. Il ne reste rien des toitures en bardeaux que l'on trouvait encore fréquemment avant le XIXe siècle.

Concernant l'ornementation des façades, la simplicité et la discrétion sont le plus souvent de mise. Lorsque la taille de la maison le permet, les ouvertures sont généralement disposées en travées régulières. Bien que la corniche soit fréquente, les autres décors architecturaux plus élaborés (bandeaux, pilastres, encadrements de baies sculptés...) sont plus rares bien que présents, notamment en centre-bourg. Les maisons les plus ornées sont réparties autour de la place de la République et le long de certains axes bien particuliers, parmi les plus fréquentés au XIXe siècle : la rue de Paris (où l'on trouve encore un balcon et quelques linteaux sculptés), l'avenue Carnot (bien qu'une belle demeure de notable ait été démolie il y a quelques années pour construire la médiathèque), et surtout l'avenue de Verdun, où se trouvait la gare, avec ses élégantes demeures Belle Epoque aux décors recherchés, balcons, ferronneries, carreaux de ciment, jeux de briques... On poussera jusqu'à la rue Ledru-Rollin où se trouvent, au n°48, de belles ferronneries typiques de l'Art Nouveau.

  • Toits
  • Décompte des œuvres
    • repéré 500
    • étudié 18

Documents d'archives

  • Archives départementales de la Sarthe ; G 1035. 1787 : terrier de Connerré.

  • Archives départementales de la Sarthe ; 3 O 93, 94. 1837-1930 : alignements le long de la route d'Authon (puis RN 827 puis CD 302), commune de Connerré.

  • Archives départementales de la Sarthe ; 3 O 199, 200. 1840-1900 : alignements sur le chemin de grande communication n°21 de Tuffé au Grand Lucé, commune de Connerré.

  • Archives départementales de la Sarthe ; 3 P 91. Matrices cadastrales, registres des augmentations et diminutions de construction de Connerré.

  • 1839-1869 : alignements de la route royale puis nationale n° 23, commune de Connerré.

    Archives départementales de la Sarthe, Le Mans : 2 S 68
  • Archives départementales de la Sarthe ; 2 S 69, 70. 1852-1924 : alignements de la route royale n° 23, commune de Connerré.

Bibliographie

  • PESCHE, Julien-Rémy. Dictionnaire topographique, historique et statistique de la Sarthe, t. 1, 1829. Réédition Paris : Lorisse, 1999.

    t. 2, p. 83

Documents figurés

  • 1771 et 1787 : plan du bourg et plan terrier de Connerré. (Archives départementales de la Sarthe ; 1 Fi 663).

  • 1836 : plan cadastral napoléonien de Connerré. (Archives départementales de la Sarthe ; PC\091).

  • 1846 : dessins de Jean-Baptiste Jorand du bourg de Connerré.

    Bibliothèque nationale de France, Paris
  • Collection de cartes postales et photographies anciennes, Connerré. (Archives municipales de Connerré).

Date(s) d'enquête : 2018; Date(s) de rédaction : 2018
(c) Région Pays de la Loire - Inventaire général
(c) Pays du Perche sarthois
Barreau Pierrick
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Chercheur auprès du Pays du Perche sarthois jusqu'en octobre 2020. Depuis novembre 2020, chercheur auprès du Conseil départemental de la Mayenne.

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