Dossier d’œuvre architecture IA49009606 | Réalisé par
  • inventaire topographique
Logements et communs, parties constituantes de l'ancien ensemble castral,1 place des Diligences, Montsoreau
Œuvre étudiée
Auteur
Copyright
  • (c) Région Pays de la Loire - Inventaire général
  • (c) Conseil départemental de Maine-et-Loire - Conservation départementale du patrimoine

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Fontevraud-l'Abbaye - Montsoreau - Saumur-Sud
  • Commune Montsoreau
  • Adresse 1 place des Diligences , 1 quai Alexandre-Dumas
  • Cadastre 1813 B1 30  ; 2011 B 34, 52
  • Dénominations
    logement, communs
  • Destinations
    maison, école
  • Parties constituantes non étudiées
    cour, jardin d'agrément

Ces bâtiments de la seconde moitié du XVe siècle sont des éléments majeurs de la basse-cour du château fort que les Chambes font construire à Montsoreau. Encore nettement lisibles malgré des transformations parfois importantes, ils forment un ensemble cohérent de dépendances dont les usages ont pu varier au fil du temps tout en restant associés à des fonctions de stockage et d'hébergement : entrepôt, grenier à sel, écuries, logements d'officiers et serviteurs, voire structure liée au péage de Loire. Très visibles le long de la route de Loire ou depuis le château et intimement lié aux mémoires de nombreux Montsorélien puisqu'une partie accueille de longue date l'école, ces bâtiments sont un élément patrimonial de première importance pour la commune.

Ce site connut très certainement des éléments fortifiés anciens, sans doute dès la constitution de la basse-cour des premiers châteaux de Montsoreau. Toutefois, rien ne demeure visible des aménagements antérieurs à ceux réalisés sous les Chambes, dans la seconde moitié du XVe siècle. On ne peut ainsi pas dater les transformations topographiques du site, puisqu'à l'évidence l'actuelle ruelle de la Vieille-Porte, qui borde ces bâtiments à l'ouest, résulte d'une excavation de la terrasse calcaire qui devait marquer la limite occidentale de la basse-cour.

Au premier article des aveux que Jeanne Chabot, dame de Montsoreau, rend en 1480 au roi René, se trouve une description où l'on reconnaît aisément ces bâtiments, qu'elle dit avoir fait édifier « une maison que j'ay naguères fait faire qui me sert tant à faire greniers, estables à chevaulx, que autres aisemens d'ostel ».

À condition qu'elle ne s'approprie pas des constructions faites du vivant de son mari Jean II de Chambes (mort en 1472), cet ensemble daterait donc des années 1472-1480 ; au plus large, en incluant la période de vie commune du couple sur le site de Montsoreau, cette datation serait étendue aux années 1450-1480, mais la formulation de Jeanne Chabot, qui est spécifique à ces bâtiments et non aux autres parties du site, dont le château construit au cours de ces trois décennies tend à faire privilégier la première hypothèse et une réalisation durant ses années de veuvage.

Construit dans la basse-cour, cet édifice formait donc un ensemble de dépendances du château à usages multiples : entrepôt, logements et écuries. Le prolongement de ces bâtiments que forment les deux ailes, nord et ouest, appartient peut-être déjà à l'édifice ainsi décrit, mais il se peut aussi qu'il soit de peu postérieur (construit en tout cas avant la fin du XVe siècle). Malgré une construction en deux campagnes, vraisemblablement très rapprochées), le tout constitua un ensemble cohérent, doté de communications internes, et utilisé avec des usages multiples, comme dépendances du château.

En 1804, lors de la vente du site castral par Charles du Bouchet de Sourches-Tourzel, l'affectation de ces espaces témoigne de ce qu'ils conservèrent plusieurs siècles durant cette polyvalence : la description des lieux, qui renvoie surtout à leur usage d'Ancien Régime, évoque toujours des écuries, un grenier connu pour avoir servi au stockage de sel et un logement attribué au sénéchal (juge seigneurial).

