Dossier d’œuvre architecture IA49010704 | Réalisé par
  • inventaire topographique
Maison, 9 rue Robert d'Arbrissel, Fontevraud-l'Abbaye
Œuvre étudiée
Auteur
Copyright
  • (c) Région Pays de la Loire - Inventaire général
  • (c) Conseil départemental de Maine-et-Loire - Conservation départementale du patrimoine

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Fontevraud-l'Abbaye - Montsoreau - Saumur-Sud
  • Commune Fontevraud-l'Abbaye
  • Adresse 9 rue Robert-d'Arbrissel
  • Cadastre 1813 E 51  ; 2009 F 981
  • Dénominations
    maison
  • Genre
    de notaire
  • Parties constituantes non étudiées
    cour, resserre

Cette maison construite par le notaire Joseph-René Serin est l'une des plus élégantes édifiées dans la première moitié du XVIIIe siècle dans le bourg de Fontevraud. Elle reprend les caractéristiques alors en vogue dans l'architecture des demeures de notable, tant dans ses partis pris esthétiques que dans sa distribution. Ces qualités influencèrent directement l'édification de la maison qui, un peu plus tard, est édifiée dans son prolongement ouest au point de sembler sa jumelle.

Construite sur un allotissement provenant de la cession de parcelles du cimetière, cette demeure est, enfin, importante dans la formation du bourg de Fontevraud. En effet, dans le secteur est du centre bourg, elle inaugure précocement l'alignement de maisons qui, surtout après le déplacement du cimetière en 1814, s'élevèrent pour former le versant sud de l'actuelle rue Robert-d'Arbrissel. Il est à noter, dans une perspective archéologique, que si les sépultures se trouvant sous la maison ont été déterrées en 1741, il n'en est rien de celles qui se trouvaient ailleurs sous l'arrière-cour.

La parcelle sur laquelle fut élevée cette maison faisait, depuis le XIIe siècle sans doute, partie du vaste cimetière paroissial de Fontevraud.

En 1741, les procureurs de la fabrique paroissiale de Saint-Michel décident cependant d'arrenter un lot de terres prises sur ce cimetière dans le prolongement occidental des halles pour qu'y soient construites des habitations ; il semblerait que ce secteur n'ait en effet pas connu d'inhumations depuis déjà un certain temps.

Une parcelle de 40 par 62 pieds (soit près de 13 mètres de largeur sur rue par 20 mètres de longueur) est ainsi baillée le 4 juillet 1741 à Marguerite Serin pour le compte de Me Joseph-René Serin, notaire, à condition d'y élever une maison. Les sols sur lesquels est fondée la bâtisse doivent au préalable être vidés des sépultures qui s'y trouvent et reversés au cimetière selon une procédure exigée par les procureurs de fabrique.

La demeure est vite bâtie et, le 7 septembre 1741, Joseph-René Serin obtient de l'abbesse Louise-Françoise de Rochechouart, dont il est par ailleurs le maître d'hôtel, de faire construire un appentis en retour d'équerre de cette maison en empiétant le long du pignon ouest de la halle (dont la partie haute, en cet endroit, sert d'auditoire de justice).

La construction de cet appentis est contestée dès 1742, après la mort de l'abbesse, par les religieuses qui estiment que leur ancienne supérieure a été abusée et qu'un tel bâtiment obscurcit considérablement l'intérieur de la halle. En outre, il empiète sur un espace où les marchands des halles avaient coutume d'attacher librement leurs animaux de bât, les obligeant dès lors à trouver un autre emplacement forcément payant en cet endroit du bourg, coût supplémentaire qui pourrait les décourager de venir. Plus grave, elles considèrent que la porte que Me Serin a fait ouvrir entre cet appentis et le marché couvert risque d'être préjudiciable à l'économie locale, puisque des marchandises pourraient transiter là frauduleusement sans être taxées à l'entrée des halles. Des recours sont donc engagés par les religieuses et le Grand Conseil de l'abbesse impose à Me Serin l'obstruction de la porte en juin 1742, signifiée par le sergent royal de Montsoreau.

La demeure ne connut pas de grandes transformations par la suite, à part la suppression courant XXe siècle d'un balcon en façade et des lucarnes qui donnaient jour au comble. Dans la première moitié du XXe siècle, les deux baies ouest du rez-de-chaussée, sur rue, étaient revêtues d'une devanture de boutique en bois, disparue depuis.