La présence du grenier à sel est à probablement à mettre en relation avec la mention portée dans un registre paroissial de Saint-Pierre de Rest du mariage, en 1718, d'André Liège, lieutenant de gabelle à Montsoreau. Quant au logement du sénéchal, il est à associer au bâtiment, situé quelques mètres au sud-est qui servait de palais de justice aux seigneurs de Montsoreau.

Cet édifice continue, au début du XIXe siècle à ne constituer qu'un seul ensemble, en mains privées et dès lors aménagé en habitation.

Lors de la construction de la route de Loire, entre 1829 et 1833, le bâtiment est séparé des eaux de la Loire par la nouvelle chaussée. Il fut alors sans doute ponctuellement frappé d'alignement puisqu'il semble que des contreforts et pans de murs aient été repris.

Au début de l'année 1877, la commune envisage l'acquisition de tous ces bâtiments mis en vente par leur propriétaire pour y établir les écoles publiques de garçons et de filles. Le projet est révisé à la baisse, tant à cause des coûts de l'acquisition de l'ensemble des bâtiments proposés, que du fait de ce que le déclin démographique de la commune, passée en quelques années de plus de 1200 habitants à 750 au recensement de 1876, ne rend pas nécessaire l'extension de l'école de garçons. En avril 1877, les propriétaires ayant scindé l'édifice en plusieurs lots, le conseil municipal propose l'acquisition de la seule partie occidentale (lot n°2), actée devant notaire en novembre 1877.

Le corps oriental de ces anciennes dépendances du château demeure une habitation. Toutefois, autour de 1910, il est fortement remanié et amputé d'environ le tiers de sa longueur en partie sud.

Quant à l'aile occidentale, elle accueille dès 1878, l'école de filles, rejointe par l'école de garçons dans l'entre-deux-guerres. Dans la cour qui se situe au sud de cette aile, il est décidé, par délibération du conseil municipal de Montsoreau du 12 mai 1951 de faire construire une nouvelle salle de classe, aux abords de l'école, car les deux seules classes ne peuvent plus contenir les effectifs scolaires (86 élèves). Le plan en est dressé en 1951 par Jean Gounaud, architecte à Saumur. La proximité du château, protégé au titre des monuments historiques en contraint la forme et l'architecte propose ainsi un volume dont les lignes sobres cherchent, sans pastiche, à évoquer un bâtiment médiéval. La nouvelle salle de classe est livrée en 1954.

  • Période(s)
    • Principale : 2e moitié 15e siècle
    • Principale : 19e siècle
    • Secondaire : 20e siècle
    • Secondaire : 1er quart 21e siècle

Cet ensemble occupe la partie nord-ouest de l'ancienne basse-cour du château fort de Montsoreau. Il se greffe là contre le coteau d'une terrasse calcaire qui domine le fleuve et en bordait directement les eaux avant la construction de la route de Loire. La rive du fleuve était ici élargie à l'est de cet édifice et formait un espace d'environ 1000 m2, au débouché des douves du château, ce qui devait constituer un petit port d'échouage seigneurial sans doute en lien avec le péage de Loire qui se prélevait à l'aplomb du château. Surplombant cette cour basse, un mur de soutènement conforte le coteau au sud, dans le prolongement de l'ancien mur de contrescarpe des douves.

Cet édifice présente un plan en U autour de la banquette rocheuse, avec de hautes façades extérieures dont la partie basse constitue les fondations ou le soubassement d'un rez-de-chaussée accessible de plain-pied depuis la terrasse qui forme une vaste cour intérieure. Celle-ci était autrefois enclose dans la basse-cour, mais une grande part forme aujourd'hui la cour de récréation de l'école primaire qui ouvre désormais sur la place des Diligences. Tous les corps de bâtiment qui le composent sont en moyen appareil de tuffeau, avec toits à longs pans d'ardoises.

S'il fut vraisemblablement élevé en un projet d'ensemble, cet édifice procède de deux campagnes de construction, vraisemblablement rapprochées et se compose de deux éléments clairement différents, la partie occidentale venant se greffer sur la partie orientale.

1. Le corps est

À l'est, un premier bâtiment de grande taille, d'axe nord-sud, fut élevé contre le coteau, assurant par son élévation une liaison entre les berges de la Loire et le haut de la terrasse de la basse-cour. Il est aujourd'hui près d'un tiers moins long qu'à l'origine, ayant été partiellement démoli au début du XXe siècle : le pignon sud actuel n'existait pas et le bâtiment se prolongeait jusqu'aux vestiges de l'ancien pignon qui est accolé au coteau. De même, il semble que le pan du gouttereau ouest qui est visible vers la route de Loire a été presque entièrement reconstruit : les reprises de maçonnerie font nettement penser à la suppression d'un contrefort qui épaulait l'angle nord-ouest de la maison et qui aurait occasionné la réfection de ce gouttereau ouest, avec retouche grossière de l'angle en pan coupé. Il est possible que l'angle nord-est de la maison ait connu le même sort (on y voit une importante lézarde et on devine quelques changements de blocs), mais le mur aurait ici tenu bon. De telles interventions sont certainement à mettre en lien avec la construction de la route de Loire, vers 1829-1833, dont le tracé devait nécessiter leur destruction.

Si ce corps de bâtiment est aujourd'hui très remanié, sa structure originelle reste très lisible et il conserve des éléments qui permettent d'en restituer les espaces originels. Il se compose d'un sous-sol, d'un étage de soubassement, d'un rez-de-chaussée surélevé et d'un comble. Le sous-sol partiellement souterrain est de faible hauteur et peut avoir été partiellement remblayé. L'étage de soubassement est légèrement surélevé par ce sous-sol, sans doute pour échapper aux inondations. Il était initialement formé, sans doute, d'une unique salle (on ne discerne la trace d'aucun refends ancien), très vaste (près de 20x10 m) et équipée d'une cheminée sur chaque pignon. Ces cheminées à hotte pyramidale relèvent d'une typologie courante dans la seconde moitié du XVe siècle. Cette salle ouvrait en façade orientale seulement, en direction de la cour basse près des douves, où étaient percé cinq baies, dont une porte ; les baies basses du pignon nord sont des percements du début du XXe siècle. Toutes ces baies ont été détruites ou remaniées et il ne reste les vestiges que de trois fenêtres, à l'intérieur : il s'agit de baies peu larges, à forte embrasure et couvertes intérieurement d'un arc segmentaire. La fonction d'une telle salle n'est pas claire. Elle pourrait initialement avoir été en relation avec le péage des seigneurs de Montsoreau, permettant l'accueil des nautes ou le stationnement des officiers péagers. Divisée au moyen de cloisons légères, elle pourrait aussi avoir abrité des espaces habités. C'est peut-être à cet étage que fut logé le sénéchal, juge seigneurial, probablement lors d'une réaffectation de ces espaces.

Au-dessus, le rez-de-chaussée surélevé ouvrait sur la terrasse sud par une porte, percée dans le pignon sud et accessible par un petit degré. Dans le gouttereau ouest, une autre porte (aujourd'hui murée et visible dans la partie tronquée de l'élévation), peut-être plus tardive, donnait de plain-pied sur la terrasse ouest de la basse-cour.