À l'origine, cette maison était bâtie isolément sur cette parcelle : à l'est, un espace de moins d'un mètre la séparait d'une autre habitation (devenue mitoyenne à la suite d'une reconstruction, vers 1840) et à l'ouest la parcelle n'était pas bâtie et la maison voisine ne fut construite qu'ultérieurement.

Demeure de notable elle est, à sa construction, l'une des plus élégantes du village.

La maison est construite en moyen appareil de tuffeau, sur un solin d'une assise de calcaire dur. Elle comprend une cave voûtée, un rez-de-chaussée très légèrement surélevé et quelques marches précèdent, depuis la rue, l'accès au vestibule. Cette disposition s'explique peut-être du fait de ce qu'en sous-sol de la maison la cave est peu profonde, certainement pour ne pas excaver profondément le terrain et limiter le transport de terres et de sépultures à déplacer vers le cimetière selon les termes de l'arrentement de 1741.

Le comble à surcroît, originellement habitable, est coiffé d'un toit à longs pans couvert d'ardoises et à pignons découverts.

La façade principale compte cinq travées avec un effet d'ordonnancement même si la symétrie est imparfaite. La travée centrale, particulièrement mise en valeur, accueille l'entrée et, à l'étage, comportait un balcon à garde-corps en fer forgé aujourd'hui remplacés par une balustrade non saillante à balustres en poire.

Les baies sont couvertes d'un arc segmentaire et seules celles de l'étage sont ornées d'une agrafe, saillante et couronnée d'un bandeau mouluré.

La façade est animée par un quadrillage constitué par le jeu des bandeaux de niveaux, horizontaux, et des ressauts verticaux des chambranles des baies, continus d'un niveau à l'autre avec plein de travée saillant sur le même plan. À la manière de pilastres colossaux, Les chaînes, un peu plus saillantes encore, encadrent la façade jusqu'à porter la fine corniche, le surcroît étant traité comme la frise nue d'un entablement.

La porte bâtarde, à deux vantaux avec châssis de tympan vitré, est encadrée d'un large cavet.

Des volets, en bois au rez-de-chaussée et métalliques à l'étage ont été ajoutés, aux XIXe et XXe siècle à une façade qui n'en comportait pas à l'origine.

L'accès principal à la maison se fait par l'entrée sur rue et une autre porte donne sur l'arrière-cour. Cette dernière n'est à l'origine accessible que par une petite porte percée dans le mur qui clôt cette cour, au sud, et ouvre sur ce qui était alors l'allée du cimetière qui longeait la nef de l'église paroissiale.

La distribution intérieure traduisait une nette hiérarchie des espaces, avec pièces de réception, d'étude et de service au rez-de-chaussée, chambres de maître à l'étage et chambres de domestique dans les combles. Établi dans l'épaisseur du mur ouest de la travée centrale, un escalier tournant à mur-noyau plein en maçonnerie et marches en bois scellées (remaniement ?) assure, depuis le vestibule, la distribution verticale de la maison. Le comble prenait le jour par des lucarnes à fronton, aujourd'hui disparues.

Au XVIIIe siècle, un édicule à usage de latrines bâti dans l'arrière-cour témoignait de l'adoption de principes hygiénistes.

  • Murs
    • calcaire
    • moyen appareil
  • Toits
    ardoise
  • Plans
    plan rectangulaire régulier
  • Étages
    sous-sol, rez-de-chaussée surélevé, 1 étage carré, comble à surcroît
  • Élévations extérieures
    élévation à travées
  • Couvertures
    • toit à longs pans
    • pignon découvert
  • Escaliers
    • escalier intérieur : escalier tournant en maçonnerie, en charpente
  • Statut de la propriété
    propriété privée

Documents d'archives

  • AD Maine-et-Loire. 122 G 2. Clergé séculier. Église paroissiale Saint-Michel de Fontevraud : registre des titres et rentes dus à la fabrique (1750, continué jusqu'en 1836), page 527 et suivantes.

    AD Maine-et-Loire. 101 H 53. Abbaye de Fontevraud. Procédure sur les constructions entreprises par Me Joseph-René Serin (1741-1747).

    AD Maine-et-Loire. 4 Q 13476. Domaines, enregistrement, hypothèques. Transcription n°52, du 29 août 1818 d'un acte reçu Me Jean Hudault, notaire à Fontevraud, le 22 juillet 1818.

Annexes

  • Annexe n°1
Date(s) d'enquête : 2010; Date(s) de rédaction : 2010
(c) Région Pays de la Loire - Inventaire général
(c) Conseil départemental de Maine-et-Loire - Conservation départementale du patrimoine
Articulation des dossiers