Cet rez-de-chaussée surélevé prenait le jour par deux étroites fenêtres dans le pignon nord (aujourd'hui remaniées) et le gouttereau est n'était percé que d'une baie centrale qui était peut-être une porte haute (disparue, mais dont le tableau forme un coup de sabre dans le mur actuel, au niveau de la reprise de maçonnerie du nouveau pignon) et d'une petite fenêtre située près de la tourelle d'escalier (détruite, mais dont les vestiges d'arrachement sont visibles) ; l'actuelle baie du gouttereau date du XXe siècle. Ce rez-de-chaussée surélevé ne disposait d'aucune cheminée et n'était pas chauffé à l'origine, mais une cheminée et un four à pain furent aménagés, sans doute au XVIIe siècle, en partie sud du gouttereau ouest (le four était ainsi construit dans la cour voisine). Le comble était éclairé d'une unique baie (murée depuis) dans le pignon nord à l'est du conduit de cheminée et d'une lucarne centrale en façade orientale (la vue de la collection en montre deux, mais ce dessin est faux quant à la disposition de plusieurs des baies de ce gouttereau). Ce rez-de-chaussée surélevé et ce comble, faiblement éclairés, eux aussi dépourvus de division intérieure et offrant donc chacun une surface de près de 200 m2 d'un seul tenant, correspondent certainement aux « greniers » servant d'entrepôt pour le château de Jeanne Chabot et devenu « grand grenier et magasins dits le salage » à la fin de l'Ancien Régime. Il est à noter que dans son état originel, le pignon était découvert et plus haut (ce que l'on perçoit à l'examen des vestiges du pignon sud). La charpente fut reprise, peut-être au XVIIe siècle, avec un profil moins aigu : lors des travaux du début du XXe siècle, il fut visiblement décidé d'abattre le haut du pignon et de le couvrir en prolongeant la charpente par un léger débord.

La distribution verticale entre ces espaces se faisait par la tourelle polygonale hors-œuvre, qui abrite un escalier en vis en maçonnerie. En partie basse, on n'y entrait que depuis la salle du soubassement. Là, la volée permettait de descendre pour desservir une cave creusée au sud sous le coteau, ou de monter aux étages supérieurs L'actuelle porte basse avec accès depuis le jardin bas résulte d'un percement contemporain. Plus haut, deux petites fenêtres à coussiège, à encadrement chanfreiné, donnent jour au développement de l'escalier, qui dessert le rez-de-chaussée surélevé. Au sommet de la tourelle, marquée d'un renflement sur encorbellement, une porte couverte d'un linteau à chanfrein en accolade donne accès à la terrasse sud. Cette porte, ainsi que celle qui ouvre depuis le rez-de-chaussée surélevé, sont aujourd'hui visibles sous l'appentis qui, sur la terrasse de la basse-cour, flanque l'ancien pignon sud.

2. Les ailes ouest

À l'ouest, les deux ailes perpendiculaires liées par un corps angulaire à 45° sont dépourvues d'étage en partie basse : le haut mur maçonné, épaulé de puissants contreforts, ne forme qu'un massif de fondation qui supporte le rez-de-chaussée.

Ces longues ailes en rez-de-chaussée accessibles depuis la terrasse de la basse-cour ont été très retouchées en façade sur cour au XIXe siècle (avec réalisation notamment d'un décor néoclassique de corniche et pilastres) et leur organisation intérieure fut sans doute reprise, mais il se pourrait que la distribution originelle n'était pas si éloignée que celle de l'actuelle école, avec une série de grandes salles en enfilade ouvertes sur cour par des portes et des baies, séparées de refends percés vraisemblablement de portes permettant un accès entre elles.

Les façades extérieures, sur Loire et à l'ouest, ont été bien plus préservées et voient alterner de grandes baies géminées à meneau et mouluration prismatique (remaniées et restaurées) et les conduits de larges cheminées (disparues ou remaniées). Cette disposition originelle fut longtemps encore en place : on la retrouve figurée sur la vue de la collection de Gaignières (limitée à la façade sur Loire) et on la discerne encore sur le plan de ces ailes que dresse en 1877 Francisque Masson (alors architecte de la Maison centrale de détention de Fontevraud) lorsque la commune de Montsoreau en fait l'acquisition pour établir l'école.

Une petite structure est construite en surplomb dans l'angle de l'aile nord et du corps à 45° : les consoles moulurées à linteaux sculptés d'accolades trilobées qui le portent (très semblables à celles des mâchicoulis du château fort) lui confère une allure de bretèche, mais il semble bien plutôt s'agir de latrines. À l'opposé, du côté de la façade ouest, on note aussi un petit ressaut en encorbellement dans l'angle : il s'agit ici de la cage polygonale partiellement hors-œuvre d'un escalier en vis en maçonnerie, qui permet d'accéder aux combles. Le corps angulaire repose sur un fort massif quadrangulaire au-dessus duquel est élevé une structure en encorbellement continu sur ses trois façades qui abrite une petite pièce à cheminée. Les baies de cette salle ont été remaniées, mais sont attestées par une vue de la collection de François-Roger de Gaignières, dressée en 1699. Au-dessus de cette salle se trouvait également un comble habitable : une lucarne figure sur la vue de 1699 et en 1877 est décrit ici une chambre « en mansarde ». Le pignon de ce corps à 45° porte les conduits des cheminées de ces deux salles, qui ne sont pas à l'aplomb l'une de l'autre et dont celle du bas est hors-œuvre, sur encorbellement. Le corps angulaire occupe ainsi une position notable dans l'articulation physique et fonctionnelle de ces espaces. Les combles des deux ailes semblent n'avoir servi que de lieu de stockage et, hormis l'étroit escalier en vis, ils pourraient avoir été accessibles par des portes hautes en façade sur cour, à la manière des lucarnes (du XIXe siècle) que l'on y voit aujourd'hui. Il est à noter que la partie haute de l'aile nord a été très remaniée, avec ajout de quelques assises pour constituer un surcroît et réfection de la charpente, alors que l'aile ouest, malgré des reprises, a conservé son volume.

L'ensemble peut donc être lu comme deux longues ailes servant à loger un certain nombre de personnes au service du seigneur. La petite pièce du corps angulaire offrirait alors un espace plus intime à un officier supérieur, voire deux, le second habitant le comble.

Le long de la cour, à l'est, une aile en appentis en retour d'équerre, adossée à la partie orientale de cet ensemble, fut très remaniée et sert aujourd'hui de préau ; elle était toutefois décrite comme « hangar et écurie » en 1877 et il est vraisemblable que l'on puisse y voir un corps de bâtiment substitué aux « estables à chevaulx » de Jeanne Chabot.

La distribution verticale est assurée par une tourelle hors-œuvre abritant un escalier en vis en maçonnerie de tuffeau, qui flanque la partie centrale du gouttereau ouest et à laquelle on accédait originellement au rez-de-chaussée depuis la cour. Cette tourelle (qui s'appuie sur la fenêtre de la salle sud du rez-de-chaussée) date d'un remaniement de la maison survenu sans doute au cours du XVIe ou au début du XVIIe siècle et l'on ne connaît pas la nature de l'escalier contemporain des travaux du XVe siècle. Au-dessus de la porte sur laquelle ouvre la tourelle à l'étage-carré se trouve un larmier orné de motifs animaliers (chiens ou fauves ?), décor qui témoigne du prestige de la salle dans laquelle on pénètre alors. Toutefois, la présence d'un larmier pourrait aussi indiquer que la porte était initialement accessible par un escalier extérieur non couvert. L'étage-carré fut plusieurs fois cloisonné et l'on n'en connaît pas la disposition du XVe siècle. La partie nord manque de lisibilité de nos jours et la baie qui perce le pignon, est un pastiche de style XVe siècle qui remplace une baie remaniée à l'époque moderne laquelle devait succéder à une assez large croisée d'époque non déterminée. Au sud, la grande salle prend le jour par deux grandes baies (restaurées, voire remaniée à l'est), l'une dans chaque gouttereau. À l'ouest, une petite niche près de la fenêtre accueillait une pierre d'évier dont l'évacuation reste visible sur cour, près du coteau. Cette salle conserve une longue poutre longitudinale ornée de peintures à motifs de losanges rouges et blancs (?), qui peuvent être purement décoratifs, mais peuvent aussi relever d'un décor héraldique ; dans ce dernier cas, ce décor (losangé d'argent et de gueules) est trop courant pour reconnaître la maison féodale ou l'une de ses branches cadettes qui porteraient ces armes (Turpin de Crissé, Craon, etc. ?). Contre le mur postérieur de cette salle, enfin, une cheminée monumentale présente un remarquable ensemble ornemental caractéristique des années 1520-1540. Le manteau est orné de motifs de la première Renaissance, à disques et losanges chargés de fleurons et la hotte d'un décor héraldique. Celui-ci se compose d'armes masculines (écu, à gauche) et féminines (losange, à droite) entourées de couronnes de rubans et rinceaux que séparent les initiales de ce qui devait être les prénoms du couple des possesseurs de ce logis : F et R. Les armes ne sont pas identifiées et les commanditaires demeurent inconnus. L'écu est composé d'un champ à la fasce chargée de cinq croisettes recroisetées au pied fiché accompagnée de trois têtes d'oiseau arrachées et en chef d'un croissant. Le losange est parti en 1 du même et en 2 d'un champ à une fasce crénelée et abaissée, accompagnée en chef d'une tête (de Maure ?), une étoile à huit rais brochante. Ce décor est couronné d'une devise, elle aussi non identifiée, en lettres majuscules : « Bien est seant quy a bon lustre » dont les mots sont séparés de petits « s » inversés. La hotte présente une découpe d'angle pour contourner la longue poutre ornée, signe de ce que la cheminée est postérieure au grand chantier de transformations de la demeure. Ce déséquilibre dans le décor est compensé en une composition qui décentre le regard par le truchement du petit griffon placé sous la poutre.

Le flanquement nord-ouest est un ajout du deuxième quart du XIXe siècle qui permet, au rez-de-chaussée, de couvrir le passage entre l'entrée de la salle nord et l'accès à la tourelle et, à l'étage-carré, d'assurer depuis l'escalier une distribution individuelle aux différentes salles issues de cloisonnements internes. Construit en style néoclassique, ses façades sont encadrées de ressauts qui forment des pilastres corniers ioniques colossaux portant un entablement à architrave à deux fasces, frise nue et corniche à denticules très saillante. Sur cour, le bas de cette adjonction fut remaniée une première fois de manière très rudimentaire (avec linteau de bois couvrant une porte et une fenêtre) fut totalement transformée dans le dernier quart du XXe siècle pour imiter le traitement des autres baies de ce flanquement, avec corniches très moulurées et pleins de travées à panneaux appuis saillants redoublant de moulurations ; un médaillon à buste féminin sortant d'un oculus pastichant les décors Renaissance fut aussi ajouté, vraisemblablement pour mieux incarner la référence (erronée) à la « Dame de Montsoreau ».

Outre le logis, la propriété actuelle comprend aussi la cour bordée de des dépendances et logements, ainsi qu'un jardin en terrasse coiffant le coteau.

  • Murs
    • moyen appareil
    • moellon
  • Toits
    ardoise
  • Étages
    sous-sol, étage de soubassement, rez-de-chaussée surélevé, comble à surcroît
  • Couvertures
    • toit à longs pans
    • pignon couvert
    • pignon découvert
  • Escaliers
    • escalier hors-œuvre : escalier en vis sans jour en maçonnerie
  • Statut de la propriété
    propriété privée
    propriété de la commune

Documents d'archives

  • Archives départementales de Maine-et-Loire, Angers. 5 E 37 / 22. Notaires. Vente du château de Montsoreau et de ses dépendances par Charles Louis Yves de Bouchet de Sourches-Tourzel et Augustine Eléonore de Pons son épouse (6 messidor An XII, 25 juin 1804).

    AD Maine-et-Loire. 1 J 4414. Archives privées. Pièces isolées et petits fonds. Aveu rendu au roi René d'Anjou par Jeanne Chabot, dame de Montsoreau (15 avril 1480).

    AD Maine-et-Loire. O 766. Communes : Montsoreau. Écoles, dont : acquisition d'un bâtiment pour y installer une école publique (1877).

    AD Maine-et-Loire. 204 W 263. Communes : Montsoreau. École : construction d'une salle de classe (1948-1958).

Annexes

  • Annexe n°1
Date(s) d'enquête : 2010; Date(s) de rédaction : 2010
(c) Région Pays de la Loire - Inventaire général
(c) Conseil départemental de Maine-et-Loire - Conservation départementale du patrimoine
Articulation des dossiers